Les Eternels



Vendredi 05 avril 2019 à 20h30

Cinéma Mercury – 16 place Garibaldi – Nice
Film de Jia Zhangke, Chine, 2019, 2h15, vostf

Avertissement : des scènes, des propos ou des images peuvent heurter la sensibilité des spectateurs.

En 2001, la jeune Qiao est amoureuse de Bin, petit chef de la pègre locale de Datong. Alors que Bin est attaqué par une bande rivale, Qiao prend sa défense et tire plusieurs coups de feu. Elle est condamnée à cinq ans de prison. A sa sortie, Qiao part à la recherche de Bin et tente de renouer avec lui. Mais il refuse de la suivre. Dix ans plus tard, à Datong, Qiao est célibataire, elle a réussi sa vie en restant fidèle aux valeurs de la pègre. Bin, usé par les épreuves, revient pour retrouver Qiao, la seule personne qu’il ait jamais aimée…

Notre article

par Bruno Precioso

A presque 50 ans, Jia Zhang-Ke est devenu l’une des (peut-être la) figures de proue du cinéma chinois aux yeux de l’Occident à la tête d’une œuvre qui devient considérable, puisqu’il produit cette année son 12ème long métrage, son 20ème film tous formats confondus. Il fut l’un des cinéastes à accéder le plus rapidement, avant 30 ans, à la notoriété nationale et internationale : récompensé 4 fois dès son premier film (Xiao Wu, artisan pickpocket, en 1997), dont 3 prix internationaux. L’opus suivant, Pltaform, reçut un accueil similaire, mais Jia Zhang-Ke eut à attendre Still life en 2006 pour que vienne vraiment la consécration mondiale, avec un Lion d’or à Venise. A partir de ce coup de projecteur festivalier, confirmé de film en film, son œuvre ne cessa plus de recevoir l’approbation de la critique (2 fois primé à Cannes) – et dans une certaine mesure celle du public ; Au-delà des montagnes a été vu en France par 300.000 spectateurs.

Un cinéma chinois sous contrôle et en pleine mutation

Et de fait Jia Zhang-Ke est bien l’une des incarnations de la nouvelle génération chinoise, la 6ème puisque la Chine découpe ainsi l’histoire de son 7ème art en ‘‘tranches’’ générationnelles : après la quatrième génération (1978-1985) pétrie d’idéologie et chapotée par l’épouse de Mao et ex-actrice Jiang Qing, l’Université de Cinéma de Pékin fondée en 1978 fournit sa première promotion de l’après Révolution Culturelle en 1982, qui constituera ce qu’on appelle la cinquième génération. Les cinéastes de la cinquième génération émergent au milieu des années 1980 en s’écartant des méthodes cinématographiques traditionnelles pour une approche plus libre et initialement moins ‘‘grand public’’ ; on l’a d’ailleurs rapprochée du cinéma d’auteur à la française (sans aller, comme parfois dans d’autres cas, jusqu’à parler de Nouvelle vague !). Cette génération rompt avec les 4 générations historiques, celles des deux âges d’or, le plus ancien qui avait vu Shangaï s’imposer comme capitale du cinéma (1ère et 2ème générations de 1920 à 1948), puis l’époque de l’essor du cinéma communiste autour de l’Académie de Pékin qui avait présidé à la massification du 7ème art (3ème génération dans les années 1950). La jeune garde du cinéma chinois se constitue après la sortie en 1983 de One and an Eight, de Zhang Junzhao, et surtout de Terre jaune réalisé en 1984 par Chen Kaige (avec Zhang Yimou à la photographie) ; ce dernier film, sous les oripeaux d’un récit historique, se permet d’attaquer indirectement le Parti communiste et devient l’événement du Festival du film de Hong-Kong en 1985. Chen Kaige réalise une série de films (Le Roi des enfants, La Vie sur un fil…) qui en font le 1er réalisateur chinois reconnu sur la scène cinématographique mondiale, cette trajectoire atteignant son sommet en 1993 lorsque Adieu ma concubine reçoit la première Palme d’Or chinoise. Zhang Yimou remporte également de nombreux succès chinois et internationaux (Le Sorgho rouge, Épouses et concubines…). C’est de ces ‘‘maîtres’’ que Jia Zhang-Ke et la sixième génération recueillent l’héritage tout en ayant à s’en affranchir. Ce nouveau groupe de réalisateurs polyvalents se forme après les événements de Tian’anmen et partage une identité de fonds et de forme, notamment du fait que leurs tournages se font dans la clandestinité. Ces films sont tournés en ville, rapidement et avec peu de moyens, et leur sensibilité les pousse souvent vers le documentaire : longs plans, caméra à l’épaule, image parfois brouillonne, cadrages incertains… Les cinéastes de la 6ème génération traitent directement de questions de société grinçantes comme le chômage, la prostitution ou la criminalité, ce qui n’en fait pas forcément des réalisateurs engagés. Leur regard traque une vie urbaine marquée par un refus du romantisme, l’individualisme et la désorientation. Cette production souvent âpre est bien accueillie dans les festivals occidentaux mais reste largement méconnue en Chine, s’attirant sur place des critiques pour cet éloignement des attentes du public chinois plus sensible aujourd’hui aux productions nationales imitant les grosses productions américaines ou le cinéma hong-kongais – comme en témoigne la récente Grande muraille de Zhang Yimou (2017), film à (très) grand spectacle.

Dans cette nouvelle vague de réalisateurs Jia Zhang-ke fait figure d’archétype : il est provincial, originaire comme Wang Bing du Shanxi, dans le Nord de la Chine. Issu d’une famille classée lors de la Révolution culturelle comme « propriétaires fonciers » (ce qui a fermé à son père les portes de l’université) il connaît de près les dangers de l’insubordination, un de ses oncles ayant été emprisonné 8 ans pour « propos contrerévolutionnaires ». Aussi n’est-on pas surpris de lire que le jeune Jia Zhang-Ke découvre le cinéma en pénétrant clandestinement dans les salles de sa ville natale. La répression de la place Tian’anmen en 1989 constitue pour Jia Zhang-Ke comme pour tous ceux de la 6e génération un traumatisme fondateur. Lui participe à l’agitation depuis sa province à Fenyang où il prépare ses examens de fins d’études, et l’écrasement des étudiants décide pour lui de sa carrière de cinéaste – ou au moins d’artiste : admis en peinture aux Beaux-arts du Shanxi pour devenir professeur de dessin il publie un premier roman en 1991. La découverte en 1992 du Terre jaune de Chen Kaige portant à l’écran sa région et ses habitants trace pour lui la voie : ce sera l’Université de cinéma de Pékin en 1993, où il fonde un « groupe du film expérimental », considéré comme la première structure de production indépendante en Chine. Encore étudiant il tourne Xiao Wu, artisan pickpocket, sélectionné au festival de Berlin 1998 : sa carrière est lancée… et se referme dans un même mouvement puisque Xiao Wu lui vaut l’interdiction de tourner en Chine – son film étant accusé d’avoir « influencé gravement les échanges culturels normaux entre la Chine et le monde. »

A force d’opiniâtreté il finit par obtenir les autorisations pour tourner Platform, arguant que les financements étrangers couvrent la totalité des frais de tournage : autorisations refusées au motif que le réalisateur, à 29 ans, est trop jeune pour faire un film sur les tumultueuses années 1980. Platform sera donc tourné clandestinement et verra les débuts de celle qui ne cessera plus d’être « son » actrice – et deviendra son épouse, Zhao Tao, présente dès lors dans tous ses films, à commencer par Plaisirs inconnus, l’opus suivant également clandestin. La libéralisation de la Chine en général et des arts en particulier allège la pression à partir de 2003, et le cinéma jusque-là « outil de propagande idéologique primordial du gouvernement », devient pour le meilleur et pour le pire une « industrie ». La conjugaison de ces assouplissements et d’une radicalité moindre de son film suivant, The World, permet à Jia Zhang-Ke de sortir un peu de l’underground où restaient confinés ses longs métrages précédents ; pour autant le cinéaste y aborde des thèmes potentiellement sensibles : relations de la chine au monde extérieur, nouvelles technologies et problème des travailleurs migrants.

La sortie de la clandestinité ouvre enfin la voie à une carrière au grand jour qui ne tarde pas à s’épanouir : en 2006, c’est le Lion d’or pour Still Life, mais aussi, Dong, son film documentaire sur le peintre Liu Xiaodong. En 2007, Jia est jury des courts au Festival de Cannes, qui accueille en 2010 son documentaire I Wish I Knew dans lequel il rompt avec le regard porté depuis 1997 sur la Chine contemporaine pour se pencher à travers Shangaï sur les questions de manipulations de la mémoire et de l’histoire « par plusieurs pouvoirs successifs ou simultanés. » En 2013 A Touch of Sin est présenté à Cannes, et son audace formelle à mi-chemin du document social et du spectaculaire hérité du cinéma d’action de Hong Kong ou de la littérature classique chinoise, lui vaut le Prix du scénario. Malgré cette récompense la sortie chinoise repoussée à la suite des attentats de 2013 de la Place Tian’anmen se fait toujours attendre. Membre du jury du Festival de Cannes en 2014, sujet d’un documentaire du brésilien Walter Salles (Jia Zhangke, un gars de Fenyang), à nouveau sélectionné en 2015 pour Au-delà des montagnes, élu député en mai 2018, Jia Zhang-Ke a sans doute ‘‘réussit’’… et semble mettre désormais son cinéma face au choix de la nostalgie ou de la trahison.

Sur le web

Le titre original des Éternels est Jiang Hu Er Nü, que l’on peut traduire par « Fils et filles de Jianghu ». Le film emprunte son titre à un long de 1952 de Zhu Shilin écrit par Fei Mu, maître du cinéma chinois des années 1930 et 1940. Si les deux longs métrages n’ont rien en commun à part leur titre, Jia Zhangke était séduit par ce qu’il évoquait : « Le mot ‘ernü’ (‘fils et filles’) désigne des hommes et des femmes qui osent aimer et haïr. L’autre mot du titre, ‘jianghu’ […] évoque un monde de drames, d’émotions et, bien sûr, de dangers réels. En associant les deux mots du titre, se révèle un monde d’individus qui osent défier l’ordre dominant, qui vivent selon les principes moraux de la bonté et de l’hostilité, de l’amour et de la haine« . S’il signifie « rivières et lacs« , le terme de Jianghu désigne surtout dans la littérature les gens en marge de la société traditionnelle de la Chine impériale, tels que les bandits, les combattants, les chevaliers errants mais aussi les prostituées, vagabonds, … Le réalisateur explique : « Le couple du film […] [survit] en s’opposant à l’ordre social conventionnel. Je n’ai pas cherché à les défendre mais plutôt à les comprendre dans leurs malheurs. […] Le jianghu appartient à ceux qui n’habitent nulle part« .

Jia Zhangke est un grand admirateur de ses compatriotes réalisateurs, dont John Woo et Johnnie To. Dans Les Éternels, il a réutilisé la bande son de The Killer lors de la scène du karaoké et de la fusillade dans la rue ainsi qu’un extrait du film Tragic Hero de Taylor Wong. Par ailleurs, il a invité les réalisateurs Diao Yi’nan (Black Coal), Zhang Yibai, Xu Zheng et Feng Xiaogang (I Am Not Madame Bovary) à apparaître dans des seconds rôles : « Nous ne faisons pas le même genre de films, mais ce tournage nous a rapprochés car nous étions tous les cinq confrontés à des questions de cinéma, et nous nous sommes soutenus moralement tout au long de l’aventure. Comme des frères dans le jianghu« .

Pour la première fois de sa carrière, Jia Zhangke collabore avec le directeur de la photographie Eric Gautier qui remplace Yu Lik-wai, occupé alors à un autre projet. Ce Français, qui a notamment collaboré avec Olivier Assayas et Leos Carax, s’est parfaitement intégré au tournage, malgré la barrière de la langue, comme s’en souvient le réalisateur : « Il n’a cessé de me surprendre sur le tournage par sa connaissance parfaite du scénario. Il connaissait toutes les répliques des acteurs par coeur. Même quand un acteur improvisait et sortait du scénario, il le comprenait immédiatement« .

C’est la huitième fois que le réalisateur Jia Zhangke dirige sa compagne Zhao Tao. Le personnage incarné par Zhao Tao est inspiré de deux autres personnages qu’elle a joués dans Plaisirs inconnus en 2002 et Still Life en 2006. Désireux de simplifier l’intrigue de ces films, Jia Zhangke en avait à l’époque coupé certaines scènes d’amour. C’est en les visionnant à nouveau qu’il a eu l’idée de cette histoire d’amour tourmentée entre une femme et un chef de la pègre racontée sur plusieurs années.

« Jia Zhang-ke a su ausculter en vingt ans de nombreux aspects de la Chine contemporaine. Avec le farouchement violent A Touch of Sin, il a élargi son public avec une réflexion puissante sur la violence urbaine. Les premières minutes des Eternels semblent apporter une nouvelle pierre à son édifice de réalisateur implacable. On y retrouve la représentation d’une vie citadine phagocytée par une pègre omniprésente, et l’imagerie jouant sur les effets de lumières –à commencer par l’opposition entre violence (en rouge) et innocence (en vert). Tout est fait pour nous replonger dans cet univers sanglant et déshumanisé. Et pourtant, contre toute attente, le cinéaste va brutalement, après une scène dont la violence est plus déchaînée encore que dans les deux films susnommés, nous extirper dès la fin du premier tiers de son long-métrage. Ou, plus précisément, en extirper son héroïne, incarnée par son épouse dans la vie, Zhao Tao. Elle y incarne Qiao, une ancienne danseuse, venue de la campagne, et tombée sous le charme de Bin, un caïd local. L’ingéniosité de Jia Zhang-ke est de ne pas s’être fourvoyé dans une exposition didactique des coulisses du système criminel qui lui sert de contexte, le rendant plus nébuleux et ainsi plus angoissant. Vues par les yeux de sa femme, les activités de cet homme d’affaires aux méthodes expéditives restent floues, se limitant finalement à la gestion d’une salle de jeux où elle assure le service à des clients peu recommandables. Mais Qiao l’aime et son influence néfaste sur elle est telle qu’elle est prête à se sacrifier pour lui. Ne nous permettant pas de mesurer à quel point cet amour est réciproque, le film nous met dans un état de malaise émotionnel dont on ne sortira jamais vraiment. Le schéma scénaristique que prend ensuite le long-métrage semble pourtant tout tracé : mis à l’écart, le couple va se retrouver, se reformer et opérer une vendetta qui les ramènera aux commandes de leur réseau mafieux. Tout paraît écrit d’avance, et c’est assurément pour cela que voir le réalisateur prendre à revers nos attentes apparaît, de sa part, comme un pari audacieux. Et réussi. S’aventurant alors dans un univers cinématographique loin du sien, plus rural et léger, Jia Zhang-ke trace le parcours de son héroïne en prenant le temps de lui autoriser quelques rencontres impromptues. Elles seront surtout l’occasion pour lui de faire d’elle une femme redoutable, pleine de malice, ce qui était loin d’être flagrant sous l’escarcelle de son homme. Mais elle n’en reste pas moins un être fragile, qui a besoin de se raccrocher à un idéal, qu’il s’agisse de celui que lui offrait Bin ou, par défaut, de celui du premier beau-parleur venu, quitte à se permettre de se plonger dans son imaginaire fantasque. Il s’offre alors au passage une scène ouvertement improbable, une incursion du fantastique que l’on n’attendait pas dans son oeuvre bressonienne. Et le retour du couple en ville n’offrira aucunement aux spectateurs l’explosion de violence qu’ils pouvaient en attendre. Ce chapitre final les emmène vers un retournement des rapports de force que l’on peut qualifier de féministe et une conclusion émouvante. Celle-ci répond à la question que l’on pouvait se poser à la vue des précédents films du réalisateur, de savoir si le microcosme ultra-violent qu’il y dépeignait est malgré tout propice à une histoire d’amour. Il n’en reste pas moins sévère sur l’état de son pays -son sujet de prédilection- puisqu’on peut voir la désillusion de son héroïne comme celle d’une nation entière dont la volonté obsessionnelle de changement ne mène à rien de joyeux. Les longueurs qui auront précédé ce final poignant, mais surtout l’usage maladroit de certaines ellipses, font de Les Eternels un film dans lequel il est aisé de se perdre. Pourtant, l’intensité du jeu de Zhao Tao est telle que l’on se plaît à rester auprès d’elle pendant plus de deux heures, partageant pleinement les espoirs et les désillusions de son personnage. » (avoir-alire.com)

« D’aucuns soupçonnent Jia Zhang-ke, 48 ans, d’avoir mis de l’eau dans son vin, au fur et à mesure que le jeune cinéaste enragé des débuts, aux tournages quasi clandestins (Xiao Wu, artisan pickpocket, 1997), est devenu un artiste de renommée mondiale, mais aussi un homme politique (député de sa province natale, le Shanxi), businessman et directeur de festival, occupant une place stratégique dans l’écosystème du cinéma chinois. Ce qui frappe pourtant à chacun de ses nouveaux films, c’est son obstination à creuser un même sillon, remettant inlassablement en perspective les mutations récentes de la Chine contemporaine avec le désarroi affectif des êtres marginalisés. Les Eternels, son dernier film, injustement privé de récompense lors du Festival de Cannes, où il fut présenté en compétition, non seulement persiste dans cette voie, mais fait de la persistance même son propre sujet…

Les Eternels explore une question qui résonne tout autant sur le plan historique que sur le plan intime : est-il un affect capable de résister aux outrages du temps ou de se maintenir intact dans l’instabilité du siècle ? Car si la Chine se transforme à vue d’œil et brade tout en faveur de l’économie de marché, ce n’est pas sans répercussion sur l’amour de Bin et Qiao. Le sentiment lui aussi se transforme, se vide de sa force juvénile, se remplit d’amertume et d’incompréhension, sous l’assaut des bouleversements qui reconfigurent le territoire…A mesure que ses héros font l’épreuve douloureuse du temps, dont ils subissent la dureté et les accidents, la mise en scène de Jia Zhang-ke passe par une étonnante variété de registres : d’abord foisonnante de formes et d’énergie, voguant librement entre stylisation et captation brute, elle se dépouille peu à peu, jusqu’à une aridité terminale, comme s’accordant aux différents âges de ses personnages, qui vieillissent, s’usent et prennent peu à peu leurs distances avec le monde. Pourtant quelque chose de ténu, d’infime, persiste entre Qiao et Bin, à quoi s’attache obstinément la caméra du cinéaste. Une fidélité malgré tout qui dépasse le seul cadre amoureux et trouve son origine dans un proverbe mafieux que les deux amants ont communément échangé au sommet de leur gloire : « droiture et loyauté ». Serment d’une jeunesse sauvage qui résonne encore en un lointain écho dans la Chine tonitruante du nouveau millénaire. Qiao, restant la seule à y croire encore quand tout autour d’elle s’est écroulé, apparaît comme une héroïne d’un autre temps, issue d’une lignée immémoriale, celle des contes et légendes d’autrefois. Son obstination à aimer, son acharnement à vivre selon ses principes, sa fidélité envers un âge incandescent font sans doute des Eternels le film le plus ouvertement romantique de Jia Zhang-ke. » (lemonde.fr)

« Les Éternels est le portrait magnifique et complexe d’une femme, portée, comme toutes les héroïnes de Jia Zhang-ke depuis Platform, par Zhao Tao. Actrice immense, âme versatile dont le visage rayonne et le corps vibre. Et qui n’est jamais si bouleversante que lorsqu’elle semble impassible. Face à elle, Liao Fan (Black Coal de Diao Yi’nan, 2014), impeccable, est le roc qui vacille. Car Les Éternels est aussi l’histoire d’un amour absolu d’abord partagé, puis unilatéral. Et qui change de camp. Comme Bin et Qiao entrent et sortent de la pègre. Ces vases communicants, ces disharmonies sont autant d’éléments romanesques que le film, d’abord polar noir et rythmé, intègre peu à peu dans un élan fluide vers le mélodrame. Les couleurs à l’image font le chemin inverse. Chatoyantes au début, les teintes virent au beige dans la deuxième partie, au noir dans la troisième. La mise en scène est faite de ce mouvement de balancier perpétuel. À coup d’ellipses élégantes, le temps passe sur les êtres. Et quand la fin est proche, la loyauté a pris du plomb dans l’aile. Et si la droiture est maintenue, c’est le corps brisé et le cœur en lambeaux. » (bande-a-part.fr)


Présentation du film et animation du débat avec le public : Bruno Precioso

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Entrée : 7,50 € (non adhérents), 5 € (adhérents CSF et toute personne bénéficiant d’une réduction au Mercury). Adhésion : 20 €. Donne droit au tarif réduit à toutes les manifestations de CSF, et à l’accès (gratuit) au CinémAtelier.

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