Vendredi 10 janvier 2020 à 20h30
Cinéma Mercury – 16 place Garibaldi – Nice
Film de Elia Suleiman – Palestine – 2019 – 1h42 – vostf
Elia Suleiman fuit la Palestine à la recherche d’une nouvelle terre d’accueil, avant de réaliser que son pays d’origine le suit toujours comme une ombre. La promesse d’une vie nouvelle se transforme vite en comédie de l’absurde. Aussi loin qu’il voyage, de Paris à New York, quelque chose lui rappelle sa patrie. Un conte burlesque explorant l’identité, la nationalité et l’appartenance, dans lequel Elia Suleiman pose une question fondamentale : où peut-on se sentir « chez soi » ?
Notre article
par Josiane Scoleri
Interview d’Elia Suleiman réalisée par Josephine Leroy pendant le festival de Cannes 2019 pour le magazine 3 Couleurs
« Le monde entier est devenu une sorte de Palestine » (Elia Suleiman)
En 30 ans de carrière, votre filmographie s’étend à quatre long-métrages de fiction et trois documentaires. Pourquoi mettre autant de temps entre chaque film ?
Tous mes films naissent d’observations personnelles. Pour que le tableau d’ensemble prenne forme, il faut ajouter progressivement les pigments. Penser les choses et les coucher sur papier prend beaucoup de temps. Mais tout ça n’en prendrait pas autant s’il n’y avait pas le problème du financement. C’est toujours une étape très difficile pour moi. C’est non seulement difficile, mais aussi barbant, frustrant, déprimant. Je me suis fait rejeter par plein de producteurs par-ci par-là qui disent aimer mes films mais qui ne veulent bien entendu pas les produire au moment où il le faudrait !
Le temps est une question centrale pour vous. Dans It Must Be Heaven comme dans certains de vos précédents films, vous faites surgir le comique à l’intérieur de séquences longues, étirées. Comment travaillez-vous le rythme ?
Notre ordre social a été bâti à partir du principe de répétition : on se réveille, et on fait pratiquement la même chose tous les jours. Mais ce qui est intéressant, c’est la petite évolution imperceptible qui se dessine à l’intérieur de la progression circulaire du temps. Je ne veux pas verser dans la philosophie de comptoir, mais je suis fasciné par le fait que, malgré une impression de reproduction à l’identique des choses, il y a toujours une petite évolution. Et ça, c’est une idée sur laquelle je me base pour créer un burlesque qui fonctionne à partir d’une partition très précise et permet de créer la surprise.
Vous parcourez trois villes dans le film : Nazareth, Paris et New-York. Pourquoi les avoir choisies ?
Parce que ce sont trois villes où j’ai vécu. Je me sens très insécurisé dans la vie et quand j’ai eu l’idée de faire ce film autour de voyages, l’une de mes plus grandes peurs était de les regarder de manière exotique. Même en choisissant ces trois villes que je connais bien, cette perspective m’effrayait. J’aimerais que les gens qui y vivent retrouvent ici quelque chose qui leur est familier. Ça serait mon pire cauchemar qu’un spectateur parisien par exemple se dise : « Mais d’où il sort, lui ? »
Vous filmez notre capitale, où vous vivez depuis quelque temps, de manière très particulière : vous la videz complètement pour la peupler de travailleurs précaires et de touristes très riches, deux extrêmes opposés. Pourquoi ?
Pour montrer ce contraste qui existe dans cette ville qui vit recroquevillée sous l’état d’urgence ] et qui a en même temps une architecture faramineuse. Ces personnages que je filme sont tiraillés entre ces deux choses : il y a les tensions du cadre dans lequel ils vivent et en même temps, il y a en arrière-fond cette magnifique et imposante architecture. J’ai fait exprès de me rendre dans les lieux les plus touristiques de Paris que j’ai voulu vider pour donner un aperçu plus contrasté de la ville.
Vous placez aussi les policiers français, qui patrouillent en Segway ou se mettent à sécuriser un café parisien tout ce qu’il y a de plus calme, dans toute sortes de situations cocasses.
C’était une manière de dire à quel point l’état d’urgence est une chose ridicule. On ne peut pas sortir de chez soi sans tomber sur des policiers, les sirènes sonnent constamment. On a l’impression que le pays est en guerre.
À ce propos, vous délocalisez les clichés en pointant le fait que les sociétés occidentales sont elles aussi très militarisées.
Oui, tout à fait. Si on regarde bien, la guerre est présente dans presque chaque coin du monde. J’ai commencé à écrire le scénario bien avant les attentats de Paris, en 2015. Comme je viens d’un pays qui a toujours connu la guerre, je crois avoir développé une espèce de sixième sens. Je me disais que quelque chose d’horrible allait arriver, mais personne ne soupçonnait rien. Moi, je pouvais sentir la tension, et j’ai écrit le scénario en partant de ce ressenti. C’est exactement le même ressenti que j’avais en écrivant Intervention Divine, qui est sorti en 2000, au moment de la Seconde Intifada . Je suis un prophète de mauvais augure.
Il y a une scène marquante dans le film : celle où des policiers américains pourchassent dans Central Park une jeune femme nue qui s’est peint sur le corps un drapeau palestinien et qui disparaît comme par magie dès lors que les policiers l’agrippent. Est-ce que vous cherchiez à symboliser l’idée que la vérité du peuple palestinien échappe au reste du monde ?
Non, pas vraiment. Le film parle d’une violence mondiale. Mon histoire avec la Palestine est particulière. J’ai le sentiment, et je crois qu’il est partagé par beaucoup de Palestiniens, qu’on est chez nous nulle part. Un peu comme les héros vagabonds de Victor Hugo. Comme jeune Palestinien, j’ai dû voyager énormément pour me faire une place. Contrairement, peut-être, aux jeunes Palestiniens d’aujourd’hui, qui n’ont plus besoin de ça pour sentir que leur identité n’est pas liée à l’endroit où ils vivent. Ce sont des activistes qui sont fiers d’eux-mêmes parce qu’ils ne sont pas nationalistes. C’est exactement ce que j’ai toujours cherché à être. Eux l’ont fait naturellement, presque organiquement. Ils sont contre l’oppression, mais pas seulement contre celle du pouvoir israélien. Ils sont foncièrement contre toute forme d’occupation et très conscients des problèmes dans le monde.
Et à vous, personnellement, est-ce qu’il vous reste de l’espoir ?
J’ai toujours pensé que l’espoir était en quelque sorte fabriqué par le cerveau pour se rassurer face à un monde profondément désespérant. Mais en même temps – c’est peut-être une réflexion naïve – je me dis que le fait de continuer à réaliser des films prouve que j’en ai encore.
Sur le web
Né à Nazareth le 28 juillet 1960, Elia Suleiman vit à New-York de 1981 à 1993. Durant cette période, il réalise ses deux premiers courts-métrages : Introduction à la fin d’un argument et Hommage par assassinat, qui lui valent plusieurs récompenses. En 1994, il s’installe à Jérusalem où la Commission Européenne le charge de créer un département Cinéma et Média à l’Université de Birzeit. Son premier long-métrage Chronique d’une disparition reçoit le prix du Meilleur Premier Film au Festival de Venise de 1996. En 2002, Intervention Divine remporte le Prix du Jury au Festival de Cannes et le prix du Meilleur Film Étranger aux European Awards à Rome. Son dernier long-métrage, Le Temps qu’il reste, a été sélectionné en Compétition lors du Festival de Cannes 2009. En 2012, Elia Suleiman réalise le court-métrage Diary of a Beginner, inclus dans le long-métrage collectif 7 Jours à La Havane présenté la même année au Festival de Cannes, dans la section Un Certain Regard.
It Must Be Heaven a été tourné à Paris et sa banlieue (Issy-les-Moulineaux) en août 2018.
Si dans les précédents films d’Elia Suleiman, la Palestine pouvait s’apparenter à un microcosme du monde, son nouveau film, It Must Be Heaven, tente de présenter le monde comme un microcosme de la Palestine. « It Must Be Heaven donne à voir des situations ordinaires de la vie quotidienne d’individus vivant à travers le monde dans un climat de tensions géopolitiques planétaires. La violence qui surgit en un point est tout à fait comparable à celle qui s’observe ailleurs. Les images et les sons qui véhiculent cette violence ou cette tension imprègnent tous les centres du monde, et non plus seulement, comme autrefois, quelques coins reculés du monde. Les checkpoints se retrouvent dans les aéroports et les centres commerciaux de tous les pays. Les sirènes de police et les alarmes de sécurité ne sont plus intermittentes mais constantes. Plutôt que de se focaliser sur une vision d’ensemble, du type de celles dont les médias n’ont de cesse de nous abreuver, faites de généralisations, d’occultations et de falsifications, ce film se penche sur des instants banals, décalés, restant habituellement hors-champ. Par là même, il s’immisce dans l’intime, le tendre, le touchant. Des histoires humaines et personnelles qui, par un processus d’identification, posent question et suscitent de l’espoir. Comme dans mes précédents films, il y a peu de dialogues. Ce qui est dit est plutôt de l’ordre d’un monologue visant à insuffler du rythme et de la musicalité. Le récit se tisse par un montage subliminal, des scènes s’articulant autour de mouvements chorégraphiques ; un burlesque tiré de l’univers de l’absurde ; des images ouvrant à la poésie du silence qui est au coeur du langage cinématographique« , déclare Elia Suleiman.
Interrogé sur le temps qu’il met à sortir un film et sur le rythme de ses films, il explique: «Tous mes films naissent d’observations personnelles. Pour que le tableau d’ensemble prenne forme, il faut ajouter progressivement les pigments. Penser les choses et les coucher sur papier prend beaucoup de temps. Mais tout ça n’en prendrait pas autant s’il n’y avait pas le problème du financement. C’est toujours une étape très difficile pour moi. C’est non seulement difficile, mais aussi barbant, frustrant, déprimant. Je me suis fait rejeter par plein de producteurs par-ci par-là qui disent aimer mes films mais qui ne veulent bien entendu pas les produire au moment où il le faudrait !…Notre ordre social a été bâti à partir du principe de répétition : on se réveille, et on fait pratiquement la même chose tous les jours. Mais ce qui est intéressant, c’est la petite évolution imperceptible qui se dessine à l’intérieur de la progression circulaire du temps. Je ne veux pas verser dans la philosophie de comptoir, mais je suis fasciné par le fait que, malgré une impression de reproduction à l’identique des choses, il y a toujours une petite évolution. Et ça, c’est une idée sur laquelle je me base pour créer un burlesque qui fonctionne à partir d’une partition très précise et permet de créer la surprise. » Il ajoute «It Must Be Heaven parle d’une violence mondiale. Mon histoire avec la Palestine est particulière. J’ai le sentiment, et je crois qu’il est partagé par beaucoup de Palestiniens, qu’on est chez nous nulle part. Un peu comme les héros vagabonds de Victor Hugo. Comme jeune Palestinien, j’ai dû voyager énormément pour me faire une place. Contrairement, peut-être, aux jeunes Palestiniens d’aujourd’hui, qui
n’ont plus besoin de ça pour sentir que leur identité n’est pas liée à l’endroit où ils vivent. Ce sont des activistes qui sont fiers d’eux-mêmes parce qu’ils ne sont pas nationalistes. C’est exactement ce que j’ai toujours cherché à être. Eux l’ont fait naturellement, presque organiquement. Ils sont contre l’oppression, mais pas seulement contre celle du pouvoir israélien. Ils sont foncièrement contre toute forme d’occupation et très conscients des problèmes dans le monde.» (troiscouleurs.fr)
Le film a été présenté en compétition au Festival de Cannes 2019 et a été distingué par une mention spéciale du jury.
« …Les murs plus ou moins visibles dont ce monde sature, le cinéma de Suleiman nous apprend depuis trente ans à les faire exploser. En montrant les choses plutôt qu’en discourant sur elles, en démaillant la fausse linéarité du récit-maître, en transformant l’impuissance même en merveilleuse chorégraphie créatrice. » (lemonde.fr)
« …Le film débute avec la nécessité de quitter la Palestine. Mais Elia Suleiman ne compose pas un brûlot politique, sa force est d’inscrire son récit dans une forme poétique dont l’infini douceur a l’élégance de masquer une profonde mélancolie. It Must Be Heaven repose sur son point de vue, celui de l’étranger. Une position d’observation qui met à distance et questionne en permanence le contre champ. Un regard pour révéler une vérité qui se donne à voir uniquement pour celui qui est à l’extérieur. La mise en scène nous invite à épouser ce point de vue par lequel surgit le burlesque et l’absurde afin d’interroger le monde. On pense inévitablement au cinéma de Jacques Tati, le réalisateur choisit d’incarner lui-même le personnage principal du film, iconisé par sa gestuelle et son costume. Elia Suleiman troque l’imperméable de Mr Hulot contre un chapeau et des lunettes. Mais la filiation s’exprime surtout dans l’utilisation du burlesque, la composition géométrique des cadres, les bruitages, l’image fixe et la durée des plans. Le film est presque entièrement muet pour ainsi laisser place à un langage uniquement cinématographique qui permet l’éclosion du poétique.
Dans son voyage, le réalisateur se confronte à la vision d’un Paris post-attentat au rues vidées de ses habitants. Il ne lui en faut pas plus pour transformer ce témoignage tragique en une vision absurde et poétique. Ce qu’il filme dans cette ville dévitalisée, c’est l’absence humaine, au milieu de laquelle sa présence saugrenue devient le premier élément du comique. Seuls quelques mendiants peinent à peupler les rues, aussitôt expulsés du cadre par la persécution policière. L’ubiquité sécuritaire qui quadrille les lieux en exclut la moindre existence. Puis l’exploration se prolonge à New York avec une surenchère hilarante vers l’absurde. Elia Suleiman parvient à capter les angoisses et les traumatismes des pays qu’il traverse pour les reconstituer avec une apparente légèreté. Mais c’est bien l’humour du désespéré qui fait face à un état des lieux dramatique. Car aux quatre coins du monde, l’expatrié retrouve partout la même obsession sécuritaire, l’omniprésence de la menace terroriste et l’impossibilité à rencontrer l’autre.
De Nazareth à New York en passant par Paris, ne ressort qu’une impossible présence au monde. La fixité du cadre confronte en permanence le lieu au personnage. L’impossibilité pour l’un de rejoindre l’autre, constamment invité à évacuer le cadre. C’est ce même rapport à l’espace que mettait en scène Tati, égaré dans un éternel exil, condamné à ne jamais appartenir au lieu comme à l’image. Néanmoins cet état de non-appartenance permanente, Elia Suleiman ne la doit pas uniquement à son identité Palestinienne, mais également à sa fonction de cinéaste. Une fonction qui est peut-être même la seule réponse soutenable à cette condition existentielle. Le regard est une composante initiale, fondamentale au cinéaste, elle est sa condition d’existence première. Cette position d’observateur est la seule envisageable lorsque qu’aucune autre n’est possible. Observer pour donner à voir, c’est tout ce que peut faire un cinéaste. Ce film est à la fois un merveilleux aveu d’impuissance et un élan poétique extrêmement subversif. Elia Suleiman décortique son processus créatif qui part du regard pour aller jusqu’à l’image et nous raconte ce que cela implique d’être un réalisateur Palestinien aujourd’hui.
Jusqu’au bout de son périple une évidence se cristallise, s’il ne peut échapper à la question Palestinienne, le voyage doit trouver sa raison d’être dans un éternel retour. Le poète Yves Bonnefoy écrit dans L’Arrière-pays: «Et pourquoi ce besoin de l’ailleurs, que rien ne comble, mais pourquoi cette alliance que nous faisons parfois avec l’ici périssable, en l’ouvrant à la route pour le chagrin du départ mais pour la joie aussi bien, la pure joie, du retour ?». C’est ainsi transformé par l’errance qu’un regard neuf se pose sur la jeunesse, dans une dernière séquence ouverte sur une touche d’espoir pleine d’humilité et d’une foi salvatrice en une humanité qui toujours se relève. »(leblogducinema.com)
« …Le cinéma d’Elia Suleiman est réjouissant par son humour dénonciateur des prédispositions humaines à se compliquer la vie. Cela passe pour beaucoup par la mise en scène de situations administratives, procédurières, formelles… qui empoisonnent le quotidien. Il rappelle ainsi un Kafka qui aurait troqué le drame et le tragique pour la comédie. Elia Suleiman se revendique en cela de Buster Keaton, Jacques Tati ou Pierre Etaix, dont il actualise les mises en scène minimalistes. Comme eux, il incarne à l’écran un personnage au physique identifiable, par un accessoire (chapeau, lunettes), toujours élégant et distant avec un air détaché ou interrogatif, expressif mais circonspect…Il reprend les codes du cinéma muet de ses pairs. Son humour est toujours visuel, joue du cadre et du montage. Le rire ressort des situations, et les dialogues sont rares. C’est donc le burlesque qui guide son art, maîtrisé avec précision, minuté comme une horloge, au service d’un pamphlet amusant, mais un peu suranné. » (francetvinfo.fr)
« Comme dans un road movie fantasque, Suleiman traverse un monde peuplé d’obstacles. Entre observation et impassibilité, son personnage, imprégné de Jacques Tati, pour la gestuelle plantée et l’absence de parole, glisse dans des scènes où le comique de situation paraît tenir à de petites choses simples, mais découle en fait d’un contexte violent, latent. Toute l’habileté du film consiste dans l’évocation, par l’absurde, de cette violence. Manier l’humour, sans brader le propos – une vive critique des discriminations sociales, de la brutalité des échanges, du tout-sécuritaire -, créer une comédie dramatique ou un drame comique, c’est ce à quoi parvient à merveille Elia Suleiman, en véritable Candide contemporain…It Must Be Heaven se pose cette question : les larcins irrésolus, l’indulgence envers le voleur, l’homme égaré que l’on raccompagne la nuit, toutes ces bribes de Palestine, ne valent-elles pas mieux que ces sociétés qui cachent leur sauvagerie sous des semblants compassés ? Les chasseurs de perdrix, les monts arborés, les oliveraies secrètes, ceux qui « boivent pour se souvenir », ne sont-ils pas partie d’une fresque merveilleusement en vie ? À cette question cruciale, cette possibilité d’une Ithaque, le film offre une réponse poétique, mélancolique, peut-être pas encore tout à fait désespérée. » (avoir-alire.com)
« Un conte burlesque explorant l’identité, la nationalité et l’appartenance, dans lequel Elia Suleiman pose une question fondamentale : où peut-on se sentir « chez soi » ? Difficile de tout déchiffrer dans ce nouveau bijou d’Elia Suleiman. Le réalisateur donne ici à voir une fable burlesque sur la comédie humaine, où la poésie prend la place du tangible. It Must Be Heaven de, par et avec Elia Suleiman nous invite à nous laisser guider et surprendre. Pas besoin de tout décortiquer dans cet écrin de pensées. Au fil des scènes – s’apparentant à des tableaux – Suleiman nous montre que dans les petites choses du quotidien, tout est amené à poser question. Tout y révèle la comédie humaine…Tout au long du film, Suleiman est au bon endroit au bon moment. Il capte ainsi la magie d’un instant, le burlesque d’un autre. It Must Be Heaven n’est pas une histoire, mais plus des histoires de synchronicités. Tout y est répétition de schémas, cocasses ou poignants. Et si la Palestine semble vivre en un temps suspendu, le plus étrange reste la France et les Etats-Unis : là où les tableaux de Suleiman prennent vie dans des villes vides, comme délaissées. Peut-être ont-elles perdu leur âme ?… » (iletaitunefoislecinema.com)
« …Alors que certains cinéastes usent et abusent du champ-contrechamp à chaque échange de dialogue en espérant donner un rythme, la narration est ici lente et Elia Suleiman alterne les plans fixes symétriquement cadrés sur son visage d’impassible observateur – le plus souvent en gros plan – et des aperçus de la bêtise du monde, décuplant l’effet comique de la stupidité de la situation. La façon de filmer son personnage rappelle les grands classiques du cinéma muet et de la comédie. L’aspect politique est comparable à celui des films de Charlie Chaplin, le stoïcisme du protagoniste nous remémore le personnage de Buster Keaton, les chorégraphies des policiers et les gags renvoient à Jacques Tati, la poésie à Pierre Etaix. La systématique symétrie des plans n’a rien à envier au travail de Wes Anderson, la sobriété à celle d’Aki Kaurismäki…L’éloquence des longs silences, le délicat travail du son et la musicalité du montage installent une douceur bienveillante dans ce portait divinement satirique de la folie du monde actuel. Véritable délectation, cette fable burlesque rafraîchissante transforme la célèbre maxime « on finira par en rire » par « on en éclate de rire », et le rire durant la projection revient quand les situations du film réapparaissent dans notre quotidien. Elia Suleiman est un génie !
(culturopoing.com)
Présentation du film et animation du débat avec le public : Josiane Scoleri.
Merci de continuer à arriver suffisamment à l’avance pour être dans votre fauteuil à 20h30 précises.
Entrée : 7,50 € (non adhérents), 5 € (adhérents). Adhésion : 20 € (5 € pour les étudiants) . Donne droit au tarif réduit à toutes les manifestations de CSF, et à l’accès (gratuit) au CinémAtelier et à l’atelier Super 8. Toutes les informations sur le fonctionnement de votre ciné-club ici