Les Habitants



Vendredi 27 avril 2007 à 20h30

Cinéma Mercury – 16 place Garibaldi – Nice

Un film de Alex Van Warmerdam – Pays-Bas – 1992 – 1h48 – vostf

Une femme qui, sur les conseils dʼune statue de Saint-François, se prive de nourriture pour plaire au Seigneur. Un enfant qui, fasciné par la guerre civile au Congo, se déguise en Noir et se fait appeler Lumumba. Un facteur bien indiscret, un garde-chasse myope et stérile, un boucher à l’appétit sexuel débordant qui ne manque pas dʼimagination pour capturer ses proies. Voici quelques éléments dʼune comédie des plus insolites sur la vie des habitants dʼun lotissement perdu, dans le Nord de lʼEurope.

Les histoires drôles de drôles d’habitants dans une drôle de rue d’un drôle de lotissement dont la vie oscille entre le sexe et la foi.

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Le réalisateur-scénariste(-comédien) Alex van Warmerdam est un homme aux multiples casquettes qui, après une formation de peintre, se sera fait dans les années 80 une solide réputation d’homme de théâtre via une troupe cofondée avec son frère Marc. Son premier film, Abel, réalisé en 1986, avait rencontré un certain succès aux Pays-Bas, mais c’est véritablement son long métrage suivant, Les Habitants, en 1992, qui attirera l’attention de la cinéphilie internationale sur son style coloré et caustique. Après avoir fondé sa propre maison de production, il tournera quelques films plus ou moins remarqués (dont La Robe, et l’effet qu’elle produit sur les femmes qui la portent et les hommes qui la regardent en 1996),

Pour Les Habitants, le réalisateur Alex Van Warmerdam et son cadreur Marc Felperlaan ont travaillé plus de neuf mois sur le story-board. Le cinéaste déclare à ce sujet « Cela se remarque très peu dans le film. On dirait que la caméra a été posée, et hop, on tourne. Mais avant cela on en a parlé très longtemps.« 

Le réalisateur Alex Van Warmerdam a déclaré s’être influencé d’œuvres picturales pour son film Les Habitants. Parmi les peintres, il cite l’artiste néerlandais Mondrian, comme inspiration pour ses décors. Le cinéaste déclare à ce sujet : « La rue a effectivement quelque chose de ‘mondrianien’, comme la répartition des surfaces entre les fenêtres. Disons que le film a eu Mondrian pour dramaturge.« 

 » Les Habitants est la chronique mordante des désirs contrariés d’une communauté en proie à un contrôle social intense.

Il y a un seul commerce dans la rue des Habitants : une boucherie. Voilà qui en dit long sur le regard d’Alex van Warmerdam, où la violence bouillonne sous des airs aseptisés. L’un des personnages les plus attachants et les plus malades du film est ainsi le boucher lui-même, victime d’une libido débordante que sa femme refuse de soulager. Sur le chemin d’une détresse grandissante, le conduisant bientôt aux plus grandes folies, son désir rencontrera celui d’une autre : la femme d’un garde-chasse complexé. La femme du boucher, elle, se repliera dans la foi, poussée au jeûne par une statue de Saint François d’Assise. Elle deviendra l’idole d’une communauté où pratiquer la religion n’est pas optionnel. Le tout sous le regard vigilant du facteur – malicieusement interprété par le cinéaste lui-même – qui connaît les secrets de chacun et se fait un plaisir de semer le trouble à la moindre occasion. Alex van Warmerdam raconte tout cela et bien d’autres choses d’un trait sûr, tranchant, taillant ses plans avec art autant dans l’espace que dans le temps. Pas une once de gras dans ce film où chaque instant est un paroxysme. Le soin apporté au typage des personnages et, avant cela, le choix crucial des comédiens combinés à cette maîtrise formelle permettent au cinéaste d’en dire beaucoup avec très peu de mots.

Une telle maîtrise peut se retourner contre un film, a fortiori lorsque c’est de satire qu’il s’agit. Sauf que l’aspect ostentatoire du style est ici, comme chez Tati, un instrument de la critique. Si les décors ressemblent à des décors et si les frontières de la forêt voisine sont parfaitement rectilignes, c’est que la vie des habitants est une sorte de supercherie. Le style visuel d’Alex van Warmerdam contribue à renforcer un climat oppressant nourri par le fait que chacun soit à chaque instant potentiellement visible aux yeux des autres. La « vraie vie » est pourtant cachée quelque part et tout l’objet du cinéma d’Alex van Warmerdam est de la faire jaillir. C’est bien ce qui rend son cinéma si admirable : son habileté à donner du relief à ses personnages malgré l’outrance qui sévit à tous les niveaux et à produire ainsi non des pantins mais des figures aussi irréelles que vraies. Si l’on rit du boucher et du garde-chasse, on souffre également avec eux. Le rire que suscite Les Habitants est presque jaune parce qu’il touche tellement juste.

Au-delà de la chronique d’une communauté malade, c’est aussi d’un récit initiatique qu’il s’agit : l’histoire de Thomas, un garçon au seuil de l’adolescence obsédé par la figure de Lumumba. Alors que la radio relate les aventures du leader congolais, Thomas se balade dans la rue et dans la forêt déguisé à son image. Sa soif d’ailleurs va trouver du grain à moudre par deux rencontres : celle d’un Noir en cage, introduit dans le village par des missionnaires et celle d’une mystérieuse créature des bois. Il y a de quoi s’émerveiller dans ce récit si farfelu, fourmillant d’idées saugrenues, et qui en même temps ne cesse de nous renvoyer à nous-mêmes. En cela, Alex van Warmerdam est un digne héritier du surréalisme : sa fantaisie a pour fonction de donner une forme agréable à des choses dures, de nous aider à les regarder. Alors que les deux amis de Thomas précipitent le débordement désordonné des pulsions, le film prend une forme toujours plus sèche, intraitable, pour aboutir à une conclusion éminemment mélancolique : l’assassinat de Lumumba et la disparition de ses camarades hors-la-loi marque pour Thomas l’entrée dans un triste monde d’adultes, dont on ne sait s’il parviendra à le transfigurer. » (critikat.com)


Présentation du film et animation du débat avec le public : Philippe Serve.

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