Un long Dimanche de Fiançailles


 


Vendredi 28 janvier 2005 à 20h45

Cinéma Mercury – 16 place Garibaldi – Nice

Film de Jean-Pierre Jeunet– France – 2004 – 2h14

En 1919, Mathilde a 19 ans. Deux ans plus tôt, son fiancé Manech est parti sur le front de la Somme. Comme des millions d’autres, il est « mort au champ d’honneur ». C’est écrit noir sur blanc sur l’avis officiel. Pourtant, Mathilde refuse d’admettre cette évidence. Si Manech était mort, elle le saurait !

« Quand j’avais découvert le roman en 1991, juste après Delicatessen, je ne voyais pas qui pourrait jouer un rôle pareil. Quand j’ai rencontré Audrey [Tautou], je me suis dit que c’était elle. Je lui ai donné le livre pendant la promotion d’Amélie, elle a aimé et cela a relancé mon désir d’adaptation. Tout m’a plu dans le roman de Japrisot. Et pas seulement la guerre de 14, qui est une obsession chez moi. Il y a dans le livre une fantaisie très proche de celle d’Amélie. (..) Il y avait le Paris de 1920 dont j’aime beaucoup le mobilier urbain. Avec le restaurant Chartier, le Jardin des plantes, les Halles… J’ai toujours rêvé de voir le « ventre » de Paris. J’ai fait de Mathilde une orpheline alors qu’elle ne l’est pas dans le livre. C’est intuitif. C’est toujours plus excitant pour moi de placer les personnages dans une forme de solitude. J’ai été enfant unique pendant longtemps et ça ne me dérangeait pas. J’adorais jouer seul. J’aime bien les personnages à la fois solitaires et un peu monstrueux, qu’il y ait un petit décalage. J’adore Freaks. Amélie aussi est un peu monstrueuse. Même physiquement, Audrey est mignonne mais elle est spéciale. D’une manière générale, je dirais que je ne peux pas supporter l’idée de reproduire le quotidien sans le décaler ni filmer quelque chose que je n’aime pas. C’est mon petit côté Jacques Prévert. Dans le film, tout ce qui concerne la guerre vient du roman de Japrisot ou de sources historiques identiques aux siennes. Jusqu’aux sons des obus qui essaient de reproduire des descriptions piochées dans des bouquins : la Peur, Orage d’acier, Le Feu, Les Croix de bois… Pour moi, c’étaient des classiques. A 13 ans, je les avais tous lus. Je n’ai pas peur de dire que c’est le film de la maturité. J’étais assez content de me coltiner à l’émotion. L’émotion c’est comme le rire, une question de définition. Il y a ceux qui pleurent à Dancing in the Dark, et ceux auxquels il faut une émotion beaucoup plus contenue. Ce qui est mon cas. Je ne supporte pas les grands effets mélo. Je sais que l’émotion d’ Un long dimanche de fiançailles ne va pas toucher tout le monde mais l’essentiel est de ne pas se trahir, d’être sincère avec soi-même. [Sur les références cinématographiques] Quelques scènes des Sentiers de la gloire de Kubrick et A l’ouest rien de nouveau de Milestone. Mais sur la guerre, notre référence ultime était la première demi-heure d’ Il faut sauver le soldat Ryan. Le débarquement n’avait jamais été filmé comme ça, j’avais donné à mon équipe la consigne de se hisser à ce niveau là pour plonger le spectateur au milieu d’un orage d’acier, avec les balles qui pleuvent comme des gouttes d’eau. »

[Extraits de l’entretien accordé à la revue Positif n°525, 11/04]

FILMOGRAPHIE :

L’Evasion (1978) crt-métr. animation avec Marc Caro / Le Manège (1979) crt-métr. animation avec Marc Caro / Le Bunker de la dernière rafale (1981) crt-métr avec Marc Caro /  Pas de repos pour Billy Brako (1984) crtmétr. / Foutaises (1990), crt-métr. Delicatessen (1991) avec Marc Caro /  La Cité des Enfants Perdus (1995) / Alien la résurrection (1997) / Le Fabuleux destin d’Amélie Poulain (2001) / Un long dimanche de fiançailles (2004)

Sur le web

Après le phénoménal carton du Fabuleux destin d’Amélie Poulain en 2001, Un long dimanche de fiançailles marque les retrouvailles attendues du réalisateur Jean-Pierre Jeunet et de sa  » fabuleuse  » actrice Audrey Tautou.

Un long dimanche de fiançailles est l’occasion pour Jean-Pierre Jeunet de retrouver sa bande d’acteurs fétiches. De Dominique Pinon à Jean-Claude Dreyfus en passant par Rufus. Les comédiens, tous des habitués du cinéma de Jeunet depuis Delicatessen, ont accepté de rejoindre l’impressionnant casting de cette fresque historique.

Véritable révélation de l’année, le comédien Clovis Cornillac s’est illustré dans pas moins de cinq films en 2004. Acteur caméléon, il est par exemple un agriculteur sensible dans Vert paradis, un ouvrier adultère dans La Femme de Gilles, un improbable footballeur fan de Beaudelaire dans Mensonges et trahisons et plus si affinités… et un soldat de la guerre 14-18 dans Un long dimanche de fiançailles. En 2005, on le verra dans Les Chevaliers du ciel, l’adaption évenement de la BD des aventures de Tanguy et Laverdure.

Récompensé du prix interallié, Un long dimanche de fiançailles n’est pas le premier roman de Sébastien Japrisot à être adapté au cinéma. Compartiment tueurs signé Costa-Gavras et L’Eté meurtrier de Jean Becker avaient été porté à l’écran avec succès. Scénariste du Passager de la pluie avec Charles Bronson, ou encore d’ Effroyables jardins et des Enfants du marais, Sébastien Japrisot est également réalisateur. Il réalise d’abord deux courts métrages en 1961 (L’Idée fixe et La Machine à parler d’amour ) avant de mettre en scène son premier long-métrage Les Mal-partis en 1975 puis Juillet en Septembre en 1988.

Jodie Foster, détentrice de deux Oscars pour ses prestations dans Les Accusés et Le Silence des agneaux fait partie de la prestigieuse distribution du film. C’est la troisième fois que la comédienne parfaitement francophone tourne dans l’hexagone. En 1976, Claude Chabrol l’a dirigeait dans Le Sang des autres, et en 1977, dans Moi, fleur bleue de Eric Le Hung elle donnait la réplique à Jean Yanne.

Après sa prestation très remarquée comme narrateur du Fabuleux destin d’Amélie Poulain en 2001, André Dussollier, acteur au jeu subtil et au physique élégant retrouve son complice Jean-Pierre Jeunet pour Un long dimanche de fiançailles.

Carrière à cent à l’heure pour Marion Cotillard ! Révélée au grand public dans le rôle de la petite amie compréhensive de Samy Naceri dans la saga vrombissante Taxi, véritable carton au box-office; la comédienne tourne dans deux des films évènement de 2004. Après avoir été la fiancée de Billy Crudup dans Big fish, la fable de Tim Burton, elle incarne dans Un long dimanche de fiançailles, la séduisante Tina Lombardi.

Clef de voûte du film, un soin particulier a été apporté à la musique. C’est Angelo Badalamenti, le compositeur attitré de David Lynch qui signe la B.O du film de Jean-Pierre Jeunet avec qui, il avait déjà collaboré sur La Cité des enfants perdus en 1994.

Des lieux emblématiques de la capitale ont été transformé ou recréé pour les besoins du film. La place de l’Opéra , le Palais du Trocadéro tel qu’il était pour l’exposition universelle, les Halles quand elles étaient encore le ventre de Paris, La gare du Nord, la gare d’Orsay quand elle était encore une gare. Tout ses lieux ont connu une seconde naissance grâce aux procédés numériques. Pour recréer le Paris des années 1910-1920, Jean-Pierre Jeunet a eu recours aux procédés numériques les plus perfectionnés. De nombreuses scènes ont du être tourné devant des écrans bleus. Jeunet s’est entouré de techniciens de l’agence Duboi, spécialisés dans les effets spéciaux, et de véritables géomètres qui étaient présent sur le plateau afin de simplifier le rajout dans la même image de différents plans au moment de la post-production.

Le plus grand défi du film a été la reconstitution de la ligne de front et des tranchées. Les contraintes techniques étaient importantes. Les tranchées, étroites, remplies de boue et d’eau devaient résister aux six semaines de tournage en extérieurs sous la pluie. 20 hectares de terrain ont ainsi été travaillés, 200 mètres de tranchées, des trous d’obus, des arbres arrachés ont été creusés et “aménagés. Chaque centimètre carré de tranchées a été sculpté, peint, travaillé et patiné.

Un Long dimanche de fiançailles a perdu son statut de film français en 2007. Il s’est vu attribuer la nationalité américaine après trois années de bataille juridique liée au producteur de Jean-Pierre Jeunet, 2003 Productions. La société est accusée par les associations de producteurs indépendants de ne servir qu’à financer Warner Bros via sa filiale française (qui détient 34% de 2003 Productions). Le film s’était vu retirer les aides publiques du CNC par le Tribunal Administratif de Paris en 2003 pour les mêmes raisons et le Conseil d’Etat a decrété en 2007 que le long-métrage avait définitivement perdu sa nationalité française. Un coup dur pour la société tout comme pour le film dont la quasi totalité de l’équipe technique et du casting est française. Un Long dimanche de fiançailles s’était par ailleurs vu récompenser de 5 Césars en 2005.


Présentation du film et animation du débat avec le public : Philippe Serve.

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Entrée : 7,50 € (non adhérents), 5 € (adhérents CSF et toute personne bénéficiant d’une réduction au Mercury).

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