Vendredi 07 mai 2010 à 20h30
Film documentaire de Malek Bensmail – France – 2007 – 2h10
Le 1er novembre 1954, un couple d’instituteurs français et un Caïd algérien sont victimes d’une attaque meurtrière près de Ghassira, un petit village chaoui. Cet acte marque le début de la guerre pour l’indépendance de l’Algérie. 50 ans après, Malek Bensmail pose sa caméra dans cette région considérée comme le « berceau de la révolution » et interroge ses habitants sur leur rapport à l’histoire, à la langue, à la France… Des écoliers d’aujourd’hui aux témoins d’époque, c’est l’Algérie contemporaine qui se donne à voir, entre acceptation et révolte, entre mémoire et présent.
Sur le web
« L’indépendance : 50 ans après, le film en interroge les contours, les effets, et les valeurs, à partir d’une démarche documentaire qui se base sur le passé pour comprendre, en substance, la complexité fascinante de l’épisode du présent ». (Critikat.com)
Malek Bensmail s’est inspiré d’une phrase du Prophète Mohamed pour trouver le titre de son documentaire sur l’éducation : « Recherchez le savoir, jusqu’en Chine s’il le faut« . Le cinéaste explique son choix : « Le titre est apparu lors d’une conversation avec ma mère qui m’a rappelé l’existence de ce hadith (parole sainte) du Prophète Mohamed : « Recherchez le savoir, jusqu’en Chine s’il le faut ». La Chine, terre symbolique et lointaine, était une référence de savoir et de science. La Chine, c’est aussi la figure de l’Autre en quelque sorte. C’est l’ouverture vers l’Autre le contraire même de l’enfermement. Et là je me suis dit : « la Chine, elle est vraiment loin ! » C’est venu comme ça, en rigolant. Et puis par ricochet, le titre fait référence à une actualité, celle de la présence de la Chine et des chinois dans l’économie algérienne…«
Le cinéaste Malek Bensmail a eu l’idée de La Chine est encore loin pendant le tournage de son précédent film Le Grand Jeu, durant lequel il a rencontré beaucoup d’enfants : »Des enfants aux visages tendus par le désir d’apprendre, le désir de rencontres, visages tantôt inquiets, souvent drôles, rieurs, parfois graves. » C’est à cet instant que le cinéaste décide que l’éducation sera le thème de son prochain film : « L’enfant est à la fois témoin oculaire et victime innocente de la misère, de la ruine morale, de l’exclusion, mais aussi appel à une éducation et une humanité nouvelles. L’enfant est la figure du déshérité/héritier à qui les adultes doivent des comptes sur l’état de l’Algérie et des soins pour son avenir.«
Le montage de La Chine est encore loin a duré plus de huit mois, ce qui n’a pas dérangé Malek Bensmail pour qui ce moment de la création du film est un vrai plaisir: « (…), le film nait à ce moment là. (…) Tout ce qui a été tourné, je le questionne à nouveau au montage« , explique-t-il.
La fin de l’année scolaire, qui marque aussi la fin du tournage, a été une véritable douleur pour le cinéaste qui s’est attaché aux enfants de cette classe. Il explique : « C’était un déchirement, je leur ai donné mon numéro de portable français. Les enfants de la classe récupéraient de l’argent pour m’appeler d’une cabine et discuter !«
Afin de convaincre les habitants du village que l’équipe du film n’était pas là pour parler de l’histoire autour du premier attentat qui déclencha la Guerre d’Algérie (l’assassinat d’un instituteur français le 1er novembre 1954), Malek Bensmail et son équipe arrêtaient parfois de tourner pour se balader en ville, jouer au foot avec les enfants, prendre des cafés au bistrot… Le cinéaste justifie cette attitude : « ça permettait d’instaurer une relation de confiance, ne pas être celui qui vient choper des choses et repartir. (…) Il a fallu les rassurer, montrer mes anciens films, pour qu’ils comprennent que je ne travaillais pas pour l’Etat, pas pour la télévision algérienne.«
Malek Bensmail a passé un an à écrire et repérer l’école, il a assisté à des cours, été à la cantine avec les enfants. Il a choisi cette classe en raison des deux instituteurs, plus humanistes que les autres et parce que les enfants, malicieux et malins, avaient une vraie beauté dans leurs visages : « C’était « LA » bonne classe !« .
Petite initiation au cinéma
Pendant le premier mois de l’année scolaire, Malek Bensmail et son équipe n’ont pas tourné mais ont initié les enfants à la manipulation des caméra et micros : « Tout le monde est passé par petits groupes, ils ont appuyé, filmé, perché, ils étaient morts de rire et en même temps ils apprenaient. Pendant un tournage, j’aime aussi leur montrer les rushes le lendemain pour qu’il y ait une vraie prise de conscience des personnages en devenir. J’expliquais souvent que je ne faisais pas un film « sur » mais « avec » eux. Le tournage de ce film était là également pour une prise de conscience collective… »
La Chine est encore loin a reçu le Prix spécial du Jury au 30e Festival des 3 Continents de Nantes ainsi que le Grand Prix au 24e Festival International du Film Documentaire de Munich.
Présentation du film et animation du débat avec le public : Josiane Scoleri.
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