Vendredi 07 novembre 2003 à 20h45
Film de Stephen Frears – Royaume-Uni – 2003 – 1h47 – vostf
Okwe, un immigré clandestin nigérien, travaille comme chauffeur de taxi le jour et comme réceptionniste dans un hôtel miteux la nuit. Il partage son appartement avec Senay, une fière jeune femme turque, demandeuse d’asile, qui y travaille comme femme de chambre. Cet équilibre précaire est bouleversé par ce qu’il découvre dans une des chambres et qui l’horrifie. Confronté à un impitoyable monde parallèle qui menace de détruire l’être qui lui est le plus cher, il devra aussi accepter d’étonnantes révélations sur sa véritable identité.
Sur le web
« Dirty Pretty Things est un thriller aux into-nations sociales, ou un film social en forme de polar, au choix. Comme dans My Beautiful Laundrette ou Sammy et Rosie s’envoient en l’air, les personnages principaux sont des immigrés en Angleterre, mais avec une cerise (amère) sur le gâteau : ici, ils sont en danger d’expulsion permanent et ils risquent même leur vie car, employés clandestins dans un hôtel louche, ils se trouvent pris au milieu d’un trafic d’organes. Bref, une menace imminente, bien qu’indéfinissable, est l’épine dorsale de ce film aussi noir que jouissif…Le côté jouissif, c’est que Dirty Pretty Things est aussi un vrai film social typiquement british (où l’on retrouve les femmes de ménage sans papiers de Bread & Roses de Loach et le chauffeur de taxi de All or Nothing de Mike Leigh), mais où l’on ne s’appesantit pas hypocritement sur les situations tragiques des uns et des autres. Médecin de formation, le Nigérian Okwe (Chiwetel Ejiofor, formidable de sobriété), devenu chauffeur de taxi et réceptionniste d’hôtel à Londres, est contraint par les circonstances à prélever illégalement un organe ; Senay (Audrey Tautou, métamorphosée), l’amie turque qui l’héberge, est violée par le patron de l’atelier de couture où elle travaille. Mais, contrairement à Loach, Frears ne monte pas en épingle ces données accablantes en faisant de ses héros, pour les besoins de la démonstration, des victimes du système dépourvues de libre arbitre. Au contraire, tous les symptômes de l’adversité, toutes les vexations et les épreuves que subissent et traversent Okwe et Senay les rendent non seulement plus forts, solidaires, leur inspirant des parades aussi périlleuses qu’ingénieuses, mais elles les propulsent en avant, vers l’ailleurs, vers l’amour.
N’oublions pas un autre pôle essentiel de ce thriller hitchcockien dans la mesure où tout gravite autour d’un innocent pris dans un engrenage infernal , qui est le personnage du méchant, alias Sneaky, brillamment incarné par Sergi Lopez, qui réédite plus ou moins la performance de Harry, un ami qui vous veut du bien : mélange de décontraction, de séduction et de sournoiserie. En fait, ce n’est pas tout à fait exact. Sneaky n’est pas réellement un méchant et encore moins un psychopathe. C’est un être dénué de scrupules et mû par le lucre, qui est pour le coup beaucoup plus intéressant que certains méchants hitchcockiens. La bonhomie un peu vicelarde de Lopez offre un contraste idéal avec la pureté politiquement correcte des héros….Bref, Frears, qui sait nous malmener assez agréablement pour que nous restions en haleine de bout en bout, sans jamais avoir l’impression d’avoir été roulés dans la farine. Là est le grand art. » (lesinrocks.com)
Situé dans le milieu trouble des immigrés clandestins, Dirty Pretty Things devait montrer « l’envers du décor londonien, du côté sordide de la vie où des êtres commettent l’impensable pour tout simplement survivre« , selon son réalisateur Stephen Frears. Pour le producteur Paul Smith, le film se concentre sur « la face cachée de Londres que nous préférons ignorer même si nous en apprécions les avantages.«
Pour incarner ses héros clandestins, Stephen Frears a fait appel à un casting des plus éclectique. Alors qu’il pensait tout d’abord confier le principal rôle masculin de son film à une vedette comme Denzel Washington, le réalisateur s’est finalement tourné vers le Britannique d’origine nigériane Chiwetel Ejiofor, alors que trois des autres rôles principaux ont été confiés à des acteurs étrangers : la Française Audrey Tautou, l’Espagnol Sergi Lopez et le Croate Zlatko Buric.
C’est Djimon Hounsou qui devait à l’origine interpréter le personnage de Okwe, un immigrant nigérian. Mais c’est finalement Chjwetel Ejiofor qui a décroché le rôle.
La dimension internationale de l’affiche de Dirty Pretty Things n’a pas été sans poser certains problèmes. Pour son premier film tourné en anglais, Audrey Tautou n’a pas seulement dû bien maîtriser la langue de Shakespeare mais également s’exprimer avec un accent turc, son personnage étant une jeune femme turque sans papiers. De même que Sergi Lopez, l’actrice a pu compter sur l’aide d’un coach vocal et n’a pas hésité à discuter avec des femmes turques et à les enregistrer afin de parfaire ses intonations. Pour Chiwetel Ejiofor, qui incarne un réfugié nigérian, le problème fut inverse. De nationalité anglaise, l’acteur a dû apprendre à s’exprimer avec un accent nigérian qui ne lui était pas familier.
Fait assez rare dans la production cinématographique, le scénariste de Dirty Pretty Things, Steven Knight, était sur les plateaux tout au long du tournage. Une présence voulue par le réalisateur Stephen Frears: « cela permet un travail d’orfèvre sur un texte pour lequel j’ai un respect total. Ainsi, s’il m’arrive de vouloir effectuer des changements, il est là pour en discuter.«
Le sujet délicat de Dirty Pretty Things ayant refroidi bon nombre d’hôtels, le chef décorateur Hugo Luczyc-Wyhowski, collaborateur régulier de Stephen Frears depuis 1985, a décidé de créer lui-même certaines pièces du décor : ainsi la chambre forte, les couloirs et la chambre principale de l’établissement où travaillent les deux héros du film ont-ils été recréé en plateau, alors que la façade et l’entrée ont été filmés dans des établissements distincts.
Présenté en 2002 à la Mostra de Venise, Dirty pretty Things y a été récompensé du Prix Sergio Trasatti. Le film a également glané deux nominations aux Bafta Awards 2003 : meilleur film britannique et meilleur scénario.
Présentation du film et animation du débat avec le public : Philippe Serve.
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