En avant, jeunesse



Vendredi 06 juin 2008 à 20h30

Cinéma Mercury – 16 place Garibaldi – Nice

Film de Pedro Costa – Portugal  – 2006 – 2h35 – vostf

Délaissé par son épouse Clotilde, Ventura, ouvrier cap-verdien de la banlieue de Lisbonne est perdu entre l’ancien quartier délabré où il a vécu jusqu’à présent et son nouveau logement dans un bloc HLM tout juste achevé. Tous les jeunes paumés que Ventura rencontre deviennent ses propres enfants.

Sur le web

Le réalisateur Pedro Costa explique qu’avec En avant, jeunesse, il a souhaité revenir sur la vie d’un quartier qui lui tenait particulièrement à coeur : « Le quartier de Fontainhas, au nord-ouest de Lisbonne, où j’ai tourné Ossos, n’existe plus. Il était déjà en démolition quand je tournais Dans la chambre de Vanda. Les familles ont été relogées beaucoup plus loin, dans un nouveau quartier qu’on voit dans le film, Casal Boba. J’ai pensé que c’était le moment de revenir en arrière, de réaliser une fiction sur les premières baraques et les premiers habitants de ce quartier.« 

« En avant jeunesse transforme en icônes vivantes et parlantes des gens de peu, les élève au-dessus du sol pour les rapprocher de la lumière, comme s’il n’existait pas d’autre moyen au monde pour empêcher qu’on se débarrasse d’eux un peu trop facilement, qu’on les oublie trop vite. On reproche parfois à Pedro Costa un certain voyeurisme, de se complaire dans la vision d’êtres souffrants (démunis, drogués, etc.), mais cette accusation ne tient pas debout. C’est en peintre politique que Pedro Costa les filme, sans artifice, sans chercher ni à les embellir, ni à les enlaidir, mais tout juste à saisir leur humanité dans toute sa nudité, sa vérité, sa véracité. 
Tout ce qui est humain bouge même s’il paraît fixe, dans ces décors aux murs de guingois (qu’il s’agisse des cabanons ou des appartements modernes mal construits où l’on veut reloger Ventura), rien n’est stable malgré l’apathie apparente : les êtres, les cœurs, leurs sentiments, leur esprit bougent encore. Avec ses lignes de fuite qui glorifient les personnages, ses cieux trop noirs qui surplombent des immeubles trop blancs, ce réalisme dans la pose, cette attention à l’humain et la disparition de toute idée de Dieu, Pedro Costa est peut-être, finalement, le seul cinéaste renaissant ayant jamais existé. » (lesinrocks.com)

Mario Ventura Medina, le personnage principal d’En avant jeunesse, est un ouvrier blessé sur un chantier qui a souvent joué pour Pedro Costa. Il renvoie directement au personnage incarné par Isaach de Bankolé, victime d’un accident similaire au début du second film du cinéaste portugais, La Maison de lave (1994). A son sujet, le réalisateur déclare : « J’avais croisé Ventura à plusieurs reprises pendant le tournage des autres films. Il était l’un des plus marginaux, un solitaire, un hors-la-loi un peu à part. Il m’a toujours intrigué. J’ai discuté avec lui et appris qu’il a été l’un des premiers à construire une maison dans le quartier. Il est arrivé à Lisbonne seul, sans famille. Peu à peu, la vie de Ventura durant les années 75/80 s’est mélangée à l’histoire de ce quartier. Il m’a raconté ses difficultés, ses amours.« 

« …Pedro Costa esquisse une proposition de fiction qui se matérialise dans la parole. Sans renoncer à son exigence plastique, à ses plans fixes fascinants dans lesquels le temps se suspend, Costa sculpte le verbe documentaire de manière littéraire et obtient de ses acteurs non professionnels qu’ils s’expriment avec une diction quasi mystique…En avant jeunesse fait la peinture du rêve impossible de refondation d’un collectif disloqué par la logique des sociétés occidentales. Isolés des autres par les blanches parois de leurs nouveaux logements standardisés, les habitants de Fontainhas survivent… » (lemonde.fr)

En avant, jeunesse est le sixième long métrage du cinéaste portugais Pedro Costa. Il y décrit sans agressivité la violence qui règne dans un quartier, mais également la violence de la société extérieure vis-à-vis de ce lieu.

Les personnages d’En avant, jeunesse ne sont pas des acteurs, ils jouent leur propre rôle. Le réalisateur Pedro Costa a retravaillé les textes avec eux, jusqu’à ce qu’ils acquièrent une certaine densité et qu’ils parviennent à raconter leur histoire de manière condensée. En avant, jeunesse marque la troisième collaboration de Vanda Duarte avec le réalisateur Pedro Costa. L’actrice a déjà joué dans les deux films précédents du Portugais, Ossos (1998) et Dans la chambre de Vanda (2001). Elle n’a d’ailleurs tourné que pour lui.

Le tournage d’En avant jeunesse ! a duré quinze mois, à raison de six jours de travail complets par semaine. Le film a été tourné en Caméra DV et a nécessité 320 heures d’enregistrement. Certaines scènes furent refaites vingt fois.

Tout au long du film, les personnages sont éclairés par la lumière naturelle. Aucune lumière artificielle n’a été employée durant le tournage, ce qui explique que les lieux soient parfois très sombres.

En avant, jeunesse montre peu de scènes de groupe par rapport au précédent film de Pedro Costa, Dans la chambre de Vanda. Le réalisateur a souhaité montrer des êtres humains regroupés dans un HLM, mais pourtant seuls dans leur appartement face à leur télévision. Le personnage de Ventura est le seul lien entre les destins isolés. Cette volonté marque une certaine dénonciation de la vie moderne par Pedro Costa, chacun chez soi enfermé devant son petit écran vivant sa vie par procuration, sans lien avec la réalité.

En avant, jeunesse était présenté en sélection officielle, en compétition, du 59e Festival de Cannes. Il avait déjà présenté un film sur la Croisette, La Maison de lave, en 1994, dans la section Un Certain Regard.


Présentation du film et animation du débat avec le public : Josiane Scoleri.

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