Le Jardin des Finzi Contini



Vendredi 26 Octobre 2007 à 20h30

Cinéma Mercury – 16 place Garibaldi – Nice

Film de Vittorio De Sica – Italie/RFA – 1970 – 1h34 – vostf

Italie, 1938. Ayant entrepris depuis peu de se convertir à l’antisémitisme, le régime fasciste multiplie les mesures vexatoires contre les Juifs italiens. Mais la famille Finzi-Contini, pilier de l’aristocratie de Ferrare depuis des générations, ne croit pas à l’imminence de la menace. Les deux enfants adultes, Micól et Alberto, aiment bien donner des parties et jouer au tennis dans l’immense parc qui entoure le palazzo familial. Comme les clubs sportifs viennent d’être interdits aux Juifs, des jeunes gens de milieux plus modestes sont désormais invités à jouer dans le jardin des Finzi-Contini.

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Avec Le Jardin des Finzi-Contini, le réalisateur Vittorio De Sica poursuit sa riche collaboration avec le scénariste Cesare Zavattini, qui l’a accompagné sur vingt-cinq de ses films. Le Jardin des Finzi-Contini fait partie des chefs-d’oeuvre du néoréalisme italien, dont son réalisateur Vittorio De Sica est le principal chef de fil. Parmi les autres films d’importance du cinéaste, citons notamment Sciuscia (1946), Ladri di biciclette (1948), Miracle à Milan (1951), Umberto D. (1952) et La Ciociara (1960).

Le Jardin des Finzi-Contini est l’adaptation cinématographique du roman de l’Italien Giorgio Bassani.  » Cette adaptation devait, au départ, être réalisée par Valerio Zurlini, déjà préoccupé par le fascisme dans Un été violent, comme la plupart des réalisateurs italiens d’après-guerre. Mais le projet fut abandonné assez rapidement, et repris par De Sica au moment où quelques groupuscules néo-fascistes commençaient à naître dans certaines provinces. Le film est donc clairement politique, mais à la manière d’un Losey. Le régime de Mussolini puis le conflit mondial sera toujours en arrière-plan : De Sica cherche à montrer le cloisonnement d’une classe dans son propre monde, pourtant menacé de toutes parts – ils sont tous juifs – et celui des hommes dans leur aventure personnelle à l’heure où sonne le tocsin.

Les Finzi-Contini forment la riche famille juive de Ferrare, une ville moyenne près de Bologne. Ils ont un jardin immense, entouré d’un mur : pour entrer dans le paradis édénique de la haute bourgeoisie, il faut passer la porte close et montrer patte blanche. De Sica présente sa classe en deux temps : tout d’abord il l’introduit par le passé « heureux » qu’elle a vécu, dans le flou du printemps, l’agitation d’une nature aussi vierge de mal que les adolescents aisés qui la peuplent. C’est, sinon la nostalgie, du moins l’idée de paradis qui y règne. « Ils ne quitteront jamais leur royaume » entend-on. La contrainte n’est pas loin pourtant. Nous sommes en 1938, et l’Europe s’apprête à flamber pour quelques années destructrices. En outre, cette caste si bien protégée est toujours mise en parallèle avec un extérieur, tout aussi calme pour le moment, mais où l’on parle d’un conflit sous-jacent, d’un régime qui exclut progressivement les Juifs des clubs de tennis et du fonctionnariat.

Le thème principal qui se développera est le déséquilibre : la joie de vivre n’y est jamais feinte mais elle est enfermée dans le souvenir pour Giorgio et Micol, amis d’enfance. Elle étudie Emily Dickinson, lui la poésie italienne. Il l’aime, elle le repousse, comme jeune garçon que l’on a connu enfant et que l’on ne prend pas vraiment au sérieux, comme, aussi, un jeune homme cultivé appartenant à une classe plus modeste. Car l’Éden est également une sorte de caverne. Le conflit intime forme ainsi la métaphore d’un pays qui accepte beaucoup plus qu’il ne prend conscience. Les personnages de De Sica sont dans une bataille constante : toute la première partie du film se construit sur des tête-à-tête. C’est l’être humain, perdu dans un décor de végétations ardentes et d’objets qui ont principalement l’inutilité pour beauté, qui importe, et la confrontation à son (presque) semblable. Les discussions amoureuses sont aussi rapprochées que les débats familiaux, montrant tantôt l’expression du regret, du plaisir, de l’insouciance ou de la peur. Très rapidement, les échanges sont interrompus par une pluie battante, une sonnerie de téléphone… comme les mariages mixtes sont interdits par l’État. La fameuse porte d’entrée de la forteresse se fait plus ouverte au fur et à mesure, non à autrui, mais aux rumeurs de l’extérieur. On mesure alors le degré d’inconscience de cette jeunesse qui se réfugie dans le loisir pour éviter de faire front trop vite aux terreurs de la réalité, tout comme le degré de désinformation du pays qui plonge la tête la première dans le bain du fascisme. Ces eaux troubles sont présentes, par touches, dans le film et dans leur vie : Giorgio se voit interdire l’entrée de la bibliothèque, et le silence de l’adolescence laisse place au silence de l’appréhension, de l’attente du tragique. Sur tous ces aspects, Le Jardin des Finzi-Contini est une fresque parfaitement construite qui montre subtilement la gangrénisation d’une classe, et celui d’un pays… » (critikat.com)

Le Jardin des Finzi Contini a remporté nombreuses récompenses prestigieuses dont l’Ours d’or au Festival de Berlin en 1971 et l’Oscar du Meilleur film étranger l’année suivante. Dans son Italie natale, le long métrage a enfin reçu le David di Donatello Award (équivalent transalpin de nos César) du Meilleur Film en 1971.


Présentation du film et animation du débat avec le public : Philippe Serve.

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