L’Île aux chiens


 


Samedi 26 Mai 2018 à 20h30

Cinéma Mercury – 16 place Garibaldi – Nice

Film d’animation de  Wes Anderson – Allemagne,USA – 2018 – 1h42 – vostf

En raison d’une épidémie de grippe canine, le maire de Megasaki ordonne la mise en quarantaine de tous les chiens de la ville, envoyés sur une île qui devient alors l’Ile aux Chiens. Le jeune Atari, 12 ans, vole un avion et se rend sur l’île pour rechercher son fidèle compagnon, Spots. Aidé par une bande de cinq chiens intrépides et attachants, il découvre une conspiration qui menace la ville.

Notre critique

Par Martin de Kerimel

Connaissez-vous la loi Godwin ? Après avoir régulièrement utilisé Internet pour mener diverses «conversations» à distance, l’avocat américain Mike Godwin a fini par livrer le fruit de ses réflexions. Il a émis le postulat suivant : « Plus une discussion en ligne dure longtemps, plus la probabilité d’y trouver une comparaison impliquant les Nazis ou Hitler s’approche de 1 ». De fait, sur la Toile, l’épouvantail du Reich survit encore pour toutes sortes de bonnes et mauvaises raisons. Parmi elles : l’envie de déstabiliser un contradicteur particulièrement tenace et, ce faisant, de décrédibiliser ses opinions.

Si je vous parle de Mike Godwin et de sa théorie, c’est parce que je crois franchement qu’aujourd’hui, d’autres personnalités marquent les esprits. De ce fait, elles viennent hanter des débats qui, au départ, n’avaient aucun rapport avec elles. Restera à savoir si, après avoir vu L’île aux chiens, vous penserez comme moi à un certain président américain. Ce n’est pas garanti, mais je me dis que c’est au moins possible. J’aimerais attirer votre attention sur le simple fait que Wes Anderson, le réalisateur du film, évite consciencieusement de prononcer son nom. Il faut dire que ce Texan, à la popularité croissante en France, se sent bien dans notre pays. Si bien qu’il s’est installé à Paris !

Jusqu’à présent inédit dans nos salles, le premier de ses films vient tout juste d’y être distribué. Ce soir, nous vous présentons le dernier en date – le neuvième long-métrage d’une carrière débutée en 1994. Une précision : il s’agit aussi de son deuxième film d’animation, réalisé comme le premier avec la technique du stop motion, qui suppose de multiplier les photographies de personnages… de la taille d’une banale poupée ! Autant dire qu’il s’agit clairement d’une mécanique de très haute précision, du genre finalement de celles qu’utilisaient les animateurs des premières heures du cinéma. Aujourd’hui, le numérique a bien sûr changé la donne, mais c’est une autre histoire…

Très originale, celle de L’île aux chiens nous conduit au Japon. Ou presque. Disons plutôt que nous sommes invités à visiter un archipel fantasmagorique et précisément une ville imaginaire : Megasaki. Cette vraie-fausse destination traverse des temps difficiles depuis que les canidés de tous poils semblent être devenus de vrais dangers sur pattes, la faute à une étrange maladie que les hommes appellent fièvre truffoïde. Que feriez-vous en pareil cas ? Les autorités locales, elles, ne tergiversent guère. Effrayées à l’idée d’une contamination à grande échelle, elles refusent radicalement d’étudier les solutions scientifiques à l’épidémie et déportent massivement les toutous. Prochain arrêt : une gigantesque décharge à ciel ouvert où, sans doute, ils mourront d’inanition avant que leurs anciens maîtres se soient réellement inquiétés de leur sort. Sauf, bien sûr, s’il y a encore quelques bipèdes raisonnables chez les Homo Sapiens…

Le film que nous vous proposons est le fruit de deux ans d’un travail collectif extrêmement méticuleux. Dans une interview récente, le grand manitou Wes Anderson le confirmait… à demi-mot : « Dans un sens, c’était vraiment intense, mais cela reste un exercice plutôt divertissant. Ce qui est devenu un tout petit peu plus stressant au fil du temps, c’est que pour moi, tout passait par l’ordinateur. Je me retrouvais donc chaque jour face à mon écran. » Seule une incroyable scène de conception de sushis aura donné quelques sueurs froids au placide réalisateur, jusqu’à ce qu’il se décide finalement à faire appel à une équipe d’animateurs spécifique. L’obsession du détail…

Cela dit, il n’y a pas qu’à l’image que L’île aux chiens est une incroyable prouesse. Pour nous immerger le plus complètement possible dans leur imaginaire, les équipes techniques ont en effet accompli un immense travail sur le son, la musique et les voix. Ce que je trouve formidable, personnellement, c’est que le tout compose une mosaïque étonnante, à la fois tout à fait nouvelle et pourtant étrangement familière. On peut voir le film d’innombrables façons et notamment comme un hommage aux grands maîtres du septième art japonais. Wes Anderson reconnaît qu’il regarde leurs films en boucle !

Vous allez voir… non, entendre : sur L’île aux chiens, le doublage a une importance cruciale. Dans ce domaine aussi, on peut parler du film comme d’une œuvre exigeante. Franchement, quand je l’ai vu pour la première fois, j’ai presque regretté mon choix quasi-constant de privilégier les versions originales. Il y a tant de choses à regarder dans un même plan et les dialogues sont si rapides que lire les sous-titres m’a semblé fastidieux. Cela dit, Wes Anderson n’a rien laissé au hasard : comme il le fait souvent avec ses films en images réelles, il s’est entouré de toute une bande de talentueux amis pour faire parler ses chiens ! Mieux, il a suivi la même démarche pour les voix françaises. Quelques-uns de nos grands acteurs sont ainsi devenus tout à fait cabots. Pour cette promenade artistique, il paraît qu’ils n’ont même pas été tenus en laisse…

Vous pensez encore que le cinéma d’animation était réservé aux enfants ? Il se peut qu’après la projection, vous ayez au moins un peu changé d’avis. Il y a une part sombre dans ce drôle de film. Sans le disqualifier pour les bambins, cela suppose tout de même que le spectateur ait une certaine forme de maturité. Ce qui ne gâche rien au plaisir ! Je me demande d’ailleurs si ce n’est pas dans ce mélange des genres et des émotions que se cache la vraie patte Wes Anderson. J’en reparlerai volontiers avec celles et ceux d’entre vous qui le souhaiteront : il me semble que l’Américain, fréquemment présenté comme un dandy des écrans, aime ajouter un peu de mélancolie au pur divertissement. Serait-ce un geste politique ? Je n’en suis pas sûr, mais vous êtes libres de le penser.

Sur le web

À l’instar de ses précédents films, Wes Anderson a fait appel à ses plus fidèles collaborateurs et amis pour co-écrire L’Île aux chiens. Il a ainsi retrouvé Roman Coppola et Jason Schwartzman et a accueilli un petit nouveau, Kunichi Nomura, qu’il avait dirigé dans The Grand Budapest Hotel. Le réalisateur revient sur ce processus : « Kurosawa et ses modestes équipes de coauteurs travaillaient ensemble à l’élaboration des scénarios. C’est une pratique également assez courante dans le cinéma italien : les films sont écrits à plusieurs autour d’une table. Comme pour une série télévisée. On a essayé de s’en inspirer à notre façon. » Pour Roman Coppola, l’écriture se fait naturellement : « On plaisante, on discute, et quand quelque chose sonne juste, Wes le prend en note dans un de ses carnets. Jason va dire quelque chose qui tout à coup fait jaillir une idée, ou une bribe de dialogue. (…) Ensuite, il y a une période de gestation où on rassemble des idées, puis une nouvelle phase où on commence à écrire, et comme c’est un film d’animation, on continue à écrire même pendant le tournage. »

Fortement imprégné par le cinéma japonais, Wes Anderson a décidé avec L’Île aux chiens de rendre hommage à toute une série de réalisateurs japonais, et à la culture nippone en général. La plus grande influence du réalisateur est sans conteste Akira Kurosawa et en particulier ses films qui se déroulent dans un cadre urbain comme L’Ange ivre, Chien EnragéEntre le ciel et l’enfer et Les Salauds dorment en paix. D’ailleurs, le visage du Maire Kobayashi est fortement inspiré par Toshirô Mifune, acteur fétiche de Kurosawa et star des quatre films cités ci-dessus. L’équipe a également puisé dans les films tokusatsu (à effets spéciaux) et kaiju (films de monstres) d’Ishirô Honda, ami de Kurosawa et auteur du tout premier Godzilla, de Rodan, Mothra et La Guerre des monstres. Enfin, le grand maître du cinéma japonais, Yasujirô Ozu, a nourri l’oeuvre de Wes Anderson, comme l’explique le chef décorateur Paul Harrod : « Je ne suis pas la première personne à trouver qu’il y a une ressemblance entre Ozu et Wes : cette précision, l’utilisation de la symétrie, le placement toujours très, très structuré des personnages – ce sont deux réalisateurs très cérémonieux. »

Outre le cinéma japonais, Wes Anderson a également tiré son inspiration de deux maîtres de l’estampe de l’époque d’Edo au XIXe siècle, Hiroshige et Hokusai. Tous deux appartiennent au mouvement ukyio-e (qui signifie littéralement « image du monde flottant« ) qui s’attache à saisir de brefs moments de plaisir en prenant pour thèmes les paysages naturels, les voyages lointains, la faune et la flore, les geishas et les acteurs de kabuki. Afin de préparer le film, Wes Anderson a réuni une vaste collection d’estampes et les dessinateurs ont exploré les immenses collections du Victoria and Albert Museum de Londres. Le but était non pas de représenter fidèlement le Japon mais d’offrir une sorte de réalité alternative, comme l‘explique la graphiste Erica Dorn, qui a grandi au Japon : « L’esthétique et l’ambiance évoquent le Japon, mais une version un peu onirique du Japon – la version de Wes Anderson. C’est là tout l’avantage de situer le film dans une ville imaginaire, à une période imaginaire : cela nous donne une certaine licence artistique. »

Au-delà des références japonaises, le chef décorateur Paul Harrod a puisé son inspiration chez Stanley Kubrick, notamment 2001 : L’Odyssée de l’espace pour le laboratoire tout blanc et Docteur Folamour pour la salle de commandes. Une manière pour lui de rendre hommage au chef opérateur Ken Adam dont il est un grand admirateur. Stalker d’Andreï Tarkovski lui a servi de référence pour construire un univers fait de déchets et de rebuts.

« Avec l’Île aux chiens Wes Anderson signe une fable animalière aussi inventive que politique. Ségrégation, maltraitance, corruption : avec cette fable animalière inventive, le cinéaste américain réussit un film politique haletant et foisonnant. Il y avait déjà une île dans la filmographie de Wes Anderson : celle des amoureux-fugueurs de 12 ans dans Moonrise Kingdom, un sanctuaire d’innocence et d’idéalisme. L’Ile aux chiens se situe à l’opposé. C’est une décharge, un ­cimetière, une jungle. On y abandonne massivement, systématiquement, les chiens, décrétés porteurs d’une grippe fatale, et on les laisse ­vivoter ou s’entretuer pour un peu de nourriture avariée au milieu des ordures. Comme les animaux de ce film d’animation parlent et sont dotés de caractéristiques humaines, ils sont aussi, évidemment, nos doubles…L’île du titre évoque les zones insalubres où s’entassent, aujourd’hui, les populations déplacées, indésirables, refoulées. Avec cet arbitraire terrifiant qui frappe tel groupe, telle religion ou ethnie : ici, la déportation des chiens s’effectue au profit des chats, vénérés par le pouvoir en place… Le film sidère par sa profusion de détails visuels et narratifs, qui donne souvent l’impression de n’en capter, au vol, que quelques-uns. Wes Anderson mélange les estampes japonaises avec la haute technologie et l’art de Méliès avec les superpouvoirs numériques. Les gags alimentent la noirceur. Les marionnettes rappellent l’enfance par la naïveté de leur style mais la violence sanglante qu’elles affrontent, les mutilations et les maladies qu’elles subissent destinent L’Ile aux chiens à un public adulte. » (telerama.fr)

« …L’animation et le rapport cruel et magnifique entre l’homme et les animaux domestiques, au premier degré, comme dans ses déclinaisons métaphoriques, donnent lieu à ce qu’Anderson manie le mieux, l’art du détail, des gags insolites, des répliques ad hoc, dans un univers cotonneux où le moindre sac à ordures devient une nature morte aussi angoissante qu’épatante de créativité. Les chiens, errants comme domestiques, cruellement abandonnés à un triste lot, évoquent bien des situations réelles tragiques. Pour ceux qui ont partagé ou qui partagent encore leurs vies avec ces quatre pattes, l’émotion est totale. L’inventivité générale de l’art d’Anderson séduira au-delà des fous de toutous, avec ses références multiples au cinéma nippon notamment, qui sert de décor original et pourtant puissamment cinématographique à cette œuvre atypique qui ne ressemble qu’à son doux dingue d’auteur. » (avoir-alire.com)

« Dès ses premiers plans, est beau à tomber. Les textures, les couleurs, le design des maquettes – tout est absolument adorable, ouvert à la rêverie, et rendu immédiatement vivant par les mouvements de caméra signatures du réalisateur…Le film, visuellement, est d’une inventivité permanente dans ses prises de vue – on oublie souvent que derrière l’animation il y a un travail de mise en scène aussi digne d’intérêt que dans le cinéma live, ce que L’Île aux chiens rappelle à chaque instant. Avec son mood particulier, le film est à contre-courant de tout un flot d’animation industrielle qui ne sait pas prendre son temps et qui ne connaît au mieux que la précipitation, au pire que l’hystérie pour donner l’impression qu’il se passe quelque chose à l’écran. Wes Anderson y parvient ici à son propre rythme, propice à la fois à un tout-fantaisiste et un tout-poétique… mais qui laisse suffisamment de place à une évidente allégorie politique…Ce nouveau film, à tous les niveaux, est un festin. » (filmdeculte.com)

Parmi le casting vocal prestigieux de L’Île aux chiens, on trouve deux débutants : Koyu Rankin et Kunichi Nomura. Le premier, qui double Atari Kobayashi, est un jeune acteur canadien bilingue japonais-anglais. L’Île aux chiens marque ses débuts au cinéma. Le second, qui incarne le maire Kobayashi, est coscénariste du film et ami de longue date de Wes Anderson. Il n’avait aucune idée qu’il aurait à interpréter un rôle avant que le réalisateur lui confie que sa voix lui plaisait.

Il a été convenu que les personnages parlant japonais s’exprimeraient dans leur langue, à moins d’utiliser un traducteur humain ou technologique. L’usage des sous-titres a donc été très minime, selon la volonté de Wes Anderson : « Ça ne m’emballait pas trop d’utiliser des sous-titres… Quand on lit des sous-titres, on a tendance à être complètement focalisé dessus tout au long du film, et on n’écoute pas vraiment ce qui est dit. La sphère linguistique de notre cerveau est concentrée sur le texte. Mais en faisant parler les personnages en japonais sans utiliser de sous-titres, j’ai voulu qu’on les écoute parler dans leur langue. Certes, on ne comprend pas le sens de ce qu’ils disent, mais on perçoit les émotions. » Pour les dialogues, Anderson a travaillé avec son coscénariste Kunichi Nomura pour qui la traduction n’a pas toujours été une mince affaire : « J’avais déjà sous-titré quelques films américains, mais ça n’avait rien à voir avec traduire le script de Wes. Je le connais bien. Je comprends bien son humour… Mais ce n’était quand même vraiment pas facile à traduire. »

Wes Anderson s’est déjà frotté à la stop motion avec Fantastic Mr. Fox. S’il a décidé d’avoir à nouveau recours à cette technique, c’est parce qu’elle lui a permis de représenter à la fois les chiens indigents, mais pourtant pas dépourvus de riches émotions, et une île japonaise peuplée d’êtres mis au ban de la société. Pour le producteur Jeremy Dawson, c’était infaisable en prise de vues réelle : « C’est un film sur des chiens qui parlent, et pourtant ça n’est pas un dessin animé, c’est un film. Je trouve qu’on a repoussé les limites de ce dispositif. » Pour l’occasion, Wes Anderson a fait appel au chef opérateur Tristan Oliver, un spécialiste de la stop motion qui a notamment travaillé sur de grands films des studios Claymation, comme les courts-métrages de Wallace et Gromit, ou des films comme Chicken Run et L’Étrange pouvoir de Norman. Les deux hommes avaient déjà collaboré sur Fantastic Mr. Fox.

Plusieurs séquences présentant des images télévisuelles rythment le film. Elles sont animées en 2-D et dessinées à la main par un département de 12 personnes dirigé par Gwenn Germain, animateur français de 25 ans : « Notre équipe a fait quelque chose d’assez différent, par rapport à ce qu’on voit en animation 2-D. Ce n’est pas de la 2-D extrêmement détaillée dans le style de Disney ; au contraire, c’est un style plutôt épuré… à la Wes Anderson ! En tout cas, je crois que c’est la première fois qu’un département d’animation en 2-D travaille aussi étroitement avec l’équipe de stop motion. » Les méchants chiens robots du film ont été créés grâce à des imprimantes 3D. La productrice Octavia Peissel raconte : « Le chien robot a trois modes différents : son mode neutre, son mode amical et mignon, et ensuite une fonction ‘attaque !’, où des piques sortent de son cou. Ça paraissait justifié et logique que le chien robot soit la seule marionnette imprimée en 3D de tout le film. »

D’ordinaire, l’animation utilisée dans les films en stop motion est celle dit de « par unités« , où une marionnette adopte vingt-quatre postures différentes pour chaque seconde à l’écran. Mais Wes Anderson a un penchant tout particulier pour l’animation « par paires« , qui donne au mouvement un aspect plus imparfait, plus étrange et saccadé et qui met en exergue l’aspect « artisanal » du film, comme le précise le directeur de l’animation Mark Waring : « Même avec le système de remplacement des visages, il voulait montrer que le montage n’était pas toujours très lisse. Il voulait qu’on puisse voir les fêlures et les bosses de l’animation, qu’on voie la vermine passer dans le pelage des animaux. Il voulait voir les costumes bouger, et que ce style colle vraiment au film. »

Dans les quartiers est de Londres, il existe bel et bien une « île aux chiens« , qui est en fait la pointe d’une péninsule qui se jette dans la Tamise, et que l’on nomme ainsi depuis le règne d’Henri VIII, bien que l’origine de ce nom demeure un mystère. Coïncidence : c’est à 5 kilomètres au nord de cette île homonyme que s’est déroulé le tournage de L’Île aux chiens, dans les célèbres studios de télévision et de cinéma 3 Mills, où a été réalisée une grande partie du tournage de Fantastic Mr. Fox.

Le chef marionnettiste du film Andy Gent et son équipe ont confectionné pas moins de 1000 marionnettes : 500 chiens et 500 humains. Pour chaque personnage, les marionnettes étaient reproduites à 5 échelles différentes : très grand, grand, moyen, petit, et tout petit. Chaque marionnette d’un personnage principal a représenté quatre mois de travail. Un chantier titanesque : « Non seulement il s’agit de construire les humains et les chiens selon différentes échelles, mais chaque éprouvette, chaque perruque, doit également être réalisée suivant trois échelles différentes. Et à la fin, on se retrouve avec 12 marionnettes reproduites sur 5 échelles différentes, réparties sur 20 décors. Ça peut vite devenir assez dingue ! »

La fourrure des chiens a été le fruit d’un processus extrêmement méticuleux. Les poils sont en fait des chutes de laine alpaga et mérinos, utilisées pour la fabrication des ours en peluche et réemployées pour le film. Cette matière est particulièrement complexe à maîtriser, surtout en stop motion, car le moindre mouvement du tissu, comme par exemple une main qui toucherait très légèrement la marionnette, peut créer un effet de flou. Cependant, cela a permis de souligner l’aspect miteux et sale des chiens.

Pour la quatrième fois, Wes Anderson a fait appel au compositeur Alexandre Desplat qui s’est inspiré de tambours taiko. Utilisés depuis le VIème siècle (dans la mythologie japonaise, on raconte que les tambours taiko sont nés lorsqu’une déesse s’est mise à danser sur un tonneau de saké retourné, produisant ainsi ces intenses vibrations), ils sont un élément essentiel du théâtre kabuki. Desplat a choisi d’allier ces tambours avec des instruments inattendus, comme le saxophone et la clarinette : « J’ai beaucoup aimé l’idée de ne pas pouvoir vraiment anticiper la confrontation entre les tambours et les cuivres qu’on utilise. L’idée était d’utiliser des éléments musicaux très clairement japonais mais sans faire référence à l’histoire ou au cinéma japonais, parce qu’il ne fallait surtout pas que la musique ait l’air d’un pastiche. Il fallait que ça vienne directement de l’histoire. »


Présentation du film et animation du débat avec le public : Martin De Kerimel.

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