La Guerre de l’Opium



Dimanche 03 octobre 2004 à 20h45 – 2ième Festival  2004

Cinéma Mercury – 16 place Garibaldi – Nice

Film  de Xie Jin – Chine – 1959 – 1h43 – vostf

Au XIXème siècle, sous la dynastie des Quing, le trafic de drogue très développé en Chine, profite aux étrangers, spécialement aux Anglais. L’empereur Daoguang envoie son conseiller Lin Zexu pour interdire l’opium et éliminer les fonctionnaires corrompus

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Xie Jin

 » Né le 21 novembre 1923 à Shaoxing, dans la province du Zhejiang, Xie Jin se lance dans l’industrie du cinéma au milieu des années 1940 et se fait remarquer pour la première fois sur la scène internationale lorsqu’il écrit et dirige Wutai jiemei (1964, Sœurs de scène). Dénoncé auprès des autorités et condamné à travailler comme simple manœuvre durant la révolution culturelle, il est réhabilité par la suite et continue à raconter la vie des victimes de cette période dans nombre de ses films postérieurs. La Ville Hibiscus, lauréat du Coq d’or, est sacré meilleur film chinois de l’année en 1987 et reçoit un an plus tard le Globe de cristal du meilleur long-métrage au festival de Karlovy Vary (Rép. tchèque). Parmi les autres œuvres de Xie Jin, citons Gao shan xia de hua huan (1983, Montagne de guirlandes), Zui hou de gui zu (1989, Les Derniers Aristocrates) et Yapian zhanzheng (1997, La Guerre de l’opium).

Xie Jin meurt le 18 octobre 2008, à Shangyu, dans sa province natale.

Produit par le studio Emei, le film est sorti dans une vague de patriotisme qui a assuré son succès. Aller voir le film fut une obligation pour tout le pays. En même temps, La guerre de l’opium diffère aussi des autres films de Xie Jin par le fait qu’il n’est pas adapté d’une œuvre littéraire, et qu’il n’est pas non plus inspiré de l’expérience vécue du réalisateur.  » (Brigitte Dunzan)

 » 1839, incident à Canton. La Guerre de l’opium a son héros: Lin Zexu, le mandarin qui fit détruire 20 000 caisses d’opium britannique en 1839 à Humen, près de Canton, pour tenter d’empêcher les compagnies anglaises d’inonder la Chine avec cette substance récoltée au Bengale. A l’époque, les compagnies maritimes britanniques exportaient vers la Chine 40 000 caisses d’opium par an. Payée en lingots d’argent, la cargaison constituait le plus important produit d’exportation de l’empire britannique des Indes, et une source d’enrichissement incomparable pour les bureaucrates corrompus de la dynastie Qing. L’envoyé britannique à Canton, qui fit «acheter» par la couronne britannique les 20 000 caisses d’opium saisies par la Chine, parvint à convaincre la Reine Victoria que l’empire chinois était coupable d’avoir «détruit les biens de la Couronne». Une expédition punitive fut envoyée. Les canonnières britanniques réduisirent en cendres un avant-poste côtier près de Pékin. Les hostilités furent suspendues par un traité signé en 1842, aux termes duquel le céleste empire cédait Hong-kong et ouvrait cinq autres ports au commerce avec Londres.

Le tournage de la Guerre de l’opium a duré un an. 50 000 figurants y ont participé. Jamais autant d’argent n’a été consacré à une production cinématographique chinoise: 100 millions de yuans (environ 50 millions de francs). Destiné à être distribué sur les circuits internationaux, le film est relativement nuancé.

Interpréter l’histoire. Les Britanniques ne sont pas tous présentés comme d’ignobles brigands, et les fils de l’Empire céleste n’arborent pas tous l’héroïsme triomphant caractéristique des films de propagande chinois. Si les plateaux tournés à Londres et à Oxford sont assez réalistes, certains passages joués par des acteurs chinois souffrent de la théâtralisation. On n’échappe pas au cliché du mandarin intègre (Lin Zexu) pourfendant les bureaucrates véreux. L’empereur s’adonne même à cette gestuelle incontournable du patrimoine communiste qu’est l’autocritique: il regrette, à genoux devant les portraits de ses illustres prédécesseurs, d’avoir cédé Hong-kong aux Britanniques. Cette interprétation de l’histoire n’est pas innocente: le régime communiste peut faire cause commune avec l’empire millénaire, s’ouvrant ainsi une nouvelle légitimité.

Le PC chinois a toujours eu recours au cinéma pour faire passer ses messages politiques. La production de cette épopée patriotique a été confiée à Xie Jin, metteur en scène qui a entamé sa longue carrière avec le très maoïste Détachement féminin rouge. Leitmotiv: la Chine est une civilisation millénaire qui ne se laissera plus jamais humilier, et qui doit être militairement puissante pour faire face aux défis.

Victime de la Révolution culturelle. Xie Jin, âgé de 73 ans, est une figure de l’histoire du cinéma chinois. Il fait partie de ces artistes contraints de se mettre au service du pouvoir. Xie Jin fut, comme sa famille, victime de la Révolution culturelle (1966-1976) lancée par Mao. Accusé d’être un «contre-révolutionnaire», son père, avocat de profession, s’est suicidé pour échapper aux tortures des Gardes rouges; sa mère s’est défenestrée.

Alors haut responsable des studios de Shanghai, Xie Jin fut torturé, exilé à la campagne » Il finit par accepter de réaliser des films de propagande pour Jiang Qing, veuve de Mao et égérie des gardes rouges. Sans trop s’écarter de la ligne orthodoxe, Xie Jin vilipenda, en 1986 dans Hibiscus, la répression de la révolution culturelle. Mais c’est dans ce traumatisme personnel qu’il semble puiser, aujourd’hui encore, l’énergie de filmer. En mai dernier, il n’hésitait pas à comparer la Guerre de l’opium au «massacre des juifs pendant la seconde guerre mondiale» et à «la tragédie de la Révolution culturelle« ». » (Romain Franklin/Liberation.fr)


Présentation du film et animation du débat avec le public : Philippe Serve.

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