Ju Dou



Vendredi 29 juin 2012 à 20h30

Cinéma Mercury – 16 place Garibaldi – Nice

Film de Zhang Yimou – Chine – 1990 – 1h34 – vostf

Dans la Chine des années 20, un vieil homme, Yang Jin-Shan, propriétaire d’une fabrique de tissus, décide de s’acheter une belle jeune femme du village voisin afin que celle-ci lui donne un garçon. La jeune épouse, prénommée Ju Dou, fait vite comprendre à son mari qu’elle n’entend pas se prêter à ces jeux sexuels et violents dont celui-ci raffole. Elle est dès lors régulièrement battue et humiliée par son mari, impuissant à concevoir la progéniture tant souhaitée. Celle-ci va alors chercher de l’aide auprès du fils adoptif de son époux : un brave homme, attentionné, mais encore trop soumis malgré les brimades et le mépris que son père adoptif lui témoigne. Le vieil homme va bientôt récolter le fruit de sa violence, puisque paralysé à la suite d’un grave accident, il se retrouve à la merci de sa femme et de son amant qui, pour se venger, vont préférer le garder en vie, enfermé dans un tonneau, pour que celui-ci assiste, impuissant mais méprisant, à leur bonheur étalé sans pudeur devant ses yeux. Le vieil homme, que le nouveau couple a trop vite rabaisser au simple rang de bête humaine, n’a cependant pas dit son dernier mot …

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Entre Codename Cougar en 1989 et Épouses et Concubines en 1991, Zhang Yimou réalise un drame assez sombre se déroulant dans les années 20, répondant au nom de Ju Dou. Une fois de plus, Zhang Yimou choisit Gong Li pour interpréter le seul personnage féminin de l’histoire et ainsi confirme les talents de la jeune demoiselle en lui confiant un rôle loin d’être facile, un rôle mesuré au début et émancipé à la fin, un choix tout à fait judicieux pour celle qui fut capable de tenir la vedette de Shanghai Triad à elle toute seule ou plus tard encore dans La Cité interdite aux cotés de Chow Yun fat. Ju Dou est un film d’une tonalité tragique, faisant penser à de la littérature d’antan ou mieux encore à une véritable pièce de théâtre de la dramaturgie chinoise. Mais Zhang Yimou montrait déjà à cette époque un certain talent pour la mise en scène et l’esthétisme de ces œuvres, des couleurs vivaces, une photographie soignée, prémices de sa touche personnelle future.

Ju Dou n’est pas une simple histoire d’amour, mais une véritable satire de la société de l’époque, avec Shanghai Triad, Yimou s’attaquait au monde des années 50, avec Ju Dou, il débutait son travail sur les années 20, proposant une œuvre à la portée culturelle importante, montrant ainsi Gong Li sous les traits de la femme typique de l’époque, une épouse soumise qui chercher néanmoins à braver les interdits de son époque.

Superbement filmé, Ju Dou montre une mise en scène soignée, des grands angles et des cadrages rapprochés pour soutenir le drame, tout en utilisant de lents montages pour nous faire ressentir l’enfermement que vivent les protagonistes, un enfermement physique et spirituel, à la limite de l’étouffement, entre les banderoles de tissu et les continuels bruits des machines à tisser, c’est une sensation de confinement qui sera à l’origine de l’éclatement des désirs, de leurs rôles sociaux et tout simplement de leurs aspirations, pour nous transporter dans leur tristesse, leur combat et dans leur profond désir de chercher un bonheur lointain.

Après les émeutes de la place Tienanmen, les autorités renforcent leur contrôle des médias et excluent toute forme artistique jugée occidentale. Dans ce contexte difficile, Zhang Yimou réalise Ju Dou avec l’aide de fonds japonais. Le film, jugé subversif malgré les précautions prises par Zhang Yimou, est censuré en Chine. Paradoxalement, il est présenté par les autorités pour concourir aux Oscars dans la catégorie « meilleur film étranger« , sans toutefois que Zhang Yimou ne soit autorisé à assister à la cérémonie.


Présentation du film et animation du débat avec le public : Philippe Serve.

Merci de continuer à arriver suffisamment à l’avance pour être dans votre fauteuil à 20h30 précises.

N’oubliez pas la règle d’or de CSF aux débats :
La parole est à vous !

Entrée : 7,50 € (non adhérents), 5 € (adhérents CSF et toute personne bénéficiant d’une réduction au Mercury).

Adhésion : 20 €. Donne droit au tarif réduit à toutes les manifestations de CSF, ainsi qu’à toutes les séances du Mercury (hors CSF) et à l’accès (gratuit) au CinémAtelier.
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