Le Limier



Vendredi 18 juin 2004 à 20h45

Cinéma Mercury – 16 place Garibaldi – Nice

Film de Joseph L. Mankiewicz – Royaum-Uni – 2002 – 2h18 – vostf

Sir Andrew Wyke, un riche auteur de romans policiers anglais, a invité Milo Tindle, un coiffeur londonien d’origine plus modeste, à lui rendre visite dans sa somptueuse résidence, aménagée et décorée avec un art consommé du trompe-l’oeil. Maniaque de l’énigme et de la mystification, cachant mal son mépris pour ce parvenu dont il connaît la liaison avec son épouse Marguerite, Andrew lui propose de simuler un cambriolage pour toucher l’argent de l’assurance. Milo, impressionné par Wyke, accepte…

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Le Limier, considéré par beaucoup comme LE chef-d’oeuvre du grand Joseph L. Mankiewicz, est le dernier film du cinéaste, qui s’éteignit en 1993 à l’âge de 87 ans.

« Mankiewicz a souvent été comparé -pour de mauvaises raisons- à Orson Welles. Certains théoriciens du cinéma ont utilisé « l’académisme » de Mankiewicz afin de souligner le caractère subversif de l’oeuvre de Welles. Grâce à cette opposition, ils établissent une distinction erronée entre conformisme classique et baroque flamboyant. S’il est vrai que Mankiewicz est un cinéaste de la sobriété, n’usant pas des mêmes procédés de mise en scène que le réalisateur de Citizen Kane -plans séquences hallucinants, travellings complexes, décors torturés…-, son cinéma n’en pas moins intéressant. Le limier en est la parfaite illustration. Ce film met en place un huis clos machiavélique. Il repose seulement sur deux personnages, magnifiquement interprétés par deux monstres du cinéma britannique, Laurence Olivier et Michael Caine. Andrew Wyke, un aristocrate auteur de romans policiers, invite son rival, Milo Tindle, (un coiffeur), dans son manoir, afin de le piéger et de l’humilier. Reprenant la thématique de l’aristocratie mourante, déjà développée dans La comtesse aux pieds nus, l’intrigue développe un autre thème favori de Mankiewicz, celui de la machination, animant la plupart de ses films, de Ève à Jules César. Chacun des deux protagonistes s’affublent tour à tour de masques différents, bluffant ou dévoilant une parcelle de vérité. Apparaît ici toute une rhétorique du jeu, dans tous les sens du terme. Le film repose intégralement sur le jeu des acteurs ; le jeu de la duperie fera chuter les personnages…Le limier constitue un véritable hommage du cinéma à la tradition du théâtre des illusions, à ces pièces où les personnages sont tellement vivants qu’ils viennent percuter et bouleverser tous les schémas et les scénarios prévisibles.  » (chronicart.com)

La pièce de théâtre Le Limier d’Anthony Shaffer, dont le film est tiré, est restée à l’affiche pendant huit années en Grande-Bretagne, totalisant 2359 représentations. Le succès de la pièce ne s’est pas démenti puisqu’à Broadway, aux Etats-Unis, la pièce a été jouée plus de 2000 fois. Elle a remporté un Tony Award en 1970. Plus connu pour ses nombreuses pièces de théâtre, Anthony Shaffer a également écrit les scénarios de Frenzy ainsi que celui de Wicker Man. Il est par ailleurs le frère jumeaux de Peter Shaffer, qui a écrit les scénarios des multi-oscarisés Vol au-dessus d’un nid de coucou et Amadeus (Oscar de la meilleure adaptation).

« …Cette œuvre est à la fois totalement ludique et profonde…Commence alors un premier film, à l’intrigue classique, en forme de trompe-l’œil. Puis, grâce à une ellipse audacieuse, le cinéaste nous invite à entrer dans un deuxième jeu où nos certitudes vis-à-vis de ce qui s’est déroulé dans la première partie sont ébranlées. Enfin, comme toute bonne pièce, on assiste à un troisième acte encore plus ludique, mais où les événements prennent un tour plus grave. On s’aperçoit alors qu’on a été dupé durant plus d’une heure et demie et que désormais les faux-semblants peuvent cesser. C’est ainsi que débute la mise en abyme et que le personnage interprété par Laurence Olivier peut aller jusqu’au bout de sa folie en confondant de plus en plus réalité et fiction. La grande force de Mankiewicz vient de cette réflexion poussée sur la création artistique et sur les limites floues entre le jeu et le réel. Or, le metteur en scène a toujours privilégié le dialogue à l’action dans ses œuvres précédentes, toutes très théâtrales. C’est le cas de L’aventure de Mme Muir (1947), d’Eve (1950), de Jules César (1953), mais aussi bien du péplum le plus bavard et intimiste de l’histoire du cinéma : Cléopâtre (1963). Sa dernière création apparaît donc comme le bilan d’une carrière particulièrement brillante, ayant donné au cinéma américain quelques-uns de ses plus beaux classiques. » (avoir-alire.com)

Dans un souci de brouiller les repères des spectateurs, le réalisateur Joseph L. Mankiewicz crédite six noms au générique du film… Mais seuls deux acteurs, Laurence Olivier et Michael Caine, sont en réalité présents à l’écran. Il a combiné plusieurs noms et prénoms entre eux. Ainsi, « Eve Channing » est créditée, contraction de « Eve Harrington » et « Margot Channing« , les deux personnages principaux de Eve, également réalisé par Joseph L. Mankiewicz. Alec Cawthorne est quant à lui le nom d’un scénariste de films télévisés pour la chaîne britannique BBC. Michael Caine a remporté au cours de sa carrière deux fois l’Oscar du meilleur second rôle : l’un pour Hannah et ses soeurs en 1987; l’autre pour L’Oeuvre de Dieu, la part du diable en 1999. Il a également été nominé trois fois : pour Alfie, le dragueur en 1966, Le Limier en 1972, et L’ Education de Rita en 1983. Laurence Olivier a quant à lui été nominé à l’Oscar du meilleur acteur pour sa prestation dans Le Limier.

« …Le Limier constitue une vision de la lutte des classes réduites à sa plus simple expression, un affrontement entre tradition et modernité. On peut dans un premier temps réduire ce questionnement à l’Angleterre où cette dimension est si importante. Andrew Wike est un représentant établi de cette haute société anglaise, toisant de toute sa supériorité les inférieurs où se mélangent les pauvres bougres destinés à le rester et les étrangers qui ne seront jamais assimilés. Milo Tindle est de ceux-là méritant d’autant plus le mépris par ses origines « métèques », lui fils d’immigrant italien osant convoiter l’épouse de celui qui le surclasse en tout…Le décor incroyable (fabuleuse création de Ken Adam) de la maison constitue le vrai troisième protagoniste du film. Les différents éléments (automates, marionnettes) qui le constituent semble s’animer ou s’éteindre au gré des soubresauts de l’intrigue, prendre faveur pour l’un ou l’autre des adversaires à travers des inserts prêtant à interprétations notamment sur le marin rieur Jolly Jack… » (chroniqueducinephilestakhanoviste.blogspot.fr)


Présentation du film et animation du débat avec le public : Philippe Serve.

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