Il Boom



Vendredi 06 Juillet 2018 à 20h30

Cinéma Mercury – 16 place Garibaldi – Nice

Film de Vittorio De Sica – Italie – 1963 – 1h28 – vostf

Marié avec Silvia, Giovanni Alberti s’est, désormais, lancé dans les affaires. Il mène un train de vie luxueux et fréquente les milieux huppés. Mais il s’est endetté et se retrouve bientôt assailli par des difficultés financières.

« Il Boom est un film ironique, mais qui porte à l’intérieur une tragédie incroyable. C’est un très beau film et De Sica eut beaucoup de regret parce que Il Boom ne marcha pas très bien. Les gens riaient beaucoup, mais quand ils commençaient à penser à la signification du film, ils avaient une telle peur qu’ils se sont détournés, ils ont refusé le film et celui-ci n’a pas eu un succès spectaculaire. En fait, Il Boom annonçait vraiment ce qui devait arriver quelques années
plus tard en Italie. » (Alberto SORDI – propos recueillis par Jean A. GILI, Rome, juin 1977, Ecran 77 – N°63)

Le film Il Boom est ressorti en copie restaurée et remastérisée.

Notre critique

Par Josiane Scoleri

Avec Il boom, Vittorio de Sica se situe dans un registre assez différent par rapport aux films historiques qui l’ont rendu célèbre. En 1963, le néo-réalisme n’est plus de mise. La misère a reculé, pour certains en tout cas et l’Italie du miracle économique n’a déjà plus rien  à voir avec celle de Sciuscia ( 1946)  ou du Voleur de bicyclette (1948). C’est « le boom« . De Sica se fait un malin plaisir à croquer cette « nouvelle « bourgeoisie qui de fait n’est pas si nouvelle que ça.  Les clins d’œil au passé ou à la tradition sont nombreux, tant du côté du fascisme comme de l’Église catholique. Sans oublier la présence des médecins allemands qui nous vaut la scène tragico-burlesque de la fin du film. Si le personnage joué par Alberto Sordi échoue, c’est aussi parce qu’il ne fait pas partie de la caste. Et ce n’est certainement pas par hasard si le père de Silvia est général.

Giovanni, le héros du film,  est plutôt un anti-héros pathétique. Il va de soi dès le début que c’est un loser et qu’il n’a aucune chance de s’en sortir. C’est d’ailleurs ce qui nous le rend tout de suite sympathique, porté par le jeu de Sordi qui excelle non seulement dans la fanfaronnade- comme à son habitude,- mais aussi dans un  jeu plus intérieur qui révèle tous les affres par lesquels passe son personnage. Nous le sentons réellement amoureux de son écervelée de princesse et réellement désespéré de sa situation sans issue. Comme nous sommes censés être dans une comédie,  le scénario n’hésite pas à forcer le trait. Giovanni doit des sommes faramineuses et le montant du livret de Caisse d’épargne de la « mamma  » est bien sûr parfaitement dérisoire en regard de ses dettes. Et la solution qui devrait lui permettre – en théorie- de s’en sortir financièrement est tout bonnement abominable !

Comédie mise à part,  le film brosse au passage un tableau passablement féroce de cette nouvelle Italie en train d’émerger avec ses immeubles modernes qui ne sont pas sans rappeler ceux voulus par Mussolini dans le quartier de l’EUR.  La spéculation va bon train et les hommes d’affaires sont inévitablement véreux. Les objets phares de la consommation sont à l’honneur, à commencer par le plus emblématique de tous, j’ai nommé bien sûr : la macchina. Les panneaux publicitaires sont bien présents dans notre champ de vision, sans oublier la bande-son qui twiste du début jusqu’à la fin ! Toute la première partie du film permet de manière assez classique d’exposer les faits. Chaque scène apporte une touche complémentaire au tableau : la procession aux flambeaux,  la sortie au champ de courses, le match de tennis,  sans parler de la virée pour aller s’encanailler chez les pauvres, etc… Le rythme ne faiblit pas et le montage alterne scènes d’extérieur et scènes de couple où Giovanni essaie vainement de parler à sa femme. ( la suggestion d’aller vivre à Catanzaro, au fin fond de la Calabre profonde, est en soi , pour les Italiens, éminemment cocasse). De Sica réussit à nous  accrocher fermement aux basques de son personnage. Et c’est là que le film bascule, avec la rencontre de la diabolique Mme Bausetti et de son mari… La première visite dans leur opulente villa romaine, entre kitsch et antiquités,  restera très certainement dans les anthologies du cinéma. Il fallait oser ce gros plan, longuissime,  (quelque chose comme 10 secondes! ) sur le  visage d’Alberto Sordi, complètement sonné au fond de son fauteuil   comme un boxeur K.O. debout. Dans cette deuxième partie,  la mise en scène de De Sica et le jeu d’Alberto Sordi  se combinent pour faire naître une atmosphère de plus en plus étouffante, sans jamais renoncer complètement à la dimension grotesque de la situation.

Nous balançons donc en permanence entre l’horreur  potentielle et le ridicule avéré, sans trop savoir où le cinéaste nous emmène. Les spectateurs à l’époque n’ont pas apprécié ce mélange des genres. Sans doute la réputation de comique de Sordi  était-elle trop encombrante pour que les Italiens puissent même l’envisager dans un autre registre. Il n’en reste pas moins que ces allers-retours constants drame et comédie révèlent à la fois la maîtrise du cinéaste et les talents de caméléon de l’acteur. C’est également ce qui rend tous les personnages attachants. La signora Bausetti elle-même n’est pas seulement une effroyable mégère dure en affaires, mais aussi une épouse qui veut tout faire pour soulager les souffrances de son mari. Quant à Bausetti lui-même qui manque de tourner de l’œil à l’idée de se faire opérer, il n’est pas non plus un si mauvais bougre que ça… Et puis, il y a le chirurgien allemand et toute son équipe dans cette discrète clinique ultra-moderne ! La fin du film pousse alors un cran plus loin cet alliage de la farce et de la tragédie. Les deux finissent par devenir indissociables. Le souvenir des expérimentations dans les camps pèse comme une ombre portée au plus fort des pitreries d’Alberto Sordi. Les badauds dans la rue qui observent et ne font rien, servent bien sûr eux aussi de piqûre de rappel. Et même si les tentatives d’évasion de Giovanni sont totalement pathétiques, nous nous prenons malgré tout à espérer qu’il en réchappe vraiment. Mais ici aussi, la réalité est implacable et la scène où il se fait littéralement coincé dans l’ascenseur par Mme Bausetti est un modèle du genre.

Il va de soit qu’avec Il boom, le bien-nommé, de Sica appuie là où ça fait mal. La toute puissance de l’argent apparaît on ne peut plus crûment.  Et au fur et à mesure que le film avance, nous sommes de plus en plus clairement chez  Shakespeare. « Le marchand de Venise » n’est pas loin. Rétrospectivement,  55 ans plus tard, nous savons que le pire était en fait encore à venir. Lorsque Giovanni se lâche- sous couvert d’alcool-  dans la scène du banquet où il dit leurs quatre vérités à tous les profiteurs qui l’entourent, nous spectateurs de 2018 voyons clairement se profiler à l’arrière -plan l’Italie des années 90 de Berlusconi et celle de la Lega d’aujourd’hui.

C’est cela aussi le cinéma . Ausculter parfois sans ménagement et mettre à jour tous les travers, grands et petits, d’une société. Pointer sa caméra comme un microscope et même quelquefois comme un scalpel. Tirer en tout cas la sonnette d’alarme.  En cela Vittorio de Sica s’avère une fois de plus un grand réalisateur au sens noble du terme. Clairvoyant et tendre. Lucide et néanmoins plein de  sollicitude, il nous fait passer par toutes les émotions pour à la fois nous divertir et nous faire réfléchir. C’est sans doute ce qu’on ne lui a pas pardonné à l’époque et qui nous permet d’apprécier Il boom à sa juste valeur aujourd’hui.

Sur le web

Il Boom s’inscrit dans la tradition de la comédie à l’italienne, évoquant des sujets graves avec humour et dérision et dont les principaux représentants sont Dino Risi, Ettore Scola, Mario Monicelli ou encore Luigi Comencini. Alberto Sordi est l’un des piliers de la comédie à l’italienne aux côtés de Marcello Mastroianni, Ugo Tognazzi, Nino Manfredi et Vittorio Gassman, et a beaucoup représenté « l’Italien moyen » sur grand écran. Multi-récompensé, il était l’une des figures majeures du cinéma italien tout au long de ses cinquante années de carrière.

Il Boom est un inédit de De Sica dans la grande tradition des comédies politiques italiennes, dans lequel Alberto Sordi démontre toute l’étendue de son talent.

« En 1963, aucun distributeur français ne s’intéressa à Il Boom, alors même que son réalisateur, Vittorio De Sica, était l’un des plus renommés du ­cinéma italien. Si bien que le film sort aujourd’hui en salles avec l’étiquette d’un « film nouveau ». L’étoile du cinéaste avait beau avoir pâli depuis l’éblouissement des chefs-d’œuvre néoréalistes de l’immédiat après-guerre – Sciuscia (1946), Le Voleur de bicyclette (1949) –, il venait de connaître un beau succès international avec La Ciociara (1961), que rééditerait Mariage à l’italienne, trois ans plus tard, avec la même Sophia Loren. Les distributeurs français n’étaient pas les seuls à ne pas vouloir d’Il Boom. En Italie, malgré la présence d’Alberto Sordi – qui venait d’accéder à la popularité restée la sienne jusqu’à sa mort – en tête d’affiche, le film avait rebuté le public. Et quand on le découvre, plus d’un demi-siècle après sa sortie, on comprend pourquoi. De Sica et son scénariste Cesare Zavattini n’apportaient que des mauvaises nouvelles, de celles qu’on ne veut pas entendre. Il Boom, celui du ­titre et celui de la réalité, cette ­expansion prolongée qu’on a fini par appeler « trente glorieuses » en France, qui faisait exploser l’économie italienne, déplaçait les populations, bouleversait les mœurs, avait déjà bien servi au ­cinéma italien. Les hédonistes de La Dolce Vita, les désorientés de L’Avventura, les beaux gosses du Fanfaron n’auraient pas pu exister sans la hausse du PIB par tête. Il Boom, le vrai, les a engendrés autant que leurs parents, mais ils n’en étaient que des manifestations. » (Thomas Sotinel, Le Monde)

« Il Boom atteint la puissance décapante des comédies engagées de Monicelli ou de Risi. Au ton grinçant s’ajoute ce trait propre au cinéma de De Sica, la pointe de sentimentalisme qui colore ce portrait d’un homme terriblement angoissé à l’idée de perdre sa femme. » (Dictionnaire du cinéma italien – Nouveau Monde Editions – 2014)

« Vittorio De Sica, contrairement à l’idée reçue, maintint dans son cinéma ce regard si lucide sur l’Italie même lorsqu’il délaissa durant les années 1960 la mise en scène de drame pour de pétaradantes comédies. Le film à sketches Hier, aujourd’hui et demain explorait ainsi avec un humour acéré diverses couches sociales et régionales du pays et Mariage à l’italienne, en parallèle de son beau portrait de femme, montrait en toile de fond une Italie en reconstruction. Il boom le voit s’aventurer de manière plus prononcée sur les terres ironiques et cruelles de la commedia all’italiana, porté par un script féroce de Cesare Zavattini avec lequel il collaborera pour une vingtaine de films, parmi lesquels Sciuscia et Le Voleur de bicyclette, tous deux cités aux Oscars. Il Boom dénonce ici les comportements suscités par le miracle économique italien, qui du début des années 1950 à 1970 voit l’Italie sinistrée de l’après-guerre prospérer de manière spectaculaire. C’est un bienfait pour le pays mais ce miracle contribuera à créer une génération de viveurs dépensiers à l’image du héros incarné par Alberto Sordi. Celui-ci est un employé aisé mais pas richissime qui aime pourtant mener la grande vie, entre voiture dernier cri, cadeaux luxueux pour son épouse et flambes assumées durant les sorties entre amis. Seulement ce mode de vie a un coût que Giovanni (Alberto Sordi) ne peut plus assumer et, criblé de dettes, il tente de dissimuler le désastre à sa femme (Gianna Maria Canale, la superstar du péplum des années 50, étonnante dans un cadre moderne) et d’emprunter à ses amis de quoi s’en sortir.

La situation ne faisant qu’empirer, la solution se présente de la manière la plus inattendue et sordide qui soit : la femme d’un riche entrepreneur qu’il a sollicité le paiera au prix fort s’il daigne vendre son œil en lieu et place de celui de verre de son mari… La première partie montre en parallèle la détresse de notre héros ainsi que le mode de vie superficiel qui en est la cause. On se pose finalement la question de savoir quel est l’intérêt de se sauver tant les valeurs défendues là son détestables. L’épouse de Giovanni le quitte ainsi les premières difficultés venues sans le soutenir, ne pensant qu’à la honte vis-à-vis de leur amis qui auront fait la sourde oreille lorsqu’on aura sollicité leur aide (mais qui accourront dès que la fortune sourira à nouveau à Giovanni). De Sica dépeint ainsi un monde du paraître, luxuriant, sans âme et hypocrite (la scène ou amants et maîtresses se font joyeusement du pied sous la table de restaurant) où l’amitié et les liens ne reposent que sur celui qui épatera le plus la galerie. De Sica et Zavattini parviennent pourtant sous cette méchanceté à apporter la même humanité sensible qu’à leurs drames néoréalistes. Alberto Sordi par sa grande prestation exprime ainsi les deux facettes du récit. D’un côté il est un pur produit de cette génération (comme le soulignera un brillant dialogue) qui veut tout et tout de suite sans fournir les efforts nécessaires, au contraire de celle qui a précédé et qui a reconstruit lentement le pays en ruine pour finalement s’élever à l’image de l’entrepreneur borgne.

De l’autre côté, Sordi est bouleversant en homme éperdument amoureux, contraint à ses dérives pour garder près de lui la femme qu’il aime (la réciproque étant plus que discutable). L’acteur est ainsi partagé entre fanfaronnades hilarantes (la manière dont il ne se démonte pas face à son usurier, la grandiose scène de fêtes où il dit leur vérité à chacun) et détresse touchante à travers son regard triste et égaré. Cette tonalité atteint son summum lors de la scène où lui est faite l’infâme proposition, la mine d’hébétude stupéfaite de Sordi étant à hurler de rire en dépit de la situation finalement pathétique. La conclusion e révèle sinistre et glaçante. Le « boom », c’est un monde déshumanisé où tout s’achète, aucune dérobade possible pour les plus faibles. La scène finale où le héros disparait derrière une circulation de véhicules bardés de publicité est d’une terrible lucidité. » (dvdclassik.com)

« Quand l’un des plus grands noms du néoréalisme, Vittorio De Sica (Le Voleur de bicyclette), s’essaie à la comédie, cela donne Il Boom (1963), film méconnu en France, et qui offre une vision de l’Italie plus vraie que nature. En ces toutes jeunes années 1960, le pays court à perdre haleine vers son miracle économique, animé par une folle envie de se reconstruire après une guerre fratricide qui l’a laissé exsangue. Une nouvelle classe bourgeoise veut s’offrir un luxe ostentatoire. Giovanni est de ceux-là : homme d’affaires magouilleur, il couvre de cadeaux sa femme qui vient d’un milieu plus huppé. Pour se hisser à la hauteur de sa belle-famille, le flambeur se noie dans les dettes, ne cesse de courir, d’arnaquer ses amis, de soutirer de l’argent à l’assurance, de demander un délai pour ses remboursements… Dans ce rôle de fanfaron pathétique, Alberto Sordi est exceptionnel avec son corps élastique. Qu’il danse le twist ou tombe dans les escaliers, il oscille toujours entre le superbe et le ridicule. Il y a du De Funès en lui, mais qui aurait saisi toute la tragédie du monde. D’un mouvement de sourcil, il exprime le désarroi de l’homme ruiné, qui découvre la vacuité de sa vie. Et qui, pour s’en sortir, accepte un marché cruel avec un vieil entrepreneur borgne… La comédie grince de plus en plus. Il boom, c’est le nom du cocktail alors à la mode, à base de Cinzano, un alcool sucré et amer. Parfaitement adapté. » (telerama.fr)

« Il Boom est une rareté. Un film méconnu et mésestimé. Considéré comme faisant partie de cette longue période terne et relativement stérile de la carrière du Vittorio De Sica cinéaste, qui commencerait après Umberto D. (1952) et se poursuivrait jusqu’à Il Giardino dei Finzi Contini (1970) ; période durant laquelle le réalisateur n’a connu que quelques rares moments de grâce, comme La Ciociara (1960) ou Matrimonio all’italiana (1964). Aux yeux d’une grande part de la critique, mais aussi du public, ou tout du moins de la critique et du public qui l’ont effectivement vu, Il Boom représente l’une de ces œuvres à travers lesquelles l’auteur de Ladri di biciclette (1948) se tourne, sans grand bonheur, vers la comédie, ou vers un néo-réalisme jugé foncièrement superficiel et appelé couramment « rose » – et dont l’un des exemples significatifs est Il Tetto (1956)…Le « Boom » est ce moment d’extraordinairement forte croissance de l’économie italienne, de fulgurante modernisation de la vie sociale et des mœurs dans la Péninsule – en partie dues à l’aide américaine, au Plan Marshall (1947-1951). Il est situé, grosso modo, entre 1950 et 1960. La production industrielle, le niveau de vie moyen d’une grande partie de la population transalpine font un immense bond en avant. Les Italiens se ruent sur les biens de consommation qui inondent le marché : télévisions, machines à laver, réfrigérateurs, voitures, scooters… Ils prennent goût aux loisirs… Ce phénomène cache cependant des réalités douloureuses : l’immigration forcée, vers les grandes villes du Nord, de milliers de citoyens venant des campagnes et du Sud du pays, qui, lui, reste plongé dans une grande pauvreté ; une carence inquiétante des pouvoirs publics au niveau des services, comme la Santé ou l’Éducation. Au tournant des années soixante, certains parlant précisément des années 1962 et 1963, le « Boom » dérape. Une forte inflation s’installe – due à une flambée des prix, imposée par les entreprises pour contrebalancer les hausses de salaires des employés et des ouvriers obtenues grâce à l’action efficace des syndicats. Ces entreprises rechignent à investir. La spéculation enfle. Le pays connaît une forme de crise, de dépression. L’État ne joue pas son rôle. Le secteur privé, qui voit de toute façon d’un très mauvais œil la montée du centre gauche – le PSDI – aux élections de 1963, se déchaîne. Une frange de la population italienne est prête à tout pour vivre ou continuer à vivre dans l’opulence, pour conserver ses richesses et ses prérogatives. Est venu le temps de la « vie aigre » – La Vita agra est le titre de l’un des romans que consacre l’écrivain Luciano Banciardi à cette période…Citons, à ce propos, l’historien italien Guido Crainz : « L’abandon des projets de réformes de l’urbanisme, de mesures fiscales décisives et de programme économique global aboutit non seulement à la dévastation du territoire, mais également à une gigantesque fraude fiscale. Il valida le renoncement à toute tentative d’orienter la « grande transformation », ajouta de nouvelles contradictions et de nouvelles inégalités à celles qui existaient déjà et, enfin, encouragea de plus en plus le non-respect des règles collectives ainsi que la tendance à s’enrichir en méprisant celles-ci. De tels messages ne furent pas sans effet dans une société qui vivait sa première période d’« opulence » et voyait en même temps disparaître le vieux monde paysan et ses valeurs désormais dépassées »…

…La satire de Di Sica est féroce. Son regard est plein d’humour, mais derrière lui, se loge une conscience amère, acerbe d’un monde considéré comme courant à sa perte, chutant littéralement, à l’image de ce qui se passe pour plusieurs personnages dans la scène du concours hippique. L’intérêt du film vient de son sad ending à la fois ouvert et brutal qui clôt le spectacle comique, et, beaucoup, du personnage positivement complexe de Giovanni, incarné par Alberto Sordi. Giovanni est un fanfaron téméraire et irresponsable, choisissant, par appât du gain supposé facile, l’aventure incertaine contre la sécurité que lui offrait un emploi antérieur. Comme dénué de scrupules, il est prêt à dilapider l’argent épargné par sa propre mère. Et en ce sens, il s’oppose à Carlo Bausetti qui, bien que présenté comme un patron impitoyable, peu soucieux de la sécurité de ses employés et de la légalité de certaines de ses méthodes, a construit progressivement son activité, sur des bases solides. Mais Giovanni est touchant de sincérité, d’humanité. Son amour éperdu pour sa femme le pousse à se sacrifier…. » (culturopoing.com)


Présentation du film et animation du débat avec le public : Josiane Scoleri.

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