Vendredi 07 Février 2020 à 20h30 – 18ième Festival
Cinéma Mercury – 16 place Garibaldi – Nice
Film de Aki Kaurismäki – Finlande – 1991 – 1h20 – vostf
Henri Boulange a décidé de mettre fin à ses jours. Devant les difficultés qui s’accumulent, grève des agents du gaz et ses maladresses personnelles, il décide d’engager un tueur.
« J’ai tourné J’ai engagé un tueur car à 10 ans, le film d’Henri Cass Last Holiday m’a marqué au point d’en garder la même impression aujourd’hui, après avoir vu des milliers de bons et de mauvais films. Je ne pense cependant pas que J’ai engagé un tueur ressemble à son modèle et là n’est d’ailleurs pas son intention. Il s’agit simplement d’un certain état d’esprit. J’ai réalisé le film en Angleterre car les gens y parlent une langue civilisée que je maîtrise moi-même passablement. Le tournage est grandement facilité si le réalisateur comprend au moins une partie des dialogues. Les acteurs ont plus de mal à sauter les répliques qu’ils n’aiment pas ou sont trop paresseux pour dire. Le scénario a été écrit en pensant à Jean-Pierre Léaud et Margi Clarke et ce qui a été formidablement pratique c’est qu’ils ont effectivement joué les rôles en questions ! Kenneth Colley, pour sa part, est un si bon acteur qu’il peut jouer, si nécessaire, le vilain petit canard et n’a pas besoin d’analyse de texte à l’avance. La structure cinématographique du film balance entre Dreyer et Melville, sans jamais les atteindre. La vie est dure mais divertissante ». (Aki Kaurismäki)
Notre article
par Josiane Scoleri
J’ai engagé un tueur à gages dans son titre complet est un de ces films dont on ne saurait perdre une miette, tellement il est jubilatoire, réglé comme du papier à musique dans sa loufoquerie même. Je veux dire par là que Kaurismaki prend un malin plaisir (c’est le cas de le dire) à s’attaquer à tous les codes et clichés du film noir pour mieux les retourner les uns après les autres. À commencer par le choix de Jean-Pierre Léaud dans le rôle principal, complètement à contre-emploi en gratte-papier aussi terne et gris que son costume mal taillé. Le ton de la comédie est au rendez-vous dès les premiers plans, mais ça n’empêche pas Kaurismaki d’égratigner au passage la privatisation des services de l’eau et son cortège de licenciements décidés sans frémir par le gouvernement de Mme Thatcher à l’époque.
Mais l’essentiel n’est pas là. L’essentiel est dans le personnage d’Henri Boulanger, pauvre Frenchie installé à Londres depuis des lustres, dont la vie se résume littéralement au tristement célèbre : « métro, boulot, dodo » à peine agrémenté par les quelques plantes étiques qu’il s’échine à faire pousser sur le toit. Il boit du thé et mange des scones de supermarché (sans clotted cream, ni raspberry jam). Son intérieur est aussi gris que le ciel londonien, son carnet d’adresses désespérément vide. Henri Boulanger est convaincu qu’il n’a rien à attendre de la vie une fois qu’il a perdu son boulot. Avec tout ça, Kaurismaki arrive à nous faire rire avec chaque nouveau plan. Léaud est touchant et pathétique. C’est tellement un loser qu’il en devient nécessairement sympathique. Jusque-là, il s’est passé une petite vingtaine de minutes fourmillant de détails savoureux, mais on ne voit pas trop ce que vient faire le tueur du titre dans cet univers millimétré.
C’est là que le film va basculer dans le monde la nuit, avec quartier délabré, bar crapoteux et gangsters d’anthologie. Billie Holliday chante le blues et Kaurismaki nous offre avec le panoramique d’entrée dans le bar une galerie de portraits désopilante, 200 % British touch des faubourgs. Avec Léaud en contre-point, ginger ale et accent froggy à couper au couteau. Mais surtout, nous reviennent en mémoire, comme en superposition, tous les nanars américains qui peuplent notre imaginaire où ce genre de scènes distillent véritablement le suspens et la peur. Et nous rions d’autant plus volontiers aux malfrats de pacotille qui essaient de convaincre Léaud que la vie est belle. C’est à partir de là que le film prend son rythme de croisière et va aller en accélérant de surprises en rebondissements. Kaurismaki sait comment nous maintenir en haleine. Il a parfaitement assimilé la leçon du thriller qui se nourrit de suspens et déteste les temps morts.
Sur le plan de la lumière, le film est scindé en deux de façon assez classique. Le jour, la lumière est uniformément blafarde, tant à l’extérieur qu’à l’intérieur et Londres est parfaitement glauque, avec ces pans de murs effondrés, ces maisons murées, ses trottoirs défoncés, et ses hôtels minables. La nuit, elle, est charbonneuse avec des lampadaires pour trouer l’obscurité dans les rues (façon expressionniste) ou tamisée par des lampes d’intérieur dans les scènes de pubs ou d’hôtel.
Kaurismaki se plaît à forcer le trait en toutes circonstances, à la fois pour nous faire rire, mais aussi pour déborder le genre, en reprenant à son actif à peu près tous les « tics » du film de genre. Ainsi, le tueur chargé du contrat est totalement patibulaire, mais en même temps, il n’a lui-même plus très longtemps à vivre. Ou bien, il nous prend par surprise, et la jeune femme qui va changer la vie d’Henri n’a en rien le physique, ni les manières de la femme fatale. Blonde aux cheveux courts, elle est pimpante et fraîche. Elle n’a pas d’arrière-pensée, elle est directe et sincère. Une vraie amoureuse, qui vend des roses, mais une amoureuse qui n’a pas froid aux yeux. La scène où elle assomme le tueur avec un vase est à elle seule un morceau d’anthologie. En effet, pendant toute la scène où le tueur pointe son flingue sur Margaret, la caméra s’attarde à plusieurs reprises sur cet énorme vase, bien trop grand pour les quelques fleurs fanées qui l’occupent. Dans un sens, puis dans l’autre. C’est comme si la caméra par ce simple mouvement nous permettait de lire dans la pensée de Margaret qui attend le moment propice. Lequel viendra sans faillir. Kaurismaki fait preuve d’un culot considérable, d’une liberté de ton et d’esprit qui est la marque des grands artistes. Il fait ainsi bifurquer l’intrigue avec le cambriolage nécessairement foireux de la bijouterie par les deux Pieds Nickelés de l’Honolulu Bar. L’affaire retombe évidemment sur le dos de Léaud, désormais recherché par Scotland Yard, en plus du tueur qui, en bon professionnel, tient à exécuter son contrat ! Et peu importe qu’on soit dans le burlesque le plus invraisemblable. Notre plaisir n’en est que plus grand.
Les personnages secondaires sont tout aussi soignés. Par exemple, le réceptionniste de l’hôtel Splendid qui semble sorti tout droit d’un motel américain des années 50. Et qui comme tous les réceptionnistes au cinéma ont les oreilles qui traînent et savent exactement ce qui se passe dans leur hôtel, y compris derrière les portes des chambres. Et bien sûr Serge Reggiani, impeccable en énigmatique patron de snack bar dans un cimetière ! Kaurismaki nous gratifie ainsi d’un quart d’heure final absolument somptueux, suspense jusqu’au bout et dénouement hautement improbable. Dans la meilleure tradition du film de genre où les méchants sont nécessairement vaincus et les amoureux ont l’avenir devant eux.
Sur le web
«Alors, l’amour plus fort que la mort? Telle est la question que fait mine de se poser Kaurismaki. Mais inutile de dire que le Finlandais potache court-circuite comme à son habitude cet argument digne d’un roman-photo à force de distanciation et d’humour plus noir que noir. Film angoissant et secrètement ironique (et inversement) à propos de personnages tous également autistes, J’ai engagé un tueur tape dans le mille de la solitude urbaine et de l’absurdité existentielle à grands coups de plans fixes outrageusement dilatés et de comique glacial. Avec son lot de singularités, à savoir Londres filmée comme une mégalopole désincarnée et la présence, aux côtés de Jean-Pierre Léaud, de Serge Reggiani, présentement tout aussi disjoncté que son cadet. A noter également la brève incursion dans le film de Joe Strummer, ex-chanteur des Clash,. Un éclair de vitalité dans ce film hypnotique qui ressemble à une métaphore sur grand écran de la gueule de bois de l’entre-deux-réveillons.» (liberation.fr)
«Qu’est-ce qu’une esthétique de l’évidence au cinéma? Un cinéma collé aux choses, qui ne propose pas de grandes intrigues. Il y a dans le cinéma de Kaurismäki une mise à plat de toute intrigue, voire même de l’intérêt de se demander «que va-t-il se passer». Peu de tension dans ce cinéma, bien que Kaurismäki est capable de respecter à la lettre les codes d’un scénario-type de poursuite, d’enquête, avec rebondissements rodés, personnages secondaires. Or, on a toujours l’impression qu’il ne se passe rien, où plutôt, que rien ne se passe. Car pourtant quelque chose passe, quelque chose empêche l’ennui de s’installer et c’est la physionomie des acteurs qui semble prendre en charge tout le ressort, et qui en propulse l’intérêt, à travers des récits simples, on a envie de dire archétypaux.
Dans tous les films de Kaurismaki, tout est simple, transparent, limpide, non problématique – rien de plus facile à suivre, comme film. Et pourtant, c’est un cinéma qui est toujours sur le fin fil de l’incongruïté la plus inouïe, de la banalité la plus complète, et qui rejoue très justement, avec l’ironie, l’humour, le cynisme le plus incisif, tous les enjeux du cinéma moderne, tout en retenant un style toujours personnel. Ainsi, Kaurismäki s’inscrit dans la famille rare et précieuse de cinéastes majeurs éclos dans les années 80, au côté duquel on place volontiers Jim Jarmush et David Lynch. Ces trois cinéastes ont répondu dans leurs œuvres à la question la plus épineuse des années 80 et qui taraude les cinéastes aujourd’hui: comment faire œuvre de résistance au cinéma hollywoodien, rester «auteur», transmettre une mémoire du cinéma, et faire un cinéma qui rejoint, tant bien que mal, un public vaste…» (horschamp.qc.ca)
…Vous avez écrit, réalisé, monté et produit J’ai engagé un tueur. Pensez-vous qu’un auteur digne de ce nom doive tout contrôler ?
Comme tout le monde, j’aime contrôler ce que je fais. Si vous êtes nettoyeur de merdes de chiens dans la rue, vous les nettoyez, vous ne restez pas planté là en attendant qu’un autre le fasse à votre place. J’ai fait ce travail, je sais donc de quoi je parle. Si je fais tout moi-même, ça va beaucoup plus vite. J’ai une équipe, chacun a une tâche bien précise. J’y suis fidèle, ils sont très proches, je connais même leurs problèmes personnels. Mes éclairagistes sont allemands, mon photographe de plateau brésilien, mon décorateur anglais et tous les autres finlandais. Nous sommes comme une famille, j’aime bien cette idée.
Dans J’ai engagé un tueur, est-ce pour renforcer l’étrangeté de son personnage que Jean-Pierre Léaud interprète un Français à Londres ?
Ce personnage est étranger non seulement à l’Angleterre, mais au monde entier. Un peu comme dans Umberto D, le film de Vittorio De Sica. Par ailleurs, j’ai utilisé le fait que les Français sont incapables de parler une langue étrangère et j’en ai fait une bonne blague (rires)… Ne le prenez pas mal, c’est tout à fait ok d’être français, mais honnêtement, ce n’est pas être anglais. Vous ne pourrez jamais vous débarrasser de votre accent. Moi-même, je suis finlandais, je ne parle pas bien anglais. Mais nous, nous avons le h anglais (rires)… Enfin, j’étais moi-même un étranger en Angleterre, Jean-Pierre me représente donc dans le film. Ça prendrait deux jours de tout vous expliquer en détail, il faudrait remonter jusqu’à mon enfance.
Vous avez découvert Jean-Pierre Léaud par Antoine Doinel ?
Oui, dans Les 400 coups, mais également dans Masculin féminin de Godard, La Maman et la putain de Jean Eustache. Dans mon tout premier film, je jouais en essayant de l’imiter. Maintenant, nous avons fait un film ensemble où, je crois, il m imitait en train de l’imiter. Très intéressant (pince-sans-rire)… Je voulais obtenir de lui ce que j’avais découvert à l’époque. Je voulais un Doinel plus âgé. Je l’admirais tellement que c’est un grand honneur d’avoir pu travailler avec lui.
Vous montrez un Londres très glauque, très déprimant. C’est une réaction au monde factice qui nous entoure ?
J’aime la saleté. Votre question contient déjà la réponse. Mes films sont des réactions au monde moderne que je déteste. J’appartiens au vieux monde. Je montre le vieux monde, je me fous complètement de l’autre. Le nouveau monde est bien trop plastique pour moi.
Quel est le vieux monde, où et quand finit-il ?
En Finlande, il s’est arrêté vers 1963. C’est l’année où la destruction de la vieille Finlande a commencé. Elle s’est achevée vers 1973. En France, vous devez observer les rues et tirer vos conclusions. Mon Oncle de Tati chroniquait déjà ce processus de destruction.
On ne sait rien du passé du personnage de Léaud et quand il aborde une fille, c’est sans préliminaires. Vous n’aimez pas les salades psychologiques.
Quand vous parlez à une fille, il faut aller droit au but, sinon elle vous délaisse. Je n’aime pas les palabres, c’est une perte de temps. Si vous avez un but, un avis à émettre, un point à défendre, il faut aller droit au but. Pourquoi tergiverser, comme un chat qui tourne autour du pot ? La vie est ainsi, tac tac tac. Pourquoi mentir ? Pourquoi ne pas être honnête avec soi-même en toutes circonstances ? Si vous êtes dans la rue et qu’il y a une merde de chien, nettoyez là. Si vous ne voulez pas le faire, rentrez vous coucher mais acceptez d’être viré de votre boulot de nettoyeur. C’est votre décision. Il n’y a pas de temps à perdre en ce bas-monde pour être hypocrite. Tous ces cocktails, ces blablabla, j’en ai rien à foutre. Les mondanités ont l’air importantes pour beaucoup de gens, mais pas pour moi, j’en ai rien à cirer.
Les critiques trouvent vos films très bons.
Je ne les lis jamais. Je ne lis jamais mes interviews parce que je raconte tellement de conneries. Je déteste me relire en train de déconner. Je déteste lire les critiques négatives. Pour ne pas prendre ce risque, je n’en lis donc aucune. J’étais moi-même critique, je sais de quoi je parle. J’ai arrêté après avoir démoli deux films. Les critiques finissent par ne voir que des chefs-d’ uvre ou des super merdes, ils perdent toute notion de nuance. Il existe tellement de raisons d’aimer ou de ne pas aimer un film. Il faut se concentrer pour déceler les bonnes choses dans un film. Si j’étais de mauvaise humeur, tchac, c’était la boucherie. C’est le problème général de la critique cinéma, mais aussi de la critique rock, de la critique littéraire.
Vos films sont «honnêtes mais mauvais», d’après vous. Que leur manque-t-il pour qu’ils soient bons ?
Ils manquent de talent, par exemple. Ils montrent un embryon de talent, mais pas assez. D’ailleurs, si par hasard je pondais le chef-d’ uvre absolu, pourquoi continuerais-je ? Autant arrêter, m asseoir au coin d’un feu avec mes chiens et mes chats et boire une tasse de thé (sourire)… Je suis donc heureux d’être insatisfait de mes films. Je suis heureux que le dernier contienne moins de défauts que les précédents. On dirait que j’apprends petit à petit à éviter les erreurs. Je ne fais jamais deux fois la même erreur.
Mais vous recherchez le chef-d’ oeuvre ?
Bien sûr, sinon j’arrêterais à la minute.
On dit que les erreurs et les imperfections peuvent rendre un film meilleur, plus intéressant et personnel.
C’est juste. Je ne recherche pas le chef-d’ oeuvre clinique. Je cherche à faire le genre de film que j’aimais quand j’étais môme. Je veux faire des films que j’aime et que le public aime. Je ne suis pas en quête d’honneurs, d’oscars ou de bonnes critiques. Je sais à quoi ressemble un bon film, j’en ai déjà vu… par d’autres cinéastes.
Etes-vous entièrement satisfait de J’ai engagé un tueur ?
Oui. Mais je ne connais pas encore la réaction du public. Ce n’est pas encore l’ uvre solide et totale que je recherche. Et pour être honnête avec moi-même, je n’y arriverai jamais. Mon propre travail ne me satisfera jamais autant que le travail des autres.
Ce qui vous pousse à continuer.
Jusqu’à ce que je tombe raide mort. Ce qui ne devrait pas tarder.
Plusieurs de vos films, notamment Ariel et J’ai engagé un tueur, se terminent sur le départ de vos personnages. Il semble impossible de rester quelque part : lorsqu’on est dans un lieu, on pense déjà au prochain.
Parce que j’ai perdu mon pays. J’ai perdu la Finlande car c’est devenu moderne, ils abattent les forêts, très vite. Il veulent absolument tout abattre. Car ce sont des gens modernes, ils sont très pro-plastique. Les banques, les compagnies d’assurances, le gouvernement, tous ensemble et main dans la main détruisent le pays. Vous pouvez encore trouver des traces de la vieille Finlande, surtout dans nos films. Dans la réalité, ça va très vite. C’était tellement triste de voir cette évolution que je ne pouvais plus le supporter. Il fallait que je parte. C’est peut-être pour ça que je suis si agité et en colère. La classe ouvrière n’a pas de patrie.
Quand avez-vous pris conscience de cette déchéance ?
En naissant. Lorsque j’avais 3 ans, j’ai vu les derniers moments de la vieille Finlande, la Finlande agricole que j’ai tellement aimée. Puis j’ai vu tout ce qui s’est passé jusqu’à maintenant. Alors la réaction a été d’archiver, au moins. Mais je me bats aussi autrement. J’essaye à ma façon, assez individuelle. J’achète des forêts, que personne ne peut donc couper. Je les paye pendant dix ans… Pas seulement en Finlande. Là, je suis un peu fou (sourire)… J’ai payé pour dix ans, c’est pourquoi mon téléphone est coupé. Mais de toute façon, la destruction est en cours, je l’ai vue. Vous pouvez faire de beaux discours et des manifestations, mais la seule manière de sauver une forêt, c’est de l’acheter. La moitié de la Finlande est opposée à ce qui se passe, mais… Le gouvernement est une bande de marionnettes, avec les banques derrière… C’est comme une machine qui marche sans contrôle. Je n’accuse personne en particulier, sauf les gens qui appartiennent au système sans même penser à ce que nous faisons. Que faisons-nous, vraiment ? Et pourquoi ? Abattre la forêt pour imprimer Playboy. Imprimer un magazine dégueulasse, ce n’est pas une raison pour couper du bois. Et ensuite ils vendent le magazine aux gens qui aimeraient marcher dans la forêt. Comme il n’y a plus de forêt, ils n’ont plus qu’une chose à faire : lire Playboy.
Qu’attendez-vous de vos films ? Qu’ils agissent contre ça ?
J’espère. C’est le seul genre de films que je peux faire. Mais je ne me contente pas d’acheter des forêts, je plante également. De nouvelles forêts, pas très grandes (sourire)… Différentes variétés d’arbres, ma femme les connaît bien, elle décide : Cet arbre ici, là tu creuses…?
Vous imaginez-vous le monde dans vingt ans ?
Je ne serai pas là pour le voir, alors… Je fume trop de cigarettes. Je ne veux pas le voir. Je mourrai avec ce siècle… les armes à la main et les bottes aux pieds. C’est ainsi que les Leningrad cowboys devraient mourir. Non, je ne tiens pas particulièrement à voir ce qui va se passer, je ne vois pas beaucoup d’espoir. Oh, il y a toujours de l’espoir, si quelqu’un fait quelque chose dans son propre coin. Mais si on ne fait rien, il y a de quoi être horrifié par la grande machine du pouvoir qui nous passe tous dessus….
(extrait d’une interview de Aki Kaurismäki donnée dans lesinrocks.com)
Présentation du film et animation du débat avec le public : Josiane Scoleri.
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Entrée : 8 € (non adhérents), 5,50 € (adhérents). Adhésion : 20 € (5 € pour les étudiants) . Donne droit au tarif réduit à toutes les manifestations de CSF, et à l’accès (gratuit) au CinémAtelier et à l’atelier Super 8. Toutes les informations sur le fonctionnement de votre ciné-club ici