Macbeth



Vendredi 10 mars 2006 à 20h45

Cinéma Mercury – 16 place Garibaldi – Nice

Film de Orson Welles – USA – 1948 – 1h47 – vostf

Macbeth, poussé par sa femme et dévoré d’ambition, assassine le roi d’Ecosse, Duncan, et monte sur le trône. Trois sorcières avaient prédit qu’il deviendrait roi puis que lui succèderait Banquo, l’un de ses proches. Pour conserver le pouvoir, Macbeth ordonne le meurtre de Banquo.

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Le film a été tourné en 23 jours pour la somme de 700.000 dollars. Malgré ce tournage rapide et ce petit budget, le film ne fut pourtant pas rentable puisqu’il rencontra un échec critique et commercial à sa sortie, à cause de l’imitation d’accent écossais des acteurs, rendant les dialogues incompréhensibles.

Voici ce que le cinéaste disait du grand dramaturge: « Tout metteur en scène qui dirige une pièce ou un film shakespearien ne peut réaliser qu’une petite partie. Shakespeare est le plus grand homme qui ait vécu, et nous, nous sommes de pauvres taupes qui travaillons sous terre. Tout ce que nous pouvons faire, c’est de saisir, de mordre un petit quelque chose, mais ce que nous saisissons doit être vrai et non pas dénaturé « . Mais plutôt que de faire un ensemble de films sur une seule et même pièce, le réalisateur adaptera son film suivant à partir d’une autre pièce de Shakespeare, Othello.

Bien que la pièce originale soit déjà très courte, Orson Welles l’a considérablement élaguée. Il appelait ainsi son film « une violente esquisse au fusain d’une grande pièce « . Pourtant, son adaptation se veut beaucoup moins académique et bien plus réfléchie que les versions théâtrales de l’époque, notamment celles de Laurence Olivier. Le Macbeth de Welles se base sur la pièce éponyme qu’il dirigea avec sa compagnie du Mercury Theater et use de procédés cinématographies très originaux, jouant d’un expressionnisme et d’un fantastique créés par ses profondeurs de champs et ses contre-plongées impressionnantes.

Suite au refus de plusieurs compositeurs, entre autres celui de Bernard Herrmann, de s’attaquer à la partition musicale du film, Orson Welles embaucha un compositeur français pour écrire la musique du film, Jacques Ibert , alors directeur de la Villa Médicis. Il s’agit alors de la seule bande originale destinée à un film anglophone écrite par le compositeur, qui signera cependant sa dernière partition cinématographique pour Gene Kelly dans Invitation à la danse (1956).

En 1947, la réputation d’ Orson Welles n’est plus à faire, mais personne ne veut lui prêter un sou. C’est donc Republic Pictures qui va produire son adaptation cinématographique de Macbeth. Spécialisé dans les séries de western, le studio produit parfois quelques films de prestige et a notamment travaillé avec Nicholas Ray, Fritz Lang ou Allan Dwan.

Pour gagner du temps sur le tournage, les dialogues sont préenregistrés par les comédiens. Ils n’ont plus qu’à bouger leurs lèvres en fonction du play-back au moment des prises de vue, ce qui permet au réalisateur de donner ses indications pendant les prises, technique employée au temps du muet, et pour le parlant, dans les comédies musicales. Ce procédé avait déjà été expérimenté par Orson Welles sur La Splendeur des Amberson et La Dame de Shanghai.

Selon François Thomas, l’expérience de Macbeth définira durablement le travail sonore de Orson Welles : « Macbeth marque son acceptation définitive de la postsynchronisation, en laquelle il ne voyait jusque là qu’un palliatif. Dans son oeuvre européenne, la postsynchronisation quasi intégrale deviendra la règle pour des films tournés en son témoin voire partiellement muet « .

Le film sort le 1er octobre 1948, plus d’un an après la fin du tournage, dans quelques villes-test des Etats-Unis. Si c’est un échec complet dans les pays anglophones, les pays ayant accès au doublage, comme la France, réceptionnent le film avec enthousiasme, notamment devant l’approche ultra stylisée, touchant au baroque, du réalisateur. De nos jours, la valeur de Macbeth est reconnue jusque chez Anglais et Américains.

Pendant deux ans, Republic Pictures travaille sur le film pour lui donner un aspect susceptible de plaire au public. Orson Welles doit ainsi le raccourcir de vingt minutes et rajoute un carton d’exposition en guise d’introduction. Le film ressort dans cette version écourtée en mai 1950 mais ne rencontre toujours pas de réel succès. Quant à la version longue d’origine (107min), si elle circule en France durant les années 50, il faut attendre 1982 pour qu’elle soit distribuée aux Etats-Unis.

Judith Anderson, qui tenait le rôle de Lady Macbeth dans la pièce de Welles, ne reprit pas son personnage pour l’adaptation cinématographique. Le réalisateur voulait en effet une actrice plus séductrice et offrit le rôle à Vivien Leigh. Malheureusement, son mari de l’époque, Laurence Olivier, en profond désaccord avec la vision shakespearienne du cinéaste, refusa que sa femme prenne la place. Après avoir, sans succès, tenté de recruter Agnes Moorehead, le réalisateur engagera finalement Jeannette Nolan pour jouer Lady Macbeth. Il s’agissait pour l’actrice de son tout premier rôle au cinéma.

C’est la fille d’Orson Welles, Chris Welles, qui incarne le jeune fils Macduff. Ce sera sa seule apparition sur le grand écran, n’optant jamais pour une carrière d’actrice. On retrouve également l’acteur Brainerd Duffield dans le rôle d’une des trois sorcières, bien que certaines sources l’aient longtemps attribué à Charles Lederer.

Il y a à ce jour 23 versions cinématographiques de Macbeth (sans les téléfilms et séries), en comptant l’adaptation de Welles, la sixième. Si beaucoup d’entre elles passèrent inaperçues, certains chefs-d’oeuvre du 7ème art furent des relectures de la pièce de Shakespeare, dont Le Château de l’araignée, qu’Akira Kurosawa réalisa en 1957 en se basant sur la version d’Orson Welles, sortie en 1952 au Japon. La première adaptation notable fut celle de John Emerson, en 1916. Par la suite, Andrzej Wajda en réalisa une version plus libre avec Lady Macbeth sibérienne, en 1962, alors que Roman Polanski restait près du drame historique et familial de la pièce original dans son Macbeth de 1971.


Présentation du film et animation du débat avec le public : Philippe Serve.

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