Lake Tahoe


 

 

 


Vendredi 26 septembre 2008 à 20h30

Cinéma Mercury – 16 place Garibaldi – Nice

Film de Fernando Eimbcke – Mexique – 2008 – 1h32 – vostf

Cherchant à échapper à l’atmosphère d’affliction qui règne chez lui, Juan, un garçon de 16 ans, accidente la voiture familiale. Alors qu’il tente de la réparer, il rencontre Don Heber, un mécanicien dont le seul compagnon est Sica, un chien boxer ; Lucia, une jeune mère qui veut aller à un concert de rock ; et David, un jeune mécanicien obsédé par les arts martiaux. Les univers absurdes et déconcertants de ces personnages entraînent Juan dans le périple d’une journée, durant laquelle il finira par accepter un événement aussi naturel et inexplicable que la mort.

Par le réalisateur de Temporada de Patos que nous vous avions présenté le 24 juin 2005.

Sur le web

Présenté en compétition au Festival de Berlin en 2008, Lake Tahoe a remporté le Prix Fipresci (remis par la critique internationale) et le Prix Alfred Bauer -ainsi nommé en mémoire du fondateur de la Berlinale, cette récompense salue un film « qui ouvre de nouvelles perspectives à l’art cinématographique« . Avant d’être tourné, le scénario de Lake Tahoe avait valu au cinéaste le Prix NHK, remis à de jeunes talents au Festival de Sundance. Enfin, on a pu voir le film à Cannes, en Séance spéciale dans le cadre de la Semaine de la Critique.

Le cinéma évoque le point de départ, autobiographique, du film : « Quelques mois après la mort de mon père, j’ai provoqué un accident avec l’unique voiture familiale. Je ne crois pas que c’était un simple accident. Lake Tahoe est un film né de la tentative de comprendre les raisons qui m’ont poussées à commettre cet acte, un acte si absurde et si profondément humain (…) Le thème est celui la fuite. Parfois nous voulons échapper à la réalité, mais tôt ou tard nous finissons par affronter la vérité. Quand mon père est mort, par exemple, j’ai traversé une longue phase de déni – et je parle de plusieurs années – jusqu’à ce que je sois capable de l’accepter. En ce sens, l’histoire que raconte ce film est quelque part autobiographique. Comme Juan, le personnage à l’écran, j’ai pris la seule voiture que la famille possédait et ai provoqué un accident avec. Que s’est-il passé dans ma tête au moment de l’accident ? Voulais-je jouer ma vie ? En tous cas, je cherchais à échapper à quelque chose. « 

« Lake Tahoe est un très beau film sur la perte. Il décrit le travail de deuil d’un jeune homme, qui, à travers ses diverses rencontres, va accepter la mort de son père. Il s’agit surtout d’une vraie leçon de mise en scène épurée avec une volonté constante de faire sens, l’auteur, d’une intelligence admirable, refusant toute vulgarité esthétique pour filmer l’indicible. Les rares éclats d’émotions, violents par leur soudaineté, font alors ressentir avec finesse l’ampleur de cette tragédie. » (critikat.com)

Lake Tahoe est le deuxième long métrage de Fernando Eimbcke après Temporada de patos, présenté en 2004 à la Semaine de la Critique et qui compte parmi ses les fans plus fervents son compatriote Alfonso Cuarón. Né à Mexico City en 1970, il a étudié auparavant le cinéma à l’Université Nationale Autonome de Mexico, et réalisé des courts métrages et des clips.

Fernando Eimbcke explique le sens de sa démarche : « Ce que je vise, et c’est une chose qui peut me prendre des années, c’est de faire du cinéma dans une forme pure, un cinéma dans lequel la chose la plus importante est la signification finale que l’on obtient en mettant une image après l’autre et ainsi de suite. C’est ma vraie quête : revenir aux bases et tirer le plus possible des vrais fondements et éléments du cinéma. Quand on élimine toutes les choses superflues, on peut se concentrer sur l’histoire que l’on raconte et ce qui arrive à vos personnages. »

Fernando Eimbcke justifie ses choix de mise en scène : « J’appelle ça une caméra de  » voyeur « . Le plan fixe, large, vous permet de regarder tout ce qui se passe dans le cadre, de la branche d’un arbre que le vent fait bouger à l’oiseau qui passe et, bien sûr, l’action du personnage. Il répond à un besoin narratif spécifique du drame. Le personnage principal est seul : il a l’air petit et vulnérable, un être perdu qui fuit quelque chose. Nous nous tenons à une certaine distance de lui dès la toute première scène et nous la gardons pendant tout le film. C’est la raison pour laquelle Lake Tahoe ne provoque pas une émotion instantanée chez le spectateur ; c’est à la fin que les réponses émergent (…) au cours du film, on s’aperçoit que l’automobile est la chose la moins importante, et que ce jeune homme doit réparer quelque chose de bien plus important dans sa vie.« 

Le casting est composé de comédiens non-professionnels. Fernando Eimbcke parle de sa méthode pour les diriger : « Je leur donne des instructions de mouvement, telles que :  » prends le magnétophone, allume-le et chante comme tu le ferais n’importe quel autre jour ». En fait, nous travaillons beaucoup avec le langage du corps, mais je leur dis de ne pas jouer. Il y a quelque chose que la caméra attrape toujours, mais que l’on ne voit pas. Et l’on doit faire confiance à ce  » quelque chose « , il faut simplement laisser ce  » modèle  » exister ».

Le lac Tahoe, qui donne au film son titre, se situe aux Etats-Unis, le long de la frontière entre la Californie et le Nevada. Mais il n’est présent dans le film qu’à travers un autocollant sur une voiture. Selon Fernando Eimbcke, ce lieu est comme un « fétiche » qui rappelle au héros son père. Le cinéaste confie qu’il n’est jamais allé au Lac Tahoe. Le film a été tourné à Progreso, dans la péninsule du Yucatan, au sud-est du Mexique.

Lake Tahoe a été filmé avec la même caméra (et par le même chef-opérateur, Alexis Zabe) que celle employée par un autre jeune espoir du cinéma mexicain, Carlos Reygadas, pour son film Lumière silencieuse.


Présentation du film et animation du débat avec le public : Philippe Serve.

Merci de continuer à arriver suffisamment à l’avance pour être dans votre fauteuil à 20h30 précises.

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