Jeudi 04 décembre 2008 à 20h30
Cinéma Mercury – 16 place Garibaldi – Nice
Film de Théo Angelopoulos – Grèce – 2004 – 2h50 – vostf
Eléni est le premier film d’une « trilogie qui a pour ambition de raconter le siècle dernier, par le biais de trois histoires qui couvrent trois moments d’un grand amour ». Eléni commence quand l’Armée Rouge entre triomphalement dans la ville d’Odessa en 1919, provoquant l’exode de tous les étrangers, y compris de l’importante communauté grecque, qui, lors de la révolution d’octobre, s’était rangée du côté des Russes blancs. L’histoire se poursuit en Grèce avec l’arrivée et l’installation des réfugiés dans un pays qui vient de sortir d’une série de guerres balkaniques et de la Première Guerre mondiale.
Film présenté dans le cadre de la venue de Théo Angelopoulos au Mercury (le 21 novembre).
Sur le web
Eléni, du nom de l’héroïne du film, marque le premier volet d’une trilogie en forme d’ « abrégé poétique du siècle qui vient de se terminer et relation visionnaire avec celui que nous traversons par le biais d’une histoire d’amour qui défie le temps. Une histoire qui commence à Odessa en 1919 avec l’entrée de l’Armée Rouge, et qui se termine à New York de nos jours. » Après Eléni, Théo Angelopoulos concluera sa trilogie avec La Troisième aile et Retour.
Théo Angelopoulos s’est constamment, et de son propre aveu, penché sur l’histoire grecque du vingtième siècle dans ses longs métrages. « Cependant« , explique le cinéaste, « fixer sa caméra exclusivement sur ce qu’on pourrait nommer le vingtième siècle, vu à travers les yeux d’une femme, la vie d’une femme qui en traverse les événements majeurs, et d’avoir comme thème principal l’exil des Grecs, l’absence de domicile, le déplacement de personnes qui se fait au gré de l’histoire, a été un nouveau défi.«
« Moi , le réalisme, je n’en ai rien à foutre. L’approche religieuse de la réalité ne m’a jamais concerné« , disait en 1982 Theo Angelopoulos. Cette confession affiche brutalement l’approche d’un cinéaste qui a toujours signifié à ses spectateurs qu’ils étaient au spectacle. Tout film d’Angelopoulos repose sur une esthétique théâtrale de la réalité, et suggère que le monde lui-même est un théâtre. Pour Théo Angelopoulos, Eléni, qui aborde le thème du réfugié et de l’exil, peut se voir comme une tragédie grecque et comme la première phase d’une référence au cycle thébain (Oedipe, Les Sept contre Thebes et Antigone), référence qui se poursuivra avec les deux autres volets de la trilogie.
« Jamais depuis son premier film, Reconstitution, en 1970, Theo Angelopoulos n’avait remis une femme au centre de ses fresques. A près de 70 ans, la figure d’Eléni s’impose à lui comme la nécessité d’évoquer à la fois sa mère (disparue récemment), ses amours de jeunesse et les grandes héroïnes mythiques qui hantent sa bibliothèque. Comme il le fit déjà dans Le Regard d’Ulysse, il semble chercher à retrouver cette innocence perdue qui berçait les premiers films, à l’aube du cinéma. Toute son œuvre, d’ailleurs, est une tentative de retour aux sources, à l’harmonie des premiers jours. Le plan-séquence, dont il a fait sa marque de fabrique, est un pied de nez à la fragmentation, au montage. C’est un procédé magique qui lui permet de renouer dans un même mouvement le lien entre des gens séparés par l’histoire, le temps et l’espace. Le plan-séquence donne l’illusion du temps réel, rapproche les êtres et veut nier toute notion d’impasse ou de frontière. » (lemonde.fr)
Afin de reconstituer la Grèce des années 30, l’équipe d’Eléni s’est installée de longues semaines dans la ville de Thessalonique, mais également dans une steppe d’Ouzbékistan. Les principales difficultés rencontrées par l’équipe et liées au travail de reconstitution étaient dues au fait que très peu d’édifices de l’époque existent encore. Des deux villages construits pour les besoins du film, celui créé dans le Golfe de Thessalonique fut le plus ambitieux, avec ses 200 maisons. Juste après le tournage de la scène finale, les décors furent inondés par la mer toute proche. Comme prévu initialement avec les autorités portuaires, les décors furent ensuite intégralement détruits.
Le personnage principal d’Eléni, qui couvre plusieurs âges, est incarné par la jeune Alexandra Aidini. Le réalisateur Théo Angelopoulos, peu confiant au début de la capacité de l’actrice à incarner le rôle, fut ensuite séduit par sa capacité à devenir Eléni et à incarner une femme de plusieurs âges : « Comme nous avons tourné dans la continuité, cette jeune fille de vingt ans sans maquillage, sans intervention extérieure, par son seul travail intérieur, s’est transformée en une femme de presque quarante ans. Sans artifice aucun, avec un simple changement de coiffure et c’est extraordinaire. On peut voir sur son visage une transformation vraie et incroyable.«
Eléni a été présenté en sélection officielle du Festival du Film de Berlin 2004.
Présentation du film et animation du débat avec le public : Josiane Scoleri.
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