La classe ouvrière va au paradis



Vendredi 13 mai 2011 à 20h30

Cinéma Mercury – 16 place Garibaldi – Nice

Films  de Elio Petri – Italie – 1971 – 2h05 – vostf

Lulù Massa, véritable stakhanoviste du travail, est ouvrier modèle dans une usine métallurgique : grâce à son extrême rapidité, son rendement est cité en exemple par son patron. Les autres travailleurs ne voient pas d’un bon oeil ces cadences infernales, et il est détesté de ses collègues dont il méprise les revendications sur les conditions de sécurité au travail. Bercé par les rêves de la société de consommation entre son amie, son fils Arturo resté avec sa mère après le divorce de ses parents, sa voiture et sa télévision, Lulù réalise parfois la vanité de la vie qu’il s’impose. Alors qu’il se coupe un doigt accidentellement les autres ouvriers, par solidarité, se mettent en grève. Cet événement provoque en lui une profonde remise en question. Lulù décide alors de s’investir dans l’action syndicale et engage toute son énergie dans ce nouveau combat. Il soutient alors la nécessité d’une grève illimitée…

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De par ses origines, Elio Petri est lui-même rattaché à la classe ouvrière, son père travaillant en usine. Le réalisateur fut d’ailleurs dans un premier temps critique pour un journal communiste.

La classe ouvrière va au paradis nous plonge dans l’Italie tumultueuse de l’immédiat après-68. On y voit l’opposition forte entre des syndicats réformistes, dominés par la CGIL, aux mains du Parti communiste italien, et les groupes d’extrême-gauche. Réforme contre Révolution. Des syndicats qui se battent pour contrôler le groupe ouvrier, c’est-à-dire l’empêcher de le subvertir, de nier dans les faits sa légitimité à l’incarner.

Quarante ans après, il n’a rien perdu de sa force et de sa pertinence. Il nous parle du monde industriel d’hier, marqué par le fordisme. Il nous parle tout autant du monde du travail d’aujourd’hui où les maîtres mots sont productivité, excellence, efficience, règles, normes, hiérarchie. Le capitalisme fonctionne à l’aliénation et le management moderne, à l’écoute des collaborateurs, n’a en rien changé la nature profonde de ce système. C’est marche ou crève, avec ou sans treizième mois.

« Pour moi, la police a une importance énorme : c’est le fouet du  patron, la badine paternelle; l’échec de la révolution socialiste en URSS tient aussi à la solution erronée qu’ils ont donnée au problème », disait Pétri en 1971. Jusqu’à Indagine, le cinéma italien ne s’était jamais occupé de la police. Et, comme cela faisait longtemps qu’on ne s’occupait pas non plus des ouvriers, le trio Petri-Pirro-Volonté décide de faire un film sur l’aliénation de l’ouvrier cloué à la chaîne de montage, terrorisé par le spectre du chômage, frustré affectivement, victime toute trouvée pour les mythes de la consommation.

La classe ouvrière va au paradis n’est pas un film sur une prise de conscience révolutionnaire, mais la représentation déchirante de la condition humaine de millions de travailleurs écrasés par le système de la productivité, de la logique du profit et de la consommation.

Ennio Morricone, qui a composé la musique du film, fait une courte apparition de presque une minute en gros plan. Il incarne l’ouvrier anonyme qui actionne des deux mains le charriot à la fin de la chaîne de montage de l’usine. Le thème musical quelque peu mécanique qui introduit le générique de fin, est amorcé par ce mouvement répété.

La classe ouvrière va au paradis se voit décerner la Palme d’or à l’occasion du festival de Cannes 1972.


Présentation du film et animation du débat avec le public : Josiane Scoleri.

Merci de continuer à arriver suffisamment à l’avance pour être dans votre fauteuil à 20h30 précises.

N’oubliez pas la règle d’or de CSF aux débats :
La parole est à vous !

Entrée : 7,50 € (non adhérents), 5 € (adhérents CSF et toute personne bénéficiant d’une réduction au Mercury).

Adhésion : 20 €. Donne droit au tarif réduit à toutes les manifestations de CSF, ainsi qu’à toutes les séances du Mercury (hors CSF) et à l’accès (gratuit) au CinémAtelier.
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