Vendredi 7 Juin 2024 de 15H à 18H – CinémAtelier
Maison des Associations Nice-Garibaldi, Place Garibaldi (TRAM: Garibaldi)
Animation : Philippe Serve, fondateur et animateur de CSF (2002-2012)
PROLOGUE
L’HEURE DES MADELEINES
Des anciens grands films ramenés à la mémoire à partir de résumés-montages de quelques minutes proposés par l’animateur.
Aujourd’hui :
AMARCORD
(Federico Fellini, Italie, 1973)
et
LES CHEVAUX DE FEU
(Serguei Paradjanov, URSS, 1964)
Première partie
Regard sur un cinéaste ou une perle oubliée ou méconnue
Aujourd’hui autour du film :
OMBRES AU PARADIS
(Aki Kaurismäki, Finlande, 1986)
Aki Kaurismäki, cinéaste finlandais reconnu pour son style unique et son approche réaliste du cinéma, empreint souvent ses films de mélancolie, d’humour noir et d’une critique sociale subtile. Ombres au paradis (Varjoja paratiisissa / Shadows in Paradise), sorti en 1986, est l’un de ses premiers films, et il illustre déjà son talent distinctif.
Ombres au paradis raconte l’histoire de Nikander, éboueur, et d’Irina, une caissière taciturne. Leur rencontre fortuite les entraîne dans une relation improbable, alors qu’ils cherchent tous deux à échapper à leur vie monotone. Le film explore la solitude, la quête d’amour et les difficultés de communication à travers le prisme de la classe ouvrière finlandaise. Le film est d’ailleurs le premier volet de ce que l’on nomme « la trilogie du prolétariat« , les deux suivants seront Ariel (1988) et La Fille aux allumettes (1990), ce dernier à nouveau avec Kati Outinen, inoubliable dans le rôle principal. Le dernier opus en date de Kaurismäki, Les Feuilles mortes, prix du jury au Festival de Cannes 2023, est considéré comme une sorte de « bonus » à cette trilogie. Outre celle-ci, Kaurismäki a également tourné deux autres trilogies : celle dite « Finlande » et composée de Au loin s’en vont les nuages (2016), L’Homme sans passé (2002) et Les Lumières du faubourg (2006), puis celle des « Migrants » avec pour l’instant les deux premiers volets sortis : Le Havre (2011) et L’autre côté de l’espoir (2017)
Comme beaucoup des films de Kaurismäki, Ombres au paradis se déroule dans un décor urbain sombre et déprimant. Les personnages évoluent dans un monde où les opportunités sont limitées, où la vie quotidienne est marquée par la monotonie et la désillusion. Kaurismäki utilise des décors minimalistes et des dialogues succincts pour capturer l’essence de la condition humaine dans une société moderne.
Le style visuel de Kaurismäki est également présent dans le film. Les couleurs sont désaturées, et en même temps rehaussées ici par les « tâches » chères au réalisateur (rouge, vert, jaune), les mouvements de caméra sont lents et les plans souvent fixes, créant une atmosphère contemplative. Cette esthétique minimaliste renforce l’impact émotionnel des scènes et permet aux spectateurs de se concentrer sur les détails subtils de l’histoire.
Le réalisme social est bien entendu un élément central de l’œuvre de Kaurismäki, et Ombres au paradis, de par son appartenance à la trilogie thématique précitée ne fait pas exception. Le film examine les inégalités sociales et les difficultés auxquelles sont confrontés les personnages issus de milieux modestes. Nikander et Irina sont des individus marginalisés, mais Kaurismäki parvient à leur donner une dignité et une humanité touchantes, marque habituelle d’ailleurs de son cinéma très humaniste. Le réalisateur met en lumière les problèmes sociaux sans jamais tomber dans le discours politique, préférant laisser le public tirer ses propres conclusions.
En replaçant Ombres au paradis dans l’œuvre globale de Kaurismäki, on peut donc retrouver des thèmes récurrents qui caractérisent son cinéma et seront développés dans ses films suivants : la solitude, la marginalisation et la recherche de sens.
Au fil de sa carrière, Aki Kaurismäki a réalisé de nombreux films acclamés par la critique, tels que L’Homme sans passé (Grand Prix à Cannes 2002) et Le Havre (prix Louis Delluc, et César du meilleur réalisateur, 2011), ou encore De l’autre côté de l’espoir (Ours d’argent du meilleur réalisateur, Festival de Berlin 2017). Son travail est souvent comparé à celui de réalisateurs tels que Jim Jarmusch et Roy Andersson, en raison de sa capacité à capturer la banalité de la vie quotidienne avec humour et poésie.
Ombres au paradis est incontestablement un film emblématique du cinéaste, qui illustre parfaitement son style distinctif et ses thèmes récurrents. Avec son approche réaliste du cinéma et son regard critique sur la société, Kaurismäki offre une expérience cinématographique unique et profonde.
Philippe Serve.
Deuxième partie
HISTOIRE DU CINÉMA FRANÇAIS,
DES ORIGINES À LA NOUVELLE VAGUE
(Huitième saison)
Épisode 25
L’ÂGE D’OR
(1930-1939, 5e partie)
LE RÉALISME POÉTIQUE (Suite)
JULIEN DUVIVIER (suite)
Après le pic de son apport au Réalisme poétique en 1935 et 1936 avec La Bandera (1935) et La Belle Équipe (1936, le film phare du Front Populaire), deux chefs d’oeuvre avec Jean Gabin pour vedette, Julien Duvivier ne baisse pas la garde en tournant en 1937 deux autres opus majeurs : Pépé le Moko, toujours avec Gabin, parfait prototype d’un réalisme poétique délocalisé aux colonies, et Un Carnet de Bal à la distribution éblouissante (Marie Bell, Harry Baur, Louis Jouvet, Fernandel, Pierre Blanchar, Françoise Rosay, Pierre Richard-Wilm, Raimu… n’en jetez plus !).
L’année suivante, Duvivier fait une première visite à Hollywood où il tourne pour la MGM The Great Waltz (Toute la ville danse, en vf), biopic musical sur Johan Strauss avec l’acteur français Fernand Gravey dans le rôle principal, et l’actrice américaine Luise Rainer (oscarisée deux fois de suite en 1937 et 1938 pour ses performances dans Le Grand Ziegfeld et Visages d’Orient (The Good Earth).
En 1939, juste avant l’entrée en guerre, Duvivier tourne deux nouveaux films magnifiques : La Fin du Jour avec une nouvelle distribution XXL (Louis Jouvet, Victor Francen, Michel Simon, Madeleine Ozeray, Gabrielle Dorziat), et La Charrette Fantôme, à la fois nouvelle adaptation du roman de l’écrivaine suédoise nobelisée Selma Lagerlöf et remake du classique de Victor Sjöström (1921), avec Pierre Fresnay et Louis Jouvet.
Pendant la drôle de guerre en 1940, Duvivier tourne Untel père et fils, film « patriotique » avec Raimu, Michèle Morgan, Louis Jouvet et Suzy Prim, qui ne sortira qu’en 1943 aux USA et en 1945 en France, interdit auparavant par Vichy.
Julien Duvivier retourne alors aux USA où il tournera cinq films avant de revenir en France à la Libération. Mais tout ceci est une autre histoire…
Cette étude s’appuiera bien sûr et comme d’habitude sur des montages d’extraits des divers films concoctés pour vous par l’animateur !
Pépé le Moko avec Jean Gabin et Mireille Balin.
Un Carnet de Bal avec Marie Bell et Louis Jouvet.
La Fin du Jour avec Michel Simon et Louis Jouvet
La Charrette Fantôme