Les Larmes de Madame Wang



Vendredi 30 mai 2008 à 20h30

Cinéma Mercury – 16 place Garibaldi – Nice

Film de Liu Bingjian – Chine – 2002 – 1h30 – vostf

Artiste au chômage, Madame Wang, vend des cd et dvd au marché noir. Mais elle doit quitter Pékin, lorsque son mari est arrêté afin de renflouer ses dettes de jeu. Accompagnée d’une enfant abandonnée, elle retourne dans sa ville natale située dans la province de Guizhou. Elle demande alors de l’aide à son ancien petit ami, Youming, qui lui conseille de devenir pleureuse professionnelle lors des cérémonies funéraires. Après un mauvais départ, elle devient bientôt la pleureuse la plus populaire de la région.

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Le réalisateur s’est inspiré de faits réels pour écrire et réaliser le film : « Il y a quelques années, ce type de situation était courant dans de nombreux endroits en Chine, et je crois bien que cela existe encore. C’est une réalité, en particulier dans les petites villes, dans une société en perpétuelle évolution où tout est dominé par l’argent. Ce n’est de toute façon qu’en passant par des histoires authentiques, passées ou présentes, que je peux construire mes films sur le plan narratif.« 

« …Hypocrisies, sous entendus, non dits et sentiments fabriqués : acide portrait des rapports humains que celui dépeint par Liu Bingjian dans ce nouveau film. Car il y a quelque chose des personnages menteurs et mesquins de Guy de Maupassant dans les protagonistes des Larmes de madame Wang : l’argent caviarde tout, depuis les sentiments de douleurs face à la mort mimés par l’héroïne; son amour pour son mari – devenu habituel, de façade; la gentillesse peinte des voisines commères; l’amour retrouvé avec l’amant, qui n’est finalement que du désir; la jalousie de la femme trompée qui ne se soucie vraiment que de son image sociale…Devant cet inventaire à la Prévert de sentiments faux et de morales de façade, on est, à la lecture comme dans le film, saisit par une nausée qui n’est finalement pas dupe de la véracité du propos…Liu Bingjian le souligne dans sa note d’intention : il est finalement assez simple de produire un film indépendant de l’aval de l’autorité en Chine – pourvu que l’on ait avec soi une équipe et des soutiens dévoués. Ce fut le cas de la réalisatrice pour ce film, et force est de s’en rendre compte : le ton est bien libre dans Les Larmes de Madame Wang, libre notamment d’affronter en face les censeurs de l’Empire du Milieu, et ce alors que la sortie du film en France coïncide avec le boycott de l’actrice de Lust, Caution, Tang Wei, pour les scènes de nus dans lesquelles elle a joué, et certainement pour le contenu politique du film d’Ang Lee. Dans les deux cas, il y a fort à parier que ces deux aspects des Larmes de madame Wang déplaisent aux censeurs chinois, puisque le sexe y est complaisamment dépeint, entouré, sous-tendu par le même vide qui menace et entoure les protagonistes. Mais c’est peut-être ce vide même qui se révélera le plus gênant : cette course à l’argent – puisque c’est finalement de cela qu’il s’agit – acquis au prix de la sincérité des rapports humains, et de la dignité, qui laisse la malheureuse madame Wang plus seule, plus vide et plus détruite qu’elle ne l’a jamais été au sortir du film; cette course à l’argent n’est elle pas symbolique d’une Chine tendant avec férocité vers une économie de marché qui ne manquera pas de laisser nombre de victimes sur le bas-côté? Pour imparfait qu’il soit – notamment par le jeu de ses deux acteurs principaux, tous deux amateurs, ce qui est parfois évident –, le dernier film de Liu Bingjian soulève avec audace des questions sur la Chine d’aujourd’hui, qu’il n’est certainement pas vain de se poser. » (critikat.com)

Liu Bingjian tenant à utiliser des acteurs non-professionnels, les deux interprètes principaux Liao Qin et Xingkun Wei font ici leur premier pas devant une caméra. Liu Bingjian raconte comment il a choisi et rencontré son actrice principale, Liao Qin : « Je voulais des acteurs sans stigmates, des acteurs que l’on n’ait pas trop vus à la télévision ou au cinéma. Je voulais une actrice qui ait une vraie expérience de l’opéra traditionnel – dans le film, Madame Wang étant une ex-chanteuse d’opéra, nous ne pouvions raisonnablement pas prendre une actrice à qui il aurait fallu tout apprendre car nous aurions perdu un temps infini à la former. Il fallait aussi qu’elle soit vive, qu’elle ait entre 20 et 24 ans et, enfin, qu’elle parle le dialecte du Guizhou, ou celui du Sichuan. Une semaine avant le début du tournage, l’assistant réalisateur a rencontré Liao Qin sur le chemin du Campus de l’Institut d’opéra traditionnel de Chine. Après une demi-heure d’audition, ma décision était prise.« 

Les Larmes de Madame Wang a été intégralement tourné dans la province de Guizhou dans le sud de la Chine.

Les autorités chinoises n’ont pas fourni les autorisations nécessaires à Liu Bingjian pour le tournage de son film : « Depuis quelques années, de nombreux films se font sans l’approbation officielle, explique le réalisateur. Ils sont tous produits par des sociétés indépendantes. Ce film a pu aboutir grâce à l’aide de nombreux amis cinéphiles, chinois et étrangers. Ils aiment ce que je fais et viennent – parfois dans les pires conditions – offrir gracieusement leur collaboration pour que le projet puisse aboutir. Il y a eu, tout au long du tournage, jusqu’au montage, toute une série de difficultés. Il faut, en Chine peut-être plus qu’ailleurs, une certaine agilité et beaucoup de souplesse pour faire le film que l’on veut.« 

Les Larmes de Madame Wang a été présenté au Festival de Cannes 2002 dans la section Un Certain Regard. A l’occasion, Liao Qin a reçu une mention spéciale de la part du Jury. Le film a également été projeté dans de nombreux autres festivals comme à Toronto, Rotterdam, Vancouver, Pusan ou encore Nantes


Présentation du film et animation du débat avec le public : Philippe Serve.

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