Les Invasions barbares



Vendredi 19 décembre 2003 à 20h45

Cinéma Mercury – 16 place Garibaldi – Nice

Film de Denys Arcand – France – 2003 – 1h39

Rémy, divorcé, la cinquantaine, est à l’hôpital. Son ex-femme Louise rappelle d’urgence leur fils Sébastien, installé à Londres. Ce dernier hésite – son père et lui n’ont plus rien à se dire depuis longtemps. Finalement, il accepte de revenir à Montréal pour aider sa mère et soutenir son père. Dès son arrivée, Sébastien remue ciel et terre, joue de ses relations, bouscule le système de toutes les manières possibles pour adoucir les épreuves qui attendent Rémy. Il ramène aussi au chevet de Rémy la joyeuse bande qui a marqué son passé : parents, amis et anciennes maîtresses. Que sont-ils devenus à l’heure des « invasions barbares » ? L’irrévérence, l’amitié et la truculence sont-elles toujours au rendez-vous ? L’humour, l’épicurisme, le désir peuplent-ils toujours leurs rêves ? A l’heure des invasions barbares, le déclin de l’empire américain continue…

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Denys Arcand (né en 1941) est un réalisateur canadien en vue. Il a commencé à faire des documentaires dans les années 1960 et ensuite des films de fiction dans les années 1970, révélant une sensibilité à la corruption politique du Québec et à l’exploitation ouvrière, particulièrement dans l’industrie du textile (Québec : Duplessis et après; On est au coton [qui a été interdit par l’Office national du film du Canada, pour qui Arcand a travaillé, au moment de la Crise d’octobre en 1970]; Réjeanne Padovani). Autrement dit, comme tous les autres dans le cinéma du Québec à l’époque, Arcand était considéré comme un gauchiste. Arcand avait aussi un solide passé catholique; sa mère avait voulu être religieuse et il a passé neuf ans à l’école des Jésuites, aspirant apparemment au sacerdoce lui-même pour quelque temps. La première oeuvre de fiction d’Arcand, La maudite galette (1972), une comédie noire en quelque sorte, traite de l’argent et de son pouvoir de corrompre les gens ordinaires. La violence extrême, de temps en temps gratuite, est un sujet récurrent de ses premiers films. L’épisode central dans Gina (1975) est un viol collectif, dont la victime, une strip-teaseuse, obtient vengeance et supervise l’exécution brutale du meurtre de chacun de ses agresseurs. Cela rappelle l’oeuvre d’un autre réalisateur influencé par le catholicisme, Martin Scorsese et ses réponses souvent horrifiées et incompréhensibles à la société contemporaine et à ses contradictions, qui lui aussi a tendance à présenter la violence sous des couleurs séduisantes autant qu’il la critique. Ce sont des individus qui réagissent au «mal», non pas en explorant ses racines sociales, mais en se rabattant sur leur formation religieuse et en blâmant la «pourriture» de la nature humaine. Le cinéaste québécois a atteint une certaine renommée internationale avec Le Déclin de l’Empire américain en 1986 et Jésus de Montréal en 1989. À une époque de rapide détérioration des  standards cinématographiques nord-américains, le cinéma d’Arcand suggérait au moins qu’il était possible de faire du cinéma avec intelligence. Stardom (2000), cependant, jetait un regard morne et rapidement oublié au problème de la célébrité.

Pour le réalisateur Denys Arcand, Les Invasions barbares est un film qui s’oppose à la folie médiatique du monde actuel. « Je me sens de plus en plus décalé par rapport à la société qui m’entoure« , explique-t-il. « J’imagine que c’est le signe le plus habituel du vieillissement. L’accélération constante de la vie et le hurlement médiatique me rebutent. Les films fabriqués par des ordinateurs ne m’intéressent pas beaucoup. J’aime les dialogues et les acteurs.« 

Les Invasions barbares traite des thèmes de la maladie et de la mort. « J’ai écrit le scénario du film au cours des deux dernières années« , déclare le réalisateur Denys Arcand. « C’est un sujet qui me hante depuis bien longtemps, mais je n’arrivais jamais à lui donner une forme satisfaisante pour moi. J’aboutissais toujours à des scénarios lugubres et déprimants. Jusqu’au jour où j’ai eu l’idée de réutiliser les personnages du Declin de l’empire americain. Leur bonne humeur, leur cynisme et leur intelligence me permettaient de traiter ce sujet avec une légèreté qui me plaisait.« 

« Que l’on ne s’y trompe pas, Les Invasions barbares n’est pas un film mélodramatique. C’est le coup de poing dans le plexus, l’injection d’adrénaline en plein cœur : un choc cinématographique. Sans aucune des grosses ficelles du drame, Denys Arcand frôle la quintessence de la nature humaine. Au-delà de leur cynisme décapant, de leur optimisme forcené, dépassant frustrations et déceptions nées de la confrontation à la vie, ces « quinquas » demeurent sublimement humains, tour à tour féroces, tendres, impertinents, faibles, violents, subtils ou râleurs, à l’image de la construction du film qui alterne joutes verbales, émotions intenses, humour potache et interrogations existentielles. Parmi toutes ces doctrines en « isme » qu’ils ont partagées, maoïsme, déconstructionnisme, féminisme, séparatisme… pour reprendre les mots des personnages, il en est une à laquelle ils n’ont pas cédé : l’individualisme. Comme si, la seule valeur refuge, l’unique barrière au néant, c’était la solidarité, la famille, au sens large, qu’elle soit de sang ou non. Une petite comédie humaine qui nous rapproche de la vérité essentielle et nous rappelle gravement que, pour citer Socrate, nous ne nous en approchons, que dans la mesure où nous nous éloignons de la vie. » (avoir-alire.com)

Le long-métrage Les Invasions barbares marque le retour des principaux personnages du Déclin de l’empire américain, grand succès public réalisé par Denys Arcand dix-sept ans plus tôt. « Ils étaient tous là, disponibles, et avaient envie de revivre une nouvelle aventure« , explique le cinéaste canadien. « Evidemment, le temps ayant fait son oeuvre, le ton était devenu plus grave, les échéances plus inéluctables. L’heure des bilans avait sonné. »

L’un des comédiens des Invasions barbares, Stéphane Rousseau, est une grande star du music-hall au Canada. Imitateur, danseur, crooner, musicien, chanteur, animateur radio, il a réuni des centaines de milliers de spectateurs outre-atlantique. Récompensé par de nombreux prix, Stéphane Rousseau a donné 50 représentations parisiennes au Bataclan, en 2001, avec un spectacle mis en scène par l’ex-Nul Chantal Lauby.

Présenté en compétition du 56e Festival de Cannes, en 2003, le long-métrage Les Invasions barbares a reçu deux prix : Le Prix du scénario et le Prix d’interprétation féminine pour Marie-Josée Croze.


Présentation du film et animation du débat avec le public : Philippe Serve.

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