Samedi 07 Octobre 2023 à 20h
Cinéma Jean-Paul Belmondo (ex-Mercury) – 16 place Garibaldi – Nice
Film de Claude Schmitz, Belgique, 2023, 1h57.
Gabriel Laurens est un détective privé un peu las, spécialisé dans les affaires conjugales. Lorsque sa nièce Jade déboule dans sa vie pour lui demander d’enquêter sur la mort de son père, frère jumeau de Gabriel, il voit resurgir des souvenirs qu’il pensait enfouis pour toujours. Confronté aux fantômes de son passé, Gabriel est entraîné dans une étrange enquête mêlant faux-semblants, fantasmes et trafic de stupéfiants.
Claude Schmitz est né en 1979. Diplômé de l’Institut National Supérieur des Arts du Spectacle (INSAS), il vit et travaille à Bruxelles. Artiste associé du théâtre de Liège, ses mises en scène ont été présentées entre autres au Kunsten festival des Arts, au Théâtre National, au Palais des Beaux-Arts, aux Halles de Schaerbeek, au Théâtre la Balsamine, à la Filature de Liège et au Salzburger Festspiele. En parallèle de ses créations pour la scène, il réalise des courts-métrages : Le Mali (en Afrique), Rien sauf l’été (Grand Prix Européen du festival de Brive), Braquer Poitiers (Prix Jean Vigo 2019 et sélectionné ou primé au Rotterdam IFFR, FID Marseille, Indielisboa, Valdivia FIC, MOMA New-York, La Plata FF, Champs-Élysées FF, Festival de Clermont-Ferrand) et récemment pour la RTBF Lucie perd son cheval (présenté en compétition au Rotterdam IFFR et Grand Prix du festival international de Bruxelles)
Notre article
par Bruno Precioso
La rencontre de Cinéma Sans Frontières avec l’œuvre du Belge Claude Schmitz remonte à 84 séances déjà, soit 4 ans (pause et confinement obligent), et son étonnant 1er long métrage, Braquer Poitiers, réalisé à 30 ans en 2019. Depuis cette date le metteur en scène de théâtre qui faisait de timides incursions dans le 7e art semble s’être accoutumé aux rouages du cinéma et avoir étoffé sa troupe technique jusqu’ici surtout composée de son comparse de toujours présent sur tous ses films, Florian Berutti. Le Belge semble même entamer avec son dernier film une mue de réalisateur chimiquement pur. Si les liens de cousinage entre les deux formes artistiques sont étroits et anciens (Claude Schmitz aime à citer Pasolini et Fassbinder), la contamination mutuelle du 6e et du 7e art pour le Bruxellois grand habitué des festivals théâtraux européens n’a cessé de s’approfondir à jusqu’à son travail en tant qu’artiste-associé au théâtre de Liège (2020-2023) qui lui a offert d’un seul geste l’occasion d’une pièce – Un royaume – et d’un film Lucie perd son cheval, sorti en même temps que la pièce se jouait en 2021 en Belgique (mais février 2023 en France). Comme dans Braquer Poitiers, le théâtre s’invite dans le cinéma, se présente comme le révélateur de l’illusion cinématographique, comme sa vérité profonde même ; paradoxe d’autant plus ironique que le théâtre a théorisé le 4e mur cher à Diderot dans son Discours sur la poésie dramatique dès 1758, des siècles avant les 1ers essais des frères Lumière.
« Être ou ne pas être, telle est la question. (…) Mourir, dormir, rêver peut-être. » (W. Shakespeare, Hamlet)
Et c’est bien d’essais dont il était jusqu’ici question dans le cinéma de Claude Schmitz : « Quand j’ai commencé à faire du cinéma, il y a plus ou moins dix ans, en parallèle de mon travail pour le théâtre, j’ai voulu aborder ce nouveau médium par des sujets qui proposaient des dispositifs simples. (…) Ça a donné des récits buissonniers qui partaient souvent de rencontres ou d’évènements fortuits. J’avais besoin de reprendre les choses à la racine. Mes premiers films sont au sens propre et figuré des « essais » …. Investir une dramaturgie plus romanesque est un pas que je devais oser franchir. » En effet, des trois protagonistes de son 1er film, Le Mali, (en Afrique), en 2016, attendant comme d’autres Godot la réparation éternellement reportée du véhicule qui devait les conduire vers des horizons fantasmés, à sa comédienne envahie en songe par les vies que ses rôles lui imposent de vivre dans Lucie perd son cheval, Claude Schmitz a jusqu’ici beaucoup travaillé la question du discontinu entre le réel et le rêvé, entre l’illusion de la vie et la vérité du jeu, brouillant les pistes en proposant un vertige doux et accueillant. L’étirement du temps qui est la matière de la scène théâtrale, les jeux d’ubiquité qui dévoilent et trahissent chaque fois un art par l’autre sont donc jusqu’ici la marque d’un artiste hybride qui ne semble pas vouloir s’affilier, refusant jusqu’aux formats traditionnels fût-ce au prix de maintenir son cinéma dans une certaine confidentialité. C’est encore une question d’hybridation qu’on trouve à l’origine de ce nouveau projet. Il s’agit pour Claude Schmitz de convoquer ses deux identités de cinéphile : l’enfant éveillé au cinéma à 12 ans par le cinéclub du mercredi d’un père Joséphite invoquant sur grand écran et en 35mm des histoires obscures et fascinantes (Kurosawa, Bergman…) qui sont autant de chocs esthétiques. Dans l’internat suivant le cinéma d’auteurs laisse place aux films de séries B américains des années 80 et 90. Plus de réalisateurs mais des acteurs : Chuck Norris, Steven Seagal, Stallone… « tout un corpus de films reaganiens véhiculant des schémas narratifs simplistes et caricaturaux et qui se sont, eux aussi, inscrits quelque part dans mon imaginaire. Ces deux cinématographies n’ont jamais cessé de cohabiter en moi. » L’envie de réaliser L’Autre Laurens, c’est d’abord l’envie d’évoquer cette tension qu’on croirait contradictoire.
« C’est toujours comme ça quand un négatif n’est pas stocké assez longtemps : il a besoin de temps pour grandir. Vous devez simplement attendre, comme une pomme pousse. Puis les bonnes proportions se posent. » (Robby Müller, chef opérateur de Jim Jarmush, au sujet de Dead Man.)
Ce film noir « américain » à l’image travaillée et colorée, tourné entre Dordogne et Espagne, naît aussi d’une très forte contrainte technique : le directeur de la photographie Florian Berutti raconte lors de la Quinzaine à Cannes en 2023 combien Claude Schmitz tenait pour ce film au matériel volontairement limité qu’il exploitait dans ses deux précédents longs, cherchant à interposer une forme d’imperfection, d’inconfort entre le regard du spectateur et la ‘‘réalité’’ filmée : obliger le spectateur à se heurter au manque de définition qui laisse entrer dans le cadre de la création, du déséquilibre, un effort qu’évacuent les très hautes définitions numériques. Encore un choix esthétique renvoyant à une éthique tant il est vrai que l’admiration muette ou la contemplation sont rien moins que des attitudes politiques. Si ses premiers films avaient été tournés avec une caméra à tube des années 80 par goût du grain et de la matière, le duo Schmitz-Berutti adopte à partir de Braquer Poitiers une ikonoscop de 2009, caméra suédoise au faible tirage et très limitée en lumière mais dont le rendu en texture très particulier plaît au réalisateur. C’est une caméra modeste très peu compatible avec le tournage en équipe, dans l’esprit du documentaire : avec elle il s’agit donc d’exploiter l’esthétique datée des séries B, chère à son cœur. A cette limitation volontaire s’ajoutent d’autres contraintes, en particulier celle d’écrire avec un budget d’1 million d’euros qui implique une forme dépouillée : la pauvreté se fait démarche, la maigreur de l’enveloppe dirigeant aussi le choix des décors (véritable pierre angulaire du projet) et des lumières. Car sans budget le matériel d’éclairage se réduit à presque rien, pour une équipe technique resserrée (4 personnes en tout) imposant une lumière très proche, au fort contraste, qui durcit et angle. C’est en somme ce suréclairage et l’image agressive qu’il génère qui oriente l’identité du film, lui interdisant une certaine forme de nuance à l’image. Il n’y a toutefois pas de hasard et ces choix correspondent évidemment à une préférence esthétique aussi bien qu’éthique consciente et revendiquée, en forme d’hommage à la photographie de Robby Müller, le chef opérateur mythique de Wim Wenders, Barbet Schroeder, Jim Jarmusch, Andrzej Wajda ou encore Lars von Trier, qui fut 10 fois primé, et célébré à New York par un double prix la même année pour Dead Man et Breaking the Waves. Dans un film faisant la part belle aux scènes de nuit, l’esthétique portée par les couleurs crues ancre les personnages dans des archétypes de genre décalés alors que le montage et le cadrage installent la narration dans une logique faussement naturaliste. Ce 1er « vrai » film de fiction, film de genre qui joue sur et avec les mots, nous entraîne dans une enquête qui égare plus qu’elle n’élucide ; une forme de contre-histoire, en somme.
Sur le web
L’Autre Laurens navigue entre le polar, la comédie et la série B d’action. Cela faisait un moment que Claude Schmitz avait envie de se confronter à une forme plus ample proposant un projet dramaturgique complexe. Il explique : « Ces types de constructions, je les explore depuis vingt ans dans mes créations pour le théâtre. Quand j’ai commencé à faire du cinéma, il y a plus ou moins dix ans, en parallèle de mon travail pour le théâtre, j’ai voulu aborder ce nouveau médium par des sujets qui proposaient des dispositifs simples… Ça a donné des récits buissonniers qui partaient souvent de rencontres ou d’évènements fortuits. J’avais besoin de reprendre les choses à la racine. Mes premiers films sont au sens propre et figuré des « essais » …. Investir une dramaturgie plus romanesque est un pas que je devais oser franchir.«
De la femme fatale au détective privé, en passant par les bikers ou le duo de flic corrompus, L’Autre Laurens est pétri de figures qui renvoient à l’imaginaire du cinéma américain. Le metteur en scène Claude Schmitz justifie ce choix : « Enfant, j’ai vécu dans un pensionnat où un père Joséphite nous faisait découvrir chaque mercredi soir des films d’auteurs sur grand écran, en copie 35 mm. J’avais 12 ans et je découvrais des histoires obscures qui me fascinaient et auxquelles je ne comprenais rien… C’est ainsi que très tôt, j’ai vu des films de Kurosawa, Bergman, Loach… Ces films furent mes premiers vrais chocs esthétiques. Juste après, je suis passé dans un autre internat où c’était pratiquement le contraire. Là, on nous donnait à voir tous les films de séries B américains de l’époque, des films avec Chuck Norris, Steven Seagal, Stallone, etc. Tout un corpus de films Reaganiens qui véhiculaient des schémas narratifs simplistes et caricaturaux et qui se sont, eux aussi, inscrits quelque part dans mon imaginaire. Ces deux cinématographies n’ont jamais cessé de cohabiter en moi et j’avais envie de faire un film qui évoque cette tension.«
Le film se situe près de Perpignan à la frontière de l’Espagne et le « décor » de la Maison-Blanche est situé en Dordogne. Il s’agit du Château de Rastignac dont la particularité est d’être la réplique de la Maison-Blanche de Washington. Certains historiens affirment que cette demeure a servi de modèle au bâtiment situé outre-Atlantique. Claude Schmitz raconte : « Quoiqu’il en soit, cette construction est avant tout un support à rêverie. C’est un bâtiment à la fois symbolique et mystérieux. Ce décor constitue la pierre angulaire de notre histoire… Ici il est placé sur un territoire composite autant réel que fictionnel où se confrontent des Français du Sud-Ouest, des américains et des espagnols. Ce territoire est situé près de Perpignan non loin de la frontière espagnole… Dans le film celle-ci est traitée comme une frontière Mexicaine locale.«
La retransmission en direct de l’effondrement des tours jumelles a été inséré dans la fabrication du film : « Le 11 septembre est un des motifs fondateurs du film. C’est un événement qui m’a marqué particulièrement. J’avais 20 ans et je devais être encore assez naïf car c’est à partir de cet évènement que j’ai senti, puis compris, que tout cet imaginaire américain qui m’avait été livré à travers les films que j’ai évoqués, était pétri de contradictions et de mensonges« , confie Claude Schmitz, en poursuivant : « Je ne parle pas de complot, mais simplement d’un rapport au monde que je n’avais pas réussi jusqu’à ce moment-là à mettre en perspective ou à critiquer. Et puis il faut rappeler la puissance symbolique de l’évènement, l’effondrement de ces deux tours, montrait, au-delà de la tragédie, une sorte de double émasculation, comme la révélation littérale d’une impuissance. Je dois ajouter, bien entendu, que j’ai découvert plus tard, une autre Amérique. Celle-ci avait inventé un cinéma passionnant et complexe, allant de Kenneth Anger au Nouvel Hollywood en passant par Jonas Mekas, etc… C’est un film sur le mensonge des pères que l’on peut définir ici au sens large comme étant le mensonge du patriarcat et des récits qu’il véhicule. Le film met en scène un père qui ment à sa fille et qui est remplacé par un autre père qui devient la copie du premier. Pour éviter que le schéma ne se perpétue, il faut briser cette dynamique. À la fin du film, Jade réalise cette tromperie et passe à autre chose. Au final, je considère que c’est un film assez intime. Pour paraphraser Flaubert, je dirai que Jade c’est moi. À travers ce personnage, je raconte ma trajectoire, celle d’un individu qui ouvre les yeux sur le mensonge du patriarcat. D’ailleurs, dans le film, le personnage de Jade est entouré de plusieurs figures de pères. Toutes sont vieillissantes et néfastes et chacune de ces déclinaisons va disparaître.«
Le film se termine dans le désert en Espagne. Un désert où ont été tourné de nombreux western spaghetti et qui évoque le Grand Canyon. « Tout le film joue sur un aspect fantasmatique et chaque lieu y propose un faux-semblant… car il y est toujours question de « l’autre ». La tension entre territoire européen et américain y est déclinée partout… et comme c’est un film sur la question de l’identité, une boîte de nuit y porte le nom du château d’Hamlet« , explique Claude Schmitz.
Olivier Rabourdin est l’unique acteur que Claude Schmitz a rencontré pour le rôle de Gabriel Laurens. Le cinéaste a très vite senti qu’il pouvait apporter une vraie complexité aux jumeaux du film. Il précise : « Olivier vient du théâtre et, à ce titre, c’est un acteur qui possède un très large registre de jeu. Il est à la fois fort et vulnérable. Il me fait penser à des acteurs d’une génération plus ancienne comme Ventura, Gabin, Cremer… Pour le personnage de Jade, j’ai rencontré Louise Leroy lors d’auditions. Ce qui m’a frappé chez Louise, c’est sa capacité à paraître jeune et mature à la fois. C’est véritablement la révélation du film. Elle me paraissait idéale pour former un duo avec Olivier. C’est une actrice très singulière et c’est ici son premier rôle au cinéma.«
Les bikers sont joués par des membres du MC Bushido des Pyrénées-Orientales. « Ce sont des gars incroyablement généreux, qui ont accepté de former le MC imaginaire du film qui est opposé aux valeurs qu’ils défendent dans la vie et qui sont basées sur la tolérance et l’amitié« , confie Claude Schmitz.
Ce film a été présenté à la Quinzaine des Cinéastes au Festival de Cannes 2023.
« Claude Schmitz laisse les planches du théâtre derrière lui pour se pencher sur sa cinéphilie, notamment sur ce qu’il a gardé des œuvres d’outre-Atlantique de son enfance. Avec L’Autre Laurens, il exploite un filon qui ne le mène pas nécessairement à la fortune, mais lui permet de bâtir une belle passerelle entre plusieurs genres. Dans une cohérence insoupçonnable et un humour tout aussi improbable.
Un apparat de western contemporain, une traditionnelle série B d’action, un film noir puis une comédie mordante par endroits, Claude Schmitz ne craint pas le mélange des genres. Grâce à une mise en scène maîtrisée, il parvient cependant à tirer quelque chose de cette schizophrénie qui en assommerait plus d’un. Avec Braquer Poitiers et Lucie perd son cheval dans sa carrière de cinéaste, le metteur en scène belge trouve le moyen de faire cohabiter plusieurs tons…
… L’Autre Laurens évoque ainsi les limites et les dérives de la paternité dans un pseudo road trip à la frontière catalane. Le cinéaste bouscule également les codes du polar afin de trouver un tempo burlesque assez improbable dans un univers de gangsters. Avec un duo triomphant et un style accrocheur, Claude Schmitz parvient au résultat escompté lorsque l’on arrive à peine à faire la distinction entre les morts et les vivants. Un plaisir qui ne se refuse pas. » (lemagducine.fr)
« Claude Schmitz nous a habitués au décalage, et dans son dernier long-métrage, on ne sera pas déçu. Son film vient explorer le thème du dédoublement, par l’autre, ou avec soi-même. Un polar décalé, aux couleurs lunaires, aux scènes solaires, et aux dialogues déjantés…
…Détournement des genres, dédoublement des personnages, un film qui ne tient qu’à un fil tissé de ses fils en mal d’exister. Le récit du film a l’air emberlificoté, avec ses digressions – et tous ses voyages en voiture sur les lieux du crime, les aires d’autoroute, de sa maison au funérarium – et il l’est avec toutes ces figures, des types masculins détournés de leur aura, indéfendables mais pourtant attendrissants. Tel semble le parti-pris de Claude Schmitz qui nous fait assister à son défilé de gueules – la femme fatale ni la lolita ne valent mieux mais elles tentent de sortir leur épingle du jeu… Ainsi le récit s’étale et tourne en rond – à prendre qui pour bourrique du personnage ou du spectateur – au service d’une intrigue pourtant bien ficelée, de dialogues aussi incisifs qu’ils sont drôles avec des répliques prises entre l’absurde et la nostalgie des films à discours, et des plans au cordeau dans une mise en scène plutôt stylisée. Ainsi on assiste au tableau d’une enquête qui a l’air sans queue ni tête – c’est le cas de le dire pour les types masculins ! – mais qui aboutira pourtant. Le film est long, s’étale, mais reste solide par son propre paradoxe : ses images plutôt magnétiques de par la beauté des cadres et la direction d’acteurs, très précise, viennent se confronter à une absurdité, une mélancolie et une vanité des personnages. Tour à tour solaire avec ses paysages frontaliers, lunaire avec ses scènes violentes – par le discours ou les actes des personnages –, L’Autre Laurens est un film qui parle de déconstruction à travers les thèmes de la mort, de la perte et du deuil, tout en accordant une place à l’idée de famille – aussi décomposée soit-elle – et à ce qu’on en fait – cf. les groupes préformés ou les duos qui se créent tout au long –, comme à l’idée de clan voire de genre. En cours d’implosion, la gent masculine en prend pour son image devant une Lolita bien plus courageuse, et assoiffée de vie comme de vérité… » (movierama.fr)
« … L’Autre Laurens transporte le spectateur dans les méandres d’une enquête qui sonde la quête d’identité, les schémas patriarcaux et la reconstruction intime. À la fois drôle et mélancolique.
Imaginez un western moderne, tourné entre Perpignan, la frontière espagnole et la Dordogne, ajoutez une galerie de personnages à la fois fantasques et touchants, des répliques caustiques, le tout orchestré par le cinéaste belge Claude Schmitz et vous voici plongés dans la tête de L’Autre Laurens. Un tourbillon d’idées qui joue avec les codes du néo-polar…
… Aux confins du film de genre, Claude Schmitz s’aventure dans une dramaturgie un peu plus complexe que dans ses précédents films. « J’avais envie de faire un film sur la trahison des pères au sens large du terme« , explique-t-il.
Avec ce troisième opus, le réalisateur s’amuse à brouiller les pistes (quitte à perdre avec malice le spectateur) tout en explorant des thématiques de la société actuelle. Il y est question de patriarcat, de condition féminine, d’altérité, de reconstruction et d’identité. « Il y a évidemment une critique dans le film, mais il y a aussi beaucoup de mélancolie, pour moi, ça raconte la fin d’un monde avec des hommes vieux qui reproduisent des archétypes et au milieu de ça, il y a le personnage de Jade, qui est un peu moi« , confie-t-il. » (francetvinfo.fr)
« … L’exercice de style autour des codes du film noir est abordé avec une vraie jubilation doublée d’un réel savoir-faire, déterritorialisant le genre, essaimant les faux-semblants, et trouvant tout son sens dans les décalages et les embardées qui dévient une trajectoire toute tracée. Claude Schmitz sature le récit d’archétypes, d’attributs virils aussi, flingues, motos, un hélicoptère même, comme pour les épuiser, les user jusqu’à la corde pour en faire ressortir la vanité, la vacuité aussi. Faire ressortir en creux la façon dont ces récits, qui ont construit depuis des décennies les masculinités, sont arrivés en bout de course, essoufflés et vidés de leur sens. Le tout avec humour et goût du jeu, servi par une image accrocheuse, et une bande originale ludique, qui trouve son point d’orgue avec la partition de Rodolphe Burger.
L’Autre Laurens figure ainsi une sorte de chant du cygne aux antipodes de la nostalgie, dernier adieu à des mythes fondateurs déconstruits. Il multiplie les pistes de lecture et d’interprétation, et détourne le personnage de la jeune fille en détresse, de la Baby Doll rock-n-roll pour l’investir des pleins pouvoirs, lui conférer l’autorité sur les récits à venir. » (cineuropa.org)
Présentation du film et animation du débat avec le public : Bruno Precioso.
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Entrée : Tarif adhérent: 6,5 €. Tarif non-adhérent 8 €. Adhésion : 20 € (5 € pour les étudiants) . Donne droit au tarif réduit à toutes les manifestations de CSF, et à l’accès (gratuit) au CinémAtelier et à l’atelier Super 8. Toutes les informations sur le fonctionnement de votre ciné-club ici