Diamantino



Vendredi 11 Janvier 2019 à 20h30

Cinéma Mercury – 16 place Garibaldi – Nice

Film de Gabriel Abrantes et Daniel Schmidt, Portugal, 2018, 1h32, vostf

Magnifique, candide et attachant, Diamantino est l’icône planétaire du football, un héros flamboyant touché par la grâce. Quand soudain, en pleine Coupe du Monde, son génie s’envole dans les vapeurs roses de ses visions magiques, sa carrière est stoppée net. Problème : il ne connaît rien d’autre.La star déchue, devenue objet de risée nationale, découvre alors le monde – les autres. Le voilà embarqué dans maintes péripéties qui mutent en odyssée : conspiration familiale (ses deux soeurs n’en veulent qu’à sa fortune), manipulations génétiques délirantes, crise des réfugiés, complotisme de l’extrême-droite… Et, au beau milieu de cette tragédie, où son chat semble être son dernier supporter, pourtant, surgit l’Amour. Le vrai. C’était écrit.

Notre critique

Par Martin de Kerimel

Cinéma et football font-ils bon ménage ? Peut-on aimer le septième art et le ballon ? Sans aucun doute ! Alors, c’est parti pour un film dont le « héros » est… star du foot ! Les connaisseurs lui trouveront probablement une certaine ressemblance physique avec Cristiano Ronaldo, le célèbre attaquant portugais. Un hasard ? Probablement pas. En tout cas, les réalisateurs de Diamantino sont portugais, eux aussi. Précisons d’ailleurs que, vu à Cannes au printemps, le film ne sortira… qu’en avril dans les salles du pays. Ce qui incite à dire quelques mots de contexte pour mieux vous le présenter. L’habituel « pitch » nous donne une petite idée de ce film OVNI. Il évoque une icône absolue du foot, privée de son inspiration au moment le plus important de sa carrière. D’un parcours stoppé net et d’une quête de sens, le tout au cœur d’une folle odyssée. Bref, a priori, nous voilà déjà loin de l’ambiance particulière des stades surchauffés. Pourtant, la bande-annonce, elle, était assez frénétique, le personnage s’adressant ainsi directement au public et raillant les bandes-annonces qui en montrent trop !

C’est donc sur la Croisette que le film, au printemps dernier, s’est fait remarquer. Comment ? En y décrochant le Grand Prix de la Semaine de la Critique ! Un joli coup pour le tout premier long des co-réalisateurs, nés tous deux en 1984 aux États-Unis. Pas question toutefois de les présenter en débutants : l’un et l’autre avaient déjà signé plusieurs courts-métrages projetés dans de grands festivals (à Berlin, Locarno, Rotterdam ou Venise, par exemple). Certains avaient même, déjà, été récompensés. Gabriel Abrantes et Daniel Schmidt ont un autre point commun : ils ne travaillent pas seulement pour le cinéma. Abrantes a fait partie des artistes sélectionnés à la Biennale de l’image en mouvement de Genève en 2014, avant d’être retenu à celles de Sao Paulo 2016 et Porto Rico 2017. Schmidt, lui, a vu ses œuvres montrées – ou commandées – par des institutions comme la Whitechapel Gallery (Londres), le Centre Pompidou (Paris) ou Kunst-Werke (Berlin) notamment. Il y a trois ans seulement, la Film Society du Lincoln Center de New York lui a consacré une rétrospective, autour de ses oeuvres personnelles et de ses multiples collaborations avec d’autres artistes contemporains.

Que disent-ils de leur film ? Sûrs d’eux, les deux trentenaires ont l’air de s’être amusés et ont décidé de se poser eux-mêmes les questions apparues sur un dossier de presse en français ! Abrantes : « Diamantino est un mélange de science-fiction, film d’horreur, polar et comédie romantique. Un conte de fées noir pour adultes, ancré dans les conflits et ce qui nous préoccupe aujourd’hui ». Passe à Schmidt : « Le chaos que nous vivons aujourd’hui se reflète dans le film. La ligne directrice est son actualité et sa gravité. Comme tout conte de fées, on a voulu qu’il divertisse tout en proposant une perspective nouvelle sur ce qui se passe dans le monde ». Retour à Abrantes : « Diamantino est une icône, un mythe, qui se retrouve dans une histoire d’amour improbable et charmante ». Et le jeune réalisateur de citer quelques références hétéroclites, de Robert Bresson (Au hasard Balthazar) au personnage de Cary Grant dans L’impossible Monsieur Bébé, en passant par Lubitsch, Cendrillon, Iron Man. Même profusion côté technique, d’après lui : « Le film est une corne d’abondance visuelle, riche, bouffie et contradictoire. C’est une véritable anarchie de références qui, peut-être, se rapproche du chaos un peu anarchique de la production de ce film. »

Ce côté débridé s’expliquerait-elle par la frénésie créative du duo Abrantes / Schmidt ? C’est une piste. Abrantes le suggère ainsi : « J’aime peindre, fabriquer des meubles, travailler la céramique, faire des effets spéciaux… j’aime vraiment créer des choses que je ne sais pas faire. Fabriquer des films, écrire des livres ou peindre un tableau n’est pas un don de création tombé des dieux : c’est un travail de fabrication, d’ingénierie, d’expérimentation… comme un puzzle fait de pièces éparses avec lequel on crée une nouvelle forme. » Schmidt, qui a déjà signé deux autres films avec lui, parle d’une amitié et loue le talent de son compère, au service d’une méthode assumant de « jouer avec les références hollywoodiennes avec un petit budget ». Diamantino est donc bel et bien un film hybride, à ses yeux. Né aussi d’une intention de mélanger des cultures d’images très diverses. Et de créer un style, sûrement…

Abrantes et Schmidt soulignent par ailleurs que ce premier long-métrage a répondu pour eux au souhait de jouer avec leur acteur principal, Carloto Cotto, du même âge qu’eux. Ce dernier a débuté au cinéma en 2003, dans 31, un film de Miguel Gomes. Son film le plus connu en France est sans doute Tabou, du même réalisateur (2012). Entre temps, le comédien s’était également fait connaître dans Arena, un court récompensé en 2009 de la Palme d’or cannoise ! « On savait qu’on voulait travailler avec Carloto, souligne le duo sur le site de la Semaine de la Critique. Ses personnages sont attachants et hilarants. Il les joue avec énormément de générosité et de créativité. Aussitôt qu’on a pensé à lui, on a imaginé un génie du foot super riche et naïf. L’histoire est venue aussi sec. C’était génial ! Carloto a insufflé une émotion au film ». Et les deux cinéastes d’ajouter que, malgré (ou bien grâce ?) à des conditions dantesques au moment de travailler d’arrache-pied, ils ont pris énormément de plaisir autour de ce premier long-métrage. Et beaucoup appris, paraît-il, des erreurs qu’ils ont commises. Cela dit sans vraiment entrer dans les détails de ces fameuses « boulettes ». Résultat : comme toujours au cinéma, à chacun de se faire son idée par lui-même !

Sur le web

Gabriel Abrantes est né en 1984 aux Etats-Unis. En 2006, il sort diplômé en cinéma et arts visuels de la Cooper Union for the Advancement of Science and Art de New York. Il étudie ensuite à l’Ecole Nationale des Beaux-Arts de Paris avant d’intégrer Le Fresnoy – Studio National des Arts Contemporains. Ses courts métrages ont été projetés dans de nombreux festivals à travers le monde dont la Berlinale, le Festival du film de Locarno, la Biennale de Venise ou le Festival International du Film de Toronto, et ont été récompensés à de nombreuses reprises. Des rétrospectives lui ont été consacrées à la Film Society of Lincoln Center (New York), au BAFICI (Buenos Aires), au Sicilia Queer Film Festival (Palerme) et au Festival Entrevues (Belfort). Il fait partie des artistes sélectionnés à la Biennale de São Paulo en 2016, à la Gran Bienal Tropical (Porto Rico) en 2017, et à la Biennale de l’image en mouvement de Genève en 2014. Il vit et travaille actuellement à Lisbonne.

Daniel Schmidt est né en 1984 à New Haven dans le Connecticut. Diplômé en cinéma de la Tisch School of the Arts de l’Université de New York, ses films ont été projetés dans de nombreux festivals à travers le monde dont la Biennale de Venise, le Festival de Rotterdam ou la Berlinale. Ils ont reçu de nombreux prix dont le Golden Pardi di Domani au Festival de Locarno en 2010. Ses oeuvres ont par ailleurs été montrées ou commandées par plusieurs institutions internationales d’art contemporain comme la Whitechapel Gallery (Londres), Kunst-Werke (Berlin), le Centre Pompidou (Paris), Serralves (Porto), l’Institut d’art contemporain (Londres) et la Biennale de l’image en mouvement au Centre d’Art Contemporain (Genève). En 2016, une rétrospective lui a été consacrée à la Film Society du Lincoln Center à New York, mettant en avant à la fois ses oeuvres personnelles et ses multiples collaborations avec des artistes tels qu’Alexander Carver, Raul de Nieves, ANOHNI, Gabriel Abrantes ou Susan Cianciolo.

Diamantino mêle blanchiment d’argent, clonage de stars de foot, machinations fascistes, jumelles diaboliques et chiots géants. C’est un mashup / science-fiction, de film d’horreur, de polar et de comédie romantique. Un conte de fées noir pour adultes. « Loin d’être construit comme un faux-semblant de pays imaginaire à la “Il était une fois”, ce conte est ancré dans les conflits et ce qui nous préoccupe aujourd’hui. C’est l’histoire de deux amants maudits, perdus au milieu de la crise des réfugiés, des Panama Papers et en pleine montée de l’extrême droite« , confient les réalisateurs Gabriel Abrantes et Daniel Schmidt.

«Lorsque l’on évoque le cinéma portugais, ce n’est pas forcément aux comédies que l’on pense en premier. C’est sans doute en partie la faute à Manoel de Oliveira et Miguel Gomes, les deux plus connus des cinéastes lusitaniens, au style souvent jugé austère. Et pourtant, preuve que les genres ne sont pas incompatibles, Carlotto Cotta, qui tient le rôle principal de Diamantino, a justement fait ses premiers devant la caméra de Gomes. Le rôle qu’il joue aujourd’hui est celui d’une star du football, dont il serait de mauvaise foi de dire qu’il ne s’agit pas d’un alter ego de Cristiano Ronaldo, la star locale. On pourrait alors affirmer que si l’attaquant portugais a raté sa coupe du monde, c’est justement parce qu’il n’a pas aimé se reconnaître dans ce personnage à ce point ahuri que l’autre figure populaire à laquelle il s’est vu comparé n’est autre que Zoolander, du film éponyme de Ben Stiller. En plus de leur nigauderie high level, les deux personnages ont en commun leur statut de star déchue ; cependant la différence majeure entre les deux films est que, dans Diamantino, il n’y a pas d’autres footballeurs. La finalité du métrage n’est pas de se moquer du milieu du sport, les deux auteurs ont d’autres idées en tête.

Gabriel Abrantes et Daniel Schmidt ont choisi de prendre pour point de départ ce footballeur à côté de la plaque pour évoquer des sujets d’actualité bien plus graves, tels que la crise des migrants, la montée de l’extrême droite ou encore les dérives du transhumanisme. Autant de thématiques qu’il n’est pas évident d’aborder sans un minimum de gravité mais ce film fait à l’inverse le choix de les traiter frontalement avec une parfaite légèreté. Car, dès la première scène, le ton est donné : la façon dont Tino s’imagine voir des « petits chiens à poils longs » lorsqu’il est sur le terrain nous immerge dans une imagerie que d’aucuns qualifieront de queer, d’autres de what-the-fuck, mais certainement pas de propice à un discours politique engagé très abouti…» (avoir-alire.com)

«Sur le plan esthétique, le grain de la pellicule seize millimètres côtoie le cinémascope, les effets numériques, la caméra drone… Entre avant-garde et culture populaire, ce film multiforme affiche une forte ambition : toucher le plus grand nombre tout en étant radical et inventif. Nous avons rencontré les deux jeunes réalisateurs (nés en 1984) après la projection, dans le petit jardin d’une résidence cannoise où Daniel Schmidt, d’une blondeur pâle, faisait sécher son vernis à ongles. « Nous pensons que la comédie est le meilleur outil pour parler de la crise contemporaine », disent-ils d’une même voix.

L’univers de Gabriel Abrantes et de Daniel Schmidt est riche, foisonnant, éclectique, nourri de pop culture, de comédies hollywoodiennes, d’essais philosophiques ou de tragédies grecques. Les deux se connaissent depuis 2006 et viennent d’horizons différents. Gabriel Abrantes a étudié dans une école des beaux-arts à New York « marquée à gauche et gratuite », la Cooper Union for the Advancement of Science and Art. Daniel Schmidt, lui, était inscrit dans une école de cinéma new-yorkaise chic et coûteuse qui l’a fort dérouté, où les jeunes gens apprenaient surtout à appliquer les recettes des aînés… Leurs deux mondes se sont complétés et le tandem n’a pas tardé à cosigner des films. Le personnage de Diamantino est un mythe, même s’il renvoie explicitement à l’icône Cristiano Ronaldo, footballeur star avec lequel le héros du film entretient une forte ressemblance physique. Les deux cinéastes saluent la performance de l’acteur portugais Carloto Cotta. Pour Abrantes et Schmidt, la prouesse sportive peut être un geste esthétique. Et de citer le jeu du tennisman suisse Roger Federer, et son analyse littéraire par l’écrivain américain David Foster Wallace (1962-2008).

Les réalisateurs aiment les fausses pistes. Au premier abord, Diamantino apparaît limité intellectuellement. Il écarquille les yeux le jour où il aperçoit, depuis son yacht, une frêle embarcation remplie de jeunes Africains. « C’est quoi des réfugiés ? », demande-t-il à son père, interprété par Chico Chapas, un acteur non professionnel révélé dans la trilogie des Mille et Une Nuits, de Gomes. Abrantes et Schmidt préfèrent le qualifier de « naïf » : « Diamantino peut être ignorant des faits, mais il n’est pas bête. Nous avons voulu créer un personnage tellement ouvert, tellement simple qu’il arrive à réagir aux crises contemporaines d’une manière nouvelle », souligne Daniel Schmidt. Accablé par son but manqué lors d’un match décisif, le joueur se retrouve sur le plateau d’une émission animée par une vedette, où il est sommé de répondre aux questions par « oui » ou « non » – une parodie de l’interview d’Oprah Winfrey avec Lance Armstrong, en janvier 2013, où celui-ci avait reconnu s’être dopé. La présentatrice portugaise controversée, Manuela Moura Guedes, a accepté d’endosser le rôle : elle use des pires ficelles pour tirer les larmes de son invité, et c’est l’une des scènes les plus fortes du film.

Diamantino est enfin une histoire d’amour au sein d’un couple fort peu conventionnel. La jeune policière, véritable James Bond au féminin, et lesbienne au début de l’histoire, va tomber amoureuse de Diamantino, dont le corps est en train de se transformer, et de se féminiser, sous l’effet d’une manipulation génétique décidée par ses sœurs jumelles – deux clones de Cruella. L’histoire d’amour va-t-elle triompher ? Le duo de choc Abrantes et Schmidt avoue son goût pour les vieilles comédies hollywoodiennes, dont ils vantent la « radicalité », et citent dans leur répertoire L’Impossible Monsieur Bébé (1938), de Howard Hawks, avec Katharine Hepburn et Cary Grant dans le rôle d’un paléontologue. Point de léopard dans Diamantino, mais d’autres bébêtes hantent le terrain de foot.» (lemonde.fr)

«Diamantino réjouit par son inventivité, sa faculté à mélanger les genres et à mixer dans le même shaker kitscheries, faits de société, délire queer et interrogations métaphysiques. A l’arrivée, un cocktail détonnant et vitaminé qui rend ivre de joie. Diamantin, ce footballeur en crise est un homme bon et naïf, une sorte de version testostéronée de Mr Chance du magnifique film de Al Ashby où Peter Sellers campait un innocent, également au cœur d’un conflit géopolitique. A l’instar de Bienvenue Mr. Chance, Diamantino a l’apparence d’une fable, un conte de fées empoisonné queer où les rôles s’inversent : les méchants sont des femmes, la princesse innocente un homme à l’apparence virile, mais à la profonde fragilité.Diamantino est une fable ancrée dans notre démente actualité : des “Panama Papers” à la montée des extrémismes en Europe, en passant par la crise des réfugiés, le culte de la célébrité express, le pouvoir des médias et le transhumanisme. Comme une relecture sous acide de la citation de Shakespeare: ” C’est une histoire dite par un idiot, pleine de bruit et de fureur et qui ne signifie rien”, notre guide narratif est un grand enfant mal dégrossi qui va muer et exploser toutes les attentes liées à son genre. En cela, Diamantino est l’ultime film de genre(s), convoquant non seulement multiples genres cinématographiques : la fable, le thriller, la comédie romantique, le film politique, mais se coltinant de façon explosive la question de l’identité sexuelle : soit un joueur de le foot dont la musculature puissante va s’orner d’une paire de seins, un faux réfugié vraie lesbienne, une bonne sœur factice qui n’a pas fait vœu de chasteté…Diamantino brasse également dans son shaker inspiré moult styles d’images : grain 16mm, cinémascope, image vidéo, drone. Ce chaos visuel est un canevas idéal à l’aune du monde chaotique dans lequel se démène notre anti-héros, Diamantino. Ce film inclassable a le mérite d’imploser toutes les étiquettes et balaye un spectre large, allant de la comédie grand public au petit bijou avant-garde. Dès les premières images, le ton (unique) est donné : Diamantino est aidé dans son match par des shih tzu roses géants qui envahissent le stade … Ce qui rend l’adhésion totale au film c’est que le malicieux duo croit en la force de la fable, en la puissance du Cinéma et aime son personnage de doux abruti éclairé, ne le prenant jamais de haut. Par son côté mélo-trash sophistiqué, Diamantino rappelle la patte d’un autre latino, passé maître en ce genre : Pedro Almodovar.

Le mash-up, frais et créatif, pratiqué par le duo a ses racines (notamment) dans les cours d’un légendaire critique new-yorkais qu’a fréquenté Abrantés : «J’ai commencé à faire des films après avoir suivi les cours d’Histoire du cinéma de Jim Hoberman. C’est lui qui m’a appris toute l’Histoire du cinéma à travers un kaléidoscope où la culture pop et l’avant-garde se cristallisaient entre elles. Il nous a appris qu’Einsenstein avait dit que « la plus grande invention de l’Amérique était Mickey Mouse. Peu après, j’ai appris qu’Eisenstein était obsédé par Disney. Hoberman nous a appris que Disney était un révolutionnaire radical et que Eisenstein était un artiste pop. Cela m’a inspiré. Des réalisateurs qui font des films pour le plus grand nombre et le touchent, sans que cela les empêche d’être également inventifs, beaux, radicaux et révolutionnaires : c’est mon rêve de faire un film comme ceux là». Pari réussi. Diamantino est à la fois divertissant et radical, pop et subversif. Les références qu’ils convoquent sont joyeusement bousculées et réinventées, à la manière du grand alchimiste Bertrand Mandico et non des pseudo hommages réduits à la fonction de gadgets comme le cinéma Hashtag de Guadagnino. Diamantino a cette force d’être à la fois un grand chaudron où bouillonnent mille et une références et totalement singulier, ne ressemblant à aucun autre film. On a hâte de voir l’opus suivant de ces deux prometteurs cinéastes dont le premier film impressionne par sa maîtrise et sa démesure. Une équation casse-gueule qui tient drôlement bien la route.» (culturopoing.com)

Gabriel Abrantes et Daniel Schmidt souhaitaient un personnage principal simple, iconique et charismatique, comme Balthazar dans Au hasard Balthazar de Robert Bresson. « Nous avons imaginé un duo romantique improbable, drôle et charmant comme Audrey Hepburn et Cary Grant dans L’impossible monsieur bébé. Nous désirions mettre en oeuvre un récit politique et schizophrène qui serait le miroir de l’insanité de notre réalité politique actuelle, à la South Park, ou à la Jeux dangereux de Lubitsch, jusqu’à Iron Man… On visait un conte de fées simple comme Cendrillon. Diamantino est une icône, un mythe, qui se retrouve dans une histoire d’amour charmante et improbable, empêtré dans une myriade de machinations politiques mais où « tout est bien qui finit bien ». »

Le film est une corne d’abondance visuelle, riche, bouffie et contradictoire. Les hologrammes à petit budget contrastent avec la beauté des paysages, le cinémascope hollywoodien, avec le 16 mm granuleux. « La parodie d’affiche de propagande fasciste fabriquée avec des images Getty contraste avec le lyrisme de notre séquence proche d’un roman-photo à la Terrence Malick matinée d’Or du Rhin. C’est une véritable anarchie de références, qui peut-être se rapproche du chaos un peu anarchique de la production de ce film« , expliquent Gabriel Abrantes et Daniel Schmidt.

Carloto Cotta est un acteur portugais, né à Paris en 1984. Il a grandi à Lisbonne et à l’âge de 15 ans, il a commencé à étudier à la Escola Profissional de Teatro de Cascais. Il a fait ses débuts sur grand écran pour Miguel Gomes dans 31 en 2003. Dès lors, il n’a cessé de tourner au Portugal. C’est le film Arena qui l’a propulsé sur le devant de la scène en 2009, lorsque le film gagne la Palme d’Or du court métrage à Cannes. En 2012, Il devient un visage incontournable du cinéma mondial grâce à son rôle dans Tabou de Miguel Gomes. Diamantino est sa quatrième collaboration avec Gabriel Abrantes.

Gabriel Abrantes et Daniel Schmidt évoquent leurs acteurs : « Filipe Vargas, qui joue Helena Guerra, était génial ; je n’ai compris que très récemment qu’il parodiait ton style de mise en scène en hurlant « Son ! Caméra ! Action ! » Et Carloto Cotta a tout simplement permis d’élever le film à un autre niveau. Que dire de notre collaboration avec Manuela Moura Guedes, la très connue et controversée présentatrice de télévision portugaise ? Manuela (qui joue Gisele) a apporté une dose de réalité et paradoxalement de surréalisme à l’ensemble. De toutes les scènes du film, son entretien avec Tino est la plus étrange parodie de notre culture actuelle. La présentatrice de télévision cherchant à provoquer les larmes de l’athlète star. Là où la dynamique s’inverse c’est lorsque Tino lui ouvre son coeur dans un monologue émouvant quoique ridicule sur l’adoption de réfugiés. Pour moi, c’est l’une des séquences les plus fortes du film. »


 Présentation du film et animation du débat avec le public : Martin De Kerimel

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