1er Festival de Printemps 2005 – La Grève



Jeudi 26 mai 2005 à 20h45 – 1er Festival de Printemps 2005

Cinéma Mercury – 16 place Garibaldi – Nice

Film  de Sergei Mikhailovich Eisenstein – URSS – 1925 – 1h35 – vostf

Une usine de la Russie tsariste, en 1912. Les conditions, les cadences de travail y sont insupportables, les salaires misérables. La révolte gronde chez les ouvriers. Les patrons et leurs contremaîtres, la police et ses indicateurs s’emploient à en connaître les meneurs. Un ouvrier est accusé à tort d’avoir volé un micromètre. Il se pend. Immédiatement, la grève est déclenchée, unanime…

Des idées de génie à chaque seconde, des interludes poétiques, d’incroyables angles de prises de vue expressionnistes, des superpositions d’images, des compositions de type constructiviste, la multiplication de différents plans d’action à l’intérieur d’un même cadre, La Grève demeure 80 ans plus tard une oeuvre fondamentale, la première d’un des plus grands cinéastes-théoriciens de l’Histoire du Cinéma. Au-delà de l’évidente propagande et de portraits laissant place à la caricature (les personnages ne sont que des archétypes), le film enlève tout par son incroyable souffle et un rythme extraordinaire dû à un montage qui demeure encore aujourd’hui source d’admiration et d’enseignement.

« La Grève apporte la solution au problème séculaire de la création dramatique, parce que son héros et son personnage principal c’est la masse… Déjà génial, La Grève fut la première esquisse du Potemkine. » – Georges Sadoul (Historien du Cinéma).

Filmographie de S.M. Eisenstein : Le Journal de Glumov (Court Métrage, 1923), La Grève (1925), Le Cuirassier Potemkine (1925), Octobre (1927), Joie des Femmes (Court Métrage, 1928), La Ligne Générale (1929), Romance sentimentale (Court Métrage, 1930), La Destruction de Oaxaca (Court Métrage doc, 1931), ¡ Que viva Mexico ! (1932), Le Pré de Bezhin (inachevé et perdu, 1937), Alexandre Nevski (1941), Ivan le Terrible (1945).

Sur le web

« …La Grève est le premier long métrage d’Eisenstein, réalisé en 1925 autour du thème de la révolte des ouvriers d’une usine contre les conditions de travail. La même année, le réalisateur réalisera une autre œuvre majeure, son Cuirassé Potemkine. Cela dit, si celui-ci peut à juste titre être considéré comme une œuvre de commande du régime bolchévique et une ode à la gloire des valeurs portées par la révolution russe, La Grève est un film plus singulier. Eisenstein, au moment où il réalise ce film, est totalement en phase avec les idées du régime au pouvoir en Russie, et c’est en prosélyte sincère qu’il met en scène la révolte des ouvriers, la morgue suffisante des patrons et actionnaires, et le bain de sang final orchestré par ces derniers pour punir les révoltés. Mais la main du pouvoir n’est pas encore ostensiblement présente sur l’épaule du réalisateur, dont on peut donc apprécier avec étonnement la maturité dans l’utilisation du montage et l’inventivité visuelle dans La Grève.

En effet, on peut déjà apprécier dans ce premier long métrage la «patte » Eisenstein dans son utilisation du montage, une utilisation frénétique du montage cut dans un but souvent éminemment symbolique. Ce montage, qui sera sévèrement critiqué par Tarkovski, projette le temps narratif hors de toute forme de réalité, préférant lui donner pour but premier la recherche de l’effet – ce qui, allié à une véritable foi dans les idéaux qu’il défend et à une imagination fertile dans sa symbolique, pourrait faire considérer La Grève comme étant lui aussi, comme le futur Cuirassé Potemkine, une œuvre simplement propagandiste. Ce serait omettre de noter toute la créativité qui parcourait à cette époque les réalisateurs de la Russie post-tsariste, et dont Eisenstein était l’un des représentants, mais non pas le seul. La Grève frappe autant par son utilisation du montage que par un travail remarquable sur la lumière et les structures qu’elle dessine, avec en point d’orgue l’image à la puissance dévastatrice des policiers montés finissant de réprimer le soulèvement des grévistes dans l’usine. L’audace des surimpressions utilisées par Eisenstein dans son film est également notable, et ce dès le début du film, lorsque le «O» d’un intertitre devient le rouage d’un des mécanismes de l’usine. Peut-être plus que tout, enfin, c’est la thématique animale qui frappe par son utilisation dans La Grève.

Interrogé sur Le Sang des bêtes dans Cinéma de notre temps, Georges Franju soulignait ainsi l’importance d’avoir utilisé le noir et blanc pour son film : «Si [le film] était en couleur, ce serait un film répugnant, tout simplement, parce que ce que recevrait les gens, c’est une sensation physique. Mais comme ce n’est pas en couleur (…), l’émotion que reçoive les gens est, je l’espère, une émotion esthétique.» La Grève est lui aussi en noir et blanc, muet de surcroit : c’est le même souci d’émotion esthétique qui semble primer chez Eisenstein – et le vecteur le plus efficace de cette émotion est certainement la symbolique animale, omniprésente. Les indicateurs des organes de pouvoir sont ainsi présentés tels des animaux, mais les animaux structurent également tout le film : un chaton violemment rabroué accompagne la peinture d’un ouvrier gréviste se laissant aller à la violence auprès des siens, une chèvre devenue le souffre-douleur d’autres ouvriers également inoccupés, les chats horriblement suppliciés qui ouvrent la séquence sur les bas-fonds de la ville… Mais plus que tout autre, c’est le massacre final des grévistes par les forces de police qui souligne l’importance de cette narration animale. Comme Franju dans son Sang des bêtes (qui se veut un documentaire (sur-)réaliste sur les abattoirs de La Villette), Eisenstein procède par analogie pour dépeindre la barbarie. C’est donc après un progression narrative où tout est montré, tout est démontré, qu’Eisenstein se permet son seul hors champs pour le film : l’équarrissement, redoutablement choquant, d’un bœuf que l’on égorge par la suite, remplace la scène du massacre des ouvriers dans son entièreté… (critikat.com)

 » Le cinéaste, encore méconnu, n’est pas aussi bridé ou surveillé qu’il le sera par la suite (censure d’Ivan le Terrible, contrôle du gouvernement sur Alexandre Nevski) et peut laisser libre cours à l’inventivité baroque de son génie : plus qu’un film de propagande, La grève se transforme en expérience sensorielle, voire hallucinatoire, gorgée d’éléments qui, même quatre-vingt ans après, nous semblent toujours aussi déments : sur-impressions, animation soudaine de photographies, fusion des régimes d’images, effets de montage signifiants. Le « cinéma-poing » d’Eisenstein dans tout sa liberté et sa puissance, dont le plus célèbre exemple demeure la dernière partie du film, mettant en parallèle le massacre des masses par la police et la mise à mort sanglante d’un bœuf dans un abattoir. L’un des multiples coups de force d’un film où chaque scène, chaque image, chaque seconde est porteuse d’une puissance et d’une ambition démesurées, malgré la modestie relative des moyens. » (avoir-alire.com)


Présentation du film et animation du débat avec le public : Philippe Serve.

Merci de continuer à arriver suffisamment à l’avance pour être dans votre fauteuil à 20h30 précises.

N’oubliez pas la règle d’or de CSF aux débats :
La parole est à vous !

Entrée : 7,50 € (non adhérents), 5 € (adhérents CSF et toute personne bénéficiant d’une réduction au Mercury).

Adhésion : 20 €. Donne droit au tarif réduit à toutes les manifestations de CSF, ainsi qu’à toutes les séances du Mercury (hors CSF) et à l’accès (gratuit) au CinémAtelier.
Toutes les informations sur le fonctionnement de votre ciné-club ici


Partager sur :