La Basketteuse N°5



Samedi 09 octobre 2004 à 14h30 – 2ième Festival  2004

Cinéma Mercury – 16 place Garibaldi – Nice

Film  de Xie Jin – Chine – 1957 – 1h33 – vostf

Un ancien champion de basket devenu entraîneur essaie de lancer la carrière d’une jeune sportive qu’il juge très douée et dont il découvre qu’elle est la fille d’une femme qu’il a aimé autrefois.

Sur le web

Xie Jin

 » Xie Jin fait partie de la troisième génération de réalisateurs chinois. Il est l’un des cinéastes de cette génération qui a continué sa carrière après la Révolution culturelle. Son style a considérablement évolué pour aller, au début des années 1980, jusqu’à critiquer les excès de la campagne « anti-droitiers » et ceux de la Révolution culturelle. Il est célèbre pour avoir créé une nouvelle sorte de mélodrame chinois que l’on a appelé « mélodrame politique« , ou plus généralement « école Xie Jin« . Dans les années 1990, il a créé son propre Institut d’art dramatique à Shanghai. Ses films ont leurs faiblesses, mais on y trouve toujours une profonde humanité. C’est leur chaleur humaine qui nous les rend attachants. Il a dit lui-même que ce qui fait la grande différence entre sa génération et les cinéastes des générations suivantes, c’est l’expérience vécue, expérience de la guerre d’abord, des différentes campagnes politiques, ensuite, culminant dans la Révolution culturelle.

Une Crise

En 1953, en particulier, il est l’assistant de Shi Hui sur le tournage de La lettre à plumes. Puis il est transféré au studio de Shanghai, où il reste ensuite pendant toute sa carrière ; il y tournera au total une vingtaine de films. Il coréalise son premier film avec Lin Nong en 1954, Une crise, sur la persistance des mentalités féodales dans la Chine nouvelle, à travers le sort des femmes, et en particulier celui des veuves. La même année, il réalise un film d’opéra, Rencontre sur le pont de la rivière Lan, qui reste d’une facture très traditionnelle.

Le premier film que l’on peut véritablement considérer comme étant de Xie Jin est Printemps au pays des eaux, réalisé en 1955. Il décrit comment un chef de village rentre chez lui après avoir participé aux travaux d’aménagement du fleuve Huai et tente d’appliquer les méthodes nouvelles qu’il a apprises pour drainer les marécages autour du village. Le scénario est bâti sur sa confrontation avec le paysan riche local qui voudrait créer un étang pour cultiver des lotus. Finalement les opposants sont vaincus, le consensus s’établit et le marais est transformé en rizière. Le film décrit avec réalisme la vie au village, et les conflits qui ont opposé les paysans au moment où se mettait en place la collectivisation, et où, en même temps, étaient menés de grands travaux d’aménagement rural.

La basketteuse n°5

Le détachement féminin rouge

Son premier succès, est, en 1957, La basketteuse n° 5, premier film chinois en couleurs sur le monde du sport, qui est en même temps le premier film de la République populaire à ne pas avoir de paysans-ouvriers-soldats pour personnages. Il avait en outre la particularité d’être interprété par des acteurs non professionnels, à l’exception des deux rôles principaux, l’actrice Qin Yi et l’acteur Liu Qiong qui était l’un des grands acteurs des années 1930, sur le continent et à Hong Kong. Son film le plus emblématique à ce jour, cependant, est sans conteste Le détachement féminin rouge, réalisé en 1961, et resté une référence cinématographique souvent citée ; c’est le cas, en particulier, dans le film de Jiang Wen Le soleil se lève aussi.

Soeurs de scène

Xie Jin tourne encore une comédie, Grand Li, petit Li et vieux Li », puis un drame social, Sœurs de scène, respectivement en 1962 et 1965. Mais ce dernier film lui vaut les foudres des censeurs. La raison invoquée était qu’il prônait la réconciliation entre classes sociales. Xie Jin apprendra bien plus tard, après la Révolution culturelle, que l’attaque visait en fait le premier ministre Zhou Enlai qui avait soutenu le film, ainsi que Xia Yan. Le film a juste servi de bouc émissaire, mais cela a eu des conséquences dramatiques sur Xie Jin et sa famille.

En 1966, quand éclate la Révolution culturelle, Xie Jin et toute sa famille sont au premier rang des victimes. Son père était un ancien avocat, sa mère venait d’une riche famille ; en 1937, lors de l’invasion japonaise, ils avaient quitté Shanghai, comme beaucoup d’autres, pour aller s’installer à Hong Kong. Dénoncés comme contre-révolutionnaires, ils se suicident, son père en avalant des barbituriques, sa mère en se jetant par la fenêtre. Xie Jin lui-même est affecté au nettoyage des toilettes et au balayage des Studios de Shanghai, avant d’être finalement envoyé en « rééducation » à la campagne. C’est lui qui doit aller chercher les cadavres de ses parents.

Le port

Mais il recommence à tourner sous le patronage de Jiang Qing qui le rappelle à Shanghai au printemps 1969 car elle a besoin de lui pour porter à l’écran les opéras modèles, projet discuté dès juin 1968 avec le comité révolutionnaire du studio du 1er Août, et entériné lors d’un grand meeting à Pékin fin 1969. Xie Jin est rappelé parce qu’il est célèbre pour ses portraits de femmes au caractère affirmé. C’est à lui que va donc revenir la tâche de mettre en scène le personnage de Fang Haizhen, secrétaire de la branche du Parti responsable des dockers dans Le port, ou Sur les quais, seul opéra modèle sur un sujet contemporain. En fait, au printemps 1969, Xie Jin est d’abord enrôlé au sein de l’équipe chargée de la mise en scène de l’opéra au théâtre. Puis, après la sortie du premier film adapté d’un opéra modèle, La prise de la montagne du tigre, la version révisée de « Sur les quais » est approuvée pendant l’été 1971 et le tournage à la fin de l’année. Un premier tournage est réalisé, par Xie Jin assisté de Fu Chaowu. Mais il ne plaît pas à Jiang Qing, parce que les scènes n’ont pas assez d’ampleur et que l’éclairage est insuffisant, mais surtout parce que Fang Haizhen n’a pas l’air assez jeune. Finalement, le projet est remanié et confié à Xie Jin associé à Xie Tieli, qui venait de réaliser La prise de la montagne du tigre, dans le cadre d’une collaboration du studio de Pékin avec celui de Shanghai. Comme pour ce film, il fallut reprendre encore deux fois le tournage pour satisfaire les exigences de Jiang Qing. La seconde version sortit en mai 1972 pour commémorer le trentième anniversaire des causeries de Yan’an sur la littérature et les arts ; la troisième version fut tournée en 1973, semble-t-il par le seul Xie Tieli, avec la même équipe et les mêmes acteurs.

Chunmiao

Le film que tourne alors Xie Jin est Chunmiao, sorti en 1975. Chunmiao est le nom d’une jeune femme, chef de brigade dans une ferme, qui, en 1965, réussit à devenir « médecin aux pieds nus« . Au début de la Révolution culturelle, elle prend la tête d’une bande de Gardes rouges pour dénoncer le « révisionnisme » des médecins de l’hôpital local. Xie Jin tourne un troisième film qui doit être rattaché à la production de la Révolution culturelle bien qu’il ait été terminé après la chute de la Bande des Quatre : La jeunesse, film en couleurs sur grand écran sorti en 1977. C’est encore l’histoire d’une jeune femme à la forte volonté : une jeune orpheline sourde-muette qui, soignée par le personnel médical de l’armée, recouvre la parole et une partie de ses capacités auditives, et réussit à devenir opératrice de téléphone malgré des débuts difficiles. C’est le triomphe de l’idéal révolutionnaire sur la réalité de la pratique médicale, un peu la suite de Chunmiao, en quelque sorte. Le rôle principal est interprété par Joan Chen à ses débuts ; c’est la principale curiosité du film.

Le gardien de chevaux

En 1978, Xie Jin tourne un film qui est, encore une fois, parfaitement ancré dans la ligne idéologique du moment : Ah le berceau. Il s’agit encore du portrait d’une femme : combattante courageuse, commandant même un bataillon d’hommes, elle est chargée à la fin de la guerre de la direction d’un jardin d’enfants ; tandis que son mari part au front, elle se replie sur son instinct maternel. Mao avait émancipé les femmes au nom de la Révolution, pour libérer la Chine ; Deng les met en arrière-plan pour développer le pays. Xie Jin filme l’évolution des idées.

C’est à partir de 1980 qu’il retrouve une certaine liberté de mouvement. Il réalise alors La légende du mont Tianyun qui se passe de 1956 à la chute de la Bande des Quatre : c’est l’histoire dramatique d’un jeune commissaire politique condamné comme droitier en 1957, et des conséquences de cette condamnation sur le reste de sa vie, et en particulier à travers l’évolution de ses liens affectifs avec deux jeunes filles. Le film fut couronné de quatre prix à la première édition des prix du Coq d’or en 1981. On peut considérer que Le gardien de chevaux en est le pendant : un film réalisé en 1982, adapté de la première nouvelle publiée par Zhang Xianliang après sa réhabilitation, après plus de vingt ans passés en camps de travail pour avoir été condamné comme droitier en 1958. Le film reflète la rencontre de ces deux personnages passés par des expériences très semblables : il en émane une grande chaleur humaine.

Couronnes funèbres au pied de la montagne

En 1985, Couronnes funèbres au pied de la montagne est un film en hommage aux soldats chinois de la guerre sino-vietnamienne. C’est aussi une adaptation littéraire, sur un scénario de Li Zhun, le scénariste de Li Shuanghuang , adapté d’une nouvelle moyenne de Li Cunbao.

Le village des hibiscus

Xie Jin réalisa par la suite, en 1986, l’un des plus beaux films des années 1980 (et après) : Le village Hibiscus, adapté d’une nouvelle de Gu Hua, avec, dans les deux rôles principaux, Jiang Wen et Liu Xiaoqing.

C’était après un film beaucoup moins connu, mais pourtant très intéressant : Qiu Jin, hommage à une révolutionnaire chinoise opposée à la dynastie des Qing qui fut exécutée après un soulèvement manqué et que l’on a surnommée La chevalière du lac miroir. Le grand-père de Xie Jin l’avait bien connue, et avait enseigné avec elle. C’était une personnalité hors pair que Xie Jin avait beaucoup admirée enfant.

1989 est pour Xie Jin une année charnière comme pour toute la Chine. Il tourne cette année-là un film aux Etats-Unis : Les derniers aristocrates, histoire de quatre jeunes chinoises parties vivre à l’étranger, adaptée d’une nouvelle de l’écrivain taïwanais Bai Xianyong.

La production des années 1990, ensuite, est irrégulière. Xie Jin étonne, en 1997, avec un film sur un sujet historique, La guerre de l’opium, puis revient en 2001 avec un dernier film sur le monde du sport, La footballeuse n° 9. Les deux films reflètent son profond amour pour son pays, mais avec des nuances différentes. » (Brigitte Druzan)


Présentation du film et animation du débat avec le public : Philippe Serve.

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