Dimanche 16 février 2003 à 14h30
Film de Hayao Miyazaki – Japon – 2003 – 2h04 – vostf
Retenue prisonnière par des pirates dans un dirigeable, la jeune Sheeta saute dans le vide en tentant de leur échapper. Elle est sauvée in extremis par Pazu, un jeune pilote d’avion travaillant dans une cité minière. Les pirates leur donnent la chasse. Au terme d’une course-poursuite effrénée, Sheeta se confie à Pazu, lui avouant qu’elle est la descendante des souverains de Laputa, la cité mythique située dans les airs. Elle est par conséquent la seule détentrice du secret de Laputa que le chef des armées, le cruel Muska, cherche à percer.
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Parmi les nombreuses sources d’inspiration évoquées par Hayao Miyazaki pour son Château dans le ciel, nombreuses sont celles qui remontent à l’enfance du maître de l’animation japonaise. Ainsi le réalisateur voulait-t-il évoquer un bijou aux pouvoirs magiques, comme celui de la petite Sheeta dans le film, après avoir lu une bande dessinée tournant autour d’un tel bijou alors qu’il était adolescent. Preuve de l’intérêt d’Hayao Miyazaki pour ce thème, le premier titre de travail du Château dans le ciel était Le jeune Pazu et le mystère de la pierre volante. Autre aveu du cinéaste, celui d’avoir pris sa mère comme source d’inspiration pour Dora, la chef des pirates, et ses trois frères pour celle des autres pirates, fils de Dora.
Réalisé en 1986, Le Château dans le ciel aborde déjà bon nombre de thèmes récurrents de l’oeuvre d’Hayao Miyazaki, qui seront découverts au fil des sorties de ses films. Déjà au coeur de l’intrigue, la destruction de la nature par la cupidité de l’homme évoque notamment Nausicaä de la vallée du vent (1984), le futur Princesse Mononoké (1997) et le pessimisme avoué de réalisateur. Ici, c’est surtout le danger du pouvoir, en l’occurrence celui du bijou de Sheeta, que le réalisateur a voulu souligner, notamment dans les séquences de fin du film. L’absence de manichéisme est également très présente, aucun personnage n’étant ni tout à fait blanc, ni tout à fait noir, comme ils ne le seront jamais dans Princesse Mononoké et surtout Le Voyage de Chihiro (2001). Seul exception, le manipulateur Muska, qui se révèle être l’un des rares personnages entièrement négatif de la filmographie d’Hayao Miyazaki. Autre thème central du film, l’aviation, une passion pour Miyazaki, que l’on retrouvera notamment dans Porco Rosso (1992). Enfin, comme dans la plupart des films du senseï (maître en japonais), ce sont les enfants qui sont les héros de l’intrigue du Château dans le ciel. De son propre aveu, Le Château dans le ciel est le film préféré Hayao Miyazaki parmi tous ceux qu’il a réalisés. Le maître indique cependant également qu’il est celui qui a rapporté le moins d’argent lors de sa sortie au Japon.
Réalisé en 1986 par Hayao Miyazaki, Le Château dans le ciel a dû attendre le mois de janvier 2003 pour enfin pouvoir sortir dans les salles françaises.
«Ce film n’est pas une simple chasse au trésor, prétexte à une débauche d’épisodes mouvementés ou comiques. C’est avant tout l’histoire d’un double legs et un roman d’apprentissage. Une jeune fille seule au monde et tombée du ciel a hérité d’un médaillon aux pouvoirs magiques. Un garçon pauvre a hérité du rêve de feu son père : découvrir Laputa, la mythique cité céleste, sorte d’Atlantide dans les nuages, que son paternel a pu un jour photographier d’un avion. Evidemment, les deux orphelins se rencontrent et mettent leurs efforts en commun. Cette quête se double aussi d’un conte sur le thème « Deviens qui tu es« . Aboutissement de l’art miyazakien première période, Le Château dans le ciel puise son décor dans la culture occidentale. Les machines volantes évoquent Jules Verne, les ouvriers Dickens, les espions et les pirates Maurice Leblanc (Miyazaki a adapté Arsène Lupin pour la télévision) et, bien sûr, Swift : Laputa est l’une des destinations de Gulliver dans ses voyages au Japon. Mais Le Château dans le ciel reste une œuvre profondément originale, qui obéit à ses propres règles, davantage qu’à de lointaines origines littéraires. Princesse Mononoké et, surtout, Le Voyage de Chihiro constitueront pour Miyazaki un repli délibéré vers une inspiration exclusivement japonaise et une invitation à la redécouverte du patrimoine des légendes nippones. Dans Le Château dans le ciel, les accessoires de l’imaginaire futuriste de la Belle Epoque ne sont pas utilisés dans les mêmes desseins que chez nos romanciers visionnaires : on ne constate chez Miyazaki aucune fascination amusée pour l’arsenal guerrier ou scientifique, contrairement à bon nombre de ses confrères de la « japanimation ».
Le cinéaste-dessinateur croit à la lutte des classes et s’autorise une nostalgie élégiaque pour les civilisations éteintes. Laputa symbolise avant tout l’utopie d’un monde meilleur et Miyazaki dessine un film vertical (la plongée vertigineuse du début), dans lequel la recherche du bonheur dans le ciel se révèle illusoire. Le film autorise une lecture marxiste le cinéma de Miyazaki se contentera bientôt d’illustrer un message écolo. Alliant vitesse, beauté et intelligence, Le Château dans le ciel, on l’aura compris, n’est pas qu’un joli dessin animé japonais qui se destine aux enfants petits et grands. C’est tout simplement du grand cinéma.» (lesinrocks.com)
Pour s’assurer de l’authenticité des décors terrestres dessinés pour Le Château dans le ciel censé se situer à l’époque de la Révolution Industrielle, l’équipe du film s’est déplacée jusqu’au Pays de Galles sur les conseils du producteur Isao Takahata. L’ensemble des décors du début du film est notamment inspiré de la vallée de Rhondda.
Le Château dans le ciel est le premier film d’Hayao Miyazaki à avoir été réalisé pour le compte du légendaire studio d’animation Ghibli. En fait, le studio a été créé par Isao Takahata et Toshio Suzuki dans le but précis de pouvoir donner vie au Château dans le ciel. Le nom de la nouvelle société a été trouvé par Hayao Miyazaki lui-même, qui a repris celui d’un avion de reconnaissance italien.
L’idée de Laputa, l’île volante derrière laquelle courent tous les protagonistes du Château dans le ciel, provient des Voyages de Gulliver écrit par le révérend irlandais Swift, dans lesquels est mentionnée l’existence d’une île dans le ciel. De son propre aveu, Hayao Miyazaki n’a pourtant jamais lu l’intégralité des Voyages de Gulliver, mais une version raccourcie qu’il a découverte au lycée.
Le Château dans le ciel marque la deuxième collaboration d’Hayao Miyazaki avec le compositeur Joe Hisaishi, après Nausicaä de la vallée du vent en 1984. Ce dernier deviendra le compositeur attitré du réalisateur, avec notamment les bandes originales de Princesse Mononoké et du Voyage de Chihiro.
Pour sa première distribution internationale, Le Château dans le ciel s’est vu doté d’une nouvelle partition instrumentale, signée, comme l’originale, par Joe Hisaishi. Responsable des droits de distribution internationaux, Disney avait tout d’abord demandé au compositeur de ré-orchestrer sa première partition, mais celui-ci a finalement préféré en composer une nouvelle.
Présentation du film et animation du débat avec le public : Philippe Serve.
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