La Visite de la Fanfare



Vendredi 11 Avril 2008 à 20h30

Cinéma Mercury – 16 place Garibaldi – Nice

Film de Eran Kolirin – Israel – 2007 – 1h26 – vostf

Un jour, il n’y a pas si longtemps, une petite fanfare de la police égyptienne vint en Israël. Elle était venue pour jouer lors de la cérémonie d’inauguration d’un centre culturel arabe. Seulement à cause de la bureaucratie, d’un manque de chance ou de tout autre concours de circonstance, personne ne vint les accueillir à l’aéroport. Ils tentèrent alors de se débrouiller seuls, pour finalement se retrouver au fin fond du désert israélien dans une petite ville oubliée du monde. Un groupe de musiciens perdu au beau milieu d’une ville perdue. Peu de gens s’en souviennent, cette histoire semblait sans importance…

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Avec ce premier film, Eran Kolirin signe une subtile fable humoristique sur un pays coupé de son histoire.

Un jour, peu après la signature des accords d’Oslo, en 1993, il est arrivé au dramaturge égyptien Ali Salem une drôle de mésaventure, qu’il a décrite dans un livre intitulé Voyage en Israël. Parti visiter ce pays en voiture, il se dirigeait vers Tel-Aviv, mais échoua, suite à une erreur d’embranchement, dans la ville de Netanya, située à une trentaine de kilomètres au nord, où il fut contraint de passer la nuit. C’est le récit des rencontres inopinées qu’il y fit avec la population locale qui a inspiré cette libre transposition cinématographique qu’est La Visite de la fanfare à Eran Kolirin, jeune réalisateur israélien de 34 ans, dont c’est le premier long métrage.

Une fanfare classique de la police du Caire y remplace l’homme solitaire, et un jeu de mots sur la toponymie justifie l’erreur de destination du groupe : censé donner un concert dans un centre culturel arabe de la ville de Petah Tikvah, la fanfare se retrouve, suite à un quiproquo, dans la ville de Bet Hatikvah. Cette erreur contient d’emblée des informations utiles à la compréhension du sous-texte d’un film – la langue, la géographie et l’histoire israéliennes – qui témoigne d’une finesse humoristique.

Petah Tikvah, qui signifie « la porte de l’espoir« , a été fondée en 1878. C’est l’une des premières implantations agricoles juives. C’est aujourd’hui une ville d’importance. Bet Hatikvah, qui signifie « la maison de l’espoir« , est, en revanche, un trou perdu dans le désert, de construction récente et purement fonctionnelle, à peine localisable sur une carte du pays.

Le passage d’une ville à l’autre est aussi celui de l’Etat d’Israël, passé d’une idée en devenir à une idée réalisée, d’un idéal pionnier et socialisant à une implantation stérile, esseulée, dramatiquement coupée de son histoire et de son environnement. C’est dans cette « maison de l’espoir » que débarque donc en fin d’après-midi la fanfare égyptienne, qui se rend compte de sa méprise en même temps qu’elle apprend que le service des autocars ne fonctionne plus jusqu’au lendemain matin et que la ville est dépourvue du moindre hôtel.

Cette arrivée donne d’emblée au film le ton et la couleur légèrement surréalistes qui seront les siens. D’un côté, un alignement de musiciens rutilants, en uniforme bleu ciel surchargés de galons, suant à grosses gouttes en plein milieu d’un désert ocre, et offrant une représentation non dénuée de désuétude du sentiment de la dignité, de la courtoisie et de la tradition. De l’autre, un cantonnement hideux de nouveaux ensembles, un boui-boui négligé et à moitié vide où traînent quelques habitants en proie à la solitude et à la lente consomption de l’ennui. Accueillie avec une curiosité avide, la fanfare trouve refuge pour la nuit en s’éparpillant chez l’habitant. Curieuse et improbable rencontre, menée dans un anglais de fortune, mais à laquelle le cinéaste insuffle vie et émotion par sa délicate peinture des caractères.

Mentionnons, côté égyptien, le chef du groupe, Tewfiq, qui cache sous sa rigidité martiale un coeur meurtri par la vie, ou encore Khaled, le beau gosse incorrigiblement dragueur surveillé de très près par le précédent. Côté israélien, Dina, une tenancière de bistro dévorée par les regrets et dont la vie « ressemble à un film arabe », un chômeur cruellement houspillé par sa femme ou encore un jeune adolescent qui n’a pas de chances avec les filles.

Passant d’un groupe de personnages à un autre, le film les suit jusqu’au bout de la nuit, recueillant les confidences mutuelles qui vont s’échanger à bas bruit. Nulle péripétie majeure ne vient ici dynamiser l’action, qui se dévide dans la mélancolie provinciale de lieux sans âme (un restaurant impersonnel, une place publique déserte, une patinoire night-club), mais rassemble néanmoins, le temps d’une nuit, des personnages qui se découvrent moins étrangers les uns aux autres qu’il n’y paraît.

A la fin de la fable, même si l’on se dit qu’Eran Kolirin aurait pu pousser un peu plus loin les feux de l’absurde, reste un film dont la douceur, exceptionnelle sous ces climats, fait d’autant plus de bien qu’elle n’occulte pas pour autant l’intelligence du regard critique. (lemonde.fr)


Présentation du film et animation du débat avec le public : Philippe Serve.

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