1er Festival de Printemps 2005 – Contes Cruels de la jeunesse



Vendredi 27 mai 2005 à 20h45 – 1er Festival de Printemps 2005

Cinéma Mercury – 16 place Garibaldi – Nice

Film  de Nagisa Oshima – Japon – 1960 – 1h36 – vostf

Makoto Shinjo, une adolescente un peu perdue à la recherche d’expériences nouvelles, fait la connaissance de Kiyoshi, jeune homme sans foi ni loi. Elle quitte sa famille pour le suivre.

Nagisa Oshima fut dès son premier film ce qu’il ne cessera de demeurer par la suite : un scandaleux. Innovant et tranchant par une liberté de ton inspirée par la Nouvelle Vague française, trempant ses oeuvres dans un bain politique souvent radical, le futur réalisateur de L’Empire des Sens donna comme un soudain coup de vieux aux maîtres absolus du cinéma nippon qu’étaient (et que restent) Kurosawa, Mizoguchi, Ozu ou Naruse. Soudain, une jeunesse aussi cruelle et amorale que désespérée et avide de reconnaissance même via un nihilisme exacerbé, prenait la parole. Elle ne la lâcherait plus. Les enfants d’Hiroshima et Nagasaki sortaient de l’ombre. Et ils n’étaient pas contents.

Filmographie (sélective) de Nagisa Oshima : Une ville d’amour et d’espoir (Moyen Métrage, 1959), Contes cruels de la jeunesse (1960), L’enterrement du soleil (1960), Nuit et Brouillard au Japon (1960), La révolte (1962), Le Journal de Yunbogi (1963), Les Plaisirs de la Chair (1965), La Cérémonie (1971), Une petite soeur pour l’été (1972), L’Empire des sens (1976), L’Empire de la passion (1978), Furyo (1982), Max mon amour (1985), Tabou (1999).

Philippe Serve

Sur le web

« …Avec À bout de souffle de Godard et Shadows de Cassavetes, Contes cruels de la jeunesse, en s’intéressant à une nouvelle génération, va faire passer le cinéma mondial dans une nouvelle ère. Des corps nouveaux, des idées et des aspirations nouvelles vont logiquement donner naissance à un nouveau cinéma. Le style d’Oshima est beaucoup moins limpide et transparent que celui des cinéastes japonais précédents. La caméra est plus sauvage, elle suit les corps, s’immerge dans le réel comme simple témoin, flirte avec la peau et le désir. Chaque image dégage une impression d’exaltation forte. Les corps face à nous sont périssables et incroyablement vivants. Ils brûlent littéralement de désir. Le grain de la peau est sensible, et ce à un point tel que l’on aurait envie de la mordre à pleines dents…

Les Contes Cruels de la jeunesse fait partie d’une trilogie de la jeunesse avec Une ville d’amour et d’espoir et L’Enterrement du soleil. Cette trilogie de la jeunesse manifeste de la part d’Oshima une volonté de faire une critique radicale non seulement de la société, mais aussi des moyens mis en œuvre par ceux qui veulent changer cette société. Humanisme de fillette immature, anciens étudiants politisés, rêves délirants d’un retour à la grandeur du Japon impérial, ou fuite en avant vers la jouissance immédiate: tous ces personnages savent que le monde dans lequel ils vivent n’est pas acceptable, tolérable et qu’il convient de le transformer. Mais Oshima n’a pas de réponse et constate finalement que chacun s’anéantit en croyant atteindre quelque chose.

Les jeunes qui après la guerre ont souhaité prendre leur destin en main afin de changer le monde ne peuvent, au début des années soixante, que constater leur échec. Les plus jeunes, en le sachant plus ou moins, vivent avec l’échec de leurs aînés. D’où le désir conscient ou inconscient qu’ils ont de vivre pleinement, de brûler et, au fond, de s’anéantir. Makoto et Kyoshi prennent leur destin en main, mais n’entendent pas passer par la politique en vue de modifier la société. Ils ne peuvent concevoir véritablement ce qu’est la société. Il s’agit pour eux de vivre des expériences individuelles et personnelles fortes, de s’oublier dans un vertige. Le monde est nié. Sans se le dire, ces jeunes recherchent la mort. Makoto est encore une adolescente. Elle a en partie grandi sans sa mère, et n’a pas eu à supporter l’autorité forte d’un père qui, au fil du temps, s’est usé. Une sœur désabusée, un père fatigué, Makoto, inconsciemment, a besoin de fuir hors du foyer, à la recherche de sensations fortes, aussi stupides soient-elles.

…Dans Contes cruels de la jeunesse, le désir d‘aller au bout de soi, de mettre à mal les fondements d’une société trop molle pour ces jeunes en fusion, est présent même dans les moments les plus sinistres, les plus à même de glorifier une attitude nihiliste et cruelle. Oshima bouscule les idées reçues sur les conflits de générations conçus comme l’affrontement de deux blocs, celui de la guerre et celui de l’après-guerre. En opposant les deux sœurs, Oshima montre que la vie après-guerre au Japon a déjà connu plusieurs phases. La grande sœur et la petite sœur ne sont pas les mêmes, ne vivent pas dans le même monde. La première a une expérience de la vie que la seconde se doit de nier et de repousser. Ce petit écart des années, si infime aux yeux de la grande Histoire, est pour Oshima absolument capital.

Les jeunes qui après la guerre ont souhaité prendre leur destin en main afin de changer le monde ne peuvent, au début des années soixante, que constater leur échec. Les plus jeunes, en le sachant plus ou moins, vivent avec l’échec de leurs aînés. D’où le désir conscient ou inconscient qu’ils ont de vivre pleinement, de brûler et, au fond, de s’anéantir. Makoto et Kyoshi prennent leur destin en main, mais n’entendent pas passer par la politique en vue de modifier la société. Ils ne peuvent concevoir véritablement ce qu’est la société. Il s’agit pour eux de vivre des expériences individuelles et personnelles fortes, de s’oublier dans un vertige. Le monde est nié. Sans se le dire, ces jeunes recherchent la mort. Makoto est encore une adolescente. Elle a en partie grandi sans sa mère, et n’a pas eu à supporter l’autorité forte d’un père qui, au fil du temps, s’est usé. Une sœur désabusée, un père fatigué, Makoto, inconsciemment, a besoin de fuir hors du foyer, à la recherche de sensations fortes, aussi stupides soient-elles. » (critikat.com)


Présentation du film et animation du débat avec le public : Philippe Serve.

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