Dans les Champs de Bataille



Vendredi 15 avril 2005 à 20h45

Cinéma Mercury – 16 place Garibaldi – Nice

Film de Danielle Arbid – Liban – 2003 – 1h30 – vostf – Interdit au moins de 12 ans

Beyrouth, 1983. La vie secrète de Lina, douze ans, tourne autour de Siham, la bonne de sa tante, de six ans son aînée. La petite cautionne les amours clandestins de la grande et défend ses intérêts. Mais elle passe inaperçue aux yeux de la bonne et d’ailleurs aux yeux de sa famille, notamment du père : destructeur, aventurier et flambeur. Dans un quotidien incertain, celui de la guerre, des passions et des frustrations, Lina accède au monde des adultes, sans conscience du bien et du mal…

Née en 1970 à Beyrouth, Danielle Arbid passe ses premiers dix huit ans au Liban, qu’elle quitte quelques mois avant la fin de la guerre civile pour effectuer des études de lettres et de journalisme à Paris puis à Bruxelles. Elle travaille dans la presse écrite pendant six ans (pour Courrier International, le Magazine littéraire, Les Échos, Libération,…) couvrant notamment l’actualité du Monde arabe. En 1998, elle réalise grâce au Groupe de recherches et d’essais cinématographiques son premier court-métrage de fiction Raddem (Démolition) sur une femme qui cherche la photo de sa maison dans Beyrouth ravagé. Et elle prend goût au cinéma. Le film est sélectionné dans une trentaine de festivals dont Rotterdam, Clermont-Ferrand et Montpellier. En 1999, Danielle Arbid réitère avec un autre court-métrage Le passeur, son premier film en français, qui suit les pérégrinations d’un kurde réfugié politique. Ce court-métrage obtient le prix du Jeune jury européen au festival d’Angers et celui de la meilleure interprétation au festival de Mons, Belgique. Depuis, il est sélectionné dans une vingtaine de festivals.

Entre-temps, Danielle Arbid écrit et réalise un documentaire dans le cadre d’une soirée thématique, qu’elle propose à Arte, intitulée Après la guerre. Son film, tourné à Beyrouth, s’intitule Seule avec la guerre. Il obtient le « Léopard d’argent » de la compétition vidéo au festival de Locarno 2000, une « mention spéciale du Jury » au festival de Dei Popoli 2000 et le « Preis der ökumenischen Jury » à Leipzig 2000, Prix de la meilleure Première Œuvre à Toronto au Festival HotDocs et le Prix Albert Londres audiovisuel 2001, ainsi qu’un excellent accueil critique. Il est montré aux Etats généraux du documentaire de Lussas, aux festivals de Vienne, de Bruxelles, de Montpellier, de Seine SaintDenis, de Pessac, de Belfort, de Namur et à Doc’s Kingdom (Portugal).

En 2002, elle termine un moyen-métrage, Étrangère, et achève son second documentaire, Aux Frontières, un road-movie autour d’Israël, un film qui contourne le point le plus chaud de la planète pour voir comment l’on vit à côté. Les deux films sont sélectionnés au Festival du Film de Locarno.    Puis elle tourne à Beyrouth son premier long métrage, Dans les champs de bataille présenté en 2004 au Festival de Cannes, dans le cadre de la Quinzaine des Réalisateurs. Le film a par ailleurs reçu le Grand Prix IMA (Institut du Monde Arabe) du long-métrage, lors de la 7e Biennale des cinémas arabes à Paris -le jury était présidé par la comédienne Bulle Ogier.

Filmographie :

1998 : Raddem (cm) / 1999 : Le passeur (cm) / 2000 : Seule avec la guerre (doc) / 2002 : Etrangère (mm) / 2002 : Frontières (mm) / 2004 : Dans les champs de bataille (lm).

Sur le web

Danielle Arbid est née à Beyrouth en 1970. Elle est partie du Liban à 17 ans pour suivre à Paris des études de littérature et de journalisme. Après avoir couvert entre autres l’actualité du monde arabe pour la presse écrite, elle se lance dans le cinéma, signant documentaires, fictions et films expérimentaux. Seule avec la guerre, documentaire sur les conséquences de la guerre au Liban, a été particulièrement remarqué lors de sa diffusion sur Arte et de ses passages dans différents festivals (Locarno, Lussas), et valut à la cinéaste le Prix Albert-Londres audiovisuel en 2001.

La réalisatrice explique pourquoi elle a choisi de situer l’action de son film dans les années 80, en pleine guerre du Liban : « Finalement parce que la guerre ne m’effraie pas. C’est dans ce sens-là que j’ai voulu faire ce film. Pour montrer comment on la vivait de l’intérieur. J’ai habité au Liban entre 1975 et 1990, je sais donc que l’être humain peut se familariser avec la peur et le danger. Je l’ai expérimenté. On peut rire et aimer en temps de guerre. Tous les sentients sont exacerbés, et la peur de mourir à chaque instant finit par procurer un sentiment de liberté inouï. On vit intensément. »

Dans les Champs de bataille mêle le conflit qui ravage un pays aux interrogations d’une adolescente : « Quand j’étais enfant, on déménageait souvent à cause des dettes de mon père. A l’époque, j’avais l’impression que notre drame était encore plus cruel et plus terrible que les bombes qui s’abattaient sur nous » confie-t-elle. « A mes yeux, la cruauté naissait dans la maison, c’est de là qu’elle partait et qu’elle contaminait le pays entier. Cette cruauté est au centre de Dans les champs de bataille. Je filme la guerre depuis la famille, comme si on se trouvait dans l’oeil du cyclone. On peut, en effet, me reprocher de ne pas beaucoup montrer les barricades, mais je n’ai jamais rien compris à cette guerre, ni aux autres d’ailleurs. Je n’ai aucun sens, aucune logique politique. Même en réalisant des documentaires, je ramène tout à mon expérience personnelle car je crois foncièrement à la subjectivité du propos et dans l’individu. »

Danielle Arbid fait le portrait de son héroïne, Lina : « Lina est le pendant exact de son environnement ; soit elle tue, soit elle meurt. Donc, elle tue. Elle s’adapte aux circonstances. Au début du film, elle résiste un peu, mais progressivement, elle se laisse happer par son univers. Elle a un comportement animal. Cette fille sait d’emblée, à l’âge de onze ans, qu’elle habite une jungle. Et elle devient obsédée par une idée fixe, celle d’être perçue par les autres et de faire partie de leur clan. Elle est, en quelque sorte, plus forte que la violence qui l’entoure car elle finit par l’apprivoiser. »

La cinéaste revient sur le choix des comédiens : « Mes personnages sont tous dans une impasse. Quelque part, ils sont presque morts et je ne filmais que cette couche si fine de leur survie. Je voulais que les acteurs qui les incarnent soient donc marqués par la vie. Pendant le casting, je ne retenais que les gens avec qui j’avais envie de parler et dont je sentais qu’ils allaient prendre des risques. Par exemple, au départ, j’ai choisi une comédienne pour le rôle de la tante, mais qui appréhendait de dire le mot « pute ». Au dernier moment, je l’ai remplacée. J’ai demandé à ma propre tante de jouer le rôle d’Yvonne. Ma tante n’avait jamais joué de sa vie, mais elle savait balancer « pute » avec classe. Et elle s’est avérée un personnage exceptionnel. »


Présentation du film et animation du débat avec le public : Philippe Serve.

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