Vendredi 14 Octobre 2005 à 18h15 – 3ième Festival
Cinéma Mercury – 16 place Garibaldi – Nice
Film de Luis Buñuel – Mexique – 1953 – 1h30 – vostf
Francesco, riche propriétaire foncier, s’enfonce lentement dans la paranoïa et détruit sa vie conjugale.
« Peut-être est-ce le film où j’ai mis le plus de moi-même. Il y a quelque chose de moi dans le protagoniste. » (Extrait de Conversations, Luis Buňuel, op. Cit. P 107)
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Avant de retourner dans son pays pendant la durée de la guerre civile (1936-1939), Luis Bunuel a le temps de réaliser deux courts-métrages qui lui vaudront les louanges de Man Ray et d’André Breton: Un chien andalou (1928), dans lequel il brise les standards encore récents de la création cinématographique ; et L’âge d’or (1930), véritable pamphlet anticlérical qui donne le ton de son oeuvre à venir. Envoyé ensuite en mission spéciale au Etats-Unis par le gouvernement républicain, Bunuel traîne ses guêtres à New York dans différents jobs pour subvenir à ses besoins. En 1947, il rejoint la ville qui deviendra son fief: Mexico. Il y tourne Gran casino (1947) et surtout Los olvidados (Les réprouvés, 1950) avec lequel il signe un retour triomphal en Europe lors du Festival de Cannes. Il continue néanmoins de s’opposer au régime franquiste et refuse d’aller travailler en Espagne. La France, elle, veut de lui et il surfe sur la vague du Nouveau Roman en adaptant Cela s’appelle l’aurore d’Emmanuel Roblès. En 1961, il feint d’accepter la censure de Franco en réalisant Viridiana; le film fait scandale lors de sa présentation au festival de Cannes mais obtient la palme d’or. Une fois encore, Bunuel y dénonce la préséance de la morale chrétienne sur la société occidentale et fustige le conformisme des bourgeois comme il le fera plus tard dans Le charme discret de la bourgeoisie, 1972. Censurée en Espagne, Viridiana connaît un franc succès en Europe. C’est, pour Bunuel, le temps de la maturité au cours duquel s’épanouissent toutes les facettes d’une vision du monde subversive et ravageuse; temps où l’artiste laisse libre court à l’expression de son insolence, de son irrévérence et de ses fantasmes. Avec Belle de jour (1966) et Tristana(1969), il donne à Catherine Deneuve deux rôles qui propulsent la jeune comédienne en haut de l’affiche. Les plus grands comédiens se le disputent: Jeanne Moreau pour Le journal d’une femme de chambre (1963); Delphine Seyrig et Michel Piccoli pour La voie lactée (1969), Monica Vitti pour Le fantôme de la liberté. Tous rejoignent le public dans une fascination pour cet homme affranchi de toutes modes qui empoigne la liberté et renvoie dos à dos toutes les hypocrisies. Il clôt son oeuvre cinématographique en adaptant, avec son fidèle scénariste Jean-Claude Carrière, La femme et le pantin de Pierre Louÿs qui sortira en 1977 sous le titre énigmatique de Cet obscur objet du désir.
« Selon les déclarations de Buñuel, El est un de ses films préférés à cause de sa précision documentaire. D’ailleurs le professeur Jacques Lacan utilisa El dans un de ses cours à l’hôpital Sainte-Anne, pour illustrer l’étude d’un cas de paranoïa à partir des signes décrits par Buñuel : l’hypertrophie de l’orgueil, l’obsession de la justice, la jalousie démesurée et la fameuse marche en S qui clôt le film. Buñuel y avait ajouté une variante toute personnelle avec le fétichisme du pied.
Une apparence de mélodrame mondain sert de contexte à la genèse et à la progression de la paranoïa. Comme à son habitude, Buñuel en profite pour fustiger avec humour une certaine bourgeoisie cléricale. Francesco est un malade mental et sa femme, sans doute peu renseignée sur les pratiques sexuelles est la seule à faire les frais de sa manie. Soumise au pouvoir maritale, celle-ci est persécutée, menacée de mort et de sévices, comme une de ces héroïnes, vertueuses et donc condamnées, du marquis de Sade.
L’acteur Arturo de Cordova était connu au Mexique pour sa manière de souligner les effets jusqu’aux limites du ridicule dans de médiocres produits commerciaux. Buñuel a su malicieusement utiliser ce registre. » (cineclubdecaen.com)
Présentation du film et animation du débat avec le public : Philippe Serve.
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