Vendredi 07 janvier 2005 à 20h45
Cinéma Mercury – 16 place Garibaldi – Nice
Film de Juan Pablo Rebella et Pablo Stoll – Uruguay – 2004 – 1h40 – vostf
Le gérant d’une fabrique de chaussettes demande à l’une de ses employées de se faire passer pour son épouse avant le retour de son frère au pays…
Sur le web
Whisky a été très remarqué lors de sa présentation en sélection officielle, dans la section « Un certain Regard« , au Festival de Cannes 2004. Le film y a même décroché le prix Fipreschi, remis par la presse internationale.
Pablo Stoll expose le projet qui était le sien avec Juan Pablo Rebella: « D’abord, il y a eu l’usine : les vieilles machines, les « tubolux », les tas de chaussettes, la vie qui émanait de toutes ces choses. Que se passe-t-il derrière les rideaux métalliques de ces usines en pleine décrépitude ? C’est ici que sont nés nos personnages, ces portraits complètement fictifs : deux frères juifs, et une femme, autre facétie, autre leurre, autre fantaisie dans la fantaisie. L’idée initiale était très simple, presque absurde. Elle n’avait rien de particulier. C’était une fable en quelque sorte. Une histoire dans laquelle les personnages seraient liés les uns et les autres par le biais d’une suite de petites mystifications. Notre but était d’explorer les petites habitudes, les conventions, les phrases toutes faites, ce qu’elles disent et ce qu’elles cachent. »
Nés à Montevideo, Juan Pablo Rebella et Pablo Stoll se sont connus à l’Université d’Uruguay. En 2001, ils signent leur premier long-métrage, 25 watts, tourné en noir et blanc pour seulement 25 000 dollars. Cette chronique décalée, dans la lignée des films de Jim Jarmusch, a fait le tour des festivals, et est sortie en France en décembre 2003. Les auteurs reviennent sur la production de 25 watts : « C’est compliqué de produire un film en Uruguay. Dans cette phrase, il suffit de changer le nom du pays, et, dans presque tous les cas, on obtient une vérité absolue. En Uruguay, tout est difficile à produire, même les chaussettes comme on le voit dans Whisky. Pour tourner 25 watts, notre premier long-métrage, on dû « inventer » un mode de production semi-coopératif. A l’époque, c’était la seule façon d’aller au bout du projet. Pour Whisky -et grâce à l’expérience acquise pendant le tournage de 25 watts-, il nous semblait que nous devions viser plus haut. Whisky a pu être tourné grâce au soutien des gens et des sociétés de plusieurs pays. Nous comptions également sur l’énergie de l’équipe de techniciens uruguayens avec laquelle nous avions déjà collaboré pour le tournage de 25 watts« .
Il n’est pas question d’alcool dans Whisky. Le terme est, ici, employé comme l’équivalent de « cheese« , ou « ouistiti » : un mot que l’on prononce lorsqu’on se fait photographier, pour se donner un air souriant.
« …Whisky est en réalité un film punk, une vision impitoyable et iconoclaste de la petite bourgeoisie. Cela rappelle, en moins sarcastique certes, l’incroyable Bleak Moments (1971), premier long métrage de Mike Leigh, qui offrait un tableau acide et décalé de la vie d’une famille anglaise. Décalé, c’est le mot pour Whisky. Ou plutôt décadré, car tout ici est fondé sur l’incompatibilité, l’incommunicabilité et la disparité. Pour faire entrer dans le même cadre le grand Jacobo et la petite Marta (idée métaphorisée par une séance photo), la caméra se livre à toutes sortes de contorsions. Parfois même, elle coupe la tête de Jacobo. Mais il n’y a pas que de l’ironie. Il y a aussi une passion pour la durée, les rituels, la répétition. Le plus frappant, c’est un sens inouï de l’observation et du détail. Ennemis de la psychologie, Stoll et Rebella utilisent à fond les possibilités du cinéma pour se passer des mots… » (lesinrocks.com)
Agé de 30 ans, comme son complice Rebella, Pablo Stoll a choisi de raconter l’histoire de personnages sexagénaires. Il s’en explique : « Je me demande depuis longtemps (…) pourquoi, après 25 watts -film juvénile et autobiographique-, nous avons tourné Whisky, l’histoire de deux frères juifs d’une soixantaine d’années, d’une femme et d’une usine de chaussettes. Nous sommes fils uniques, encore loin de la soixantaine, pas juifs et, bien entendu, nous n’avons pas de manufacture de chaussettes. Lors de la rédaction du scénario, nous nous disions que ces personnages n’étaient pas si différents de nois. Que ces trois genres de solitude ne nous étaient pas si étrangères (…) Dans 25 watts, où il y avait des dialogues, on a maintenant des silences mais la structure est la même, comme si les personnages de Whisky étaient fatigués de parler, comme s’ils n’avaient plus rien à dire. »
Filmer en plans fixes n’a pas été toujours évident, comme le confie Rebella : « (…) comme nous avions décidé que la caméra devait rester immobile, il fallait parfois choisir entre la possibilité de « couper » la tête de Jacobo ou celle de laisser un grand espace vide au-dessus de Marta. L’idée de départ était de ne faire ni panoramiques, ni travellings, ni plans à l’épaule. Quand l’assistant de réalisation ou le producteur nous faisait remarquer que nous prenions beaucoup trop de temps de temps à nous décider, je me demandais pourquoi nous nous étions entêtés de cette façon. Sans réponse, bien entendu. Néanmoins, je savais rien au monde ne m’aurait fait déplacer cette sacrée caméra. Comme si j’étais chargé d’une mission incontournable. Aujourd’hui, presque un an plus tard, après avoir vu et revu le film terminé, à mon sens, les cadrages font partie des aspects les plus satisfaisants. L’immobilité de la caméra enrichit la narration. »
Quelques mois avant le tournage, les cinéastes ont lu une bande dessinée, Jimmy Corrigan, the smartest kid of earth de Chris Ware, qui les a inspirés pour la conception visuelle de leur film. Primé à Angoulême en 2002, cet album au graphisme très soigné relate, avec humour et tendresse, les aventures d’un Américain moyen.
Présentation du film et animation du débat avec le public : Josiane Scoleri.
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