Vendredi 15 Mars à 20h
Cinéma Jean-Paul Belmondo (ex-Mercury) – 16 place Garibaldi – Nice
Film de Lisandro Alonso, Argentine, 2023, 2h27, vostf
Alaina est accablée par son travail d’officier de police dans la Réserve de Pine Ridge. Elle décide de ne plus répondre à sa radio. Sa nièce, Sadie, attend son retour pendant une longue nuit, en vain. Sadie, triste, décide d’entamer son voyage avec l’aide de son grand-père. Elle s’envole dans le temps et l’espace vers l’Amérique du Sud. Elle ne regardera plus de western en noir et blanc, qui ne la représentent pas. Tout lui semble différent quand elle commence à percevoir les rêves d’autres indiens qui habitent dans la forêt. Ses conclusions sont incertaines… Les oiseaux ne parlent pas aux humains, mais si seulement nous pouvions les comprendre, ils auraient sans doute quelques vérités à nous transmettre.
Note d’intention du réalisateur Lisandro Alonso
Plusieurs années se sont écoulées entre Eureka et mon précédent film. Je me suis consacré entretemps à d’autres activités dont certaines étaient plus importantes que d’autres. Et puis, j’ai commencé à réfléchir au film que j’aimerais et aux gens dont j’aimerais m’entourer – à ceux qui s’embarqueraient avec moi dans une nouvelle aventure cinématographique qui nous emmènerait sans aucun doute vers des territoires inconnus. Je me suis beaucoup documenté sur les différentes réserves indiennes aux États-Unis et notamment sur celle de Pine Ridge dans le Dakota du Sud où, en 2017, j’ai séjourné quelques mois. Dans cette réserve, la population est laissée à l’abandon. C’est ainsi qu’il n’y a que 23 policiers pour répondre aux besoins des 50 000 habitants. Pourtant, les gens ont choisi de continuer à vivre sur place et à se battre pour s’en sortir, malgré l’indifférence, voire le mépris, du reste de la population américaine et des jeunes générations. Je me suis aussi intéressé aux oiseaux, à leur capacité à voler et à leur liberté. À leur aptitude à migrer d’un continent à l’autre, sans se soucier des frontières, des barrières douanières ou des questions de comptes en banque ! Et même si le changement climatique affecte directement les oiseaux, ils continuent à migrer et à se reproduire. Je considère les oiseaux comme porteurs d’une forme de sagesse inaccessible à l’être humain – une sagesse millénaire et mystérieuse. Certains oiseaux peuvent voler pendant douze jours sans se poser. Douze jours entiers sans manger, douze jours où ils ne peuvent dormir – et rêver – que quelques minutes à la fois – où leurs rêves, qui ne durent qu’un instant, sont traversés d’images énigmatiques et fantastiques sans logique aucune. J’ai voulu créer un lien entre le passage du temps et les différents peuples qui ont vécu sur cette terre depuis le tout début, bien avant la colonisation. Certains ont perdu tout lien avec leurs descendants directs en cherchant à comprendre leur manière d’être au monde, d’autres, au contraire, ont conservé ce lien. J’ai souhaité comparer les communautés d’Indiens d’Amérique du Nord à celles qui vivent près de l’Amazonie et qui ont fui la modernité dans l’espoir de préserver leurs traditions ancestrales. Nous nous sommes rendus dans la forêt amazonienne pour y rencontrer ses habitants et leur proposer de jouer dans le film. C’était un rêve qui se concrétisait de pouvoir travailler avec eux et de les considérer comme des acteurs à part entière. J’ai eu envie de me perdre dans la jungle avec eux et mon équipe. De rire, de travailler, de me sentir observé par les oiseaux et les animaux qui vivent au milieu des arbres et qui traversent les fleuves. Des oiseaux qui observent les êtres humains et qui les voient, après une dure journée de travail, trouver un peu d’or – fidèles à la tradition ancestrale de l’orpaillage – sans équipement moderne, ni machines, mais seulement avec l’espoir de s’enrichir rapidement. Enfin, si j’ai souhaité m’atteler à ce projet, c’est parce qu’il s’agissait d’un film que personne n’avait encore fait. Il n’était pas dérisoire de montrer la beauté et la part d’ombre de l’Amérique, de ceux qui y vivent et de ceux qui l’abîment, mais aussi de se laisser griser par un tel spectacle.
Notre article
par Josiane Scoleri
Avec Eureka, Lisandro Alonso explore, en tant que citoyen sud-américain, la question des peuples premiers de ce que les Européens ont longtemps appelé dans leur éternelle suffisance: le Nouveau Monde. Comme s’il n’avait pas eu d’existence avant leur arrivée. Lisandro Alonso étant cinéaste, sa réflexion commence nécessairement par la question de la représentation des « Indiens » au cinéma. Il suffit d’associer ces deux mots, Indiens et cinéma, pour que surgissent instantanément les mille images de western que nous portons tous en nous, dans cet imaginaire collectif mondial que le cinéma a façonné en 100 ans d’existence. Le western, genre américain par excellence. Genre fondateur de l’identité et du mythe de la « Naissance d’une nation » pour le dire comme Griffiths. Eureka commence donc par un western. Dans un Noir et Blanc particulièrement léché, nous retrouvons tous les archétypes du genre : animisme mystérieux des Indiens, petite communauté de pionniers avec son shérif, son saloon de beuverie collective où la tenancière est, comme il se doit, une forte femme endurcie dans un monde d’hommes. Elle se fait d’ailleurs appeler « Le colonel » (Chiara Mastroiani) sans oublier l’indispensable pistolero, aventurier passablement usé qui traîne derrière lui son indéniable part d’ombre (Viggo Mortensen). Les visages de ces deux vedettes internationales du cinéma d’aujourd’hui nous amènent donc à penser que le réalisateur a tourné un western, dans une sorte d’hommage au genre avec toutefois ce qu’il faut de décalage pour que nous sachions bien qu’il s’agit de cinéma contemporain. Il faudra une bonne dizaine de minutes pour se rendre compte qu’en réalité, le western en question passe à la télé. Quelque part, chez quelqu’un, sur une de ces petites télévisions qui trônaient partout avant les écrans plats. Et qu’on peut encore trouver chez ceux qui ne peuvent pas se payer mieux.
Nous découvrons alors le personnage d’Aliana dans sa cuisine, prête à partir travailler. Première bascule du film. Du très beau Noir et Blanc historique du western, nous passons à une ronde de nuit dans une réserve indienne des États-Unis aujourd’hui. L’image est très sombre, trouée par les lumières des phares de voiture. La réalité que l’on entre aperçoit dans ces échappées, l’est encore plus. Ce qui nous est donné à voir se passe de commentaire. Sans jamais insister lourdement. Au contraire, la caméra de Lisandro Alonso est discrète et nous oblige à fouiller l’écran du regard pour faire surgir les personnages de la nuit. Le constat en est sans doute encore plus implacable. Population sinistrée audelà de l’imaginable entre violence, addiction et dénuement. Nous sommes dans le cœur des ténèbres, au pays des laissés pour compte. C’est sans appel.
La bande-son, elle, est rythmée par les échanges au talkie-walkie entre Aliana au volant de sa voiture ou sur le terrain et la centrale du commissariat. La routine, elle aussi implacable, comme une musique répétitive. Image avalée par la nuit et bande-son fragmentée, voire brouillée, jusqu’à ce qu’il n’y ait plus personne à l’autre bout, Lisandro Alonso nous parle de disparition avec les moyens du cinéma. Cette première partie fonctionne en quelque sorte comme une « Chronique d’une disparition annoncée« . Ce n’est pas anodin lorsqu’on parle des Amérindiens qui ne sont plus que l’ombre d’eux-mêmes, parqués depuis 150 ans dans des réserves qui se sont réduites comme peau de chagrin au fil des expulsions et spoliations successives. En contre-point, le personnage de Sadie, la nièce adolescente d’Aliana qui vit avec elle, semble davantage ancrée dans la vie, avec au moins ses entraînements de basket et une certaine implication dans la communauté. Mais c’est bien peu de rêve pour une jeune fille. Et la scène où elle rend visite à son frère en prison suffit à nous redire le manque de perspective et le déterminisme social.
Avec Aliana aux abonnés absents, le centre de gravité du film se déplace vers Sadie, dans une scène charnière plutôt narrative à l’aune du cinéma du réalisateur. La visite chez le grand-père est très certainement la plus explicite du film. C’est la seule scène qui fait réellement référence à la culture et aux traditions amérindiennes dans ce qu’elles ont de plus radicalement autre par rapport à la culture occidentale, notamment la porosité entre le monde des vivants et des morts et le rôle des esprits. Elle a donc un rôle-clé dans le déroulement du film puisqu’avec l’envol de la cigogne, nous sommes transportés non seulement en Amazonie, mais dans les années 70. C’est la deuxième bascule du film. Dans cette dernière partie, le film prend une tout autre dimension. L’image est lumineuse, plongée dans cette nature immense qu’affectionne le réalisateur. Immense, énigmatique, mais pas idyllique pour autant. Même si la petite communauté vêtue de simples tuniques semble vivre hors du temps, occupée à interpréter ses rêves, la violence existe à l’intérieur comme à l’extérieur du groupe. Chercheurs d’or, mafias organisées qui accaparent les terres, ostracisme, déracinement et exil. Les échos sont profonds avec l’histoire des peuples amérindiens d’Amérique du Nord. Le bref passage où l’on entend un discours à la radio suffit à rappeler la longue période de dictature brésilienne qui lança le programme de « développement » de l’Amazonie. L’approche du réalisateur et la structure même du film reflète la complexité de la problématique. Néanmoins, à tout prendre, impossible de ne pas se dire que la vie dans la forêt, avec toutes les menaces qui pèsent sur elle est malgré tout préférable à cette mort à petit feu qui semble être le seul horizon des « Indiens » des réserves étatsuniennes. Le film se fait ici l’instrument d’une réflexion profonde sur cette question douloureuse. C’est aussi, indubitablement, le rôle du cinéma.
Sur le web
« … Eureka s’intéresse aux vestiges de la civilisation amérindienne, et s’interroge sur les conditions de survie des populations indiennes dans différents lieux et à diverses époques. C’est aussi un conte sur l’exploitation de l’homme par l’homme et sur une violence endémique qui se propage comme une maladie. Alonso montre comment l’humanité est capable d’organiser sa propre défaite, en même temps qu’un holocauste écologique. Eureka devient ainsi une réflexion sur notre rapport à la planète, à la nature et aussi à nos semblables. Le cinéaste laisse apparaître un profond pessimisme, par sa vision sans illusion d’un chaos suicidaire et d’une autodestruction programmée. Pourtant, le film s’appelle Eureka et ce titre laisse espérer que des solutions sont possibles, et restent à découvrir. Alonso pense que les êtres humains qui vivent en dehors du système sociétal moderne et entretiennent des liens magiques et étroits avec la nature ont des choses à nous apprendre. Dans son film, il invente un réseau de connexions entre le Nord et le Sud du contient américain, le passé et le présent, la fiction et le documentaire, le rêve et la réalité, la vie et la mort. Ce voyage dans le temps et l’espace est scindé en trois parties distinctes, avec des formats et des textures d’images différentes, qui expriment des imaginaires à la fois opposés et reliés entre eux par des indices, des traces. La première, un western en noir et blanc tourné à Almeria, avec Viggo Mortensen et Chiara Mastroianni, établit sans équivoque une passerelle entre Jauja et Eureka. La seconde, dans la réserve indienne de Pine Ridge du Dakota du Sud, suit la vie quotidienne d’une femme policier confrontée à la misère des derniers survivants de la tribu des Oglalas. Enfin, la troisième partie, située dans une jungle mystérieuse (le tournage s’est déroulé au Mexique), renvoie aux premiers films d’Alonso et développe une conception chamanique du monde mêlée au constat désastreux de l’histoire coloniale et de la fièvre de l’or.
Malgré la densité et l’importance des thèmes abordés (à commencer par la condition indigène et par extension la condition humaine), Eureka dépasse le cadre politique, sociétal et culturel pour atteindre à un pur plaisir esthétique et sensoriel. C’est bien de transcendance dont il faut parler pour définir ce film qui relève le défi d’explorer de nouvelles frontières cinématographiques, en mettant en question les notions de récit, de personnage, de temps et d’espace. » (arte.tv)
« … Le voyage onirique proposé par le cinéaste argentin s’ouvre sur un western en noir et blanc, avec Chiara Mastroianni en shérif et Viggo Mortensen dans le rôle d’un fou de la gâchette à la recherche de sa fille. Aucune place pour les Amérindiens dans cette petite ville de débauche. Les habitants couchent dans les rues, se saoulent à en oublier leur nom, se font tuer au moindre faux pas. Cette scène rappelle les apparitions de Rick Dalton dans Once Upon a Time in… Hollywood, loin d’être la seule référence du cinéaste. David Lynch, Apichatpong Weerasethakul, les frères Coen : difficile de ne pas voir en Eurêka une succession d’hommages aux grands réalisateurs des dernières décennies. Lisandro Alonso traverse les époques et les frontières pour nous inviter à découvrir les conditions des autochtones. Le froid glacial et les étendues de neige de Fargo précèdent une multitude de séquences « twinpeaksiennes », justifiées par l’amplitude du récit proposé.
La narration chimérique d’Eurêka se dévoile dès la fin de la séquence monochrome. Nous voici désormais à notre époque, à Pine Ridge, au cœur de la réserve Sioux du Dakota du Sud. Aux côtés de la policière Debonna commence un long voyage dans la nuit. La réalité des choses apparaît, bien loin de l’Amérique fantasmée par les hommes blancs. Ici, les Améridiens sont voués à s’appauvrir et à abandonner tout espoir d’ascenseur social. Alors qu’elle recherche une petite fille perdue, la policière croise des corps gisant dans un hangar désaffecté, sans vraiment savoir s’ils sont encore envie ou non. Rien qui ne la surprend…
… les transitions entre chaque arc narratif se parent d’un charme particulier, révélant l’imaginaire sans bornes du cinéaste qui distille son message politique dans un monde où les règles préétablies se sont évanouies. Les Amérindiens sont totalement ignorés, voire méprisés, par les personnages de Mortensen et Mastroianni. Debonna et Sadie sont destinées à être abandonnées par un pays qui ne leur porte aucune estime, tandis que les autochtones de la dernière partie se font dépouiller leurs richesses par les colons. Lisandro Alonso nous invite à prendre conscience de la réalité de la situation traversée par les Amérindiens au cours de l’histoire et critique fortement le capitalisme glacial des États-Unis. Objet filmique fantasque, Eurêka est une épopée folklorique à la technique et l’imaginaire remarquables… » (lebleudumiroir.fr)
« … Eureka est un film à la lenteur soutenue, parfois bien exigeante, mais c’est aussi une œuvre si généreuse en poésie et en mystère. L’univers d’Eureka est un monde sans frontière mais riche en portes de sortie, et plus le film déploie son émouvante envergure, plus ces portes se font grandes ouvertes. Rares sont les cinéastes capables de donner ainsi à voir un monde parallèle caché derrière d’anodines apparences, presque dans les interstices de notre quotidien… » (lepolyester.com)
« … Eureka est un film absurde. On aime ou on n’aime pas le genre. En tous les cas, dans le registre, il faut reconnaître que le réalisateur s’est plutôt bien appliqué. On est face à un film absolument baroque qui passe par toutes les époques et tous les espaces du vaste continent américain. Même les époques se mélangent et se raccrochent les unes aux autres, au point qu’à la fin, on ne sait plus où et quand le récit a lieu. Alonso se plaît à fabriquer des films de l’errance, aux frontières du réel et de l’imaginaire. Il brouille les pistes, et impose à son spectateur de lâcher prise et de se laisser porter par les méandres de ses rêves. D’ailleurs, l’oiseau migrateur finit par arriver au cœur de la forêt amazonienne où les Indiens racontent à leur chef leurs périples nocturnes. L’amour s’en mêle et l’on parvient à un patchwork baroque et insensé qu’il faut appréhender pour ce qu’il est : le plumage bigarré de cet oiseau migrateur.
Lisandro Alonso sait filmer. Son œil argentin pourrait être celui d’un certain Wes Anderson tant il aime à perdre son spectateur, à en rajouter dans le grotesque et l’absurde. Mais curieusement, si l’on passe l’épreuve de l’ennui, on ressort avec l’impression miraculeuse d’une unité cinématographique, d’un récit initiatique où l’on a pris conscience des voyages culturels et physiques auxquels les colons espagnols et portugais ont contraint les Amérindiens. Plus que jamais, Eureka aborde la question complexe et profonde du massacre des Indiens d’Amérique, ou du moins de leur exploitation au seul bénéfice des Européens qui étaient venus s’enrichir de l’or de leurs rivières. Eureka apparaît donc comme un objet de cinéma hybride et envoutant. Pour sûr, on n’aura pas tout compris, mais est-il nécessaire de tout maîtriser dans une œuvre d’art ? » (avoir-alire.com)
« Conscience globale, mysticisme, métaphysique, la terre et le territoire : voici ce que parcourt Lisandro Alonso dans Eureka, qu’attendait ses fans avec impatience puisque ce n’est que le deuxième film en deux décennies que nous offre le réalisateur argentin, après Jauja en 2014. Porté par un esprit expérimental, particulièrement dans sa détermination à essayer des choses comme ça pour essayer, sans craindre qu’elles ne fonctionnent pas complètement, Eureka est un film qui propose une expérience cérébrale, souvent très belle tout en faisant réfléchir, une expression du minimalisme artistique le plus élastique et riche en textures… Le cinéma d’Alonso est un cinéma de mouvement et de terrain transitoire, et malgré leur profonde connexion à la terre, les indigènes sont toujours en train de se déplacer, transcendant les limites de leur condition physique, mais sans jamais, c’est capital, se laisser chasser ou se défaire du sol auquel ils appartiennent et qui est leur foyer…
… David Lynch semble avoir heureusement inspiré le panorama proposé par Alonso de la vie indigène : Eureka peut être vu comme un ruban de Möbius où les croyances ancestrales et le mysticisme revendiquent la manière dont les colons européens ont brisé l’équilibre entre les peuples indigènes et le monde. Et le réalisateur sait qu’il ne peut être le témoin privilégié de chaque parole laissant ressortir les secrets enfouis. » (cineuropa.org)
« « Toujours l’espace, jamais le temps. Le temps est une fiction de l’homme » professe énigmatiquement un vieux sage indien dans Eureka. S’il est vrai que le film navigue entre trois époques et semble réinventer aussi bien sa forme que son rythme en fonction de son ancrage géographique, l’adage n’en demeure pas moins presque paradoxal : le cinéma de Lisandro Alonso repose d’abord et avant tout sur sa manière de sculpter la glaise du temps. Chez lui, la temporalité est dépliée, repliée, triturée, pour plonger le spectateur dans un état à la lisière de l’engourdissement et percer la membrane de la fiction, tantôt avec douceur (les fondus enchaînés qui annoncent la troisième partie), tantôt avec une assurance inouïe de la coupe (la manière dont le premier segment s’incorpore dans le suivant)…
… Alonso remonte le fil de sa filmographie pour retrouver une fiction plus proche de ses débuts (Los Muertos, exemplairement), au cœur d’un paradis virginal rappelant aussi le Tabou de Murnau. « Le temps est une fiction », effectivement, une fiction déliée reposant sur un principe de marabout, bout d’ficelle, dont la part ludique serait presque cachée par l’austérité de façade cultivée par la mise en scène. Alonso ne joue dès lors pas, comme on pourrait le croire, contre le récit, mais investit ce dernier avec l’imprécision flottante du rêve, en faisant de la durée le catalyseur d’un effacement des cloisons géographiques et temporelles. » (critikat.com)
Présentation du film et animation du débat avec le public : Josiane Scoleri.
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