La Légende de la forêt



Dimanche 27 avril 2003 à 14h30

Cinéma Mercury – 16 place Garibaldi – Nice

Animations de Osamu Tezuka – Japon – 2002 – 0h54 – vostf

Ce programme de courts métrages se compose de cinq films du maître de l’animation japonaise : La Sirène, La Goutte, Le Film cassé et Le Saut.

Sur le web

«Vers la fin des années 60, le succès en librairie d’Astro le petit robot et du Prince Saphir offrent à Osamu Tezuka les moyens financiers de se lancer dans l’animation. En 1958, âgé de trente ans, il participe à l’élaboration du Voyage en Occident, long métrage produit par la Tôei dôga, l’une des plus importantes compagnies d’animation au Japon. Adaptation de la légende chinoise du roi singe, le résultat déplaît à Tezuka qui décide de fonder en 1961 sa propre boîte de production, la Mushi. Anecdote amusante: depuis le lycée, le dessinateur est obsédé par la vie des insectes et prend l’habitude de signer ses travaux par Osamushi -mushi signifie tout simplement insecte en japonais-. Le studio produit un premier court métrage de trente-huit minutes, Les Histoires du coin de la rue. Et crée en 1963 la toute première série d’animation japonaise, Astro le petit robot: trente minutes hebdomadaires en noir et blanc recourant à une animation limitée (cinq images par secondes). L’immense succès de la série réveille toute l’industrie, mais installe de nombreuses tensions entre patronat et syndicat. Le travail harassant imposé aux animateurs entraîne des manifestations régulières. C’est l’époque où les jeunes Hayao Miyazaki et Isao Takahata se rencontrent autour d’une table ronde de syndiqués. Parallèlement à sa série phare, Tezuka produit quelques courts métrages expérimentaux présentés lors de festivals: Male, Memory, La Sirène, La Goutte ou encore Tobacco and Ash. En 1964, le dessinateur rencontre l’une de ses idoles, Walt Disney. Stanley Kubrick en personne contacte Tezuka pour lui commander des croquis préparatoires pour 2001, l’odyssée de l’espace. Mais leur collaboration n’aboutit pas. 1965 marque une seconde étape importante dans l’histoire de la Mushi. Le Roi Léo est la première série d’animation japonaise en couleurs. En 1966, le film à sketchs Pictures at an Exhibition reçoit des échos très favorables. Tezuka ne s’arrête pas en si bon chemin. Les Mille et une nuits est le premier long métrage d’animation érotique. Suivront au cinéma: Cléopatra (1970), Le Fils du soleil (1978), Marine express (1979), Phoenix 2772 adapté d’un chapitre de son propre manga, Fumoon (1980), Bremen 4 (1982) et une dizaine de courts métrages, dont The Green Cat (1983) et Self Portrait (1988). Malgré sa popularité, la Mushi fait faillite et ferme ses portes en 1973. S’il est un domaine dans lequel Osamu Tezuka a toujours rêvé de percer, c’est bien le cinéma d’animation. Reste un éternel regret, le rendez-vous manqué avec Walt Disney: «J’aimerais énormément réaliser un film sur un sujet aussi novateur qu’Astro le petit robot. Des séries comme celle-ci et Le Roi Léo sont formidables. Tezuka est un grand créateur, un grand cinéaste, il faudrait qu’un jour nous puissions travailler sur un projet commun. Je suis certain que le résultat serait formidable».

Cinq courts métrages d’animation de l’homme qui a révolutionné le manga. Cent cinquante mille planches d’aventure, de romance, d’horreur, de mythologie, d’espionnage ou de science-fiction. Cent vingt millions de bandes dessinées vendues depuis le décès de leur auteur. Osamu Tezuka n’est pas seulement le génie insubmersible de toutes les générations de mangaka confondues, c’est aussi et avant tout un conteur hors pair, qui a revisité tous les genres avec un même acharnement au travail. Monumentale, l’œuvre de Tezuka brille par son incroyable éclectisme. La sortie en salles de ses courts métrages est un événement, mais ne donne qu’un minuscule aperçu de son talent. Les courts sélectionnés datent des années 70 et 90. Or, contrairement à l’intitulé alléchant, l’animation n’en est pas l’atout principal. Autant dire que l’aspect rudimentaire de certaines techniques déconcertera les familiers de la prouesse disneyenne. La diversité des styles proposés et de leurs traitements narratifs méritent néanmoins le coup d’œil. A la vision des films, il ne fait aucun doute que leur réalisateur vient de la bande dessinée. La Sirène, La Goutte ou La Légende de la forêt reposent essentiellement sur la dynamique du découpage.

Réalisés en un temps record, les deux premiers courts font appel à une animation minimaliste. Ode à l’imagination et la différence, La Sirène résume en huit minutes l’histoire d’amour contrariée entre un pêcheur et une ravissante créature surgie des mers. Epaulé par une équipe de six personnes, Tezuka s’appuie sur un style enfantin à base de formes géométriques et de superpositions de couleurs. Le corps sans volume des personnages consiste en quelques lignes claires. Les tableaux muets opposent la douceur des rendez-vous à la plage aux représailles absurdes de la justice. Séquestré, le pêcheur perd peu à peu le souvenir de sa sirène. Simple et touchant, La Sirène accuse son âge, mais fait preuve d’une réelle inventivité. Improvisé l’année suivante, La Goutte est une expérience plus anodine. Le seul rescapé d’un naufrage meurt de soif sur un radeau et tente en vain d’avaler une goutte d’eau. Tezuka s’accommode des moyens modestes dont il dispose. Le montage resserré remplace l’animation proprement dite. Parodie de western sur fond de pellicule vieillie pour l’occasion, Le Film cassé s’amuse de faux raccords et de fausses défaillances techniques.

Deux courts métrages tirent leur épingle du jeu: Le Saut et le premier volet de La Légende de la forêt. Tezuka n’a jamais caché son admiration pour Walt Disney, qui avoue lui-même une passion pour Astro le petit robot et Le Roi Léo. Avec La Légende de la forêt, Tezuka trouve l’occasion de rendre hommage à ses aînés. Le premier volet emprunte au savoir-faire de Disney, Hanna et Barbera ou les frères Fleisher, en détaillant l’évolution technique du cinéma d’animation. Un couple d’écureuils rappelle celui de Merlin l’enchanteur, des lutins font référence aux sept nains de Blanche Neige. Avec un art consommé du découpage, Tezuka exalte la nature contre l’humain envahisseur. Resté inachevé, le film présente à l’origine quatre parties, illustrées par la Symphonie n°4 de Tchaïkovski. Il n’en reste que deux, Conversation entre les arbres de la forêt et Sur la colline de l’orage et de l’arc-en-ciel. Sans doute le plus célèbre de tous les courts présentés, Le Saut part d’une idée incongrue: une caméra subjective montée sur tremplin. En six minutes, Tezuka parcourt le globe avec une belle virtuosité, du sommet d’un building aux chaudrons de l’enfer. Compilation inédite, La Légende de la forêt laissera les néophytes et les connaisseurs sur leur faim, mais confirme la formidable créativité de Tezuka.» (filmdeculte.com)

«Stupéfiant par leurs trouvailles graphiques, les films du programme justifient pleinement la réputation avant-gardiste du maître. En y introduisant des éléments aussi novateurs que le montage, le gros plan ou le panoramique, Tezuka -fervent cinéphile- révolutionna le monde du dessin animé japonais et le fit sortir de sa «préhistoire». Grâce à sa parfaite maîtrise des codes de la mise en image, il a su imaginer des œuvres originales qui questionnent sans cesse leur support. Dans Le Film cassé (1985), Tezuka parodie les vieux dessins animés du début du siècle et crée, quelques dizaines d’années avant le Forgotten silver de Peter Jackson, la première imposture cinématographique. Volontairement vieilli et «scratché», le film fait croire à un mauvais défilement des images et en profite pour faire sortir un cow-boy des lignes de sa case. Idem dans La Légende de la forêt (1987), projet ambitieux du cinéaste qui n’eut le temps de réaliser que deux des quatre parties prévues. Dans cette symphonie forestière sous-tendue par la musique de Tchaïkovki, Tezuka avait l’intention de passer en revue tous les styles qui forgèrent l’histoire du dessin animé. Les deux somptueux volets laissés en héritage par le maître donnent un aperçu de la démesure d’une oeuvre toute à la gloire de la nature, élaborant bien avant Miyazaki une pensée écologique.

Car Osamu Tezuka n’est pas seulement admiré pour ses dons de dessinateur mais aussi pour sa pensée profondément humaniste qui en fit l’un des grands défenseurs des libertés contre toutes les formes de totalitarisme. Dans La Sirène (1964) -sans doute le film le plus émouvant du programme- un jeune homme finit en prison pour être tombé amoureux d’une sirène que tout le monde voit comme un simple poisson. Manifeste pour la liberté d’expression, La Sirène est un tourbillon graphique quasi expérimental dans lequel Tezuka fait preuve de sa maîtrise de la ligne, ordonnatrice lyrique de l’histoire, et de son sens du détail (la longue mèche ondulée du héros contre le képi pointu du policier). Des années après le décès de Tezuka en 1989, ses films n’ont rien perdu de leur pertinence ni de leur superbe consacrant le talent encore inégalé d’un des plus glorieux héros de la bande dessinée.» (chronicart.com)


Présentation du film et animation du débat avec le public : Philippe Serve.

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