Vendredi 08 Décembre 2023 de 15H à 18H – CinémAtelier
Maison des Associations Nice-Garibaldi, Place Garibaldi (TRAM: Garibaldi)
Animation : Philippe Serve, fondateur et animateur de CSF (2002-2012)
PROLOGUE
L’HEURE DES MADELEINES
Des anciens grands films ramenés à la mémoire à partir de résumés-montages de quelques minutes proposés par l’animateur.
Aujourd’hui :
LA COQUILLE ET LE CLERGYMAN
(Geneviéve Dulac, France, 1928)
et
L’ENFANCE D’IVAN
(Andrei Tarkowski, URSS, 1962)
Première partie
Regard sur un cinéaste ou une perle oubliée ou méconnue
Aujourd’hui autour du film :
ABSHIED/ADIEUX
(Robert Siodmak, Allemagne, 1930)
ABSCHIED
Réalisé juste après et la même année que son premier film, le chef d’œuvre Les hommes le dimanche (Menschen am Sonntag), dernier film muet allemand coécrit par son frère Curt et un certain Billy Wilder, Abschied est un petit bijou de comédie douce-amère signé Robert Siodmak (né le 08 août 1908 à Dresde), qui réalisera plus tard plusieurs grands films à Hollywood, dont le premier chef d’œuvre du film noir, Les Tueurs (The Killers, 1946), qui révèlera Burt Lancaster et Ava Gardner…
Si Les Hommes le dimanche clôturait avec maestria l’ère muette germanique, Abschied offrait à la célèbre compagnie de production cinématographique allemande UFA son premier film parlant. Après quelques succès locaux, Siodmak se retrouve attaqué dès 1933 par le ministre de la propagande nazi Joseph Goebbels et il choisit de s’exiler en France. Là, il poursuit une brillante carrière pendant 6 ans avec des films comme Le sexe faible, La vie parisienne, La crise est finie (avec Danielle Darrieux), Mollenard (avec Harry Baur) ou encore Pièges avec Maurice Chevalier et Erich von Stroheim. Mais en 1939 il doit à nouveau partir et il rejoint les USA et Hollywood où il devient l’un des maîtres des thrillers et du film noir : Flight By Night, The Killers, Phantom Lady, The Suspect, The Strange Affair of Uncle Harry, The Dark Mirror, The Spiral Staircase, etc. avec l’exception notable The Crimson Pirate (Le Corsaire rouge), sorte de parodie du genre de film de pirates avec Burt Lancaster.
Siodmak revient en Allemagne (de l’ouest, République fédérale) en 1955 et y réalise un film marquant : Die Ratten (Les Rats) avec Maria Schell et Curt Jürgens qui remporte l’Ours d’or au festival de Berlin cette même année. Il enchaîne avec le remarquable Les SS frappent la nuit (1957). Il alternera ensuite en d’autres films tournés en Grande-Bretagne ou en France, comme Katia (avec Romy Schneider)…
Filmé en un lieu unique – un vaste appartement où les multiples chambres sont louées à diverses personnes, la logeuse vivant aussi sur place – et quasiment en temps réel (un début de soirée), Abschied pétille de rythme sans un temps mort. On pense à Renoir, à René Clair. L’histoire tourne autour d’un jeune couple (lui seul habite là) dont la survie sera mise en danger par un malentendu. Tous les personnages sont parfaitement écrits et vivants. Il faut dire que le scénario est cosigné par Irma von Cube et Emeric Pressburger qui faisaient tous deux leurs débuts, le second appelé à devenir l’indissociable partenaire de Michaël Powell pour plusieurs grands classiques en Grande-Bretagne. Ces personnages sont également servis par d’excellents acteurs et actrices.
Malgré l’exiguïté des lieux, les plans sont remarquablement composés et cadrés. Une séquence avec dialogue hors champ est particulièrement somptueuse. L’atmosphère du film s’avère à la fois charmante et tourbillonnante.
Terminons en soulignant la qualité de la photo due au grand Eugen Schüfftan (inventeur de l’effet qui porte son nom, inauguré sur les Nibelungen, puis développé sur Metropolis, deux œuvres de Fritz Lang en 1924 et 1927, et déjà à la tâche sur Les Hommes le dimanche), ainsi que de la bande son, qu’il s’agisse des bruitages de toutes sortes (téléphone, aspirateur, horloge, bruits extérieurs de la rue, etc.) ou de la musique, entièrement diégétique, joué au piano par l’un des locataires, pianiste de son état.
(Philippe Serve)
Deuxième partie
HISTOIRE DU CINÉMA FRANÇAIS,
DES ORIGINES À LA NOUVELLE VAGUE
(Huitième saison)
Épisode 25
L’ÂGE D’OR
(1930-1939, 5e partie)
LE RÉALISME POÉTIQUE (Suite)
JULIEN DUVIVIER (suite)
Avant d’attaquer réellement la période du Réalisme poétique, Julien Duvivier poursuit au début des années 30 sa fructueuse carrière de cinéaste populaire, offrant au public des œuvres de grande qualité. Après sa magnifique adaptation du Poil de Carotte de Jules Renard, et celle de La Tête d’un Homme de Georges Simenon (cf. séance précédente), il tourne Le Petit Roi (1933), Le Paquebot Tenacity (1934), puis une nouvelle adaptation, celle du roman de Louis Hémon Maria Chapdelaine (1934) où il dirige aux côtés de Madeleine Renaud et du jeune Jean-Pierre Aumont, et pour la première fois celui qui deviendra à la suite de Harry Baur son acteur fétiche, Jean Gabin, et enfin Golgotha (1935) qui réunit les deux acteurs – mais sans scène commune …
Après avoir instillé dans ses films précédents de multiples graines annonçant la venue prochaine du Réalisme poétique, Julien Duvivier aborde franchement le genre – qu’il contribue bien sûr à créer – avec une série de films majeurs : La Bandera (1935), La Belle Équipe (1936, le film phare du Front Populaire), Pépé le Moko, trois chefs d’oeuvre avec Jean Gabin pour vedette. Insérés entre eux, deux films échappent au genre : Le Golem (1936, où Duvivier retrouve Harry Baur) et L’Homme du jour (1937, avec Maurice Chevalier et Elvire Popesco).
Cette étude s’appuiera bien sûr et comme d’habitude avec des montages d’extraits des divers films concoctés pour vous par l’animateur !
Jean Gabin et Annabella dans La Bandera
Jean Gabin et Charles Vanel (au centre et à droite) dans La Belle Equipe
Mireille Balin et Jean Gabin dans Pépé le Moko