L’Enfant endormi


 


Vendredi 03 mars 2006 à 20h45

Cinéma Mercury – 16 place Garibaldi – Nice

Film de Yasmine Kassari – Belgique, Maroc, France – 2004 – 1h55

Au Nord-Est du Maroc contemporain, une jeune mariée, Zeinab, voit son époux quitter le pays pour la clandestinité le lendemain de ses noces. Zeinab est enceinte. Dans l’attente du retour de son mari, elle fait endormir son fœtus. Le temps passe, le mari ne revient pas.

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Yasmine Kassari est l’auteur de plusieurs courts métrages et d’un remarquable documentaire sur l’immigration clandestine des travailleurs marocains en Espagne, Quand les hommes pleurent (2001). L’Enfant endormi est le premier long métrage de fiction de la cinéaste belge d’origine marocaine.

L’Enfant endormi s’inspire d’un mythe du Maghreb (Le raged). Une femme enceinte qui veut retarder la naissance de son enfant, soit parce qu’elle en a trop, soit parce qu’elle est répudiée, soit parce que son mari est absent… interrompt la croissance du foetus. On dit alors que «  l’enfant est endormi dans le ventre de sa mère « . Tous les gens concernés sont mis au courant. C’est une croyance qui est encore d’actualité dans certaines régions d’Afrique.

L’action se déroule dans un village au Nord-Est du Maroc. Un lieu que Yasmine Kassari affectionne particulièrement puisqu’elle y a passé ses vacances pendant son enfance. C’est là qu’elle a entendu parler du mythe de l’enfant endormi pour la première fois.

 » Le film, au caractère anti-narratif, enregistre aux confins de l’abstraction documentaire une donnée sociologique majeure : celle de l’attente infinie où en sont réduites les femmes laissées au pays par des hommes partis tenter leur chance en Europe. Il montre la double aliénation subie par les femmes maghrébines, victimes, d’une part, de la misère qui détruit leur foyer et, d’autre part, de la sujétion où les hommes absents continuent néanmoins de les réduire.C’est très exactement cette suspension, du temps et du désir, que filme Yasmine Kassari à travers quelques personnages de prédilection : Zeinab, la mariée abandonnée ; son amie Halima la révoltée, illettrée qui cache une boîte de pilules sous ses draps ; l’ancêtre aveugle qui recourt à toutes les stratégies d’apaisement et de résignation. Ni la tradition consolatrice, ni l’oppression dont elles sont victimes, ni le subterfuge de la correspondance par cassettes avec leurs hommes (qui donne lieu à quelques belles scènes) n’ont cependant raison de l’étiolement auquel sont condamnées ces femmes, ou du désir sexuel qui refait violemment surface.

L’Enfant endormi n’est pas pour autant un film qui cède à la facilité en abusant du pathos lié à cette situation. Il s’en garde tout au contraire et ressemble au bout du compte à son titre, en s’insinuant dans l’accablement d’un quotidien et d’une solitude dont rien ne semble pouvoir rompre la gangue.  » (lemonde.fr)

Yasmine Kassari a fait un casting au Maroc, en Belgique, en Algérie et en France afin d’auditionner des femmes pouvant tenir les rôles de L’Enfant endormi. C’est finalement Rachida Brakni qui est choisie pour interpréter le personnage d’Halima. Pourtant, Yasmine Kassari ne souhaitait pas «  travailler avec une comédienne renommée parce que je craignais que les autres soient dans l’ombre, et je voulais une homogénéité. Mais elle avait lu le scénario et elle voulait absolument faire le film. Rachida est quelqu’un d’une grande modestie. Elle m’a intéressée car elle peut participer à la même culture que les personnages du film. « 

Mise à part Rachida Brakni, aucun comédien du film n’est un professionnel. Un choix délibéré de Yasmine Kassari qui ne voulait pas des comédiens qui avaient trop de métier. La cinéaste a travaillé avec eux en leur laissant une part d’improvisation : « Ils veulent simplement qu’on les rassure, qu’on leur explique bien les intentions, les déplacements. Ils sont par exemple, très demandeurs d’un texte très précis. Ils m’ont souvent surpris par leur capacité de mémorisation. Je leur donnais les grandes idées d’une scène et je leur disais de formuler cela avec leurs expressions propres. « 

L’Enfant endormi est un film sur les femmes mais pas exclusivement :  » Ce film met en avant des personnages de femmes, mais, avant de parler de ces femmes, j’avais fait un film qui parle des hommes Quand les hommes pleurent…. Je ne crois pas que L’enfant endormi est un film plus centré sur les femmes que sur les hommes. En fait, les hommes existent ici par la force de leur absence. Ils sont en permanence dans le hors-champ. J’ai fait ce film pour parler d’états des choses, d’états de corps qui concerne autant l’homme que la femme.  » (Extraits d’une intervew de Yasmine Kassari parue dans Cinergie N°89)

L’Enfant endormi a été récompensé par une vingtaine de prix dont la mention « Meilleur Film Européen » de la sélection officielle de la Mostra de Venise 2004 décernée par la Confédération Internationale du Cinéma d’Art et d’Essai (CICAE).


Présentation du film et animation du débat avec le public : Josiane Scoleri.

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