Les Toilettes du Pape



Vendredi 04 Avril 2008 à 20h30

Cinéma Mercury – 16 place Garibaldi – Nice

Film de Cesar Charlone et Enrique Fernandes – Uruguay – 2006 – 1h35 – vostf

Nous sommes en 1988, et Melo, petite ville uruguayenne à la frontière brésilienne qui survit essentiellement de la contrebande, attend fébrilement la visite du pape Jean-Paul II. Les médias annoncent des centaines de visiteurs, des milliers de pèlerins en quête de nourriture, boissons, drapeaux, souvenirs, médailles commémoratives…Beto, notre héros, pense avoir trouvé la meilleure source de revenus, des toilettes publiques où les pèlerins pourront venir se soulager. Mais avant de pouvoir construire ses toilettes, et malgré l’hostilité de sa famille, Beto va devoir multiplier les allers-retours de plus en plus risqués à la frontière, sur son vieux vélo, pour passer des produits de contrebande…

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« Avec son titre iconoclaste et son affiche plutôt joyeuse Les toilettes du pape se présente comme une comédie au ton primesautier. Pourtant, les deux réalisateurs nous convient bien à un véritable drame de la misère dans ce métrage qui s’inspire d’un événement réel : la venue du pape Jean-Paul II en Uruguay dans la ville très pauvre de Melo. Nous suivons ainsi pendant une heure et demie les préparatifs de cette venue inespérée pour les habitants qui comptent bien profiter de l’occasion pour s’enrichir en vendant des boissons et autres spécialités du coin. Pénétrés par une foi indéfectible en Dieu, ils pensent que le pape peut accomplir un double miracle : à la fois religieux et économique. Décrivant par le menu le quotidien de ces gens, les cinéastes ne se laissent pourtant pas prendre au piège du misérabilisme et donnent une véritable dignité à tous leurs personnages.Peinture d’une vie faite d’expédients, de petits trafics et de corruption, Les toilettes du pape n’oublie pas les moments de grâce, notamment lorsque les protagonistes rêvent tous d’une vie meilleure (la séquence à moto ou les espoirs de la gamine qui veut devenir journaliste). La fin, très amère, est non seulement terrible dans son constat d’échec, mais elle met également en exergue l’inutilité de l’Eglise, ainsi que sa capacité à vendre du rêve aux plus naïfs. La désinformation constante des médias est également dénoncée de manière très efficace lorsque l’importance de cet événement est amplifiée de façon inconsidérée. Marqué par une très belle photographie, une musique savamment distillée et l’interprétation inspirée du formidable César Troncoso, dont on lit toutes les pensées en un seul regard, ce métrage inattendu finit par prendre aux tripes dans une dernière demi-heure quasiment parfaite. » (avoir-alire.com)

« Succès phénoménal dans son pays d’origine, Les Toilettes du pape est un film hybride. À la fois réaliste et désenchanté lorsqu’il s’agit de décrire le quotidien difficile de ces villageois écrasés par la joute du capitalisme, le film aurait pu facilement se contenter de jouer la carte d’un pathos un rien déplacé. Mais plutôt que de jouer sur l’émotion facile et immédiate, le réalisateur préfère emprunter de nombreux chemins de traverses (souvent comiques), laissant son étrange film ralentir ou accélérer au gré des (très) nombreuses péripéties de Beto. Refusant le statisme, la mise en scène épouse au plus près chaque mouvement des personnages au point d’en dégager ce qu’il y a de plus absurde. Si ce parti-pris a pour intérêt de ne prendre aucune distance avec les personnages – et donc de transformer un simple déplacement à vélo en course-poursuite contre la mort –, cette absence totale de distance joue également sur un effet de décalage sur ce qui peut paraître incongru. » (critikat.com)

En tant qu’Uruguayen vivant au Brésil, la plupart des sujets qui venaient à l’esprit de Cesar Charlone étaient liés à son pays. « Après dix ans à tourner des pubs, des clips et des séries, je dois avouer que l’idée de réaliser un long métrage me trottait dans la tête, raconte le cinéaste. Quand Elena Roux, la productrice, et Enrique Fernandez m’ont contacté, je me suis dit que c’était l’occasion. Quand j’ai reçu le scénario, j’y ai vu non seulement une belle histoire avec des personnages attachants, mais la possibilité de réaliser mon vieux rêve, travailler dans mon pays avec une histoire uruguayenne. Pour moi, Melo a une saveur spéciale : c’est une ville uruguayenne vivant sous influence brésilienne. Presque tous les habitants de Melo parlent portugais, regardent la télé brésilienne et achètent des produits brésiliens. Je me suis tout de suite senti à la maison. »

Cesar Charlone raconte comment s’est déroulée sa collaboration avec Enrique Fernandez : « Nous avons beaucoup travaillé avant le tournage, fait ensemble les dernières révisions du scénario, les repérages… J’adorais l’histoire d’Enrique et je voulais la rendre la plus cinématographique possible. J’ai fait un découpage très détaillé que nous avons revu ensemble et que nous avons transmis à l’équipe. Ainsi, lors du tournage, tout le monde savait que faire et pourquoi. Le tournage a été simple et agréable. De plus, Fernando Meirelles, le réalisateur de La Cité de Dieu, avec qui je travaillais, a été enthousiasmé par le projet et est entré en coproduction avec notre société O2 Filmes au Brésil.« 

Le casting est composé d’acteurs professionnels et non professionnels. Les professionnels sont César Troncoso (Beto), Virginia Méndez (Carmen, la mère) et Nelson Lence (Meleyo, le douanier volant). Puis vient Hugo Blandamuro (le barman). Tous les autres sont des habitants de Melo. Ils ont tous répété pendant quelques semaines afin de leur donner l’assurance, la souplesse et la concentration nécessaires à affronter la caméra. « Nous avions des acteurs avec une grande expérience, des non-professionnels qui se sont révélés de vrais acteurs, et des gens qui ont fait les acteurs mais qui n’avaient jamais vu de caméra, explique Cesar Charlone… C’était merveilleux de voir les scènes où tous ces acteurs jouaient ensemble et qu’il était impossible de distinguer le non-professionnel de l’acteur expérimenté.« 

Après être sorti de l’école de cinéma de Sao Paulo, Cesar Charlone a principalement travaillé au Brésil. Il a commencé en 1975 comme chef opérateur sur des films documentaires ou des longs métrages. En 1997, il s’installe définitivement au Brésil et y mène une carrière de réalisateur. Il réalise alors plusieurs épisodes de la série télé La Cité des hommes dont il signe aussi les scénarii. Depuis, il alterne réalisation et photographie. En 2001, il assure la photographie de La Cité de Dieu, réalisé par Fernando Meirelles, pour laquelle il reçoit, entre autres, la plus haute récompense du Festival de Lodz et qui lui vaut d’être nominé aux Oscars. En 2003, il travaille avec Spike Lee et de nouveau avec Fernando Meirelles sur The Constant Gardener. Originaire de Melo en Uruguay, scénariste, assistant réalisateur ou cameraman, c’est à différents titres qu’Enrique Fernandez a participé à plusieurs courts métrages et documentaires en Uruguay et en Allemagne, où il a vécu quelques années. En 1997, un de ses scénarii originaux est porté à l’écran par Diego Arsuaga, Otario. Il sera en sélection officielle au Festival de San Sebastian. Aujourd’hui, il enseigne le scénario à l’école de cinéma d’Uruguay.


Présentation du film et animation du débat avec le public : Philippe Serve.

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