Canine



Vendredi 18 décembre 2009 à 20h30

Cinéma Mercury – 16 place Garibaldi – Nice

Film de  Giorgios Lanthimos – Grèce – 2009 – 1h36 – vostf

Grand Prix « Un Certain Regard », Festival de Cannes 2009

Le père, la mère et leurs trois enfants vivent dans les faubourgs d’une ville. Leur maison est bordée d’une haute clôture. Les enfants n’ont jamais franchi la clôture. Leur éducation, leurs loisirs, leurs amusements, leur ennui, leur entraînement physique se conforment au modèle imposé par les parents, en l’absence de toute empreinte du monde extérieur. Les enfants pensent que les avions qui volent au-dessus de la maison sont des jouets et les zombies, des petites fleurs jaunes. Une seule personne a le droit de s’introduire chez eux : Christina, qui travaille comme agent de sécurité dans l’usine du père. C’est pour satisfaire les pulsions sexuelles du fils que le père fait venir Christina. Dans la famille, tout le monde l’adore, l’aînée des filles surtout. Un jour, Christina lui offre un serre-tête qui scintille, s’attendant à recevoir quelque chose en retour.

Article du journal grec To Vima

Giorgios Lanthimos a la réputation d’être quelqu’un de réservé. Il n’aime pas beaucoup parler aux journalistes et encore moins se faire photographier. « C’est mon caractère » a-t-il dit  en souriant  quand nous l’avons rencontré dans le stand du Centre  du Cinéma Grec* sur la Croisette à Cannes :
« En vérité j’ai une sensibilité pour les choses que je fais et la manière dont elles arrivent. Ce qui m’ennuie c’est la projection personnelle dans  les films. Je ne donne que ce que je sens pouvoir faire très bien. Toutes les analyses peuvent même devenir  épuisantes. »

Canine est une des dernières choses que G.L. a très bien faite. Ce film a été présenté au public à Cannes le jour précédant notre rencontre en présence du réalisateur et de cinq acteurs. Un grand moment pour la production cinématographique grecque. Ce prix a été une très bonne chose  pour ce metteur en scène de 35 ans, fils d’un basketteur international et qui a fait ses études à l’Ecole Stavrakos.

Comme la plupart des réalisateurs en Grèce, il vit de la publicité, domaine dans lequel il a aussi très bien réussi puisque tout le monde connait son spot publicitaire  et son slogan « Put the kot down ! ». Au début, en même temps que des films publicitaires, il a réalisé une  vidéo sur la danse, à la fois sur Dimitri Papaioannou  et  Alexandre Rigos. Puis, après avoir mis en scène « Mon meilleur ami » en collaboration avec Lakis Lazopoulos, il a décidé de tourner son premier long métrage « Kinetta » (2005) :
« Cela est venu assez tard, mais ça n’a pas d’importance. J’avais acquis de l’expérience, l’aide  de personnes qui croyaient en moi et l’amitié de  collaborateurs qui ont voulu simplement faire un film avec moi, indépendamment de toute question de salaire « .

L’idée du thème de Canine est venue il y a à peu près deux ans au travers de conversations qu’avait le réalisateur avec des amis :
« Nous plaisantions sur la fin de la famille et nous nous demandions jusqu’à quel point quelqu’un pourrait arriver à « conditionner » le cerveau d’un autre » , déclara –t-il sur ce film qui traite des liens « étranges » entre les membres d’une famille qui, à l’exception du père, ne sortent jamais de leur maison.
Ayant obtenu la faveur du Président du CCG Georges Papalioupou qui a cru en lui, Lanthimos a commencé à travailler surtout le thème avec son scénariste Euthymos Philoppou. L’idée centrale était : Que ferait un homme avec un esprit conservateur s’il décidait de garder à tout prix sa famille réunie ?

« Quelque chose semblable à une prison, mais avec de bonnes intentions. Comme le font beaucoup de gens persuadés d’avoir raison, mais qui aboutissent à des résultats catastrophiques. »

Il était aussi intéressé par la manière dont un cerveau humain pouvait être formaté  par l’éducation, le lavage de cerveau. C’est quelque chose qui peut survenir non seulement au sein d’une famille mais aussi dans le milieu du travail, dans un couple, dans une société ou même sur une planète :
« Au total beaucoup de ce  que nous apprenons peut être une erreur absolue par rapport à ce qui arrive dans  l’Univers. Ce phénomène peut concerner aussi les  habitants d’un pays entier qui vivent toute leur vie en croyant des choses qui en fait n’ont pas lieu. »

Cependant, rien dans Canine n’arrive suite à un plan bien défini. Lanthimos dit qu’il a compris toutes ces choses pendant le travail sur ce film et que plus il en parle, mieux il le perçoit :
« J’essaie  de ne jamais imposer de sentiments, pour ne pas orienter celui qui regarde le travail que j’ai fait. Cela doit être rendu par le drame, la musique etc. C’est pourquoi je crois que les gens voient  les films de manière différente. Chaque spectateur voit son propre film, et cela me plait. »

Beaucoup de journalistes étrangers lui ont demandé si son film avait un rapport avec les évènements qui avaient eu lieu en Grèce après la mort du jeune Alexis Grigoropoulou :
« Hier une femme étrangère m’a interrogé sur la dictature… C’est cela qui est bien. Chacun avec ses expériences, ses connaissances et sa personnalité peut interpréter différemment un film. Une œuvre est belle lorsqu’elle reste ouverte. »

To Vima (juin 2009)

*Il existe un co-financement public des films par le Centre du Cinéma Grec depuis le milieu des années 80.

[Un grand merci à notre adhérente et amie Sylvie Szönyi qui nous a fourni l’article et l’a elle-même traduit du grec].


Présentation du film et animation du débat avec le public : Philippe Serve.

Merci de continuer à arriver suffisamment à l’avance pour être dans votre fauteuil à 20h30 précises.

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La parole est à vous !

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