Camera Kids



Vendredi 04 Janvier 2008 à 20h30

Cinéma Mercury – 16 place Garibaldi – Nice

Film de Ross Kauffman et Zana Briski – USA – 2004 – 1h23 – vostf

Quartier chaud de Calcutta : un groupe d’enfants inoubliables. Ils sont souriants, pleins de vie, malicieux et drôles : ils sont les fils et filles de prostituées. Face à la plus grande des pauvretés, face aux abus et au désespoir, ils ont peu de chance d’échapper à un futur écrit d’avance et de se construire une vie meilleure. En compagnie de la photographe new-yorkaise Zana Briski qui leur enseigne l’art de la photographie, ils embarquent dans un voyage extraordinaire qui va les transformer. Les photos prises par les enfants ne sont pas seulement exemplaires et remarquables en terme d’observation, elles reflètent quelque chose de moralement plus grand : l’art comme force immense de « salut » et d’ascension.

Sur le web

 » C’est tout d’abord l’expérience humaine extraordinaire qui nous touche dans ce documentaire. Le personnage de la photographe, jeune femme menue et déterminée, impose le respect et l’admiration. L’adoration que ses jeunes élèves lui vouent semble déteindre sur la pellicule et l’on est incroyablement ému par la volonté de cette femme, par sa ténacité et son courage face aux obstacles, nombreux, qu’elle rencontre. Et bien sûr, ce que ses qualités mettent en avant, ce sont celles des enfants qu’elle nous présente, tous extrêmement émouvants jusque dans leurs injustices occasionnelles, entre eux ou vis-à-vis de leur tutrice. Leur mélange de naïveté enfantine, voire parfois d’infantilisme, et de conscience déjà adulte, rend leurs paroles graves et perturbantes aux yeux du spectateur moyen occidental. Il faut entendre ces gamines à la voix rauque évoquer leur avenir incontournable de prostituées. Ou encore ce petit garçon, sélectionné pour un concours international de photographie, décider de tout laisser tomber à la mort de sa mère et se réfugier dans une attitude de « voyou« . La rencontre de la photographe et de ces enfants, la complicité qui s’en échappe et qu’a su transcrire la caméra, sont un émerveillement continu. Les images, celles du film et celles des photos, nous dévoilent avec beaucoup de beauté cette rencontre hors du commun. La présentation réitérée des œuvres des enfants nous en dit long sur la passion et l’idéal qu’ont su insuffler les cours de la photographe chez ses petits élèves. D’autre part, le support filmique et l’usage qui en est fait, loin d’être redondants par rapport aux photos elles-mêmes, nous plongent au cœur de ce voyage humain fascinant : les réalisateurs sont parvenus à un dosage très équilibré d’esthétisme (de belles images, sombres, accompagnées de musique indienne, ouvrent le film), de reportage muet, d’interview des enfants, et d’alternance entre moments forts (dans les paroles comme les images) et quotidien [1].  » (avoir-alire.com)

Zana Briski, réalisatrice, raconte: « En 1998 j’ai commencé à vivre parmi les prostituées d’un sordide quartier ‘chaud’ de Calcutta. Lors de mon premier voyage en Inde en 1995, je n’avais aucune idée de ce que j’allais y trouver. J’ai commencé à voyager et à photographier la difficile réalité de la vie des femmes –infanticides maternels, mariages forcés d’enfants, morts liées à des problèmes de dot, veuvage, …- Je n’avais pas l’intention de photographier des prostituées jusqu’à ce qu’un ami m’emmène dans le Quartier Rouge de Calcutta. Dès l’instant où j’ai mis un pied dans ce dédale de ruelles, j’ai su que là se trouvait la raison pour laquelle j’étais venue en Inde« . Elle ajoute: « J’ai passé trois mois à tenter d’accéder à ce lieu impénétrable. Je savais que je voulais vivre parmi les femmes pour vraiment comprendre leurs vies. Finalement, un tenancier de maison close m’a loué une chambre. Il m’a fallu beaucoup de temps pour que je gagne la confiance des femmes. Pendant qu’elles attendaient leurs clients, moi je les attendais, elles. Je suis restée assise pendant des heures, à plaisanter, à jouer, à partager les émotions difficiles et instables de ces femmes qui éclatent lorsqu’elles se sentent prises au piège d’un monde sans issue, forcées de faire commerce de leur affection pour pouvoir vivre et s’occuper de leurs enfants. Les enfants, eux, m’ont acceptée immédiatement. Ils ne comprenaient pas très bien ce que je faisais là, mais ils étaient fascinés par moi et par mon appareil photo. Je les laissais l’utiliser et leur montrais comment prendre des photos. J‘ai pensé que ce serait formidable de voir ce monde à travers leurs yeux. J’ai décidé de leur enseigner la photographie. Lors de mon voyage suivant, j’ai apporté dix appareils photo automatiques et j’ai choisi un groupe d’enfants qui étaient avides d’apprendre. J’ai invité Ross Kauffman à venir à Calcutta pour faire un film avec moi. Il ne voulait pas venir, alors je lui ai envoyé quelques cassettes pour qu’il les visionne, persuadée qu’il tomberait amoureux des gamins, exactement comme cela s’était produit pour moi. Peu de temps après, il était dans l’avion pour Calcutta. Il se faisait du souci à propos de l’histoire. Je lui ai dit d’attendre. L’histoire allait se révéler d’elle-même. Et c’est ce qui s’est passé« .

Ross Kauffman , en 2005 : « Chaque enfant a sa propre histoire. Six d’entre eux sont toujours en pension et travaillent bien. Et ils sont heureux ce qui est génial. Notre travail continue, avec les enfants et avec les écoles où ils sont scolarisés grâce à l’association Kids With Cameras que Zana a créée. Et nous avons déjà fait beaucoup de choses. Mais l’une des plus importantes c’est d’avoir exporté l’exposition des photos des enfants partout dans le monde, de les avoir vendues en reversant 100% des profits pour l’éducation des enfants. Nous les avons vus en janvier dernier et je reste toujours en contact avec eux. J’ai encore reçu des emails de leur part aujourd’hui. Ils savent tout ce qui se passe à propos du film. Ils savent qu’ils autofinancent leur éducation grâce à la vente de leurs photos et que s’ils choisissent la voie de l’éducation, ils n’ont pas à se faire de souci pour leur avenir professionnel. Ils peuvent se concentrer complètement sur leurs études et faire de leur mieux. »

Le film a obtenu les plus hautes distinctions dans 22 festivals du documentaires internationaux… ainsi que l’Oscar 2005 du meilleur documentaire.

[1] Le site www.kids-with-cameras.org présente l’organisation créée par Zana Briski et offre un panel des photographies prises par les enfants de Calcutta.


Présentation du film et animation du débat avec le public : Josiane Scoleri.

Merci de continuer à arriver suffisamment à l’avance pour être dans votre fauteuil à 20h précises.

N’oubliez pas la règle d’or de CSF aux débats :
La parole est à vous !

Entrée : 7,50 € (non adhérents), 5 € (adhérents CSF et toute personne bénéficiant d’une réduction au Mercury).

Adhésion : 20 €. Donne droit au tarif réduit à toutes les manifestations de CSF, ainsi qu’à toutes les séances du Mercury (hors CSF) et à l’accès (gratuit) au CinémAtelier.
Toutes les informations sur le fonctionnement de votre ciné-club ici

Partager sur :