Des trous dans la tête



Vendredi 12 décembre 2008 à 20h30

Cinéma Mercury – 16 place Garibaldi – Nice

Film de Guy Maddin – Canada – 2006 – 1h35 – vostf

Guy Maddin passe sa jeunesse en compagnie de sa sœur adolescente, sur l’ile mystérieuse dont il héritera un jour. Ils partagent cet endroit avec une horde d’orphelins vivant en communauté dans le phare, qui fait office d’orphelinat. Chacun de leur geste est rigoureusement surveillé par la mère dominatrice et tyrannique de Guy, depuis le sommet du phare, pendant que son père, un scientifique et inventeur, travaille de jour comme de nuit dans le plus grand secret, au sous-sol. Lorsque de nouveaux parents adoptifs découvrent d’étranges blessures sur la tête de leurs enfants, les jeunes détectives Wendy et Chance Hale ; frères et sœurs plus connus sous le nom des « Enfants Lumière » ; se rendent sur l’ile de Guy pour y mener leur enquête. Guy est en émoi devant Wendy, un premier béguin qui affole ses hormones, alors que sa soeur a le pourpre aux joues, transie d’amour pour Chance, un amour qui ne doit en aucun cas être révélé à Mère. L’enquête progresse alors que les enfants s’engouffrent dans les ténèbres de la divulgation et de la répression, jusqu’à ce que la situation devienne dangereusement incontrôlable à mesure que les terribles secrets de la famille de Guy sont peu à peu dévoilés…

Sur le web

Il existe une version scénique de Des trous dans la tête ! Le film a été présenté sur scène accompagné par un orchestre, un trio de bruiteurs, un chanteur castra et un narrateur. Un véritable hommage au cinéma muet de la part du réalisateur canadien. Le spectacle a été présenté à l’Opéra de Berlin (lors du festivel de cinéma), avec Isabella Rossellini comme narratrice, après avoir été monté à Toronto en septembre 2006 et à New York, au Lincoln Center, en octobre 2006. Il a été présenté en Amérique Latine avec Géraldine Chaplin, et à New-York avec Isabella Rossellini, mais également Lou Reed, Laurie Anderson, Eli Wallach, Crispin Glover et John Ashbery. Une représentation de ce spectacle aura lieu à Paris lors de la sortie du film.

Guy Maddin a tenu à préciser l’importance considérable qu’à eu le compositeur de la musique originale du film, Jason Staczek, sur le déroulement du tournage de Des trous dans la tête :  » Il pouvait improviser des heures, et à la fin nous étions complètement hypnotisés par les sons étranges de son clavier. Dans cette transe, il était plus facile de croire que les décors en carton-pâte dans lesquels nous devions travailler étaient de vraies pièces, que nous étions vraiment dans la tourelle angoissante au sommet d’un phare branlant en face de l’océan, et qu’un long escalier de pierres faisait une spirale en dessous de nous jusqu’à une porte s’ouvrant sur la mer – alors qu’en réalité nous étions les uns sur les autres, entre des murs en papier mâché.« 

Cela faisait un certain temps que Guy Maddin projetait de réaliser un film muet. Son désir était de renouer avec une certaine idée du cinéma qui prédominait dans les années 20. Dans cet optique, Des trous dans la tête est un film muet avec un accompagnement musical live de Jason Staczek. Ce dernier avait pour habitude de déambuler sur le plateau de tournage et d’improviser pendant des heures sur son orgue Hammond géant.

« …Avec Des trous dans la tête, le cinéaste, toujours aussi excessif et narcissique, continue d’explorer son passé en racontant une tragédie familiale avec ce mélange qui le caractérise de réminiscences personnelles et de divagations lyriques. D’où le titre qui résume littéralement le cinéma de Maddin : rassembler les pièces d’un puzzle identitaire. A l’arrivée, il paraît difficile de distinguer ce qui relève du vrai et du faux (Maddin appliquant l’idée que le cinéma reste avant tout l’art du mensonge, permettant ainsi de tordre la réalité avec ludisme)… Des trous dans la tête se situe quelque part entre Lynch première période, l’expressionnisme allemand, le romantisme de Lautréamont, la liberté sauvage de Jean Genet et le réalisme magique de Jean Cocteau… » (avoir-alire.com)

Le réalisateur revient sur le casting du film : « La directrice de casting, Joy Fairfield, a enregistré des auditions à Seattle et me les a faites parvenir. Puisqu’il s’agit d’un film muet, je savais que la chose la plus intéressante qu’un acteur pouvait m’offrir était un gros-plan expressif. Les mouvements du corps sont très importants, mais ce n’est pas ce que j’ai demandé à voir en premier. Joy, a eu beaucoup d’intuition en organisant ces sessions. J’ai pratiquement retenu tous les acteurs de la première cassette qu’elle m’avait envoyée. J’ai aimé Sullivan Brown, non pas parce qu’il me ressemblait, jeune, même s’il y avait quelque chose – en plus mignon – mais parce qu’il me rappelait Jean-Pierre Léaud jeune, à l’époque des 400 coups. En tout cas, ce fut mon sentiment le jour de l’audition. Il était très emprunté, l’air morose. Kellan Larson, je l’ai choisi en deux secondes – son apparence et son jeu étaient tels que je les avais imaginés.« 

En réponse à un journaliste l’interrogeant sur la multitude des genres traversant son film, Guy Maddin en a profité pour lancer une déclaration d’amour au cinéma en noir et blanc : « L’horreur expressionniste ? Eh bien, c’est ce qui arrive quand le sujet est intéressant et que c’est filmé avec beaucoup d’ombres en rapport avec l’intrigue ; des ombres longues, profondes ; de mystérieuses ombres ! Les ombres ont tellement plus d’impact en noir et blanc qu’en couleur ! En noir et blanc, elles représentent l’absence de lumière, l’absence de connaissance ; mais en couleur, l’obscurité est composée d’un grain mauve et marron, qui n’a plus de sens ! Le véritable expressionnisme DOIT être filmé en noir et blanc.« 

Guy Maddin, dont les films revêtent fréquemment un côté autobiographique, s’est exprimé sur les souvenirs qui ont servis de base et qui ont nourri Des trous dans la tête : « Le coeur de mon enfance, son essence mystique, impétueuse et fougueuse, a été marqué par une lutte sans merci qui opposait ma mère à ma grande soeur, une adolescente fraîchement épanouie. Elles n’ont jamais vraiment mis de mots là-dessus, mais c’est justement ça qui était embarrassant, c’était évident. Qu’elles se disputent au sujet d’une coiffure ou d’un ourlet, c’était en réalité la présence au sein de la maison d’une jeune adulte, avec des désirs personnels, qui était à l’origine de l’opposition virulente de ces deux femelles. J’ai su que n’importe quel souvenir d’enfance devait être construit à partir de cette guerre.« 

Des trous dans la tête a été présenté en Sélection Officielle dans les festivals de Toronto (2006), de New York (2006) et de Berlin (2007).


Présentation du film et animation du débat avec le public : Philippe Serve.

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