Vendredi 01 octobre 2004 à 20h45 – 2ième Festival 2004
Film de Yuan Muzhi – Chine – 1937 – 1h40 – vostf
Les amours dramatiques d’un jeune boheme chinois avec une chanteuse dans les bas-fonds du Shanghai des années trente.
Sur le web
» L’invraisemblable Anges du boulevard de Yuan Muzhi s’organise autour d’un argument mélodramatique. Ou comment le trompettiste Chen tombe amoureux d’une petite chanteuse et la sauve finalement des rets de la pègre. Comédie musicale, comédie tout court, drame social, récit initiatique, Les Anges du boulevard brasse une foule d’éléments avec beaucoup d’audace sorte de météore inclassable qui offre à nos yeux franchouillards une synthèse inattendue de Jean Renoir et de la Nouvelle Vague. Renoir pour la liberté de butiner partout, le jeu constant avec les fenêtres et les ouvertures qui creuse la profondeur de champ et stimule l’œil du spectateur souvent confronté à plusieurs actions parallèles dans le même plan.
Second film de Yuan Muzhi, produit par la Mingxing et sorti en juillet 1937, Les anges du boulevard est souvent considéré comme le chef d’œuvre du cinéma de gauche des années 1930 en Chine. Mais il est bien plus que cela.
Encore marqué par le cinéma muet mais d’un style extrêmement moderne et novateur, mêlant des éléments de comédie hollywoodienne à un scénario très sombre, néoréaliste avant l’heure, c’est une œuvre étonnante à plus d’un titre. Sortie juste avant la chute de Shanghai aux mains des Japonais, elle signe brillamment la fin de l’âge d’or du cinéma chinois des années 1930. Le film est un mélodrame, mais traité sur un ton léger, enjoué et moqueur ; les séquences s’enchaînent sur un rythme rapide qui semble découler logiquement du collage introductif d’images trépidantes de Shanghai.
Ce film propulsa la carrière cinématographique de Zhou Xuan, qui y interprète deux titres mythiques : Tian Ya Ge Nü, La Chanteuse du bout du monde, et Si Ji Ge, La Chanson des quatre saisons.
Zhou Xuan avait alors dix-huit ans et n’était qu’une petite chanteuse à la ‘voix d’or’ lauréate de concours télévisés. Dans le rôle de Xiao Chen, Zhao Dan apporte l’expérience d’un acteur venu du théâtre, mais encore tout jeune (il avait 21 ans), et offre une composition de joyeux luron, artiste un tantinet fantaisiste ; dans celui de Xiao Yun, actrice elle aussi formée au théâtre, Zhao Huishen est le pendant sombre de Xiao Hong : elle est celle condamnée par le destin. Son propre destin ne fut pas plus rose : victime, elle, de la Révolution culturelle, 
elle se suicida en décembre 1967 ; dans le rôle de Lao Wang, le vendeur de journaux, Wei Heling interprétait là, lui aussi, son premier grand rôle ; il jouera ensuite dans les grands classiques des années 1950. Malgré la formation théâtrale de la plupart des acteurs, comme du réalisateur, leur interprétation est d’un naturel qui souligne le caractère novateur du film, néoréaliste avant l’heure ; Zhao Dan lui-même l’a souligné : « Ce film n’empruntait rien au théâtre, nous jouions directement à partir de notre expérience et éprouvions une profonde compassion envers nos personnages. Le scénario… n’était pas la copie d’un film occidental ou soviétique, il était vrai et naturel. »
Lors de la cérémonie de remise des prix des 24èmes Hong Kong Film Awards, le 27 mars 2005, fut dévoilée une liste de cent plus grands chefs d’œuvres du cinéma chinois (103 exactement) : Les anges du boulevard y figure en 11ème place. » (Brigitte Dunzan)
Présentation du film et animation du débat avec le public : Philippe Serve.
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