J’étais à la maison, mais…



Vendredi 28 Janvier 2022 à 20h

Cinéma Mercury – 16 place Garibaldi – Nice

Film de Angela Schanelec, Allemagne, 2021, 1h45, vostf

Alors qu’il avait totalement disparu, Phillip revient à la maison au bout d’une semaine, blessé au pied, sans aucune explication ni un mot pour sa mère, Astrid. Profondément affectée et avec l’aide d’un professeur de Philip, elle cherche à répondre à des questions a priori insolubles : où était-il passé ? À quoi a-t-il bien pu vouloir se confronter ?

Attention! : Dorénavant, toutes les séances-débats de Cinéma Sans Frontières débuteront à 20h au lieu de 20h30.

Notre article

par Josiane Scoleri

Dans les films d’Angela Schanelec, on a souvent l’impression d’être un peu face à un rébus où l’association entre les différents éléments ne saute pas immédiatement aux yeux. Comme lorsqu’on est obligé de lire à haute voix pour que le sens apparaisse, et qu’on le voit surgir tout d’un coup et s’imposer alors à nous avec force. J’étais à la maison, mais… ne fait pas exception à la règle. On peut être facilement dérouté. Et sans doute est-il bon de se laisser un peu dérouter. Rien de tel que de devoir se passer de nos réflexes habituels de spectateur pour expérimenter le cinéma autrement. Ça n’arrive finalement pas si souvent.

Le film démarre ainsi par une sorte de prologue dans la nature. Un chien poursuit un lièvre à flanc de coteau. Un âne entre dans un bâtiment désaffecté, il ne reste plus que la dépouille du lièvre entre les pattes du chien sur une estrade qui fait immédiatement penser à une ancienne salle de classe. Les animaux dégagent une présence à l’écran qui est celle, magnétique, des grands acteurs… Allez savoir … 3 minutes 40, tout de même. Qu’est-ce que cette introduction a à voir avec le reste du film ? Je dirais volontiers tout et rien à la fois. Rien, parce que mis à part ce début et l’épilogue qui l’encadrent, le film se déroule entièrement en ville, dans une famille lambda où une mère élève seule ses enfants. Tout, parce qu’il va être question de rapports de force, de naissance et de mort et, à maintes reprises, de répétitions d’enfants dans une salle de classe. Rien de moins qu’Hamlet ! C’est à dire en quelques mots, le pouvoir, la vie, la mort et la représentation.

On le voit, le moins qu’on puisse dire, c’est que J’étais à la maison, mais… est un film construit. Les scènes s’éclairent ainsi les unes les autres, avec plus ou moins de décalage où les détails ont toute leur importance. On pourrait dire aussi que le film est construit sur un grand écart permanent, entre le quotidien le plus banal (l’achat d’un vélo d’occasion, une réunion en salle des profs, une brève visite au musée) et des moments de réflexion de haut vol où s’exprime une exigence morale, au sens où Godard disait que les travellings sont affaire de morale. C’est à dire que pour Angela Schanelec le geste artistique relève avant tout d’une éthique. Et à n’en pas douter, la réalisatrice a un sens aigu de la responsabilité de l’artiste.

Cela nous vaut une scène véhémente où Astrid, le personnage principal, s’insurge contre les choix de mise en scène d’un ami réalisateur et son utilisation des acteurs. Cette scène est filmée dans la rue, lors d’une rencontre fortuite, dans le bruit de la circulation, avec le reflet des véhicules dans les vitrines le long du trottoir. C’est une scène véritablement emblématique du propos et de la manière de la réalisatrice: la trivialité de la situation, la densité inattendue des dialogues, l’étonnante composition des images qui atteignent à une réelle beauté malgré un évident parti pris de banalité plastique. La même chose vaut pour la gamme chromatique. Ostensiblement éteinte, dans une variété presque immuable de gris-bleu et de marron. Les tenues passe-muraille d’Astrid se situent dans cette même veine, jusque dans la coupe des vêtements, d’une platitude rare. Les enfants sont pratiquement les seuls à avoir droit par moments à des couleurs lumineuses et elles prennent alors un relief incroyable! (cf par exemple le survêtement rouge de la petite fille pendant la leçon de tennis) Il faut à ce titre saluer le travail du chef opérateur, Ivan Markovic qui vient du documentaire et dont la sobriété, toute en nuances, s’accorde parfaitement au propos du film.

Au-delà du petit noyau familial constitué par Astrid et ses deux enfants, Philip et Flo qui sont au cœur du film, quelques personnages «secondaires» ponctuent le récit et avec Angela Schanelec, on se doute qu’ils ont tous leur importance propre. Ils constituent de fait un écho aux situations vécues par les personnages principaux. Le vendeur de vélo dont la parole est entravée par une trachéotomie et qui pose toute la question de la communication et de la confiance. Ou plus encore le jeune couple où se font face le désir d’enfant/lui et le non désir/elle. Est-ce que ça a à voir quelque chose avec l’amour ? En réponse aux scènes multiples où Astrid pète violemment les plombs face à ses enfants, entre angoisse et responsabilité, dans une difficulté palpable à concilier sa vie de femme et sa vie de mère. Les enfants, quant à eux, ont souvent une attitude protectrice envers cette mère au bord du gouffre.

Encore un grand écart dans le film qui se met à vibrer, comme électrisé, alors que la camera est d’une discrétion absolue. Angela Schanelec va jusqu’à dire que «les images ne sont pas si importantes» dans le film. Nous n’en croyons pas un mot évidemment. En témoignent les multiples plans d’une beauté poignante, comme la scène de la piscine ou celle de la rivière. Mais ce qui est sûr, c’est cette volonté de laisser exister les personnages dans le cadre, un peu comme l’âne du début, qui est juste là. Un point, c’est tout. À cela s’ajoute le sens aigu des lieux, filmés chacun comme un territoire qui se suffit à lui-même que ce soit une école, un hôpital ou un supermarché. Et puis il y a Hamlet, avec une insistance qui nous oblige vraiment à nous poser la question de ce qu’il vient faire là.

La traduction en allemand a été faite par la réalisatrice elle-même, du temps où elle se consacrait au théâtre. Les sous-titres en français ont repris une traduction ancienne, assez vieillotte, qui ajoute au décalage entre cette salle de classe, passablement anonyme d’aujourd’hui et cette langue tellement littéraire. Le jeu, très rudimentaire des enfants et leur costumes faits de bric et de broc, nous renvoient automatiquement au texte et forcent notre attention sur le sens de ce que nous entendons. Et c’est ainsi que les histoires de pouvoir, d’amour et de mort qui agitent les personnages, ceux du film et ceux de la pièce, nous percutent de plein fouet dans un jeu de miroirs vertigineux. Et ce film si peu glamour au départ s’avère, une fois apprivoisé, incroyablement chatoyant.

Sur le web

Née en 1962 dans le Sud de l’Allemagne, Angela Schanelec suit des études de théâtre à Francfort-sur-le-Main puis se produit au Théâtre Thalia de Hambourg et à la Schaubühne de Berlin. Elle étudie ensuite la réalisation de 1990 à 1995 à l’Académie allemande du film et de la télévision de Berlin. Elle enseigne le cinéma narratif à l’Université des Beaux-Arts de Hambourg. Ses films ont été projetés à la Berlinale, au festival de Cannes et au festival de Locarno.

Le titre J’étais à la maison, mais… rappelle celui d’un film de Yasujirō Ozu, mais aussi celui du premier moyen métrage de Angela Schanelec, Tout un été à Berlin. La réalisatrice explique : « Ces deux titres suggèrent que les films sont de simples rapports de quelque chose qui s’est passé, ce qui me plaît. Mais sans Ozu et J’étais à la maison, mais…, je ne serais pas arrivée à ce nouveau titre. Pour moi, le rapprochement que l’on peut faire avec lui, c’est l’antithèse de la réalité, le film est une invention, une pure forme.« 

Interrogée sur ce qui son processus d’écriture Angela Schanelec explique : … « mon point de départ est toujours une seule image : même pas une scène, mais bien quelque chose d’unique. L’important est de commencer, d’avoir un début. Même quand je ne sais rien ou que je sais peu, je m’accroche à ce moment de démarrage. C’est le processus d’écriture-même qui permet que quelque chose émerge, que quelque chose de propre à moi se mette à sortir. C’est le phénomène d’écriture qui génère l’histoire, c’est grâce à cet exercice que l’histoire se forme… Il y a également autre chose, un sentiment tout aussi général : pour réellement débuter, il me faut aussi un désir précis, et ce désir est presque tout le temps en réponse à mon travail précédent. Par exemple, j’ai tourné un nouveau film l’été dernier et lorsque j’ai commencé à travailler dessus, à écrire le scénario, il m’est apparu très vite que je voulais raconter cette histoire avec très peu de dialogues, surtout avec des images. Maintenant que le tournage est derrière moi (même si le film en lui-même n’est pas encore fini), je me rends compte que pour mon film suivant, j’ai envie au contraire de beaucoup de dialogues. Après avoir travaillé avec des gens qui se taisaient, j’ai envie de gens qui parlent. Ce n’était peut-être pas tout à fait votre question, désolée ».

Angela Schanelec s’est longtemps produite au théâtre et a souvent abordé cette thématique dans ses films. Elle précise : « Oui, le jeu de l’acteur m’intéresse beaucoup. Qu’est-ce qu’on peut jouer, et qu’est-ce qui n’existe réellement qu’à travers l’œil de la caméra ? Comment peut-on réellement comprendre une personne qu’on a vue à l’écran ou sur une scène, devant nous ?« 

Interrogée sur ses méthodes de travail avec l’actrice Maren Eggert qu’elle a déjà eu l’occasion de diriger, elle explique : …«avec des actrices comme Maren, j’ai besoin de moins parler, de moins expliquer. C’est quelque chose qui peut aussi arriver avec quelqu’un avec qui l’on travaille pour la première fois. Bien sûr le risque est alors plus grand, mais on peut avoir la chance de se comprendre sans un mot. Cela m’est d’ailleurs arrivé sur ce film, avec quelqu’un que je ne connaissait pas du tout. J’aime travailler avec Maren parce qu’elle est très doué pour écouter et suivre le rythme de la langue. C’est quelque chose de très important, et elle le fait très bien. Le problème, quand on travaille avec des comédiens, c’est que lorsqu’on leur explique quelque chose, on casse tout. Si on explique quelque chose à un comédien, il se met à réfléchir, et s’il réfléchit ça veut dire qu’il ne joue plus. Il y en a qui sont capables de convertir leur réflexion en jeu, ce sont les plus doués, mais ils sont bien moins nombreux qu’on ne le croit. C’est brutal dit comme ça, mais un comédien ne doit pas réfléchir ».

Née à Hambourg en 1974, Maren Eggert suit des études de théâtre à l’Ecole des Arts vivants Otto Falckenberg de Munich. De 1998 à 2000, elle se produit à la Schauspielhaus de Bochum sous la direction de Leander Haußmann. De 2000 à 2009, elle est membre de l’ensemble du Théâtre Thalia de Hambourg, où elle collabore avec Michael Thalmheimer (Christine dans Liebelei de Schnitzler), Stephan Kimmig (la marquise de Merteuil, dans Les Liaisons dangereuses, Blanche dans Un Tramway nommé Désir), Martin Kušej, Nicolas Stemann et Frank Abt. En 2002, Maren Eggert reçoit le Prix Boy Gobert de la Fondation Körber, et le prix Ulrich Wildgruber en 2007. De 2003 à 2010, elle joue la psychologue Frieda Jung dans Tatort-Kiel, et tourne plusieurs films avec Angela Schanelec, recevant le Prix de la Critique en 2008 pour Die Frau am Ende der Straße.

J’étais à la maison, mais… a obtenu plusieurs prix prestigieux, dont celui de la meilleure réalisation pour Angela Schanelec au festival de Berlin de 2019

« Tantôt envoûtant, tantôt banalement sublime (comme dans ce chapitre dédié à une vente de vélo foireuse), J’étais à la maison mais… est une expérience à part entière, dont l’austérité pourra rebuter certains, mais dont le parti-pris radical détonne aujourd’hui dans une industrie trop souvent formatée, et lui aura valu le Prix de la mise en scène au Festival de Berlin 2020. Évoquant aussi bien la solitude que le deuil impossible, le film est aussi un drame sur l’incapacité de communiquer entre certains êtres. Pas besoin de saisir alors toutes les références, tous les motifs cachés dans ce réel, forcément fantasmé, puisque cinématographique comme peut l’expliquer la protagoniste : il suffit de s’abandonner à ce voyage nébuleux et mélancolique pour qu’il en devienne touchant. » (abusdecine.com)

« J’étais à la maison, mais…, le huitième long-métrage de la réalisatrice allemande Angela Schanelec, évoque moins les derniers films d’autres cinéastes de l’école berlinoise de sa génération (Christian Petzold en tête) que le minimalisme glacé du récent La Jeune Fille et l’Araignée, lui aussi récompensé à la Berlinale. Même si la rigueur sentencieuse de Schanelec semble à première vue assez éloignée de la perversité ludique des frères Zürcher, les deux films partagent une conception relativement similaire de la mise en scène, ancrée dans la trivialité du réel tout en travaillant en permanence, comme le notait Thomas Choury au sujet de La Jeune Fille et l’Araignée, à « mettre à plat son inhabitabilité » en tenant le réalisme à distance.

La sensation de trivialité provient en partie de ce qui se trouve dans le cadre : l’architecture aseptisée des villes contemporaines, les situations quotidiennes qui fournissent la matière principale du récit (ici, l’achat d’un vélo d’occasion, une réunion entre professeurs ; chez les Zürcher, les différentes étapes d’un déménagement). Elle naît aussi et surtout d’une platitude de l’image. Tout est lisse et rutilant comme une réclame pour du mobilier scandinave (Cette dimension transparaît dans une reprise folk aseptisée de Let’s Dance de David Bowie – faisant écho à celle de Voyage, Voyage de Desireless dans La Jeune Fille et l’Araignée – tentative un peu forcée d’introduire un élément kitsch mi-sentimental, mi-ironique sans dépareiller avec la recherche de neutralité visuelle du film): les aplats de blanc, de beige et de gris sont tout juste dérangés par quelques taches de couleur vive, la précision de détail de l’image numérique est contrariée par de discrets attentats à la profondeur de champ – ces fonds flous sur lesquels se détachent les figures, rappelant les grandes heures de l’esthétique 5D. Comme le formule Schanelec elle-même dans le dossier de presse, « les images ne sont pas si importantes », et c’est dans ce refus de la picturalité que ce cinéma-là se distingue de celui des modernes dont il se veut l’héritier. Il ne s’agit pas, comme chez Chantal Akerman ou Michelangelo Antonioni, de révéler la beauté désolée de lieux intermédiaires (piscines, salles de réunions, extérieurs de résidences) ou d’intérieurs impersonnels, mais de trouver un écho visuel à leur laideur… » (critikat.com)

« Danse aérienne et très concrète, ouverte sur une infinie richesse de sens, le nouveau film d’Angela Schanelec semble se réinventer à chaque plan. D’abord la montagne, le lapin, le chien qui le poursuit. Puis dans la maison abandonnée, les mêmes, autrement, et l’âne. C’est le souvenir d’un conte, pas son illustration. La beauté est là, d’emblée. Tout est ouvert… Angela Schanelec a ce talent rare de filmer chaque séquence comme si tous les enjeux d’un film y étaient condensés. Intensément présents sans avoir besoin d’être formulés. Comme si, également, tout pouvait s’arrêter juste après… Au collège et au musée, dans la rue et à la maison, de conflits en purs instants de grâce comme la danse commune de la mère et de ses deux enfants, c’est même une sorte de feu d’artifice de questions ouvertes, de rapports humains, de fragments de désir, de peur, de besoin. Ils se manifestent par les gestes et par les mots, par les objets (un vélo qui marche mal, une couronne en carton, un bandage taché de sang) et par les lumières, par leur immédiate matière et par les souvenirs qu’ils invoquent. Il y a une vaillance, une témérité même, dans l’assurance apparente avec laquelle la cinéaste s’élance,

plan après plan. Dans la tension singulière d’une situation, toujours banale dans ses composants matériels, toujours électrisée par la manière de filmer. Par la manière, aussi, qu’ont les acteurs –qui sont surtout des actrices– d’habiter le cadre, qu’il s’agisse d’une explosion de rage de la mère contre ses rejetons qui réagissent en cherchant davantage à la consoler de sa propre colère qu’à s’en défendre, d’un long monologue sur les manières légitimes ou pas d’employer les acteurs, d’un moment solitaire, onirique, et sans parole dans une piscine monumentale comme un palais…

… Elle est atmosphérique, mystérieuse, et capable aussi d’accueillir la perspective d’un avenir en forme de cours d’eau à parcourir ensemble, la dispute amoureuse entre celle qui ne veut pas d’enfant et celui qui ne peut s’en passer, la possibilité d’un apaisement, à l’unisson du sommeil du grand chien auprès du vieil âne. De cette singulière polyphonie des éléments de sens, où il ne sert à rien de chercher des symboles ou des métaphores, où il est en revanche si heureux d’accueillir les êtres, les sons, les mouvements tels que le film les invite et les assemble, de cet agencement aérien naît une idée du cinéma inhabituelle, assurément, mais à la fois puissante et

douce pour qui en accepte la proposition… Très tôt dans le film s’est installée une certitude, la seule d’ailleurs. La certitude que chaque plan est en lui-même porteur d’une promesse, et que, au-delà de ce qui adviendra d’étonnant, d’intéressant ou de mystérieux dans ce plan, c’est l’existence même de cette promesse, et son caractère sans cesse renouvelé, qui fait la force calme et vibrante de ce film funambule. » (slate.fr)

« … Les personnages se côtoient mais ne se connaissent pas vraiment, chacun reste une énigme pour ses proches dans une diatribe métaphysique non point exacerbée mais toujours en filigrane. J’étais à la maison, mais… évoque surtout l’incommunicabilité entre les êtres, l’impossibilité de s’ouvrir comme d’obtenir la parole d’autrui, pour des raisons physiques ou éminemment personnelles. Les paroles de chansons ou les monologues de théâtre ne sont que des récitations sans emprise sur l’esprit de celui ou celle qui les récite. Le film reste sans explications, l’épure est reine et Angela Schanelec creuse le sillon radical de l’Ecole de Berlin qu’elle créa il y a 20 ans avec Thomas Arslan (Gold) et Christian Petzold (Barbara, Phoenix). Les séquences mystérieuses s’enchainent et certains se désintéresseront faute de didactisme. L’angoisse sous-jacente n’est pourtant pas une impasse, l’impossibilité de communiquer est un concept suffisamment universel pour toucher un large nombre de spectateurs. J’étais à la maison, mais… a tout du conte moderniste fait de solitude et de violence silencieuse. La société ordonne à chacun de jouer un rôle, il est possible de le refuser et de rester soi-même, même au sein de la ville, même au sein du foyer. Conceptuel, pour le moins! » (publikart.net)

« … Dans J’étais à la maison, mais…, il est beaucoup question de parole empêchée, que celle-ci soit handicapée, refoulée, ou encore répétée sans joie, comme ces paroles de chansons ou ces monologues de théâtre qu’on ânonne sans trop y croire. Surtout, pas un dialogue explicatif ou psychologique à l’horizon ici. Adepte de l’épure factuelle, Angela Schanelec est sans doute la plus radicale des cinéastes issus du mouvement déjà radical de l’Ecole de Berlin… sa mise en scène stupéfiante donne à la moindre image quotidienne une force profondément magnétique. Rien que par sa composition, son découpage, chaque séquence irradie d’un mystère à la fois âpre et tendu, alors même qu’il parait ne rien se passer de particulier. Paradoxalement, cette angoissante incapacité à dialoguer normalement amène par moments le film vers la frontière de l’humour… Comme dans le magnifique Contre ton cœur de Teresa Villaverde, avec qui J’étais à la maison, mais… partage plus d’un point commun, le film possède derrière ses apparences ultra-réalistes une dimension fantastique…Les détails oniriques dessinent en arrière-plan la piste d’un imaginaire féminin secret en forme d’issue de secours intérieure. Cette solitude souhaitée et bienfaisante est l’antidote à celle, violente, imposée par les rôles que nous impose la société, aussi arbitraires que ceux d’une pièce de l’école… » (lepolyester.com)


Présentation du film et animation du débat avec le public : Josiane Scoleri. Merci de continuer à arriver suffisamment à l’avance pour être dans votre fauteuil à 20h précises.

Entrée : Tarif unique 8 €. Adhésion : 20 € (5 € pour les étudiants) . Donne droit au tarif réduit à toutes les manifestations de CSF, et à l’accès (gratuit) au CinémAtelier et à l’atelier Super 8. Toutes les informations sur le fonctionnement de votre ciné-club ici


 

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