Hommage à Paul Vecchiali et Guy Gilles organisé par l’Association Les Ouvreurs en partenariat avec Cinéma Sans Frontières



Cinéma sans frontières est partenaire de l’hommage à Paul Vecchiali et Guy Gilles, organisé par l’association Les Ouvreurs dans le cadre de son festival In and Out du 6 au 13 avril (https://lesouvreurs.com/inout-nice/)

Trois films de chacun des deux réalisateurs à découvrir et re-découvrir:

Samedi 08 Avril 2023 à 14h: Au pan coupé, film de Guy Gilles, France, 1968, 1h08 et Ciné-bijou, court-métrage de Guy Gilles, France, 1965, 9′

                                                                         à 15h30: Once more, film de Paul Vecchiali, France, 1988, 1h22, présentation: Josiane Scoleri

Dimanche 09 Avril 2023 à 14h: L’amour à la mer, film de Guy Gilles, France, 1965, 1h13

                                            à 15h45: Femmes Femmes, film de Paul Vecchiali, 1974, 1h55, présentation: Gaël Lépingle

Lundi 10 Avril 2023 à 14h: Le clair de terre, film de Guy Gilles, France, 1969, 1h38

                                    à 16h: Pas…de quartier, film de Paul Vecchiali, France, 2022, 1h22, en présence de l’acteur Malik Saad

Cinéma Jean-Paul Belmondo (ex-Mercury) – 16 place Garibaldi – Nice


Au pan coupé

Jeanne aime Jean, jeune homme tourmenté qui ne cesse de vouloir fuir le bonheur. Un jour il disparaît et est retrouvé mort quelques temps plus tard dans la banlieue de Lyon. Jeanne n’est pas au courant de son décès et continue à vivre dans l’ombre de leur amour.

« Le Pan coupé de Guy Gilles est le film d’un amour. L’amour a été interrompu par le départ, la mort. Il est vécu à partir du déchiffrage obsessionnel du passé. Ce passé a été bref, il est maintenant opaque et inépuisable comme un crime. Ici, enfin, l’amour n’est pas montré à partir de l’étreinte-dans-le-lit-d’hôtel. Son évocation par le visage – visage d’une femme cinquante fois répété, à une ombre près, un regard, un crispement sous le harcèlement de la blessure – est tout simplement admirable. Non, cela n’avait jamais encore été fait au cinéma. » (Marguerite Duras).

« Jean est bien sûr le héros romantique d’Au pan coupé, héros en crise, sauvage. Mais le personnage le plus intéressant et complexe reste Jeanne et c’est à travers elle que s’écrit le film, ce qui permet à Gilles, outre son attachement sincère à son personnage, d’explorer la grande question de son cinéma qui est celle du souvenir. Guy Gilles nous fait découvrir le personnage de Jean à travers le prisme de Jeanne, à travers ses sentiments et ses souvenirs. Ce sont ses yeux qui font apparaître le visage de Jean, sa voix. C’est en fouillant sa mémoire qu’elle fait remonter les amitiés, les rencontres qui ont ponctué leur histoire. Au pan coupé épouse la quête intérieure de Jeanne qui essaie de reconstituer un passé fragmenté pour essayer de comprendre le départ de Jean. Relier des éléments disparates pour tracer une ligne, pour donner un sens à la disparition de son amour…Guy Gilles fait d’Au pan coupé un film magnifique sur le processus de deuil, sujet délicat et complexe, très finement abordé non par le discours mais par la mise en scène, par l’usage de la couleur et du noir et blanc et du travail sur les couches de temps…Le passé est un refuge et le futur fait peur, il incarne la décrépitude des choses, le vieillissement, la mort. Le présent n’est supportable que lorsqu’on l’oblitère, qu’on le fuit. Le présent n’est supportable que lorsqu’il est envahi d’images du passé, de souvenirs qui viennent donner une impression d’incorruptibilité aux choses, à la vie. Supportable lorsqu’il est dédoublé, multiplié par des équivalences, des échos du passé, rendu ainsi plus solide, tangible. Ce pouvoir du passé rejoint le pouvoir du cinéma qui a la capacité d’éveiller des choses enfouies chez le spectateur, de jouer de son vécu, de sa mémoire de façon primitive, sensorielle et profonde. Les films ne font que se renforcer de tout ce que le spectateur porte en lui. » ( dvdclassik.com)

Once more

Louis occupe un emploi de confiance mais subalterne dans une importante société. Il est marié avec Sybèle dont il a une fille, Anne-Marie avec qui il entretient des rapports privilégiés. Son goût pour les hommes lui est révélé par Yvan, personnage étrange et fascinant avec qui, cependant, Louis n’aura aucune relation sexuelle. C’est chez Yvan que Louis va rencontrer Frantz, une espèce de star homo, allant de boite en boite, séducteur invétéré, d’une cruauté apparemment impassible. L’amour fou qui le lie à Frantz va précipiter Louis dans les horreurs de l’attente vaine, de l’espoir incertain: La frustration et l’humiliation sont au rendez-vous…

Le film est composé d’une dizaine de séquences d’une durée approximative de neuf minutes chacune et filmées en plan séquence. Ainsi, on peut suivre l’évolution du personnage principal sur près de dix ans, chaque séquence représentant une année de plus de sa vie. Bien que le film traite d’un sujet très difficile, le Sida, il se montre tout de même optimiste car on y suit avant tout un homme qui apprend à s’accepter et à vivre sa vie amoureuse comme il l’entend.

« … La particularité du cinéaste est pourtant de ne jamais faire des films à thèse (ce qui n’exclut pas les convictions et leur affichage), mais à chaque fois, de questionner les sujets, sans taire leurs épines, à travers des itinéraires nuancés, qui ne prétendent jamais à plus qu’ils ne sont : ni réponse définitive, ni valeur exemplaire, ni alibi d’aucun ordre. Mais Once More, ne se laisse pas non plus écraser par un « sujet » intimidant (comme on pourrait le craindre à priori) car sa forme cinématographique, son interprétation, et son texte, sidèrent à eux-seuls par leur évidence expressive et lyrique. C’est assurément l’un des plus beaux films, peut-être le plus accompli, du réalisateur, bien au-delà de ce qu’il raconte, et peut-être justement grâce au contenu émotionnel, et à la résonance très large, de ce qu’il raconte. » (culturopoing.com)

L’amour à la mer

Geneviève est amoureuse d’un jeune matelot, Daniel, qui revient d’Algérie. Pour sa dernière année de service, il est muté à Brest tandis qu’elle reste à Paris et l’attend. Ils s’écrivent mais petit à petit les réponses de Daniel se font plus espacées.

« … le cinéma est l’art du présent pour autant qu’il est celui du temps perdu avant d’être retrouvé pour être perdu à nouveau en attendant d’être retrouvé encore. Proust déjà. La sensibilité à fleur de peau de Guy Gilles a affecté la tonalité délicate et heurtée de L’Amour à la mer, naïve et combative, sentimentale et désespérée. Fragile Guy Gilles dont la manière fébrile brasse l’abondante matière qui, mousse des plans et écumes des sentiments, appelle le paradoxe cruel d’une perte aussi grande. On ne sauve rien que l’on ne saurait perdre. Même rapiécée, L’Amour à la mer est une carte du Tendre à plusieurs couches qui débouche sur une carte au trésor. D’abord, la fiction des amours qui ne peuvent pas ne pas mourir est une exploration à deux voix distantes, concordantes et discordantes, Daniel le marin qui revient d’Algérie et Geneviève la petite employée de bureau parisienne, chacun évoquant les espoirs contrariés de la jeunesse française de l’époque. La tresse des subjectivités élargit ses cercles concentriques avec le grappillage des instantanés documentaires dédiés au petit peuple parisien (le Paris prolo de Pigalle l’emporte cependant sur la bohème de Saint-Germain). Ailleurs, les ports, normands ou bretons, ouvrent poétiquement sur la Méditerranée. La pluie parisienne s’engorge alors des bruines de Brest et le port de Deauville fait d’emblée signe vers Alger. L’impressionnisme est de mise avec une soif inextinguible de perceptions qui palpitent et clignotent comme des phalènes ou des lucioles. La narration est digressive quand un ami marin de Daniel prend le relais, c’est Guy Gilles lui-même dont les galères s’affrontent avec la lanterne de la précieuse icône maternelle… L’Amour à la mer a consigné le naufrage d’une liaison tout en annonçant la possibilité d’une autre et, avec elle, il suggère la réalité d’une autre sexualité. La proximité avec Jacques Demy et Paul Vecchiali se joue aussi à l’endroit où l’amour se conjugue au pluriel – la carte du Tendre est celle d’un archipel. » (rayonvertcinema.org)

Femmes Femmes

Hélène et Sonia, deux comédiennes cinquantenaires, ne parviennent plus à retrouver le succès. Enchaînant les déboires, les deux amies finissent même à la rue avant d’apprendre que le metteur en scène auquel elles ont toutes les deux été mariées les a incluses dans son testament.

Après avoir visionné et adoré le film de Paul Vecchiali, Pier Paolo Pasolini a invité Hélène Surgère et Sonia Saviange à jouer dans Salo ou les 120 journées de Sodome (1975). Elles y ont notamment reproduit une scène de Femmes, Femmes. Le film a été tourné en 18 jours et a été diffusé au Festival de Venise en 1974….

« Femmes, femmes est un film d’enfants, d’innocence, et d’inconscience. Et si douloureux. C’est le paradoxe même de ce qu’est la comédie, jouer la comédie : les tripes qu’on étale pour offrir une représentation. Car jouer, interpréter, composer, sont bien des actions de la chair, de l’intériorité, des mises en situation arrachées à la vie, et c’est tout cela que Femmes, femmes raconte sans la moindre aigreur, ni même de cruauté. Lorsque le film est léger, que les gestes sont incongrus, que l’improvisation se donne à voir, il y a toujours un voyage mystérieux qui saute aux yeux, une traversée vers le noir, le sombre, le douloureux… Femmes, femmes est un film contre, un film qui lutte. Doté d’une écriture cinématographique précieuse et dense, il confirme encore aujourd’hui ce qui semble oublié de bien des cinéastes contemporains : tout reste à faire, à réinventer. Car comme le déclarera Paul Vecchiali à Venise : « un réalisateur au chômage et deux actrices au chômage qui font un film, c’est un acte révolutionnaire ». Il nous suffira de faire des films sans argent, donc. » (critikat.com)

Le clair de terre

Pierre, né en Tunisie, vit dans le marais non loin de son père pied-noir, abattu par la mort de son épouse il y a déjà longtemps. Pierre décide de quitter Paris et de partir pour la Tunisie, de découvrir ce pays qu’il ne connaît qu’à partir de photos de famille et de cartes postales. Là bas il rencontre Mme Larivière, une ancienne institutrice qui a connu sa famille. Ils se lient d’amitié.

 « … Guy Gilles, bien qu’ayant une conscience politique du phénomène de la colonisation, ne souhaite pas traiter ce sujet. Ce qui l’intéresse c’est la sensation de l’exil, c’est évoquer cette faille que porte en lui l’exilé, l’immigré, c’est parler de la douleur du déracinement, de la déchirure. Il ne souhaite pas traiter des raisons qui mènent à l’exil (qui peuvent être politiques, intimes, économiques), mais décrire ce que partagent les exilés. Le Clair de Terre n’est donc pas un film politique mais, comme les précédents films de Gilles, un voyage intérieur. Si le film nous emporte à travers la France, nous fait franchir la Méditerranée, nous plonge au cœur de la Tunisie, le vrai voyage que nous effectuons est un voyage dans le monde intérieur de Pierre…Le Clair de terre est un film inoubliable, magnifique, qui témoigne de la finesse, de la sensibilité et de l’intelligence du cinéma de Guy Gilles. Un film qui ne se termine pas sur « fin », mais sur « à suivre »… à suivre en nous bien entendu. » (dvdclassik.com)

 

Pas…de quartier

Un musico-drame qui se passe dans un cabaret de travestis qui veut s’ouvrir à Ramatuelle. Le maire est enthousiaste mais son conseil municipal, beaucoup moins. Ils vont engager des sbires pour saboter le projet.

« Il ne s’agit pas, avec ce film, de faire le procès de l’homophobie mais de montrer les excès regrettables qu’entraîne l’incompréhension de certaines personnes qui se présentent comme les tenants de l’ordre moral. Ce ne sera pas un film militant mais « engagé » de façon discrète contre l’intransigeance aveugle et, je dirais, irresponsable de certains extrémistes« , explique Paul Vecchiali.Pour atténuer le propos de son film, le réalisateur a décidé de lui donner l’apparence de ce qu’il appelle un « musico-drame » : « Nous ne chercherons pas à imiter les comédies musicales américaines mais à créer une sorte de modèle inédit de « mélodrame » à la française : dans « mélo », il y a, sous-entendu, musique« , ajoute-t-il.

« … Cette valse des sentiments tournée dans quelques décors stylisés, avec de jolis jeux d’éclairages pour donner une teinte acidulée à un récit plutôt amer, nous touche et nous émeut parce qu’on a le sentiment d’un dernier tour de piste. Ce petit cabaret joyeux filmé par Vecchiali apparaît comme un dernier îlot de résistance face à la violence et la bêtise du monde. On y entonne la chansonnette avec une certaine mélancolie (la chanson Les Hommes qui figurait dans Femmes, femmes est d’ailleurs reprise) mais aussi une foi indéfectible dans la puissance du spectacle, d’un art modeste et populaire. Un art qui peut transfigurer et nous permettre de résister face à un monde qui, pourtant, ne nous fait pas de quartier… » (culturopoing.com)


Présentation du film et animation du débat avec le public : Josiane Scoleri, Gaël Lépingle.

Merci de continuer à arriver suffisamment à l’avance pour être dans votre fauteuil à l’heure.

Entrée : Tarif adhérent: 6,5 €. Tarif non-adhérent 8 €. Adhésion : 20 € (5 € pour les étudiants) . Donne droit au tarif réduit à toutes les manifestations de CSF, et à l’accès (gratuit) au CinémAtelier et à l’atelier Super 8. Toutes les informations sur le fonctionnement de votre ciné-club ici


 

 

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