La Fragile Armada



Vendredi 27 janvier 2006 à 20h

Cinéma Mercury – 16 place Garibaldi – Nice

Documentaire de Jacques Kebadian, Joani Hocquenghem – France – 2005 – 1h50

Ce matin de 2001, la montagne grouille : un convoi hétéroclite prend la route. Escortés par une caravane de tous les horizons, les zapatistes sortent du Chiapas pour un voyage de 3 000 km jusqu’à Mexico pour exiger l’application des accords sur les droits des peuples indiens…

Séance proposée par Cinéma Sans Frontières, Regard Indépendant, l’ADN et Lo Peolh Cinéma.

Le film sera précédé d’une présentation et suivi d’un débat avec le public en présence du réalisateur Jacques Kebadian.

Sur le web

D’origine arménienne, engagé à l’extrême-gauche, Jacques Kebadian est diplômé de la célèbre l’Idhec (à présent Fémis). Il a débuté en tant qu’assistant de Robert Bresson. Joani Hocquenghem ne devait faire que passer au Mexique en 1975 avant de s’y installer, pour « faire le pont entre ici et là-bas « .

Le Chiapas, 3 millions d’habitants, dont 1 million d’Indiens, est un état situé à l’extrême sud du Mexique, dans la région montagneuse des anciens Mayas, aux côtés des états du Yucatan, Campèche, et le territoire de Quintana Roo. Villes principales : Tuxtla Gutierrez et San Cristobal de la Casas. C’est l’une des régions les plus pauvres du Mexique : 70 % de la population vit en-dessous du seuil de pauvreté, 20 % d’Indiens n’ont aucun revenu, les richesses agricoles allant à quelques puissants propriétaires terriens. Les indiens du Chiapas, en quête d’autonomie totale, sont en lutte constante avec les autorités.

La révolution de 1910 intervient face à la politique du général Porfirio Diaz (au pouvoir depuis 1876), dont les mesures d’exploitation des mines, de construction de chemin de fer, d’agriculture à grande échelle ont fortement développé le pays tout en accentuant grandement ses inégalités sociales. La bourgeoisie, en quête d’une autre situation politique, fut la première à se rebeller en 1910, suivie par les paysans surrendettés, luttant pour la réforme des terres (partagées sur le système des haciendas), le suffrage universel, la séparation Eglise/Etat, entre autres. Zapata commença par défendre les droits des indiens de l’état du Morelos et la redistribution des terres, avant de s’allier avec Francisco I. Madero, opposant de Diaz et candidat à la présidence du pays – qu’il finit par obtenir. Poursuivant la lutte armée (guérilleros), déçu par les positions de Madero sur la réforme foncière, Zapata prit les armes contre lui avec l’Armée de Libération. L’arrivée au pouvoir de Victoriano Huerta, général porfiriste, puis de Venustiano Carranza intensifia le soulévement paysan et la détermination de Zapata, inquiétant le gouvernement. En 1919, sous couvert de sympathie envers lui, le général Guarjardo l’invita à le rencontrer… pour l’accueillir sous les balles.

Au 1er Janvier 1994, 10 000 péones (paysans) du Chiapas, emmenés par le sous-commandant insurgé Marcos (de son vrai nom Rafaël Sabastian Guillen Vicente, ex professeur d’université) marchent sur les principales villes du pays. Ils forment l’Ejercito Zapatista de Liberacion Nacional (EZLN, Armée Zapatiste de Libération Nationale), fondée en 1984 et reprenant les luttes initiées par Emiliano Zapata. Ils prennent six villes, détruisent plusieurs prisons, brûlent les archives judiciaires. L’armée est envoyée et les heurts sont sanglants, signant le début d’une longue guerre d’usure entre le gouvernement et l’EZLN. En décembre 1997, 45 corps d’indiens totziles mutilés sont retrouvés, et le gouvernement Mexicain, accusé par la communauté internationale, réagit en faisant enfermer 113 personnes. Ce n’est qu’en 2000 que le gouvernement, dirigé par Vicente Fox, rétablit le contact avec les zapatistes. Le commandant Marcos organise en 2001 une marche de 3000 km à travers 12 Etats du sud du Mexique, dépose les armes, et, accompagné de ses 24 lieutenants, entre à Mexico. Il y est accueilli par 150 000 personnes. Il demande au président de fermer les 7 camps militaires, de libérer la centaine de zapatistes prisonniers et de faire adopter une loi adoptant plus d’autonomie aux minorités indiennes. Le président ne tiendra qu’en partie ses engagements. En 2005, le sous-commandant Marcos reste très actif, ayant progressivement évolué du zapatisme à l’altermondialisme. Ses billets et ses communiqués sont appréciés des intellectuels internationaux (il a même co-écrit un polar).

« En 2001, avec une poignée de militants altermondialistes Jacques Kebadian et Joani Hocquenghem se sont joints au cortège, et ont filmé ces deux semaines de marche pacifique, les arrêts dans les villes et villages, les discours quotidiens de Marcos et d’autres leaders, les rencontres et discussions que ceux-ci stimulaient, la fièvre joyeuse de la révolte collective, les fêtes et les danses qui naissaient spontanément.Chaque journée a son thème et son ton, qui sont donnés par les discours dont le film révèle la richesse et la variété. Rappeler l’histoire de l’oppression du peuple indien le lundi, déclamer une poésie lyrique le mardi, revendiquer l’égalité des femmes le mercredi, donner des clés philosophiques sur les notions d’égalité, d’altérité et de respect le jeudi… La parole, sa transmission et sa circulation apparaissent ici comme le premier jalon de la dignité reconquise. La télévision rendait compte de cette épopée en filmant le visage masqué du sous-commandant en gros plan, comme la nouvelle icône des opprimés du monde. Les auteurs de ce film le captent toujours, au contraire, au milieu de ceux qui l’entourent, masqués eux aussi, comme un combattant dans la foule. Et pendant qu’il énonce, la caméra se retourne sur des visages silencieux, qu’elle filme cette fois de près, faisant ressortir de cet auditoire uni et anonyme quelques portraits lumineux. Volontairement non spectaculaire, ce parti pris rend à la fois justice à l’aura du leader et à son idéal révolutionnaire tel qu’il l’exprime lui-même dans un de ses discours : « Marcos n’existe pas, dit-il. C’est une ombre, le cadre d’une fenêtre. Je suis toi. Nous sommes vous… » (lemonde.fr)


Présentation du film et animation du débat avec le public : CSF, Regard Indépendant, AD et Lo Peolh Cinéma.

Merci de continuer à arriver suffisamment à l’avance pour être dans votre fauteuil à 20h30 précises.

N’oubliez pas la règle d’or de CSF aux débats :
La parole est à vous !

Entrée : 7,50 € (non adhérents), 5 € (adhérents CSF et toute personne bénéficiant d’une réduction au Mercury).

Adhésion : 20 €. Donne droit au tarif réduit à toutes les manifestations de CSF, ainsi qu’à toutes les séances du Mercury (hors CSF) et à l’accès (gratuit) au CinémAtelier.
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