Vendredi 08 Octobre 2010 à 20h30
Cinéma Mercury – 16 place Garibaldi – Nice
Film de Alexander Kluge – Allemagne – 1966 – 1h28 – vostf
Diffusé dans le cadre de La Semaine du Cinéma Allemand, présenté par FRANCE-ALLEMAGNE CÔTE D’AZUR, en partenariat avec CINEMA SANS FRONTIERE et le Cinéma MERCURY
Anita G., née en 1937 de parents juifs, se retrouve devant un juge à Brunswick car elle a volé une veste tricotée à sa collègue de travail. Elle avoue le forfait et sa peine est assortie du sursis. Madame Treiber, l’assistante sociale chargée de sa réin-sertion, veut aider la jeune Anita à s’intégrer dans la société. Elle est très pieuse et prie avec Anita. Elle emmène Anita dans un foyer, mais la jeune femme est incapable de s’intégrer.
Anita est une victime de son époque: tout ce qu’elle fait est déterminé par son éducation. Elle est doublement étrangère, elle est juive et vient de RDA, elle cherche à s’intégrer, travaille comme vendeuse de disques ou comme femme de ménage et aspire à la sécurité et la chaleur dans la société. Et toujours, ce n’est pas tellement la méchante société qui se met en travers de ses plans, mais plutôt elle-même.
Kluge ne se rend pas la tâche facile avec la critique sociale, Anita n’est pas naïve. Les conflits sont au coeur de l’être humain. Anita ment, elle s’achète un manteau de fourrure, vole dans les hôtels et se laisse faire un enfant. L’un des points forts de ce film est que, malgré tous les revers du destin, la protagoniste de cette histoire n’apparaît jamais pleurnicharde ou maladroite. Elle agit et elle agira aussi comme ça à l’avenir.
Les qualités du film ne se limitent pas seulement aux efforts pour établir la crédibilité du destin d’Anita. Kluge a vu de nombreux films et assimilé ces influences; surtout celle de Jean- Luc Godard qui a été le premier à utiliser le démontage de la forme rigide du film avec l’insertion de citations, des inserts, des têtes de chapitres et un ton dichotomique. Ce principe de style n’est pas là pour faire de l’art pour l’art: Kluge lui-même a indiqué dans une interview qu’il voulait de cette manière provoquer des associations d’idées chez le spectateur. Il se rapproche en ceci du « théâtre épique » de Brecht qui rend le spectateur perpétuellement conscient qu’il assiste à une pièce qui ne doit pas l’exciter, mais le conduire à exercer une observation critique et scientifique de l’événement présenté. C’est pour cela que Kluge annule la réalité cinématographique en intégrant des scènes documentaires et en laissant apercevoir le côté technique (comme lorsque l’équipe répond à la question du directeur de l’hôtel, qui raconte ses souvenirs de guerre, ou bien lorsque Anita alias Alexandra Kluge regarde le réalisateur d’un air interrogateur). Cela n’allège pas la compréhension du film et on pourrait souhaiter au spectateur de façon prophylactique de se décider à voir le film deux fois. On n’en appelle plus à nos sentiments, mais à notre raison. Kluge ne s’en tire certes pas sans moyens cinématographiques traditionnels. Sa musique de tango, qui a pour lui une valeur sentimentale, provoque une émotion chez le spectateur et pas une réflexion.
Kluge introduit certains niveaux d’une exactitude presque photographique dans ses phrases, parfois même acérées, comme lors d’une photo prise au flash. Les phrases du juge, au début du film, le jargon scientifique du politologue, les clichés de l’assistante sociale sont d’un réalisme qui fait mal, tellement ces personnages sont bien décrits d’un point de vue physionomique. Le style de semi-documentaire de Kluge fait ses preuves dans le film et sa précision juridique fait le reste. Alexandra Kluge, la soeur du réalisateur, est une petite merveille. Son naturel joue parfois des tours aux efforts de son frère qui veut provoquer un retour sur soi par le biais de la réflexion et non par le biais des sentiments. (Goethe-Institut)
Présentation du film et animation du débat avec le public : Philippe Serve.
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