CinémAtelier/Le cinéma japonais (5/9) Le cinéma français (20ème)



Samedi 30 octobre 2021 de 14H30 à 17H30 – CinémAtelier

Maison des Associations Nice-Garibaldi, 12ter Place Garibaldi (TRAM: Garibaldi)

Attention: Nous vous rappelons que pour accéder au CinémAtelier, vous devrez présenter votre pass sanitaire et porter un masque.


Première partie

Regard sur quelques perles oubliées ou méconnues du cinéma japonais

Épisode 5/9

Autour du film :

Qu’est-ce que la dame a oublié?

(T淑女は何を忘れたか, wa nani o wasureta ka)

de YASUJIRO OZU (1937)

Le grand public, mais aussi une bonne partie des cinéphiles ne connaissent de la cinématographie de Yasujiro Ozu que ses chefs d’œuvre d’après guerre, films s’inscrivant au sein du 2e âge d’or du cinéma nippon, et symbolisés par exemple par Printemps tardif (1949), Voyage à Tokyo (1953) ou Le Goût du saké (1962), son dernier, tourné peu avant sa mort et alors que l’Occident ignore encore tout de lui. Il faudra encore en effet une dizaine d’années pour que nous découvrions, stupéfaits, le génie du cinéaste. Mais au pays du soleil levant, Ozu n’avait pas attendu cette glorieuse ère cinématographique des années 50 pour être vu comme la référence suprême du 7e Art dans son pays. Dès le début des années 1930, après avoir tourné une vingtaine de films en 4 ans (!), Ozu, alors sous forte influence du cinéma américain (films de gangsters, comédies slapstick) trouve son style propre, et s’impose comme l’un des principaux, puis le plus populaire des cinéastes de l’archipel.

Avec des films comme Le Chœur de Tokyo (1931), l’irrésistible Gosses de Tokyo (1932, une ancienne séance CSF), Où sont les rêves de jeunesse (1932), Cœur capricieux (1933), Histoires d’herbes flottantes (1934), il domine sans effort les dernières années du cinéma muet japonais correspondantes au premier âge d’or cinématographique du pays. Les jalons de ce qui marquera le style de tous ses futurs films sont là : l’obsession des relations maritales et filiales, le mélange de drame (toujours retenu dans son expression) et de comédie, les plans fixes, toujours parfaitement composés et vu par la caméra posée au sol dans « la position du chien assis« , les plans de coupe qui sont autant de respirations indispensables au rythme du film, lui-même une signature immanquable de ses œuvres.

Ozu passe au parlant en 1935, tardivement par rapport à l’Occident, mais en harmonie avec tout le cinéma non seulement japonais, mais plus généralement asiatique (Chine, Corée, Inde…). Le magnifique Une auberge à Tokyo (1935) est le premier. Le fils unique (1936) est une autre perle. Qu’est-ce que la dame a oublié ? (1937) est son quatrième du genre, et… son dernier avant 4 longues années. C’est que la même année, l’armée impériale nippone attaque et envahit la Chine républicaine. C’est le – vrai – début de la 2e guerre mondiale. Mobilisé, Ozu passe 20 mois en Chine, ne tourne que deux (superbes) films en 1941 et 1942 (Les frères et sœurs Toda et Il était un père, autre ancienne séance CSF) avant de se retrouver pour l’armée à Singapour où il sera fait prisonnier. Libéré en 1946, il tournera à nouveau l’année suivante (le sensible Récit d’un propriétaire, 1947). Puis ce sera Printemps tardif (1949), le chef d’œuvre absolu d’Ozu pour l’auteur de ces lignes, première pierre d’une liste ininterrompue de merveilles pendant 13 ans.

Qu’est-ce que la dame a oublié ? n’est pas l’une des plus grandes œuvres d’Ozu, ce serait mentir que de l’affirmer. Mais ce long-métrage (assez court, 77 minutes), très rare, constitue un excellent exemple d’un film renfermant les meilleurs jalons de ce qui donnera naissance aux perles inoubliables des années 50. Le scénario ici n’a guère d’importance, à l’opposé du ton et du rythme du film. Pure comédie, on ne retient pas son rire devant les situations, les dialogues, les interprétations. Ozu, sans avoir l’air d’y toucher, expose déjà l’évolution de la société japonaise, entre conservatisme et traditionalisme représentés par le couple (et surtout l’épouse), et le modernisme de la nièce qui, encore mineure, conduit, fume, boit et se rebelle facilement.

Les interprètes sont tous excellents et parfaitement dirigés, de Tatsuo Saito (le mari), acteur fétiche du Ozu première période (avant l’arrivée pleine et entière de Chishu Ryu, l’alter-ego du cinéaste), à la jeune Michiko Kuwano (la nièce), égérie d’un autre grand réalisateur de l’époque, Hiroshi Shimizu, (et qui décèdera hélas quelques années plus tard à seulement 31 ans après 90 films en 12 ans(, en passant par l’étonnante Sumiko Kurishima (l’épouse) qui prendra sa retraite cinématographique l’année suivante (120 films en 30 ans, elle avait débuté à l’âge de 7 ans). On retrouve aussi l’un des plus fidèles interprètes d’Ozu, le toujours sympathique Takeshi Sakamoto (l’ami de l’époux) ou encore deux autres actrices régulières du cinéaste, Choko Iida (qui tiendra magnifiquement le rôle principal dans Récit d’un propriétaire) et la subtile Mitsuko Yoshikawa. Sans oublier la présence du jeune Tomio Aoki, l’un des deux inoubliables garnements de Gosses de Tokyo, cinq ans plus tôt.

Photos de Qu’est-ce que la dame a oublié ?


Deuxième partie

HISTOIRE DU CINÉMA FRANÇAIS, DES ORIGINES À LA NOUVELLE VAGUE

(Septième saison )

Épisode 20

L’ÂGE D’OR

(1930-1939, 5e partie)

LE RÉALISME POÉTIQUE (Suite) JACQUES FEYDER

BONUS

(nouvelles rubriques, si le temps le permet)

LA BATAILLE DES MADELEINES

Deux anciens grands films « opposés » à partir de résumés-montages de quelques minutes proposés par l’animateur pour chaque film.

Aujourd’hui, LE MARIAGE DE TUYA (Wang Quan’an, Chine, 2006) vs L’ÎLE (Kim Ki-duk, Corée du Sud, 2000)

et

DUELS DE GÉNÉRIQUES DE SÉRIES

Deux génériques de grandes séries TV mis en parallèle. Lequel préfèrerez-vous ? Pour la séance du jour :

TWIN PEAKS (saisons 1 & 2, 1990-91) face à TWIN PEAKS : THE RETURN (saison 3, 2017) SIX FEET UNDER (2001-2005) et MAD MEN (2007-2015)

 

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