Bowling for Columbine



Vendredi 06 décembre 2002 à 20h45

Cinéma Mercury – 16 place Garibaldi – Nice

Film de Michael Moore – USA – 2002 – 2h – vostf

Michael Moore enquête sur la violence provoquée par les armes à feu aux Etats-Unis. Son point de départ est la tragédie du lycée Columbine dans le Colorado en 1999. Des dizaines de lycéens avaient alors été assassinés par deux de leurs camarades.

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L’idée de Bowling for Columbine vient d’un sketch parodique écrit en 1999 pour l’émission The Awful Truth appelé Teen Sniper school (Ecole pour tireurs embusqué). Quelques jours après avoir fini le montage, 14 lycéens et un professeur sont abbatus au lycée de Columbine à Lippleton (Colorado) par deux de leurs camarades. Le sketch ne sera jamais diffusé mais la révolte de Michael Moore sur l’évènement le poussera à réaliser un documentaire.

Bowling for Columbine est le troisième documentaire de Michael Moore après Roger et moi (1989) et The Big One (1997). Tous ont le point commun de dénoncer les déviations mercantilistes dans l’économie et la société américaines.

«Michael Moore multiplie les rencontres, mélanges ses propres images avec celles issues de la télévision, du passé guerrier de l’Amérique, d’images animées, d’images issues des caméras de surveillance de l’école de Columbine au moment du drame. L’esprit toujours en alerte, il ne se fixe aucune limite pour mener son enquête, dont le cadre est la psychose de la violence et de la peur aux Etats-Unis. Les raccourcis sont fréquents pour mieux mettre en évidence les propos absurdes de ses interlocuteurs, notamment ceux de Charlton Heston membre éminent de la NRA ( National Rifle Association)… Michel Moore c’est le gars qui se pose des questions avec simplicité, prend son bâton de pèlerin (sa caméra) et va rencontrer ceux qui ont fait une actualité qui lui pose problème pour tenter d’y apporter des réponses, en tout cas pour mettre en évidence les complexités d’un système voire ses aberrations. Il s’agit là d’un « work in progress » d’une efficacité redoutable tant l’enchaînement des situations est évident. En suivant sa réflexion, ses interrogations, Michael Moore prend position, s’engage politiquement. C’est certainement la principale force du film. Depuis les années 70, les films documentaires engagés, militants, ont presque disparu de nos écrans. Ce retour doublé d’une mise en scène (en particulier due au montage) au ton humoristique apporte une fraîcheur que seul le cinéma indépendant américain est capable de produire…Faire un film sur la peur exacerbée des Américains, après les événements survenus le 11 septembre2001, est providentiel. Michael Moore nous rappelle quelques points de la politique étrangère américaine : Ben Laden financé par la CIA à hauteur de 3 milliards de dollars pour combattre l’envahisseur soviétique ; Noriega ancien agent de la CIA, placé au pouvoir par les Américains, qui par la suite décidera de rompre avec les Etats-Unis ; l’armée US qui envahit le Panama (bilan 70 000 morts). Le passage fréquent d’un événement local (la tuerie de Columbine) aux événements internationaux les plus sanglants nous oblige à réfléchir sur le pourquoi de cette violence…

…Qui aurait jamais entendu parler de Columbine, Colorado, si un massacre sanglant ne s’y était produit ? Une séquence frappante du film montre les équipes de télévision accourues de tout le pays pour rendre compte de la tuerie en une demi-journée, fabriquer rapidement un discours emphatique dénué de toute analyse, puis reprendre le premier avion pour New York ou Los Angeles. Dénoncer la précipitation des médias et leur incapacité fondamentale à rendre compte de l’expérience humaine d’une manière utile est une banalité. Moore n’y consacre pas plus d’une minute de son film et préfère mener sa propre enquête, avec le temps d’investigation et de réflexion propre au cinéma. C’est là une démarche beaucoup plus classique du documentaire. La singularité de Michael Moore est qu’il préfère atteindre le  » réel  » du monde par le  » collage  » de fragments hétérogènes plutôt que par l’immersion dans un lieu unique, qui caractérise par exemple la démarche de Frederick Wiseman, son illustre collègue. La visite d’une usine d’armement du voisinage, les extraits d’un dessin animé militant ou l’interview de Marylin Manson – qui évoque avec justesse le lien de causalité entre la peur et la consommation – sont autant de façons complémentaires de poser la même question (Pourquoi la violence ?) en la rendant productive, c’est à dire en l’articulant à une vision globale de la politique. Moore suggère ainsi que les causes immédiatement identifiables du massacre (et identifiées par la télévision) ne sont pas les plus importantes mais que cet événement tragique offre l’occasion unique de réfléchir à la nature profonde de la société américaine, de son histoire et de ses hantises…L’ensemble de sa production se caractérise par une critique radicale des travers de la société et du système politique, mais qui se décline sur un mode résolument pragmatique et spectaculaire – c’est-à-dire culturellement américain. Michael Moore ne théorise pas; sa réflexion sur les institutions et leur corruption par la minorité dominante est un assemblage d’exemples, d’anecdotes et de mise en scène visant à rendre explicites et visibles les mécanismes cachés du monde social. Ce qui fascine le spectateur européen, c’est ainsi cette capacité à produire en même temps un spectacle populaire et une critique radicale de la société sans appuis théoriques préalables – sinon le bon sens, le  » common sense  » de la tradition américaine depuis Tom Payne…» (objectif-cinema.com)

Suite aux tragiques évènements de Columbine, les médias ont grandement insisté sur une soi-disant connexion entre la violence des deux adolescents et l’écoute d’artistes tels que Marylin Manson. Désireux de souligner la gratuité d’une telle attaque (il s’est en effet avéré qu’aucun des deux tueurs n’écoutait sa musique), Michael Moore laisse le chanteur s’exprimer devant sa caméra, et utilise de plus l’une de ses chansons dans le bande-originale du documentaire. Ainsi, l’on peut entendre en fond sonore une version accoustique de la chanson « The Nobodies« , que Marylin Manson a composé à la suite de la tuerie.

Si le producteur principal du film est canadien c’est que le Michael Moore a essuyé de nombreux refus de la part des financiers américains influencés par la toute puissante National Rifle Association que le réalisateur attaque dans son film et qui défend le droit à chacun de posséder une arme.

Bowling for Columbine fut en mai 2002 le premier documentaire depuis Le Monde du silence (1956, Jacques-Yves Cousteau et Louis Malle) à entrer en compétition officielle au Festival de Cannes dont il a remporté le Prix du 55e anniversaire. En 1995, son film Canadian bacon avait été présenté dans la catégorie Un Certain Regard.


Présentation du film et animation du débat avec le public : Philippe Serve.

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