L’Hirondelle d’Or



Vendredi 20 mai 2005 à 19h

Musée des Arts Asiatiques – 405 Promenade des Anglais – Arenas – Nice

Film de King Hu – Hong-Kong – 1966 – 1h35 – vostf

Lorsqu’un groupe de brigands mené par le diabolique Tigre au Visage de Jade kidnappe le fils d’un officiel, le gouvernement réagit aussitôt en envoyant à la rescousse un de leurs meilleurs agents : l’Hirondelle d’Or. Désirant régler dès son arrivée la situation par la force, l’intrépide héroïne devra rapidement changer de tactique. Pour éviter les pièges de ses ennemis, elle fera notamment équipe avec un mendiant ivre, bien plus malin qu’il n’en a l’air…

Notre critique

Par Philippe Serve

Auréolé d’un triomphe sans précédent lors de sa sortie en 1966, L’Hirondelle d’Or marque le point de départ d’une nouvelle ère dans le cinéma de Hong-Kong et plus précisément dans le cinéma d’Arts Martiaux. Révélant de nombreux talents devant et derrière la caméra, ce classique, produit par la Shaw Brothers, renouvelle sur de nombreux points le wu xia pian (film de combattant chevaleresque), un genre très populaire alors fraîchement abordé par la prestigieuse société de production.

L’apport de King Hu à un genre jusque là très codifié 

« Au moment de faire L’Hirondelle d’Or, j’ai réfléchi à la forme à donner aux mouvements. Je ne voulais pas utiliser les vrais arts martiaux, ce qu’on appelle le vrai kung-fu. J’en avais vu des compétitions, je ne trouvais pas ça très beau, et en plus je n’y comprenais rien, je n’y comprends toujours rien aujourd’hui d’ailleurs [en 1984]. Mais quand j’étais enfant, j’avais vu de l’Opéra de Pékin en grande quantité, j’ai décidé que ce serait bien de se servir de lui. J’ai pensé à Han Yingjie qui était un ancien élève de la célèbre école de l’Opéra de Pékin, Fuliancheng, que je connaissais déjà. Je lui ai expliqué ce que je voulais, le type de situation, de combat, de mouvement souhaité, et lui me disait ce qui était réalisable et tout ce qui ne l’était pas. Seuls les acteurs d’Opéra de Pékin connaissent toute la technique, tous les codes, comme le saut périlleux, le « taïman », etc. J’avais tant vu d’Opéras de Pékin dans ma jeunesse que je
pouvais me repérer. En fonction de ce qu’il me disait, je pouvais modifier, corriger mes scènes. Je devais expliquer à Han Yingjie qu’au grand angle on pouvait donner l’impression d’une vitesse supérieure, que le télé-objectif changeait la vitesse du mouvement selon la nature de celui-ci, c’était difficile à comprendre pour Han, il n’a pas la cervelle très scientifique, alors je préparais la caméra et je le faisais regarder dans l’objectif, ce qui facilitait grandement la préparation de la séquence. Je monte toujours mes films moimême. Pour les scènes de combat, je tourne beaucoup de matériel, en rapport ou non avec la continuité, pour pouvoir ensuite choisir. » (Propos recueillis par Olivier Assayas et Charles Tesson avec la collaboration de Marco Müller, Pesaro, le 19 juin 1983. Traduit du mandarin par Marie-Pierre Müller, mise en forme C.T, Cahiers du Cinéma hors série « Hong-Kong Cinéma« ).

Filmographie de King Hu :

Sons of Good Earth (1964), Come Drink With Me (1966), L’Auberge du Dragon (1966), A Touch of Zeen (1969), Le Destin de Lee Khan (1973), The Valiant One (1975), Raining in the Mountain (1975), Legend of the Mountain (1979), Juvenizerse (1980), Reincarnation (1981), All the King’s Men (1982), The Wheel of Life (1984), Swordsman (1990), Human Night in Painted Skin (1993).

ChenG Pei-, pei premiEre star du wu xia pian   

« King Hu était un de mes professeurs de l’école de formation d’acteurs créée par la Shaw Brothers. Il ne travaillait pas à plein temps à l’époque et pratiquait beaucoup la calligraphie. Il m’a repéré lorsque j’exécutais un numéro de danse chinoise et m’a trouvée très convaincante en homme… » déclarait Chen Pei-pei à Cannes en novembre 2002. Plutôt que de faire appel à une véritable combattante pour le rôle de L’Hirondelle d’Or, King Hu décide de porter son choix sur cette ancienne ballerine tout juste âgée de 19 ans. « Je ne connaissais rien aux arts martiaux, j’étais danseuse à la base. Ceux qui ont étudié à l’Opéra de Pékin avaient la capacité de jouer dans les films d’arts martiaux, moi pas. » Mais sa grande taille par rapport aux autres postulantes et sa prestance singulière (justement hérité de son passé de danseuse) séduisent immédiatement le metteur en scène… dans L’Hirondelle d’Or, la crédibilité de combattante de Cheng Pei-pei tient bien évidemment à sa performance de comédienne mais aussi à plusieurs facteurs que King Hu maîtrise pleinement. A commencer par une direction artistique soignée, autant dans les scènes dialoguées où les jeux de regard et les attitudes des protagonistes sont saisis dans les moindres détails, que les scènes d’action réglées à la perfection par le spécialiste Han Ying-jie qui deviendra un collaborateur régulier de King Hu. Les déplacements gracieux de cette héroïne lors de ses divers affrontements contre des hordes de bandits, s’allient à un sens du rythme et du découpage parfaitement équilibré. Ce mélange détonnant réunit les diverses influences artistiques de King Hu, qui fait preuve d’un savoir-faire impressionnant en particulier dans les décors en huis-clos. D’ailleurs, l’auberge où se déroule une des scènes les plus mémorables du film, deviendra un lieu emblématique de ses oeuvres futures, dont la maîtrise visuelle atteindra son apogée avec L’Auberge du Dragon (1975).

Sur le web

L’Hirondelle d’or est l’un des plus beaux fleurons des studios Shaw Brothers, nom mythique et indissociable de l’histoire du cinéma de Hong-Kong auquel Quentin Tarantino rend un vibrant hommage dans son Kill Bill : volume 1. Plus d’un quart du millier d’oeuvres produites par ce studio créé en 1958 furent des films d’arts martiaux regroupant plusieurs le film de sabres, de kung-fu, le film fantastique ou encore le film d’aventure.

L’entente ne fut pas toujours cordiale entre le réalisateur King Hu et les studios Shaw Brother. Ces derniers refusèrent par exemple de donner à Hu dix jours de tournage pour la scène de l’auberge. Le cinéaste paya souvent son désir de perfectionnisme au prix fort et décida à la fin du tournage de mettre fin à sa collaboration avec le studio hongkongais.

Au générique de L’Hirondelle d’or figure un jeune débutant de douze ans répondant au nom de… Jackie Chan, qui deviendra très vite l’une des plus grandes stars asiatiques du film d’action.

Le long-métrage L’Hirondelle d’or se voit dôté d’une suite en 1968. Intitulée Le Retour de l’hirondelle d’or, celle-ci est réalisée par Chang Cheh et voit Pei-Pei Cheng rempiler dans le rôle principal.


Présentation du film et animation du débat avec le public : Philippe Serve.

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