Vendredi 24 février 2006 à 20h45
Cinéma Mercury – 16 place Garibaldi – Nice
Film de Vittorio de Sica – Italie – 1952 – 1h31 – vostf
Umberto Domenico Ferrari, petit professeur retraité, n’a guère de raison de se féliciter de son dévouement à l’Etat. La maigre pension que lui alloue son ancien employeur ne suffit plus à lui assurer une existence décente. Seul au monde, le vieil homme doit se contenter de la compagnie de son chien, Flike. Menacé d’expulsion par sa logeuse puis hospitalisé, Umberto se résout finalement à mendier pour survivre. Mais le destin, une fois encore, le contrarie et l’humilie. Umberto envisage alors de mettre fin à ses jours. Auparavant, il aimerait confier Flike à une personne sérieuse…
Sur le web
Un homme et son chien est le remake français d’Umberto D., classique italien de Vittorio De Sica datant de 1952. A l’origine, le rôle principal était tenu par l’acteur Carlo Battisti.
Francis Huster retrace la genèse du projet : « Alors que je tournais aux Etats-Unis Un autre homme, une autre chance sous la direction de Claude Lelouch, je me suis retrouvé à Malibu dans une soirée en compagnie de Martin Scorsese et nous avons évoqué ensemble Umberto D., qui est l’un de ses films fétiches. J’avais vu ce film quand j’avais treize ou quatorze ans : il m’avait fait pleurer, mais je ne savais plus pourquoi. Trente ans plus tard, lorsque Jean-Louis Livi m’a proposé de réaliser un film, je lui ai dit qu’un projet m’obsédait depuis longtemps : Umberto D.. Mais je ne pouvais le faire qu’à une seule condition : remplacer le néoréalisme italien par un néoréalisme au niveau du jeu des acteurs et justifier que la même histoire puisse s’ancrer dans la France d’aujourd’hui, montrer que rien n’avait changé depuis l’époque de Vittorio De Sica. «
Très abîmé, le négatif du film a fait l’objet d’une longue et très minutieuse restauration par la société italienne Mediaset, déjà à l’origine de la restauration du Jardin des Finzi-Cintini de Vittorio De Sica. Après plus d’une année de travail, le film, présenté dans une nouvelle copie, a été projeté à Milan, Rome et New York, en 1999.
Umberto D. marque la quatrième collaboration entre le réalisateur Vittorio De Sica et son scénariste Cesare Zavattini, depuis la fin de la Seconde Guerre Mondiale. Le duo avaient notamment travaillé ensemble sur Le Voleur de bicyclette, Sciuscia et Miracle a Milan, d’immense succès critiques et publiques.
« Umberto D. semble sur bien des points avoir été l’une des matrice du célèbre Une Journée particulière d’Ettore Scola – qui dédiera d’ailleurs à De Sica fraîchement disparu son Nous nous sommes tant aimés (1974). Scola y dépeindra lui aussi des êtres faibles, rejetés, avec Marcello Mastroianni et Sophia Loren, homosexuel et femme à la marge de la société fasciste de Mussolini et de son machisme exacerbé. Umberto D. annonce la suite de l’œuvre de Vittorio De Sica en scrutant l’isolement de ses personnages. Le fascisme n’est plus mais le mur de l’individualisme auquel se confronte Umberto annonce le monde capitaliste froid de Il Boom (1963) où l’esprit d’entraide d’après-guerre est révolu. Le dénuement est une honte dont il vaut mieux s’accommoder seul plutôt que de l’exprimer et/ou chercher à s’entraider. » (dvdclassik.com)
Tous les acteurs du film, y compris Carlo Battisti qui joue le rôle-titre, sont non professionnels.
Umberto D. a été un échec sans appel au box-office italien, bien que le film ait récolté d’élogieuses critiques dans le monde, ainsi que des récompenses, dont celle du Meilleur film de l’année, décerné par l’influent New York Film Critics Circle. L’une des raisons de son échec fut la violente campagne menée contre lui -et jusqu’à sa sortie- par le politicien et journaliste Giulio Andreotti, dans le quotidien Libertà, l’organe officiel du Parti Démocrate Italien, alors au pouvoir en place. Vittorio De Sica était alors accusé par Andreotti de donner une image catastrophique du pays, misérabiliste, et que le cinéaste, selon les termes même d’Andreotti, » lavait son linge sale en public « . Les propos dénigrants d’Andreotti trouvèrent également écho au sein du tout puissant Parti Communiste Italien, tandis que le film se retrouvait privé de tout soutien financier du gouvernement.
Vittorio De Sica avait délibérement choisi de réaliser les scènes d’intérieur en studio, rompant de fait avec la « charte » du néo-réalisme. En cela, Umberto D. marque la fin de la période néo-réaliste du cinéma italien, ouverte sept ans plus tôt avec Rome ville ouverte de Roberto Rosselini. La production cinématographique italienne qui suivit Umberto D., évoluant au sein d’atmosphères beaucoup plus légères, avec des moeurs plus relâchées et des conditions de vie bien meilleures, valu à ce nouveau genre d’être qualifié de « néo-réalisme rose « .
Personnage majeur du film, Flyke, le chien d’Umberto occupe une place autant importante dans l’intrigue que ce dernier. Vittorio De Sica a fait appel à deux chiens pour le figurer : l’un, avec la tête noire et le côté blanc est celui utilisé pour la majorité des scènes tandis qu’un autre chien, avec un museau blanc et une tâche noire sur son flanc est montré à deux moments du film, lorsque Umberto se cache de la police après la manifestation et quand il va récupérer Flyke à la fourrière.
Présentation du film et animation du débat avec le public : Jean-Pierre Dubois (Culture et Cinéma).
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