Vendredi 06 avril 2007 à 20h30
Cinéma Mercury – 16 place Garibaldi – Nice
Un film de Lars von Trier – Danemark – 2006 – 1h40 – vostf
Le propriétaire d’une société informatique décide de vendre son entreprise. Le problème, c’est que lors de la création de celle-ci, il avait inventé de toutes pièces un président, se retranchant derrière ce personnage fictif au moment de prendre des décisions impopulaires. Or, les potentiels acheteurs veulent négocier avec ce président… Le président fait alors appel à un acteur au chômage pour jouer ce rôle. Le comédien va découvrir qu’il est un pion dans une histoire qui va mettre son (manque de) sens moral à rude épreuve.
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Lars von Trier, qui fut dans les années 90 l’un des initiateurs du Dogme (cette série de règles de tournage élaborées afin de réduire la part d’artifice du cinéma), s’est encore une fois donné une contrainte en ayant recours à une technique de prise de vue très particulière, l’Automavision. La quasi-totalité des scènes du film ont été tournées selon ce principe. Il s’agit, explique le cinéaste d’ « un procédé cinématographique de prise de vue (et de son) développé dans l’intention de réduire l’influence humaine sur l’oeuvre en convoquant l’arbitraire, pour obtenir une surface dépourvue d’idéologie, et détachée des habitudes pratiques et esthétiques. » Une fois que le directeur de la photo a défini une mise en place de la caméra, « un ordinateur programmé spécialement (avec possibilités de choix réduites) est chargé de décider quels paramètres changer : inclinaison, panoramique, focale, diaphragme, positionnement horizontal et vertical (pour le son il existe des paramètres équivalents) (…) une autre règle stipule qu’il ne doit pas y avoir d’autres manipulations à l’exception d’un montage élémentaire, simple bout à bout des scènes, dans l’ordre préétabli, images et son synchroniquement verrouillés. Il n’est pas permis de faire des changements de luminosité ou des manipulations de l’image ou du son (…) Dans le cas du Direktor, une règle supplémentaire interdisait de lumière artificielle au tournage, à l’exception des éclairages en place dans le décor naturel utilisé.«
L’imprévisible Danois a décidé de mettre en suspens sa trilogie sur l’Amérique, dont on a pu voir le premier volet, Dogville avec Nicole Kidman, en 2003, et le deuxième, Manderlay avec Bryce Dallas Howard, en 2005. Plutôt que de se lancer dans le tournage du troisième volet Wasington (« Je ne crois pas que ce soit le bon moment« , déclare-t-il), il a choisi de se lancer dans ce projet plus modeste, une comédie en danois, à petit budget.
Au début du film, le narrateur Lars von Trier précise qu’il s’agit d’une « comédie sans danger« . Il s’explique : « On me critique pour être trop politique, et c’est aussi ma propre critique… Je suis peut-être en fait trop politiquement correct. Voilà un film qui a été fait très vite. Ce film n’est pas politique et je me suis amusé en le faisant, mais bien sûr les bonnes comédies ne sont pas sans danger (…) Quand j’étais petit, j’ai vu beaucoup de comédies de situation. J’adore Indiscrétions et The Shop around the corner. J’ai essayé de faire quelque chose dans ce genre. Ces comédies de situation sont basées sur l’idée que certains savent ce que d’autres ignorent.«
Le Direktor évoque de manière humoristique les relations tendues entre le Danemark et l’Islande. « Le fait est que beaucoup d’Islandais achètent en ce moment une grande partie de Copenhague. Pendant 400 ans, l’Islande a été sous domination danoise. Tous les Islandais en ont tiré une haine des Danois. Ils en ont fait leur bête noire. La blessure de ces 400 ans est vraiment là« , explique le réalisateur.
Si le casting du Direktor est essentiellement composé d’acteurs scandinaves, danois et islandais (dont certains ont été vus dans Les Idiots, comme Jens Albinus et Louise Mieritz), Lars von Trier a de nouveau fait appel à son acteur-fétiche, le Français Jean-Marc Barr, qui a tourné dans Europa, Breaking the Waves, Dancer in the Dark, Dogville, Manderlay.
Lars von Trier revient sur son travail avec son collaborateur Peter Aalbæk Jensen au sein de Zentropa, sa maison de production : « L’idée du duo du bon flic et du sale flic est une manière très efficace de résoudre les problèmes. Moi et Peter Aalbæk Jensen formons le tandem du bon et du méchant ici (à Zentropa). Quand il s’agit des acteurs et de l’équipe, je suis le bon flic, mais dans certaines situations je serai le méchant et Peter sera le bon. C’est très anti-danois de faire le sale flic. Tout le monde au Danemark veut être le bon flic (…) Avec Zentropa, mon idée était simplement de pouvoir produire et contrôler ce que je réalisais (…) Ce n’est pas une boite de production comme les autres. Il n’y a pas d’idée claire derrière tout ça, c’est plutôt intuitif. On n’est pas là pour dire que le plus important c’est l’argent qui rentre.«
A la fin du film, il est question d’un dramaturge appelé Gambini : si ce personnage évoque en fait Ibsen dans l’esprit de Lars von Trier, le nom est imaginaire. Le cinéaste a eu cette idée en lisant le mot Gambini sur un gros camion rempli de nourriture, alors qu’il rentrait de Cannes…
Dans une des scènes du Direktor, les personnages regardent Le Miroir d’Andrei Tarkovski. « C’est un de mes préférés. Je crois que je l’ai vu vingt fois. » confie Lars von Trier.
Le Direktor a été présenté en 2006 au Festival de San Sebastian. La même année, le film a fait l’ouverture du Festival de Copenhague.
Présentation du film et animation du débat avec le public : Josiane Scoleri.
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