Lost in La Mancha


 


Vendredi 10 octobre 2003 à 20h45

Cinéma Mercury – 16 place Garibaldi – Nice

Film de Keith Fulton et Louis Pepe – USA – 2003 – 1h29 – vostf

Lost in la mancha dévoile les coulisses d’un film inachevé, intitulé L’Homme qui tua Don Quichotte. Pendant plusieurs semaines, Keith Fulton et Louis Pepe ont suivi le réalisteur Terry Gilliam dans son combat désespéré pour sauver un projet qu’il développait depuis plus de dix ans.

Sur le web

« …L’été 2000, un an après une première tentative, c’est parti. Forts d’une production européenne, d’un budget de 32 millions de dollars et d’un casting rutilant (Jean Rochefort, Johnny Depp, Vanessa Paradis), Gilliam et son équipe s’affairent à Madrid aux préparatifs du tournage. Keith Fulton et Louis Pepe sont en charge du making of et déjà au travail. Avec une liberté de manoeuvre inhabituelle pour ce genre d’exercice : Gilliam accepte notamment de porter un micro toujours ouvert. Entre cette période de pré-production et l’arrêt du film, au bout d’à peine deux semaines de tournage, quatre-vingts heures de rushes seront engrangées par Fulton et Pepe. Lost in la Mancha en est le condensé stupéfiant, sous le signe de la poisse et du chaos.
Sans doute est-il facile de réécrire l’histoire quand on en sait la fin. Sans doute les auteurs ont-ils gardé au montage les séquences les plus denses en signes avant-coureurs. Toujours est-il qu’une angoisse sourd dès l’ouverture de ce journal de bord, d’autant plus prégnante que chacun, Gilliam en tête, s’attache à la conjurer. Mais comment occulter la dispersion kafkaïenne des ateliers d’accessoires aux quatre coins de l’Europe, les dialogues de sourds au sein de l’équipe multilingue, le retard des acteurs vedettes (et d’abord Rochefort, en pleine somatisation), attendus pour les essais ? Et que dire du « studio », hangar ouvert à tous les vents, que Gilliam visite sans cacher sa colère ?…Depuis un fauteuil de spectateur, le cauchemar peut ressembler à une comédie. Voir les décisions saugrenues de tel producteur, ou la visite d’un essaim d’investisseurs, inconscients du drame qui se joue, semblables à une horde de touristes en goguette… Après tout, personne n’est mort et, aujourd’hui, Gilliam s’apprête à tourner un autre film. Lost in la Mancha n’en reste pas moins un document précieux et touffu. On peut y voir, la mise en abyme, criante, du roman de Cervantès. Ou l’expression d’une fatalité qui frappa déjà Orson Welles aux prises, lui aussi, avec Don Quichotte. Ou une défaite de l’Europe face à l’Amérique, sur le front des superproductions. Ou un éloge du film rêvé, jamais advenu, forcément plus beau que ne l’aurait été le film achevé. Mais devant ces montagnes soulevées en vain, on voit surtout un hommage par l’absurde au cinéma qui parvient à se faire, à tout le cinéma, comme entreprise prométhéenne, violemment hasardeuse. » (telerama.fr)

L’homme qui tua Don Quichotte n’est évidemment pas le premier film inachevé de l’histoire du cinéma, mais la présence de témoins pour filmer le désastre qui a accompagné ses cinq uniques journées de tournage confère à Lost in la mancha un statut particulier. Abordant de manière inédite la dure réalité de la réalisation d’ un film, cet « un-making of » ( ou « non-making of » selon l’expression même des auteurs) est ainsi un documentaire réellement exceptionnel qui a par ailleurs bénéficié pour sa diffusion de l’accord de tous les participants du film, alors même que la plupart n’étaient pas forcément filmés sous leur meilleur jour, les crises de nerf et prises de bec ayant évidemment été légion.

Jean Rochefort grimaçant de douleur en montant à cheval, un assistant courant après les caisses contenant la caméra, emportées par un torrent, ou bien encore le producteur René Cleitman annonçant prématurément à l’équipe la fin du tournage, telles sont les images de Lost in la mancha, making of révélant par le menu comment un film particulièrement attendu a pâti d’une succession de malchances invraisemblables pour finalement s’autodétruire avant même d’avoir pu exister.

Keith Fulton et Louis Pepe n’en sont pas à leur première collaboration avec Terry Gilliam puisqu’ils ont déjà produit Hamster Factor and Other Tales of Twelves Monkeys, un documentaire en forme de chronique en coulisse sur l’étrange mariage de l’art et du commerce dans le cinéma Hollywoodien, autour de l’élaboration du précédent film de Gilliam, L’Armée des 12 singes.

Pour accompagner le tournage du nouveau film de Terry Gilliam, les réalisateurs ont choisi de traiter de sujets inédits, comme par exemple la tension des réunions organisées pour débloquer le budget du film. Des images qui à la manière du Huit et demi de Federico Fellini montrent une cacophonie sans nom dans les bureaux de production, des séances de répétitions réduites au strict minimum sans aucun acteur pour se présenter, et au milieu de ce tumulte, le réalisateur malgré tout confiant et résolument optimiste, passant en revue les armures et les pantins gigantesques.

Après l’annonce de la fin du tournage de L’Homme qui tua Don Quichotte, les réalisateurs Keith Fulton et Louis Pepe ont passé un an en post-production avec dans leurs malles plus de 80 heures de rushs. Un montage en forme d' »autopsie » selon les auteurs, mais qui, de l’aveu même de Terry Gilliam a permis à son film d’exister. « Grâce à eux, précise le cinéaste, il existe au moins une trace du tournage et des images qui pourraient encourager des investisseurs à se manifester, (…) grâce à Keith et louis, Don Quichotte n’est pas tout à fait mort« .

Confrontés au problème de qualifier un film qui ne verra peut-être jamais le jour, les réalisateurs ont décidé d’intégrer au documentaire les story-boards du film de Terry Gilliam, d’organiser des lectures de scénario et d’insérer également les quelques scènes filmées à l’occasion des cinq journées qu’ont finalement duré le tournage. Ils ont par ailleurs conçu une animation originale pour raconter la fable de Miguel de Cervantes et retracer la carrière de Terry Gilliam.


Présentation du film et animation du débat avec le public : Philippe Serve.

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